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tre l'influence de cette arme puissante du ridicule, qui a déjà égaré tant d'écrivains excellents.

Ecco il fonte del viso, ed ecco il rio
Che mortali perigli in se contiene;
Hor qui tener a fren nostro desio,
Ed esser cauti molto a noi conviene.

<< Les puritains étaient des hommes dans l'âme desquels la contemplation journalière de l'Être souverain et des intérêts éternels avait empreint un caractère particulier. Non contents de reconnaître en termes généraux l'action d'une Providence, ils attribuaient tout événement à la volonté de ce Dieu très-saint, pour la puissance duquel il n'y a rien de trop grand et pour le regard duquel il n'y a rien de trop petit. Le connaître, le servir, le posséder était pour eux le grand but de l'existence. Ils rejetaient avec mépris cet hommage cérémoniel que d'autres sectes substituaient à la pure adoration de l'esprit. Au lieu de surprendre quelques fortuites lueurs, et d'entrevoir la Divinité à travers un voile obscur, ils aspiraient à contempler fixement la plénitude de son éblouissante splendeur, et à être en communion avec elle face à face. De là provenait leur mépris pour les distinctions terrestres. La distance qui se trouve entre les plus grands et les plus petits des hommes leur semblait disparaître quand ils la comparaient avec l'intervalle sans limites qui sépare toute la race humaine de Celui sur lequel leurs yeux étaient constamment fixés. Il n'y avait pour eux d'autre titre de supériorité que sa faveur; et, assurés de l'avoir, ils méprisaient toutes

les perfections et toutes les dignités du monde.

Il y avait deux hommes dans le puritain; l'un humble, pénitent, reconnaissant, passionné; l'autre fier, calme, inflexible, plein de sagacité. Il se prosternait dans la poudre devant son Créateur, mais il posait son pied sur le cou de son roi. Dans la retraite de son cabinet, il priait avec tremblement, larmes et soupirs. Comme Fleetwood, il criait, dans l'amertume de son âme, que Dieu lui cachait sa face. Mais quand il prenait son siége dans le conseil, ou qu'il ceignait son glaive pour la bataille, on ne pouvait plus discerner la moindre trace de ces tempêtes de son âme. Ceux qui ne voyaient que leurs rudes visages, ou qui n'entendaient que leurs hymnes ou leurs soupirs, pouvaient rire à leurs dépens; mais ils n'étaient pas tentés de rire ceux qui les rencontraient dans la salle des débats ou sur le champ de bataille. Ces « fanatiques » apportaient aux affaires civiles et militaires un jugement calme, une immuable résolution, que quelques écrivains ont regardée comme ne pouvant se concilier avec leur zèle religieux, mais qui au fond en était la conséquence nécessaire. La vivacité de leurs sentiments pour un seul objet les rendait tranquilles pour tous les autres 1. >>

Nous croirions n'avoir rempli que bien imparfaitement notre tâche si la réhabilitation de Crom. well n'entraînait pas celle des puritains.

I

Toutefois nous reconnaissons leurs défauts. Dans

Macaulay, Essais, t. I, p. 49 à 52.

la grande lutte qui eut lieu entre les puritains et les Stuarts deux choses caractérisèrent les premiers.

D'un côté il y eut un grand principe de liberté et de vérité chrétienne, pour le triomphe duquel les puritains combattirent, et ceci réclame notre admiration.

Mais d'un autre côté, on le sait, la rouille peut se mettre à la plus noble épée. Le christianisme, placé au service d'une idée politique, contracta, nous l'avons vu, quelque chose d'étroit et de maniéré.

Or ces deux éléments, - le bon et le mauvais, produisirent chacun leur fruit.

Le bon produisit cette liberté civile et religieuse, ces institutions politiques et chrétiennes qui sont la gloire de l'Angleterre, et qui de nos jours sont appelées à un développement toujours plus beau.

Le mauvais, la rouille de l'épée, le formalisme étroit et légal, amena par réaction son contraire, savoir un latitudinarisme sans vie, un libéralisme outré en religion, un relâchement déplorable dans les mœurs.

L'esprit humain, dégoûté à la fois du puritanisme excessif et du christianisme officiel, repoussé par les luttes des partis, et ne voulant ni des formes serviles de la religion de l'État ni du fanatisme des sectes, chercha une autre atmosphère, où il pût respirer plus aisément, et l'on vit les libres penseurs se jeter dans une incrédulité qui, sérieuse en Angleterre, aboutit en France à un bas matérialisme.

Heureusement la conséquence du mal ne fut

que passagère, et celle du bien est permanente.

Appelé à retracer le tableau du christianisme de l'Angleterre pendant la révolution, nous croyons devoir le défendre contre d'injustes reproches; mais ce n'est pas certes pour le présenter à notre siècle comme un irréprochable modèle. Nos temps doivent profiter des salutaires leçons que les temps passés leur apportent. Il nous faut un christianisme meilleur, plus libre, plus évangélique, plus large, plus spirituel, plus éclairé, plus moral, plus dégagé de toute préoccupation politique.

Dieu nous le donne!

CHAPITRE X.

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LIBERTÉ RELIGIEUSE.

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Milton à Cromwell. - Rôle de Cromwell, quant à la liberté religieuse. Opposition au radicalisme politique et religieux. Religion établie et liberté. Un champion de la séparation de l'Église et de. l'État : Milton. Système de Cromwell sur la liberté religieuse. Les deux grands intérêts. Catholicité du Protecteur.

-

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George Fox et Cromwell. Mayor. -Cromwell et les Épiscopaux.

Les catholiques romains. Les juifs.

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Les juifs. L'État et le Protestantisme. Principia vitæ. - Un danger. — Manière efficace de répandre l'Évangile. -Cathédrale d'Ely.. L'État et l'Église. L'Église et le peuple.

Les travaux de Cromwell ne se bornèrent pas à l'organisation de l'État et de l'Église. Il fit plus encore. Il fut un instrument dans la main de Dieu, pour introduire dans le monde un nouveau principę, jusqu'alors profondément méconnu. Voici la prière que lui adressait alors dans ses chants mélodieux le grand barde de l'Angleterre :

TO OLIVER CROMWELL.

Cromwell, our chief of Men, that thro' a cloud
Not of war only, but distractions rude,

Guided by faith et matchless fortitude,

To peace and truth thy glorious way hast plough'd,
And on the neck of crowned fortune proud

Hast rear'd God's trophies, and his work pursued.

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