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de la religion d'Angleterre n'était qu'à ce prix. On l'a rappelé, et ne l'oublions pas, la révolution d'Angleterre, en proclamant l'illégitimité du pouvoir absolu, ne fit rien de nouveau. Elle fut légitime. « Si l'aristocratie féodale, a-t-on dit, a

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pris part au développement des nations, c'est << en luttant contre la tyrannie royale, en usant « du droit de résistance, en maintenant les maxi« mes de la liberté'. » Les communes, les classes moyennes ne faisaient au dix-septième siècle que ce que l'aristocratie avait fait jusqu'alors.

Cromwell était à cette époque âgé de quarantedeux ans et père de six enfants : Olivier, Richard et Henri, Brigitte, Élisabeth et Mary. Il vivait en paix, ainsi que beaucoup d'autres chrétiens, bons protestants, loyaux citoyens, qui comme lui n'avaient jamais pensé au métier des armes. Mais de nouveaux temps demandent de nouveaux faits. Chaque jour ces hommes, animés d'un grand amour pour leur patrie, se voient troublés, les uns à Londres, les autres à la campagne, sous leur toit domestique, par les nouvelles du massacre des protestants d'Irlande, de la complicité du roi, de ses mensonges perfides, de ses projets, des supplices infligés à plusieurs de leurs frères, du papisme ouvert de la reine, du papisme caché du roi, de la persécution d'Écosse, de l'expatriation des meilleurs chrétiens du royaume, et de tant d'autres signes et événements d'une nature non moins effrayante.

I

1 Guizot, Histoire de la Révolution d'Angleterre; préf., p. xi.

Alors, quand tout annonce que les chrétiens protestants d'Angleterre seront avant peu écrasés par la papauté ou égorgés par l'épée, ces hommes graves se lèvent et demandent au roi dans les communes de ne point tromper l'attente de ses sujets. Et quand ils voient ce prince, sourd à leurs prières, enrôler des troupes pour réduire son parlement et obtenir déjà sur celui-ci quelques victoires, ils prennent la résolution, dans un esprit de dévouement etd es acrifice, de sauver, Dieu aidant, l'Angleterre et l'Église, en quittant leurs familles, en exposant leurs vies, en se faisant soldats.

Olivier sort maintenant de son rôle parlementaire pour en prendre un autre dès lors plus nécessaire. Le yeoman d'Huntingdon, qui avait donné aux communes quelques marques de son éloquence, devait étonner encore plus l'armée par son courage et par son génie. D'abord tribun énergique, il allait se montrer grand général, pour devenir enfin l'un des premiers hommes d'État des temps

modernes.

Le 7 février Cromwell donna une grande somme d'argent prise sur sa petite fortune, 300 liv. sterl. (7,500 fr.) pour le salut du protestantisme et de l'Angleterre. Puis il s'enrôla avec ses deux fils, âgés de vingt et de seize ans, et mit sur pied peu après, à Cambrigde, deux compagnies de volontaires. Le départ de ses fils, Olivier et Richard, dut faire couler bien des larmes dans la tranquille demeure du fermier d'Huntingdon. Leur mère, leurs sœurs eurent bien de la peine à s'arracher des bras de ces jeunes hommes. Mais le

moment était venu où la patrie demandait les plus grands sacrifices. Il fallait tendre sa tête au glaive ou la baisser sous le joug du pape. Cromwell avait une belle famille, une femme tendrement aimée, une bonne mère, il avait passé l'âge de l'ambition, et pourtant il se fit soldat. « Vous avez eu d'abord « mon argent, dit-il avec une noble simplicité;

maintenant, je suis prêt, avec l'aide de Dieu, à << vous donner mon sang', et les miens font de « même. » Pendant dix-sept ans, depuis ce moment-là jusqu'à sa mort, toutes ses préoccupations, bien ou mal conçues, furent pour le protestantisme et pour la liberté de son peuple.

Voilà le point de vue moral sous lequel il faut juger Cromwell, voilà son point de départ; toute sa vie s'explique par là, et seulement par là.

Ce n'était pas un fait insignifiant, que le départ du volontaire de Huntingdon.

Une grande œuvre devait être accomplie : il ne s'agissait de rien moins que d'établir l'Angleterre sur le double fondement du protestantisme et de la liberté. De là dépendaient ses futures destinées. Où trouverait-on l'homme assez grand pour entreprendre une pareille tâche?

Un jour, un membre des communes s'était levé et s'était adressé à la chambre d'une manière brusque mais chaleureuse. Son extérieur n'était point distingué et son habit n'ajoutait pas à son importance. Lord Digby, étonné, se pencha vers Hampden, pour lui demander le nom de l'orateur.

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Hampden, homme de grandes capacités, et « que << ses amis et ses ennemis, dit Baxter, reconnais<< saient comme étant par sa sagesse le citoyen le

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plus éminent de l'Angleterre,» répondit avec un sourire : « Ce manant' que vous voyez devant « vous n'a qu'une parole dépourvue d'ornements; <<< mais ce manant, si jamais il nous arrivait (ce qu'à Dieu ne plaise!) de rompre avec le roi, ce «< manant, dis-je, serait le plus grand homme de << l'Angleterre.

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Ce manant était Olivier Cromwell. Ceux qui, comme son cousin Hampden, avaient joui de l'intimité de sa vie privée avaient dès longtemps reconnu la force de sa volonté et l'étendue de son génie. Il commençait alors à les révéler à la nation par les actes de sa vie parlementaire. Bientôt, dans sa carrière militaire, politique et diplomatique, il devait se faire connaître au monde, comme le plus grand homme de son siècle, mais aussi en même temps comme un chrétien inébranlable dan's sa foi.

Sloven, salope.

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Franchise de Cromwell. tervention en faveur de Hapton. Expédient de Cromwell.

Avantages douteux.

Le sort des armes change.

Cromwell refuse de prendre part aux débauches.

Mort

de Hampden. — Courage de Cromwell. - Les deux parleBataille de Marston-Moor. Une lettre et un

ments.

épisode.

Rudesse et compassion. Anecdote.-Caractère militaire de Cromwell. Il devient le vrai chef. Bataille de Naseby. - Le porte-feuille ouvert.

Assaut de

Bristol. Gloire à Dieu! union chrétienne. - Discipline.

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-

Piété.

Le roi se rend à l'armée écossaise.

- Le directoire. Ireton. Lettre de Cromwell à sa fille Bri

gitte.

well.

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Le roi remis au parlement. Maladie de Crom

Lettre à Fairfax. Cromwell et ses soldats. Unité de l'homme.

Le temps était venu où l'une des plus nobles conquêtes que l'humanité ait jamais faites devait s'accomplir. La liberté constitutionnelle allait être acquise aux nations. Ce ne serait pas sans des luttes terribles et sans de grands sacrifices: car ce n'est qu'ainsi, hélas! que la société marche. Le despotisme qui allait être attaqué était appelé à fournir une victime illustre. « Charles, >> dit un écrivain royaliste, « lutta inutilement contre la force << des choses; son temps l'avait devancé : ce n'é

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