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dans les grandes occasions plus jaloux de sa dignité que le Protecteur. Il avait dès sa jeunesse le vrai sérieux. Il se livrait avec ferveur aux œuvres de la piété chrétienne. « Bâtir des hôpitaux, écri<< vait-il un peu plus tard (11 janvier 1636) à l'un « de ses amis, M. Storie; bâtir des hôpitaux, c'est pourvoir aux besoins du corps; bâtir des temples de pierre passe pour une œuvre de piété; << mais procurer la nourriture spirituelle, bâtir « des temples spirituels, voilà la vraie charité, la « vraie piété. »

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Les circonstances devenaient alors de plus en plus graves pour l'Angleterre; et des nuages épais. commençaient à s'amonceler au-dessus du peuple et du trône.

On avait d'abord vu avec plaisir l'avénement de Charles Ier. Il avait des moeurs pures; et que n'aime-t-on pas à espérer d'un prince de vingtcinq ans? Mais quand le roi donna à l'Angleterre une reine soumise au pape, dans la personne d'Henriette de France, l'affection que l'on avait sentie pour lui se refroidit aussitôt. Ce n'était pas sans raison. Le contrat de mariage, rédigé sous les

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Carlyle's I, 186. Dans l'original cette lettre est datée de janvier 1635; mais il faut ici se rappeler que l'année ne commençait alors en Angleterre que le 25 mars (qui était le jour de l'an). Cette coutume subsista en Angleterre jusqu'en 1752. Nous indiquerons les dates selon le style nouveau, pour prévenir toute confusion. Ainsi, les trois derniers mois de 1635, ancien style, seront les trois premiers de 1636, nouveau style.

yeux du pontife, renfermait des clauses favorables à la foi romaine. Henriette arriva à Londres avec les instructions de la mère Madeleine de Saint-Joseph, carmélite, et sous la conduite du père Bérulle, accompagné de douze prêtres de la congrégation de l'Oratoire. Ceux-ci ayant été renvoyés en France furent remplacés par douze capucins. Henriette, digne élève de la cour de France, voulut d'abord tout faire plier à sa religion et à son humeur, et ses prêtres prétendirent exercer leur culte dans toute sa splendeur. La reine avait même du penchant à l'intrigue, et l'on s'apercevait facilement que le sang qui coulait dans ses veines était celui des Médicis. Ce fut surtout après la mort de Buckingham (23 août 1628) que Henriette de France voulut se servir de l'affection de son époux pour dominer le pays, et que les catholiques romains les plus zélés, admis dans le cabinet de la reine, y vinrent chercher la puissance dont ils avaient besoin pour accomplir leurs desseins. L'horizon de l'Angleterre s'obscurcissait de jour en jour.

Mais, tandis que la papauté reparaissait de nouveau à la cour de' Londres, l'Évangile florissait dans la maison d'Olivier, tout occupé de ses troupeaux, de ses champs, de ses enfants, des intérêts de ses voisins, et surtout de la pratique assidue des commandements de Dieu. Le salut était entré dans sa maison, et sa lumière brillait devant les hommes. Il avait une conscience très-délicate, et nous en citerons pour exemple un trait qui nous montre quelle était la moralité de sa vie. Après sa

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conversion Olivier se rappela ce que Zachée dit à Jésus au moment où le Seigneur venait de franchir le seuil de sa porte: - Seigneur, si j'ai fait tort à quelqu'un en quelque chose, je rends le druple. Cromwell n'avait rien dérobé; mais, comme d'autres hommes du monde, il avait gagné quelque argent au jeu. Il le rendit, pensant avec raison que ce serait un péché de le garder. Ces sommes étaient assez élevées pour ce temps; l'une d'elles était de 80 liv. sterl. (2,000 fr.), une autre de 120 liv. sterl. (3,000 fr.). Sa fortune était modique; sa famille s'était accrue : mais ces circonstances n'eurent aucune influence sur sa détermination. Sa religion était non en paroles, mais en œuvres. Aussitôt que sa conscience parlait, il cédait à ses avertissements, quelque grand sacrifice qu'elle lui imposât. Il se rappelait souvent cette parole de Christ, à laquelle il conforma sa vie : Tous ceux qui me disent Seigneur, Seigneur! n'entreront pas dans le royaume des cieux; mais celui-là seulement qui fait la volonté de mon Père, qui est au ciel.

CHAPITRE II.

VIE PARLEMENTAIRE DE CROMWELL.

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Élection et première apparition de Cromwell. — Son portrait. -Tondage et pondage. Lutte dans le parlement. - Dissolution. Refus de John Hampden. L'arbitraire et le papisme installés. - Ministres ou évangélistes. - Persécutions Leighton, Prynne, Bastwick, Burton. L'Écosse et le Covenant. Nouveau Parlement. Strafford. Mauvaise foi de Charles. Massacre d'Irlande. Remontrance. Bill de l'armée. Cavaliers et têtes rondes. - Poursuite des cinq membres.- La révolution commence. Ce qu'était Cromwell. Il devient soldat avec ses fils. - Nécessité. Opinions de Hampden sur Cromwell.

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Un nouveau parlement ayant été convoqué le 29 janvier 1628, Cromwell en fut élu membre pour Huntingdon, et y prit place le 17 mars. Son père avait été aussi dans sa jeunesse député aux communes. Après une prorogation de trois mois, le parlement se rassembla de nouveau le 20 janvier 1629. La chambre basse s'étant formée en grand comité pour la religion, le 11 février, l'un des nouveaux membres, Olivier, âgé alors de trente ans, y prit pour la première fois la parole. Les regards se portèrent sur lui; et l'assemblée l'écouta avec attention. Ses habits, fort simples, semblaient avoir été faits par quelque mauvais tailleur de campagne; son linge n'était pas d'une

blancheur irréprochable; sa fraise était à l'ancienne mode; son chapeau n'avait pas de ganse; il avait l'épée collée sur sa cuisse; son visage était boursouflé et coloré; sa voix était rauque et discordante, mais son élocution pleine de chaleur et de vie; sa taille était moyenne, mais forte et bien proportionnée; il avait l'air viril, l'oeil étincelant et le regard sévère'.

Quelques ecclésiastiques se distinguaient alors par leur zèle à faire prévaloir dans l'Église la puissance royale et les doctrines de la papauté. Cromwell se plaignit que les évêques permissent et même recommandassent de prêcher du « pur pa

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pisme.»—« S'il en est ainsi, s'écria-t-il, qu'avons<< nous à attendre? » - Qu'avons-nous à attendre? demandait Olivier Cromwell; telle était, en effet, la grande question. C'était la papauté, que le dix-septième siècle voulait rétablir; et la première parole dujeune membre des communes était contre la papauté. Il plantait alors le jalon destiné à fixer la direction qu'il allait suivre jusqu'à sa mort. Hume luimême, qui lui est si hostile, est frappé en voyant les premières déclarations d'Olivier correspondre si exactement à son caractère. Cromwell fut un homme d'un seul jet; et depuis le commencement de sa vie jusqu'à la fin il n'eut qu'une seule et même idée, qu'il publia par dessus les maisons (Luc, 12, 3). C'est cet homme si décidé, si ouvert, que l'on a choisi pour en faire un pour en faire un hypocrite!... Jamais l'histoire n'a fait une plus sotte bévue.

1 Mémoires de sir Phil. Warwick, page 247.

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