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Ganesa, dont la statue est gravée, planches IV et V de l'atlas de M. Reuvens, est représenté, comme à l'ordinaire, avec une tête d'éléphant. C'est dans la mythologie hindoue, le fils de Siva et le dieu de la sagesse et de la prudence; mais il paraît que ce n'est que dans l'île de Java, qu'on a donné à ce dieu pour parure des têtes de mort, pour vases à boire des crânes, et pour armes des haches. C'est ce que M. Reuvens prouve en comparant la statue qu'il a décrite, celles qu'on trouve dans le musée de Leyde et qui viennent aussi de Java, enfin celle que Raffles a figurée, avec les représentations de Ganesa, figurées dans les ouvrages sur la mythologie hindoue. La raison de cette différence est qu'à Java, ou du moins dans la contrée javanaise où les idoles ont été trouvées, dominait le culte sauguinaire de Siva, tandis qu'ailleurs c'était la secte de Vichnou qui révérait Ganesa. Le dieu est richement paré, et coiffé d'une espèce de tiare; l'auteur entre dans de grands détails sur cette parure moitié féminine, moitié masculine, qui paraît avoir été l'attribut de l'idole dans l'Inde, aussi-bien que dans l'île de Java.

La troisième statue, enfin, représente le taureau Nandi, monture de Siva; on le figurait à la façade des temples consacrés à cette divinité; témoin le taureau de porphyre, sculpté devant le temple de Tanjour, et gravé dans le grand ouvrage de Daniell, et parmi les monumens publiés par Langlès. M. Reuvens pense, avec l'abbé Dubois, que les Indiens ont été amenés comme les Égyptiens, à rendre un culte au taureau ou au bœuf, uniquement à cause de la grande utilité de cet animal; dans le sud du Carnatic c'est encore une divinité, et au nord de la rivière de Kavari c'est un animal sacré : nulle part on ne mauge sa chair. La statue représente le Nandi avec un double collier et une housse d'une riche étoffe, comme on le voit aussi sur les figures gravées dans le panthéon hindou de Moore.

Après la description des statues, l'auteur disserte sur le mot sanscrit Tsjakra, inscrit auprès de la statue de Bheireva et signifiant, selon Wilkies et Bopp, le puissant; et sur le culte de Siva dans le territoire javanais. Il passe ensuite à l'examen de l'antiquité des monumens mythologiques qui font le sujet de son ouvrage, ce qui le conduit à rechercher l'époque où ont été construits les temples de Java. Cette île a possédé

plusieurs grands établissemens religieux, entre autres celui de Goenong-Pranso, qui était composé d'environ 400 petites pagodes. L'auteur conclut des genres d'architecture et de sculpture employés dans tous ces édifices, que les statues ne sont/ pas de la première époque de l'art à Java, mais qu'elles ne sont pas non plus de l'époque la plus florissante, et que les monumens de l'ancien état de Singasari offrent des morceaux de sculpture plus beaux et plus capables de nous faire connaître le degré de perfection auquel l'art avait atteint dans cette

contrée.

Dans un supplément à sa dissertation, l'auteur discute plusieurs points intéressans, entre autres la différence entre la mythologie javanaise et celle de l'Inde, et l'analogie entre les monumens mythologiques de l'Inde et ceux de la Grèce et de Rome; M. Reuvens ne fait pourtant que toucher ce point, en faisant observer que les savans sont encore divisés à cet égard. Une liste des ouvrages consultés termine ce savant traité. D-G.

ARCHEOLOGIE, NUMISMATIQUE.

436. RÉSUMÉ COMPLET D'ARCHEOLOGIE. Tome II, contenant les traités sur les pierres gravées, les inscriptions, les médailles, les ustensiles sacrés et profanes, etc.; suivis de la Biographie des plus célèbres antiquaires, de la Bibliographie archæologique, et d'un Vocabulaire; par M. CHAMPOLLION-FIGEAC. In 32 de 330 p. ct 3 pl. Prix: 3 fr. 50 c. Paris, 1826; bureaux de l'Encyclopédie portative, rue du Jardinet, no. 8, et rue Taitbout, no. 6.

Ce 2o. volume complète le Traité élémentaire d'archæologie, dans l'Encyclopédie portative, publiée par M. Bailly de Merlieux. Nous rendrons compte, dans un de nos prochains cahiers, de cet ouvrage, où la science archæologique est mise à la portée de tout le monde, et qui est le premier ouvrage de ce genre publié en France.

437. SUR LES MESURES DE LONGUEUR ET LES POIDS ÉTABLIS CHEZ LES ANCIENS. (Allg. Literat. Zeitung; juin 1826, no. 15í, p. 376 ) Parmi les antiquités précieuses déposées au musée de Naples, se trouvent plusieurs poids en serpentine, ainsi que la

!

mesure de longueur d'un demi-pied romain, en ivoire, et très bien travaillée. Ces objets ont été examinés par M. Cagnazzi, dans son traité relatif aux mesures de longueur et aux poids établis chez les anciens. Il en conclut que la dimension du pied romain contient 0,29624 (métriques), de sorte qu'il se rapproche beaucoup du pied d'Augsbourg (6001 d'Augsbourg 6000 romain), et qu'il serait par conséquent du pied du Rhin. La livre des anciens est, d'après ces calculs, 325,8 grammes, ce qui fait de la livre de Paris, on plus approximative ment encore De ces mesures ainsi appréciées l'auteur déduit la longueur du mille romain et les différens poids des anciens.

35000

37181

3258000
4895058*

L. D. L.

438. Ueber die Archæologie der Kunst des AlterTHUMS.-Sur l'ar. chæologie des anciens, et particulièrement des Grecs et des Romains; par CH. G. HEYNE. 598 p. in-8°. Prix: 2 thal. Brunsvick, 1822; Vieweg.

459. BILDER DES GRIECHISCHEN ALterthums.

Tableau des anti

quités grecques; par J. HORNER. Cah. IV-VI. 98 p. in-4°. Prix: 3 th. 12 gr. Zurich, 1824.

440. LE TEMPLE D'APOLLON A BASSÆ en Arcadie, et les sculptures qu'on y a découvertes; dessinés et expliqués par M. le baron DE STACKELBERG. (Extrait du prospectus.)

Le temple d'Apollon à Phigalée est l'un des monumens les plus remarquables de l'antiquité grecque, soit par la belle position, le temps de la construction, l'intégrité et la beauté de ses restes, soit par l'originalité et l'expression de son architecture et de ses sculptures, soit par les renseignemens précis qu'on en possède. Si ce temple, sous le rapport de la beauté, occupa, après celui de Tégée, le premier rang parmi les édifices sacrés du Péloponèse, la région qu'il décorait avait la gloire d'être le berceau de la population de cette illustre péninsule. Parmi les belles contrées de l'Arcadie à peine en trouverait-on une autre qui surpassât celle de Phigalée en beauté pittoresque, et où l'on retrouvât au même degré, dans la marche d'une nature libre et dans la vie simple du pâtre, cette image si bien célébrée des mœurs pastorales d'un temps toujours regretté. Ce monument et ces antiques et charmans lieux

offrent un égal intérêt aux émotions et aux explorations de l'artiste et de l'érudit. On peut dire encore le motif de la fondation du temple, on peut nommer l'artiste qui le créa; on peut désigner, avec un haut degré de vraisemblance, celui qui en exécuta les sculptures. Monument religieux des dernières années du siècle de Périclès, il s'éleva à l'apogée de la civilisation des Grecs, à une époque où les philosophes et les poëtes, empruntant l'ingénieux langage des Mythes, répandaient le jour sur la doctrine des mystères; à une époque où les institutions sacerdotales jouissaient d'une haute considération, et où, dans l'architecture et la sculpture, se prononçait un caractère aussi pur qu'élevé. Comme les fouilles opérées dans cette ruine ont donné des éclaircissemens satisfaisans sur l'édifice et qu'il s'est maintenu inaltéré depuis les anciens; comme on y a vu reparaître la première série complète de reliefs de frise représentant deux sujets mythologiques réunis, ce monument paraît provoquer, particulièrement sur la connexion, l'idée et la nature de son ensemble d'architecture et de sculpture, des discussions qui en rétablissent et la forme et le sens. Un essai de ce genre manquait encore, car les publications qui ont eu lieu jusqu'à présent n'ont pas eu égard à ces objets.

Dès l'exécution des fouilles, M. le baron de Stackelberg, qui y assistait, s'est chargé de dessiner, d'éclaircir et de publier ce monument dans le sens qu'on vient d'indiquer; et l'ouvrage que l'on annonce ici est le résultat de ces travaux. Cet ouvrage est le premier qui donne la description chorographique du mont Cotylien et du mont Lycéen, une vue de l'intérieur de la ruine, le plan et l'idée complète du temple avec les rectifications nécessaires; et, de plus, le dessin complété de la frise, la réunion totale des restes des sculptures retrouvées : les dessins des chapiteaux ionique et corinthien et ceux des fragmens de la statue du temple manquaient jusqu'ici absolument, ainsi que d'autres objets. L'auteur traçant, après un séjour de trois mois auprès du temple, un tableau de la nature des lieux; rendant le premier compte exact des fouilles et de l'observation des ruines ainsi que de la connaissance qu'elles ont procurées sur cet édifice dans ses diverses époques, et ayant d'ailleurs réussi à retrouver la véritable suite des tables de la frise, et par conséquent l'ensemble et l'idée de toute la composition, ouvre à l'avide explorateur une vue plus particulière sur tout

ce monument. Ce monument donne un exemple frappant de la sollicitude religieuse et des vues élevées avec lesquelles on choisissait les localités des sanctuaires de la Grèce; il conduit l'auteur dans toutes sortes de discussions, et l'engage à y rattacher les observations qu'il a faites sur l'architecture et la sculpture des anciens, pendant un séjour de plusieurs années dans les pays primitifs et coloniaux des Grecs.

Le texte se distingue par conséquent en 2 parties, dont la Ire. concerne L'ÉDIFICE DU TEMPLE, et la 2. les SCULPTURES. La Ire. partie contient un tableau des localités du temple, de ses environs, de la vie pastorale de l'Arcadie; des renseignemens sur les restes de la ville de Phigalée, sur les fouilles et leur produit, sur l'ancien état et sur l'état postérieur du temple, sur les causes et l'époque de sa décadence; sur la fondation et l'architecte de l'édifice; sur sa distribution, sur ses ornemens et leur sens; recherches auxquelles se rattachent l'indication des caractères du temple, des considérations sur l'architecture, et surtout sur les ornemens peints, ainsi que sur la colonne dorique, ionique et corinthienne. La 2o. partie se compose de 2 sections. La 1. traite des reliefs de la frise ionique intérieure. Elle donne la suite et la disposition des tables de reliefs, ainsi qu'elles s'accordent avec les mesures et la distribution du local qu'elles occupaient; elle explique le but, la connexion et la raison des deux représentations mythologiques réunies dans cet ouvrage, l'explication du mythe des Amazones et du combat des Centaures, ainsi que celle des reliefs de la frise. Suit l'analyse des caractères, et le jugement des sculptures: costume, conception idéale, expression, style, dessin, plan, composition, égard au coloris et à l'effet optique, architecture, sculpture grecque en général. La 2o. section embrasse les restes de sculpture de la frise dorique intérieure et de la statue du temple. On y explique l'objet et les rapports des reliefs des métopes, ainsi que la représentation de la divinité iatrique APOLLON EPICURIUS, et l'on y fait connaître la première statue d'airain, et la découverte de la copié qui l'a remplacée.

Des pièces additionnelles donnent des détails plus particuliers sur quelques-uns de ces objets: 1) sur le mont Lycéen; 2) sur Messène; 3) sur la confusion du Panhellenium avec le temple de Minerve à Égine; 4) sur les Maïnotes; 5) les chants populaires et les danses des Grecs modernes.

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