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cée, Tyrtée et Sapho avaient, créé la poésie lyrique', que Pindare éleva au plus haut degré de grandeur, de magnificence et d éclat; Anacréon donna son nom à la poésie gracieuse, tandis que le génie inventeur d'Eschyle se déployait dans la tragédie, qui chez tous les peuples naquit avec une énergie et une vigueur qu'elle ne conserva point toujours parmi ceux qui la cultivèrent plus tard; Sophocle, recueillant l'héritage de ce poëte, avait su réunir la force, la régularité et la grâce : la comédie était née sous la plume satirique d'Aristophane; elle avait acquis, sous Ménandre, plus de régularité, plus de noblesse, et elle partageait la scène avec les nobles et touchantes compositions d'Euripide, le Racine des Grecs : Bion et Moschus avaient suivi Théocrite dans la route nouvelle que ce poëte original avait

ouverte.

Le champ des sciences n'avait pas été stérile. Hippocrate avait fondé l'art médical, et en avait immortalisé les préceptes. Platon, qui, avec Aristote, devait faire revivre Socrate, élevait les âmes par sa sublime métaphysique et épurait le sentiment moral; Eschine et Cébès, ses disciples, suivaient la même route, mais à une longue distance de leur maître Pyrrhon, qui doutait de tout, avait été bientôt remplacé par Aristote, qui montrait comment l'on pouvait savoir, et qui, perfectionnant la théorie des idées comme Platon avait perfectionné les sentimens, ouvrit à l'esprit humain cette vaste carrière dans laquelle il avance toujours. Théophraste, le plus ingénieux des moralistes, s'était illustré dans un genre de littérature où Xénophon, déjà célèbre comme historien, avait porté les maximes et la simplicité de Socrate.

L'élève de Gorgias et de Prodicus, Isocrate, donnant an style une pureté exquise, une élégance harmonieuse, avait fait une science de la parole. L'habile orateur Eschine avait été vaincu par Démosthènes, à qui l'art oratoire dut à la fois une puissance inouïe jusqu'alors, et un éclat qui n'a pas été surpassé. Mais l'art des sophistes qui abusaient de l'éloquence, et qui savaient donner de l'attrait à cet abus, offrit bientôt les symptômes d'une civilisation trop avancée.

Telle était déjà la littérature des Grecs, lorsque les nations de l'Occident étaient encore plongées dans la barbarie, lorsque Rome n'avait encore que la rudesse des vertus guerrières. Exilées d'Athènes avec la liberté, les Muses qui avaient inspiré

tant de beaux génies ne restèrent pas silencieuses, et la gloire des lettres grecques survécut long-temps à l'indépendance de la patrie d'Homère et de Miltiade.

Des historiens pleins de lumières, de sens et de probité, Diodore de Sicile, Denys d'Halicarnasse ; Polybe, aussi remarquable par son grand jugement que par ses connaissances profondes; Dion Cassius, que distinguent la clarté et l'élégance; Hérodien, à la fois si véridique et si animé; Arrien, qui cultiva, comme Xénophon, la philosophie et l'histoire ; Plutarque, qui eut la même gloire, et qu'on peut nommer le plus populaire des écrivains de l'antiquité; d'ingénieux narrateurs, dont les souvenirs sont précieux pour l'histoire des mœurs Maxime de Tyr, Athénée, Diogène-Laërte; Strabon et Pau-, sanias, voyageurs savans et judicieux; de grands moralistes Epitecte, dont la philosophie est si admirable et le style si énergique; Lucien, le plus spirituel des écrivains grecs; un illustre philosophe, Marc-Aurèle, distingué comme empereur et comme écrivain; des grammairiens, des orateurs, des littérateurs habiles, Longin, dont le traité du Sublime n'a pas vieilli; l'éloquent Dion Chrysostome de tels écrivains, quoique appartenant à une littérature en décadence, pourraient encore suffire à la gloire littéraire d'une nation. Bientôt l'éloquence brilla dans la Grèce d'un nouvel éclat, lorsque les écri-. vains ecclésiastiques vinrent former à eux seuls une littérature et une civilisation nouvelles. Les productions les plus célèbres de ces hommes dont le génie égala les vertus feront partie de notre collection, elles en seront un ornement d'autant plus remarquable, que long-temps leur mérite éminent resta trop peu connu.

Plusieurs de ces ouvrages, dont l'ensemble formera une Bibliothèque de la Grèce ancienne, n'ont jamais été traduits; et dans le nombre des traductions, il en est bien peu quel'estime publique ait consacrées; elles devront donc presque toutes être remplacées ou revues entièrement. De nouveaux secours s'offrent de toutes parts. Les travaux des philologues allemands et des critiques des autres nations ont amélioré les textes par l'étude des manuscrits et par de savantes conjectures Il semble qu'ils se soient efforcés, à l'envi, d'aplanir les difficultés qui pouvaient nous arrêter encore dans la lecture des auteurs anciens. Notre langue a maintenant des modèles

dans l'art de traduire : des écrivains qui sont pour nous des objets d'étude et d'émulation nous ont appris comment on pouvait rendre, sans les paraphraser, les beautés des auteurs originaux; et la critique française, si elle n'a pas plus d'érudition qu'autrefois, est plus élevée, plus philosophique : son regard embrasse · un plus vaste horizon. La paix dont nous jouissons ranime chaque jour davantage le goût de l'antiquité; c'est pour nous un nouveau motif d'encouragement. Dans quelque position sociale qu'on se trouve, on sent aujourd'hui le besoin de ne pas rester étranger à la connaissance des modèles en tous genres que la Grèce a produits. C'est en les méditant sans cesse que les grands écrivains de Rome sont parvenus à rivaliser souvent avec eux; et ce mémorable exemple donné par Horace, Virgile, Cicéron et tant de grands génies, fut suivi avec un succès non moins remarquable par Racine, Boileau, Fénelon, et tous les auteurs qui, en illustrant le siècle de Louis XIV, nous servent à leur tour de modè es. En puisant comme eux à une source aussi pure et aussi abondante, chacun peut encore y trouver les plus belles inspirations, et avec de tels guides, le génie ne peut jamais craindre de s'égarer.

L'extrême fidélité des traductions rendra plus facile l'étude des textes pour ceux à qui la langue d'Homère n'est pas totalement inconnue; elles épargneront un temps considérable aux personnes qui voudront connaître la littérature grecque, et ne lire dans les ouvrages originaux que ce qu'ils offrent de plus remarquable. « Les traductions, » dit notre judicieux Boileau, » ont l'avantage de servir de modèle pour bien penser, et de répandre le goût de la bonne antiquité. »

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Nos savans et nos littérateurs les plus distingués se sont chargés de ces travaux; ils s'efforceront de les rendre utiles même aux érudits. Les textes revus par nos plus habiles critiques seront accompagnés d'un choix succinct de notes, de commentaires, destinés à éclaircir les principales difficultés, à donner de nouveaux développemens, à discuter divers points d'histoire et de philologie, à établir des rapprochemens littéraires, enfin à rassembler tout ce qui est de nature à rendre plus facile, plus agréable et plus instructive la lecture des auteurs grecs. Dans cet important travail on aura surtout en vue d'obtenir cette concision si rare en Allemagne, et vers laquelle les savans n'ont pas en général assez dirigé leurs efforts.

En mettant à profit les travaux de l'érudition de tous les pays, la France possédera enfin une Collection de textes grecs qui lui manque depuis si long-temps; et cette littérature si glorieusement connue par les travaux des Estienne, et si négligée depuis cette époque, revivra de nouveau dans notre patrie.

Quelle époque d'ailleurs pourrait être plus favorable pour reproduire et publier les monumens littéraires des Grecs, et surtout leurs ouvrages historiques, que celle où ce peuple illustre qu'on croyait à jamais perdu au sein de la barbarie et de l'esclavage, revit tout à coup dans ses descendans et recommence avec un nouvel éclat son histoire et ses destinés glorieuses!

Cette Collection qui doit rassembler tous les chefs-d'œuvre de la langue grecque formera 150 volumes; elle sera imprimée sur grand papier vélin. Prix de chaque volume, 15 fr. On publiera en même temps les textes grecs seuls, imprimés sur papier fin; chaque volume sera du prix de 7 fr. 50 c. La traduction française se vendra séparément, le volume, 6 fr. Les historiens et les principaux poëtes seront publiés les premiers. On imprime en ce moment les traductions d'Homère par M. Dugas Montbel, de Dion Cassius par M. F. R. Noel, de Diodore de Scicile par M. Miot, de Polybe par M. Caïx, d'Hérodien par Halevy.

10. PLATONIS CRITO, græce; cum commentario perpetuo et pleno, in usum juventutis scholasticæ edidit E. LowE. in-8°. VIII et 71 pag.; pr. 8 gr. Leipzig, 1825; Kayser. (Pædag. philol. Literaturbl. zur Allg. Schul-Zeitung, janv. 1826, n. I., pag. 1.)

Cette édition est le premier essai d'un jeune homme de vingt ans. Il paraît que l'éditeur y annonce des connaissances grammaticales très-étendues, et qu'on y trouve des observations philologiques qu'on chercherait en vain dans d'autres éditions.

11. PLATONIS PHAEDO, ex recensione H STEPHANI, cum prolegomenis WYTTEMBACHII; editio in usum scholarum. Prix' 12 gr. Leipzig, 1825; Hartmam. (Jena. allg. Lit. Zeitung; nov. 1825, n". 2.5. )

Cette édition devient d'une utilité plus étendue pour les élèves en ce qu'elle est accompagnée de plusieurs sections du traité de Wittembach, De quæstione, quæ fuerit veterum philoso

phorum, inde a Thalete et Pythagora usque ad Senecam, sententia de vita et statu animarum post mortem corporis, c'est-à dire de celles qui peuvent contribuer à l'intelligence de l'ouvrage de Platon. L. D. L.

12. TIE. HEMSTERHUSII ANIMADVERSIONUM IN LUCIANUM APPENDIX. Ex schedis Mss. in bibl. Lugd. Bat. servati collegit, disposuit et edidit J. GEEL. 66 p. in-4°. Leyde; 1824; Luchtmans. (Allg. Lit. Zeitung; fév. 1825, p. 428.)

On a cru jusqu'à présent que les mauuscrits inédits de Hemsterhuis étaient perdus. M. Geel, par sa position actuelle, eut le loisir de faire des recherches dans la bibliothèque de Leyde, et fut assez heureux pour trouver les manuscrits en question. Il a recueilli un grand nombre d'observations non-seulement sur Lucien, mais aussi sur Pollux, Aristophane et autres. L'écrit que nous annonçons ne renferme que les observations sur Lucien; celles sur les autres auteurs que nous venons d'indiquer paraîtront plus tard.

13. DIE ANGEBLICHEN SCHRIFTEN DES AREOPAGITEN, etc.. - OEuvres attribuées à Denys l'Areopagite: traduites en allemand et accompagnées de dissertations par le D. ENGELHARD. 2 part. in-8°, de 360 pag. chaque; pr. 4 fl. 30 kr. Sulzbach, 1823; Seidel. (Heidelb. Jahrbüch. der Liter. nov. 1825, p. 1068.)

Les excellentes notices explicatives dont le traducteur a accompagné son travail, contribuent éminemment à donner un intérêt particulier à cet ancien auteur mystique. L. D. L. 14. ODES NOUVELLES, de KALVOs, de Zante, suivies d'un choix de poésies de CHRISTOPOULO; traduites par l'auteur des Helléniennes. P. de C. In-18 de 7 f.; pr. 3 fr. 50 c. Paris; 1825; Renouard. 15.BIBLIOTHECA ROMANA CLASSICA, probatissimos utriusque orationis scriptores latinos exhibens, ad optimorum editionum fidem, scholarum in usum adornavit G. H. LUNEMANN. T. X, pt. in-80. de 400 pag. Pr. 16 gr. Goetting, 1823; Deuerlich. ( Beck's allgem. Repertor. der Literat. 1825, 1a. vol. no. 1, p. 67.) S'il en faut croire le journal que nous venons de citer, l'édition de Leipzig est supérieure à celle-ci relativement à l'impression. On y trouve les variantes et leçons des éditions de Drakenborg, Rupert et Lefebvre accompagnées de remarques qui justifient l'interprétation ou la conjecture adoptée. L. D. L.

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