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PREMIÈRE PARTIE

LA MANIFESTATION DE L'INCONSCIENT

DANS LA VIE CORPORELLE

Les matérialistes se fatiguent à démontrer que tous les phénomènes, même ceux de la pensée, sont des phénomènes physiques : ils ont raison. Mais ils ne voient pas que, à un autre point de vue, tout ce qui est physique est en même temps métaphysique.

SCHOPENHAUER.

LA

MANIFESTATION DE L'INCONSCIENT

DANS LA VIE CORPORELLE

I

LA VOLONTÉ INCONSCENTE DANS LES FONCTIONS SPONTANÉES DE LA MOELLE ÉPINIÈRE ET DES GANGLIONS

Le temps n'est plus où l'homme, dans sa liberté, était opposé aux animaux comme à des machines qui marchent, comme à des automates sans âme. Une étude plus approfondie de la vie des bêtes, les efforts zélés qu'on a faits pour comprendre leur langage et les motifs de leurs actions, ont montré que l'homme et les animaux supérieurs, de même que les animaux entre eux, ne sont séparés, en ce qui regarde leurs dispositions intellectuelles, que par des différences de degré et non d'essence; que, grâce à ses aptitudes supérieures, l'homme a créé pour son usage un langage plus parfait, et qu'il doit à ce langage la perfectibilité continue qu'il déploie à travers la série des générations, et qui manque aux animaux parce que leurs moyens de communication sont trop défectueux. Nous savons maintenant que nous ne devons pas comparer les animaux à l'homme civilisé d'aujourd'hui, sous peine d'être injustes à leur égard, mais

HARTMANN.

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aux races qui sont encore très-voisines de l'état dans lequel elles se trouvaient en sortant des mains de la nature. Nous n'oublions pas que notre race, qui se recommande aujourd'hui par ses hautes facultés, a été autrefois ce que les sauvages sont encore maintenant; et que les qualités supérieures dont notre cerveau et notre esprit sont doués n'ont été portées que graduellement à leur perfection actuelle, en vertu de la loi qui régit la transmission héréditaire des facultés acquises. Ainsi, le règne animal nous apparaît comme une série complète dont tous les degrés sont reliés par une analogie constante. Les facultés fondamentales de l'intelligence sont les mêmes dans tous les ètres; et celles qui paraissent nouvelles chez les êtres supérieurs ne sont que des facultés secondaires, qu'une culture plus haute des aptitudes essentielles et communes a développées dans certaines directions. Ces facultés fondamentales et originelles de l'esprit sont dans tous les êtres, la volonté et la pensée : le sentiment (comme je le montrerai au chapitre II de la 3o partie) découle des deux dernières, avec l'aide de l'Inconscient.

Nous ne parlons dans ce chapitre que de la volonté. Ce que nous reconnaissons comme la cause immédiate de nos actions et désignons sous le nom de volonté, agit aussi dans la conscience de l'animal comme cause de ses actes, et doit également y être appelé volonté. Cela ne fait aucun doute pour quiconque ne met pas son orgueil à donner aux mêmes fonctions, que l'homme accomplit, des noms différents quand elles se rencontrent chez les animaux; et à substituer alors aux mots manger, boire, enfanter ceux de dévorer, de s'abreuver, de mettre bas. C'est volontairement que le chien reste attaché à son maître; volontairement qu'il arrache à la mort, dont il connaît bien les effets, l'enfant qui est tombé dans l'eau; volontairement que l'oiseau défend ses petits; volontairement enfin que le mâle se refuse à partager sa femelle avec un autre, etc. Je sais bien que beaucoup de personnes croient relever l'homme en expliquant le plus d'actes qu'ils peuvent chez les animaux, surtout inférieurs,

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