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44. HISTOIRE ET DESCRIPTION PITTORêsque du Pai ais de Justice, de la Conciergerie et de la Sainte-Chapelle de Paris; par B. SAUVAN et S. P. SCHMIT; 2o. liv. ; in-folio de 5 f. avec vignettes et pl. Paris, Firmin Didot; Engelmann.

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45. ANTIQUITÉS TROUVÉES A LANDECI, canton de Genève. Lettre de M. Picor, professeur.

Le champ où ces monnaies ont été découvertes s'est montré dès long-temps fertile en antiquités romaines; il est situé à 200 pas des premières maisons du village de Landeci, au côté gauche de la grande route qui tend de Genève à Annecy ; il appartient à M. Châtillon, qui y a déjà recueilli, à diverses époques, des briques romaines, des tablettes, des morceaux de corniche, et divers autres objets travaillés en marbre blanc, ainsi que des monnaies en argent ou en bronze de quelques familles romaines, et de divers empereurs des quatre premiers siècles de l'ère chré ́tienne; les plus récentes de celles qui m'ont été moutrées, sont des monnaies des fils de Constantin le Grand. Dans un labour un peu plus profond qu'à l'ordinaire, le soc de la charrue heurta et brisa le col d'une grande bouteille ou jarre de cuivre, qui s'est trouvée remplie de 6 à 7,000 monnaies en petit bronze, des empereurs ou impératrices Gordien le jeune; Philippe, père; Etruscilla, Trajan Décius, Trébonien, Gallus, Volusien, Valérien, Mariniana, Gallien et ses deux fils; Salonine; Posthume, père, et Claude le Gothique; celles de Gallien sont à elles seules en plus grand nombre que toutes les autres réunies, et celles de Claude le Gothique sont très-rares dans ce petit trésor; d'où l'on peut conclure, qu'il a été amassé et enfoui vers l'an 268 ou 269 de l'ère chrétienne, dans le temps désastreux des déprédations exercées dans notre pays par les peuples barbares, qui déjà alors menaçaient de toutes parts l'empire romain.

La jarre de cuivre, au moment où elle a été trouvée en terre, était pleine de monnaies, et pesait environ quarante livres, poids de 18 onces; elle est endommagée par places, de ́manière que l'eau y pénétrait aisément; du reste, elle est d'un ́ assez bon travail; nous devrons à l'ancien syndic Micheli, de posséder dans notre musée cette jarre, ainsi qu'un grandnombre des monnaies qu'elle renfermait. Ces monnaies ont moins souffert qu'on ne l'aurait pu croire, en pensant au long

séjour qu'elles ont fait dans la terre, exposées à l'humidité. Cependant presque toutes ont été plus ou moins attaquées par la rouille; elles offrent une grande variété de revers.

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Landeci n'est pas le seul endroit du canton où l'on trouve d'anciennes monnaies romaiues; Genève, Carouge, Resinge, Corsi, Saint-Maurice et Coligny en ont procuré récemment; et l'on a même trouvé dans ces 3 derniers villages, des pièces d'or, que nous possédens en partie dans notre musée; elles appartiennent aux empereurs du premier, du second et du 3e. siècles. Il est assez remarquable, que les monnaies des princes qui vivaient à une époque aussi reculée soient beaucoup plus communes chez nous, que celles dont la date ne remonte qu'à un siècle seulement, et qui ont été frappées dans les pays qui nous avoisinent le plus, tels que la France, la Savoie et le canton de Vaud, ou même dans notre propre patrie. (Journ. de Genève, 9 mars 1826.)

46. SUR LES ANCIENNES MONNAIES ANGLO-FRANÇAISES. Extrait d'une lettre d'Agen (Lot-et-Garonne), du 25 nov. 1825. (London liter. Gazette du 17 déc. 1825,) (1)

Voici la description de plusieurs monnaies anglo-galliques que l'auteur a découvertes dans la partie de la France où ont régné autrefois les rois d'Angleterre.

Monnaie no. I.-Sou bordelais frappé par la ville à ses frais; pièce inédite et très-rare. Obvers, le même que le revers des anciens sous anglais ou sterlings, la croix avec 12 boules. Légende ЄD: Rex Angliæ. »

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Revers, une face de lion (non la tête) couronnée. Légende, Civitas Burdegale.» (Bordeaux.) Elle pèse, quoiqu'un peu rognée, 24 grs., ce qui est plus que les sous aient pesé, car ils n'ont jamais excédé 22 grs., poids romain. L'argent est de même très-bon.

No. II. Sou d'argent de Jean de Gand, duc de Lancastre, frappé à Bayonne. Snelling appelle celui-ci un sou de Jean roi de Castille, mais Duby et Ducarel l'attribuent au père de Henri IV, qui prit le titre de Castille et Léon du chef de son mariage avec la fille aînée de Pierre le Cruel. Sandfort et Venuti sont de

(1) L'auteur, actuellement à Paris, a bien voulu faire à cetté lettre quelques rectifications et additions.

la même opinion, laquelle se trouve confirmée par un document indiqué dans Rymer, et par lequel, Jean, roi de Castille et duc de Lancastre, est autorisé comme tel, à battre monnaie à Bayonne et à Dax; permission qui, par la suite, fut renouvelée pour deux autres années, par son neveu Richard II. Poids 11 grs. romains. Cette mounaje se trouve dans le plus bel 'état de conservation.

:

No. III. L'aire de l'obvers est divisé en trois compartimens celui du centre est occupé par le lion d'Aquitaine, celui de dessus porte la lettre (A), et celui de dessous les lettres GI.« D. Rex Angliæ. » Les 3 lettres AGI sont sans doute le commencement du mot Agitanie; au revers, une croix grecque dont les membres sont terminés en couronnes ouvertes. Lėgende, « moneta duplex. » Poids, 15 grs. romains, argent très-bas de fin, et d'alliage.

N°. IV.

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Sou normand de Rich ard Ier.

A l'obvers, une croix grecque patée, entourée d'une légende qui, dans les caractères de l'époque, est « Ricardus rex. »

Au revers, une petite croix très-patée paraît dans la partie supérieure du champ. Au-dessous sont les lettres DVX disposées en croissant, avec les parties supérieures de ces lettres tournées en dehors de manière à laisser un intervalle entre leurs parties inférieures et la petite croix. La légende est Rodomdaco pour Rodomaco. Rouen. Poids, 13 grs. romains; fi

nesse de fin, et d'alliage.

No. V-Médaille, probablement unique, portant la légende Tonentius, qui était préfet du prétoire des Gaules vers l'an 450. (L'auteur nous promet, pour un des cahiers prochains du Bulletin, une notice sur cette pièce remarquable.)

Il possède un cachet ou plutôt une empreinte qu'il se propose de faire graver et d'envoyer aux sociétés savantes de France et d'Angleterre. Elle est d'or à 23 karats, du poids de 424 grs. romains, et d'un travail lourd et grossier. On la trouva en creusant un puits sur l'emplacement de l'ancien château de Mont-de-Marsan, chef-lieu du département des Landes, sur la grande route de Bazas à Bayonne. L'auteur lit : « privatum (scilicet sigillum) Enrici domini Vasconiæ. » Dans l'Aquitaine plusieurs des Henri d'Angleterre omettaient la lettre H devant

:

Enricus ce nom, d'origine Scandinave (Eric roi de Suède, Gustave Ericson, etc.), et primitivement Erric, fut introduit en Sutherland et Caithness par les Norvégiens et les Danois; de là vient Eric Mackay, présentement lord Reay, et les Mc. Errics, improprement écrit mac Kerricks, le même clan que le Mac Henrics. Les Visigoths l'introduisirent en Espagne, et là ce mot devint Enrique. Les Hyberno-Danois le laissèrent à Dublin, transformé en Kendrick, comme dans mac Kendrick, mot qui diffère peu de celui de Mackerricks de Sutherland, l'un et l'autre provenant du même tronc. L'auteur possède plusieurs monnaies anglo-gasconres du roi anglais Henri IV, qui portent pour légende, « Enricus, Ericus, Eric, et le vrai Є Rex Angliæ. Dans les anciens sceaux le P occupe la place de cette lettre dans la bague, toutes les fois qu'il indique le sceau privé, ce dont il existe d'innombrables exemples dans la contre-distinction du mag. des grands sceaux. On voit, écartelés, sur trois différens jetons, sans contredit du siècle d'Edouard III, le soleil et la lune de chaque côté du P; le soleil a plutôt l'aspect d'une molette d'éperon. On voit souvent la lune sur les monnaies anglogalliques où, d'après sa forme semi-circulaire, elle indique ou est supposée indiquer Bordeaux, le Portus lunce: On y voit au fond une feuille ou fleur; ne serait ce pas la fleur du genêt, la planta genet (genista), symbole de la maison d'Anjou? J'ai sous les yeux, dit M***., une charte donnée par Henri II aux moines de Noir-Moutier, près de Tours; le sceau a disparu; mais le ruban qui l'attachait au parchemin y reste annexé. Ce ruban est de soie tordue, aux couleurs verte et jaune, qui sont celles de la fleur et des feuilles du genêt. Les feuilles de cette plante, extrêmement rares, et beaucoup moins nombreuses que les fleurs, sont trilobées; on les confond assez généralement avec les branches de cette plante dont on fait les balais dans les contrées pastorales de l'Écosse; ce qui n'empêcha pas Henri, seigneur de Gascogne, de l'adopter pour son symbole. On connaît l'attachement que portait Éléonore à cette province, dont la capitale, sa ville natale, était Bordeaux. Elle n'eut que des filles de Louis le Jeune, ou VII, son premier époux; dès lors, et attendu que Henri, son second mari, n'était pas encore monté sur le trône d'Angleterre, il n'est pas improbable que son premier fils dût porter le titre de « seigneur de Gascogne. » Ce titre était le plus haut qu'il pût recevoir; et que ce titre

existât, c'est ce que prouve dans le recueil de Rymer, un document par lequel Henri III, à l'occasion du mariage de son fils, Edouard Ier., vers 1252, le crée seigneur de Gascogne. L'anteur a trouvé depuis dans l'histoire de Béarn par P de Marca, la preuve que ce titre a existé ; il fut donné en effet par Henri II à Alfonse roi de Castille, qui épousa la fille de ce souverain en 1170. Alfonse, fils ou petit-fils de celui-ci, s'intitula en 1240 dominus Vasconia dans une charte de donation faite pour la cathédrale de Dax. En 1254, Alfonse roi de Castille, en renonçant parun acte à la seigneurie de Gascogne, en faveur de sa fille fiancée à Edouard fils d'Henri III, déclare expréssement que, pour rendre l'acte plus solennel, il l'a scellé Sigillo aureo nostro.

Le sceau ne peut pas être celui de Henri III, car il n'étaît âgé que de neuf ans à la mort de son père Jean-Sans-Terre. Če ne saurait être non plus, et par des raisons bien connues, le sceau de Henri IV, V ou VI; ce ne peut être d'autre sceau que celui de Henri, fils dénaturé de Henri II, qui se révolta contre son père, et mourut avant lui, à l'âge de 28 ans, vers l'an 1173 à 1178, Si la Bibliothèque d'Agen n'avait pas été dans un grand désordre, l'auteur aurait peut-être été à même d'y trouver des témoignages historiques en confirmation de son opinion.

Les sceaux du moyen âge étaient, à ce qu'il suppose, de 5 sortes. Il y avait premièrement le grand sceau, qui était toujours distingué des autres par le signe Mag (ou M seul), et qui s'appliquait aux fiefs, aux commissions des membres du gouvernement, des gouverneurs de province, etc., etc. Le second sceau, ou sceau privé, contenait dans une de ses parties ostensibles, la lettre P, initiale du mot privatum, lequel servait pour les affaires également publiques mais d'une importance minime, telles que les commissions pour l'examen des réclamations relatives à la perception des revenus publics, à des actes oppres sifs et vexatoires de la part des administrateurs, les commissions des fonctionnaires publics subalternes, lieutenans-gouverneurs des provinces; les lettres de priviléges en faveur des villes à marchés publics, etc. Enfin le troisième cachet servait pour les communications purement domestiques ou confidentielles entre le prince et ses serviteurs, pour les réceptions de revenus en nature, pour les traites sur le trésor, pour des affaires de famille et pour toute espèce de correspondance étran gère aux affaires publiques. Dans les temps reculés, les plus grands

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