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<< temps de beaucoup de paix et de prospérité. » Voici, enfin, ce que dit, quant à l'état religieux, un ancien historien, Kirkton : « Je crois vraiment qu'il y eut plus d'âmes converties à Christ pendant ce court espace de temps, qu'il n'y en eut jamais depuis la réformation dans des périodes « de triple durée. » — Tels sont les témoignages de trois historiens écossais appartenant à des communions diverses. Ainsi le résultat des campagnes de Cromwell, soit en Écosse, soit en Irlande, fut la pacification et la prospérité de ces deux pays. Il n'y a pas beaucoup de guerres dans l'histoire auxquelles on puisse rendre un tel témoignage.

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Ici se termine la carrière militaire d'Olivier. Son génie et son courage en avaient fait une suite de triomphes; mais il attribuait tout à la valeur de ses soldats, et surtout au bras du Seigneur. Il aimait à rendre à son armée un bon témoignage. « L'Angleterre verra, » écrivait-il au colonel Walton, en septembre 1644, qu'au milieu des immenses besoins où nous sommes, nous la servirons sans disputes. Nous oublierons nos nécessités, qui << sont excessivement grandes, et dont nul ne se <«< soucie, et nous nous appliquerons à chercher << la gloire de Dieu, ainsi que la liberté et l'honneur « du parlement. C'est là le but pour lequel nous << combattons tous d'un même cœur, sans consulter «< nos intérêts propres. Jamais nous ne trouvons « nos hommes si joyeux que quand il y a quel« que travail à faire. Le Seigneur est notre force << et toute notre espérance. » Avec de tels soldats Cromwell fit des merveilles.

Il nous a conservé dans l'une de ses lettres une anecdote qui caractérise son siècle, et qui se rapporte à l'une de ses précédentes batailles. «< A << Preston, dit-il, mourut, la veille de la bataille, << un pauvre soldat craignant Dieu. Étant malade « et près de sa fin, il demanda à la femme qui le << servait d'aller lui cueillir une poignée d'herbe. « Cette femme l'ayant fait, et lui ayant rapporté « ce qu'elle avait cueilli, le soldat mourant lui dit: "Maintenant que cette herbe est coupée, sèchera« t-elle ou non? — Elle sèchera, répondit la fem« me. Oui, reprit le soldat, dont l'œil menaçant jetait ses derniers feux, oui, elle sèchera! et de même, aussitôt que paraîtra notre armée, cette « armée d'Écosse sèchera et périra! » En disant ces mots, le pieux soldat de Cromwell rendit le dernier soupir'.

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Il y a dans ce langage symbolique du combattant puritain quelque chose qui rappelle l'Ancien-Testament. Maintenant sa prophétie était accomplie, non-seulement pour la bataille de Preston, mais pour toutes les guerres d'Écosse, pour toutes les luttes de Charles II. Les puissants Stuarts et tous leurs cavaliers n'étaient plus que comme quelques brins d'herbe sèche. Le fermier d'Huntingdon, le père de famille de Saint-Ives et d'Ély, avec les quelques soldats qu'il avait arrachés à leurs charrues, s'étaient agrandis et avaient remporté la victoire de la liberté. Et maintenant Cromwell, empruntant le langage allégorique de l'Ancienne al

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Lettre à Saint-John, 1er sept. 1648. (Lettres, 1, 385.)

liance, comme l'avait fait le soldat de Preston, pouvait dire « Une « Une poignée de froment étant « semée dans la terre, au sommet des montagnes, « son fruit a mené du bruit, comme les cèdres « du Liban, et les hommes ont fleuri par les vil«<les, comme l'herbe de la terre. La renommée en « durera à toujours, et elle ira de père en fils, tant << que le soleil subsistera. » (Ps. LXXII, 16-17.)

CHAPITRE VIII.

LE PROTECTORAT.

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La république proclamée. L'État, c'est moi. Les deux invasions françaises. - Réveil de la liberté en Angleterre. — Blake. L'amour et la crainte.

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Le rump.

Cromwell le dissout. Assemblée des notables. - Discours. Honnêteté de Cromwell. Réforme. Cromwell désire la paix. - Whitelocke ambassadeur en Suède.

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Conversation

Le Protectorat.

La sociabilité. Consti

Apologie de Cromwell.
religieuse entravée.
Ce qu'il se propose.

Le 19 mai 1649 la république avait été proclamée en Angleterre par l'acte suivant : « Il est dé«< claré et enregistré par le présent parlement, et « par son autorité, que le peuple de l'Angleterre « et de tous les États et territoires à elle apparte« nant, sont et seront par cet acte-ci constitués, « faits et établis en république ou en État libre, << et seront dorénavant gouvernés comme républi<< que et État libre par la suprême autorité de cette << nation, à savoir les représentants du peuple as<< semblés en parlement, et par ceux qu'ils diront << et constitueront officiers et ministres pour le bien << du peuple; mais sans roi ou chambre des pairs. La Grande-Bretagne n'est pas faite pour être une

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république, et cette forme de gouvernement a excité de tout temps en Angleterre de vives réclamations. Nous ne sommes nullement disposé à en faire l'apologie. Mais cette forme ne provint-elle pas réellement alors des développements de l'histoire? Peut-on même dire que dans le moment où elle exista elle fut vraiment un mal?

Les anciens principes de l'Angleterre disparaissaient. Des principes nouveaux, étrangers, s'infiltraient dans la nation. Les idées politiques de la France étaient importées en Angleterre. Richelieu avait fait avancer la grande œuvre à laquelle il avait consacré son existence, la suprématie royale, l'absolutisme; et Louis XIV achevait alors la révolution commencée par ce puissant ministre, et proclamait en Europe un nouveau système, inconnu du moyen âge, et dont tous les articles se réduisaient à cette courte, mais significative sentence: L'État, c'est moi.

Ce n'était pas seulement une femme que Charles 1er était allé chercher en France, c'était aussi une nouvelle politique. Henriette apportait à la cour d'Angleterre des mœurs, des divertissements, un esprit français; mais ce n'était pas tout. Elle voulait plus; elle désirait donner à sa nouvelle patrie un roi à la manière française : c'était là l'essentiel. Le monarque devait devenir une espèce de divinité placée sur un piédestal élevé, et le peuple, entassé au bas de la colonne, devait se prosterner, admirer et adorer. Charles Ter se mit bravement à l'œuvre, et l'un de ses premiers exploits fut, nous l'avons vu, de faire taire les représen

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