Imágenes de páginas
PDF
EPUB

J'ajouterai pourtant un troisième moyen. Une forme ecclésiastique respectable est nécessaire pour rassurer les pauvres catholiques, que les calomnies de leurs prêtres ne cessent d'effrayer sur la désunion et le désordre des sectes protestantes. Dans leur maison de servitude, ils ont contracté certains besoins auxquels il faut avoir égard. Les deux églises protestantes qui sont les plus nombreuses en Irlande, l'épiscopale et la presbytérienne, présentent tout ce que l'on peut désirer; mais qu'elles s'observent et marchent d'accord.

Une autre question se présente. Pour gagner le peuple irlandais ne faudrait-il pas, d'abord, écarter de ses yeux ce qui l'offusque, rompre les liens qui attachent à l'État l'Église épiscopale; et en donnant à cette communauté puissante plus de liberté, lui donner aussi plus d'énergie et de vie?

Un ministre éminent de l'Église d'Angleterre a exposé avec éloquence cette conviction'. Je suis porté à la partager. Je n'ai pas, il est vrai, devant moi tous les renseignements nécessaires, en particulier pour ce qui regarde le droit; mais il est évident que plus le protestantisme se présentera en Irlande sans des priviléges qui heurtent et repoussent le peuple irlandais, plus il pourra et devra y agir avec liberté et avec vie, plus aussi la conversion de l'Irlande sera prochaine. Il faut savoir sacrifier ce qui scandalise inutilement nos frères : Si ta main droite te fait tomber, coupe-la et la jette loin de toi. (Matth., 5, 30.) Jésus-Christ doit se

1 M. Bapt. Noël, dans sa Lettre à l'évêque de Cashel.

présenter à ce peuple, mais sans armes, sans priviléges, pauvre, doux et humble de cœur.

Cromwell ne fut point étranger à ces pensées. S'il voulait avoir recours à la loi contre les chefs du papisme, c'était tout autrement qu'il voulait s'y prendre quant au peuple. Nous ne pouvons nous empêcher de transcrire ici encore une fois ces paroles si belles d'Olivier, qui seraient dignes d'être répétées au dix-neuvième siècle par la couronne d'Angleterre : «< Mais quant au peuple, c'est autre «< chose; je ne puis savoir ce qu'il pense au fond << du cœur quant à la religion. Je regarderai comme << mon devoir, aussi longtemps que les Irlandais << se conduiront honnêtement et paisiblement, de << ne pas les troubler le moins du monde à ce su« jet. Je m'efforcerai de marcher au milieu d'eux << dans la patience et dans l'amour, afin de voir « si tôt ou tard il ne plaira pas à Dieu de leur « donner un meilleur esprit. J'enjoins strictement << et religieusement à tout homme qui est sous la « domination de l'Angleterre de faire de même. »

Voilà le remède. « Maintenant donc, ô rois, « écoutez, et vous, juges de la terre, recevez instruc<«<tion! » Que les ministres et le parlement d'Angleterre fassent tout ce qui leur est possible, et même au delà, pour adoucir les maux de l'Irlande. C'est leur devoir. Dieu et l'Europe leur en demanderont compte. Mais on ne leur demandera pas compte de ce qui n'est pas en leur pouvoir. Tant qu'on ne cherchera le remède propre à guérir ce peuple que dans des moyens gouvernementaux, l'Irlande sera semblable à cette femme.qui

avait une perte de sang depuis douze ans, qui avait beaucoup souffert entre les mains de plusieurs médecins et avait dépensé tout son bien, sans avoir rien profité, mais plutôt était allée en empirant (Marc, V, 25-26). Un seul moyen peut sauver l'Irlande, celui qui sauva cette femme. L'Irlande sera sauvée quand elle aura ouï parler de Jésus et touché son vêtement. Alors le papisme ayant disparu de cette malheureuse nation, elle sentira en son corps qu'elle est guérie de son fléau.

Cromwell retourna à Londres au mois de mai, et fut reçu par le parlement et par le peuple, comme un soldat qui en neuf mois avait gagné plus de lauriers et fait plus de merveilles, dit un historien', qu'aucun des capitaines dont l'histoire nous ait conservé les exploits.

[blocks in formation]
[blocks in formation]

de Dunbar. Embarras de Cromwell. Le prisonnier.

Recours à l'Éternel.

Le pieux Cornette.

Gloire rendue à Dieu. — Rapport au parlement. Les ministres d'Édimbourg au château. — Lettres de Cromwell. - Tous les chrétiens doivent annoncer Christ. Les Malignants. Cromwell malade. Deux lettres. Cromwell sur

[ocr errors]

son fils Richard. Worcester.

Prospérité de l'Écosse. Carrière militaire de Cromwell. - Deux symboles.

[ocr errors]

C'étaient les Écossais qui avaient commencé ce grand mouvement dont le but avait été, tout à la fois, de s'opposer à la tyrannie des Stuarts et à la tyrannie de Rome, et qui devait avoir pour l'Europe des conséquences incalculables. Mais maintenant les Écossais se retournent et se mettent en opposition avec la république d'Angleterre. « Ce qui leur manqua, dit Carlyle, ce fut un chef. « Si Olivier Cromwell était né Écossais, que n'eût « pas fait une nation si héroïque avec un chef plus héroïque encore. Il n'y a pas de raison pour « que le monde entier ne fût pas devenu puri

[ocr errors]

<< tain'. >>>

1 Lettres et Discours, II, page 169.

Sans vouloir méconnaître ce qu'il y a de vrai dans cette assertion, nous trouvons ailleurs la cause de cette guerre d'Écosse. Dans les choses spirituelles les Écossais reconnaissaient pour roi Jésus-Christ, dans les choses temporelles ils reconnaissaient Stuart. Ils ne voulaient pas que Stuart usurpât la royauté de Jésus-Christ; mais ils ne voulaient pas que Cromwell usurpât la royauté de Stuart. Il y avait en eux une double loyauté : Loyauté envers le roi céleste et loyauté envers le roi terrestre. C'étaient les abus de la monarchie des Stuarts qu'ils avaient rejetés, ce n'était pas cette monarchie elle-même. Ils invitèrent donc Charles II, fils de Charles Ier, alors en Hollande, à venir en Écosse prendre possession de son royaume. On peut croire que ce fut une grande faute et un grand malheur. On peut regretter que ces hommes loyaux aient poussé la fidélité jusqu'à aller chercher Charles II, au milieu des débauches auxquelles il se livrait à Bréda, pour le remettre sur le trône de ses pères cela rendit nécessaire une seconde révolution. Et cependant on ne peut s'empêcher de respecter les Écossais jusque dans

leur faute.

Charles à cette époque connivait avec le marquis de Montrose, qui portait la désolation en Écosse; et le jeune roi espérait ainsi récupérer un trône, sans avoir à prendre des engagements qui le mettraient dans l'embarras. Mais Montrose ayant été défait, Stuart se décida à se rendre aux requêtes du parlement écossais. Une circonstance manqua le perdre. On avait trouvé dans les pa

« AnteriorContinuar »