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leur intitulé, tous les noms féodaux mentionnés dans le nombre immense de pièces examinées, suivis de l'indication des titres, droits et priviléges, propriétés, alliances, ressorts, domiciles et autres circonstances, avec le renvoi aux preuves, c'est-àdire au numéro et à la page du registre d'où ce renseignement est extrait. Et par noms féodaux, l'auteur entend ceux des personnes qui ont tenu fiefs en France, soit nobles, soit roturiers; cette explication était nécessaire pour prévenir l'effet extraordinaire que le mot de féodalité et tous ses dérivés produisent sur certains esprits il s'agit ici de l'histoire, et il faut bien la prendre telle que les siècles l'ont faite. L'introduction qui est en tête du premier volume, contient, sur un des faits principaux de l'état de la société à cette époque, une sorte de résumé d'un intérêt général, parce que peu de personnes aujourd'hui, même parmi celles qui en parlent le plus, ont des notions assez précises sur l'état et les droits de la noblesse féodale en France. « C'était, en théorie, dit l'au>>teur, une bien haute conception que celle qui, par une » chaîne non interrompue de patrons et de cliens, tendait à lier » le plus humble propriétaire au défenseur suprême de toutes » les propriétés, et qui, en transmettant d'âge en âge le nom » des familles et l'état de leur avoir, satisfaisait un besoin » moral que chacun éprouve... Mais la convoitise, cette métro* pole de tous les vices, selon l'expression énergique d'un an■ cien, la convoitise, qui pénètre dans les institutions les plus *sages, au lieu d'une chaîne de protecteurs et de protégés, n'a produit que celle d'oppresseurs et d'opprimés... Il faut » pourtant convenir qu'à la longue ce régime s'était beaucoup » adouci; ce que sans doute l'on doit attribuer au naturel » généralement bon de nos rois de la troisième race, qui, en favorisant le progrès des lumières et celui du commerce, ont » fait insensiblement disparaître ces distances choquantes qui » s'étaient introduites par la violence entre les individus de » leur grande famille. » Après avoir expliqué ce qu'il faut entendre par fief et leurs diverses sortes, l'auteur examine l'effet du temps sur les races particulières, les causes de leur extinction; et passant aux généalogies, « On sait, dit-il, que cette » sorte de production se commande et s'élabore comme les » réputations, les discours d'apparat et les oraisons funèbres.... » C'est dans la chaire de vérité qu'un prince de l'église a in

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>> formé son auditoire que Catherine de Médicis descendait du prince gaulois Medicus, qui, s'étant porté en Asie, y avait » donné lieu à l'empire des Mèdes. » Il énumère ensuite les divers signes auxquels on peut reconnaître la véritable noblesse ; et en bonne conscience il ne les retrouve que dans la noblesse historique, pour laquelle l'argent, la faveur, l'intrigue, le caprice ne peuvent rien. Mais, selon notre savant diplomatiste, elle jouissait autrefois d'une plus haute considération, et cette institution, ou monnaie d'opinion, a diminué de valeur depuis que le fisc y a porté la main, soit en la vendant à deniers comptans, soit en créant une multitude d'offices auxquels on l'a jointe pour augmenter leur prix. « Aussi est-il sensible, ajoutet-il, qu'en dernière analyse, les quatre cinquièmes de la » noblesse française n'avaient pour origine que des secrétaires » du roi, des trésoriers de France, échevins, capitouls, con» suls, baillis de longue robe, élus, substituts de cours sou>> veraines; gentilshommes verriers ou de verre selon l'acception » épigrammatique de Maynard; des valets de la cour, etc., sans compter les nobles de Perpignan, où la municipalité » avait le droit d'en créer deux chaque année, et saus parler » des usurpateurs qui ont dû pulluler après que la monnaie d'opinion fut devenue une monnaie de billon; semblables

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en cela aux larrons qui jamais ne font mieux leurs affaires >> que dans les grandes foules... On conclura au moins de tout ceci, que les quatre cinquièmes de la noblesse du jour, avant » la révolution, ne pouvaient guère prétendre avoir versé » leur sang pour la patrie, sinon peut-être dans la masse des >> armées; ce qui, en généalogie, ne compte point. Tel était, suivant l'auteur que nous transcrivons, l'état de cet ordre puissant nommé noblesse, émanation du régime féodal, duquel un vénérable et savant solitaire du dernier siècle, D. Clément, cité par notre auteur, disait: << L'on ne doit pas regretter le régime féodal sous l'empire du» quel la puissance publique était partagée et déplacée, la > nation séparée de son roi, et les peuples asservis, opprimés » sous la tyrannie des seigneurs; anarchie destructive de >> toute espèce d'émulation, qui a retardé de plusieurs siècles >> le rétablissement et les progrès de la civilisation, de la po» litesse, de la législation, des arts, des sciences, du com» merce " et de tout ce qui peut contribuer au bonheur et à

la prospérité des empires. » A quoi notre auteur ajoute, comme causes du retard de la civilisation, non-seulement les guerres des seigneurs entre eux et contre leur souverain, mais surtout leur dédain profond pour le commerce, les sciences et les arts. Cet état de choses a été heureusement changé par les progrès des lumières et de la raison publique. On voit aussi par l'histoire que nos rois ont trouvé leurs véritables défenseurs dans le Tiers-État, et que dans les États-Généraux de 1614, ce fut cet ordre qui sollicita vivement une loi pour mettre en sûreté la vie de nos rois, et rendre leur couronne indépendante du pape. Mais le cardinal Duperron s'y opposa, et ni l'autel ni l'épée n'eurent le courage de lui résister : était-ce bien les menaces d'excommunication qui leur inspirèrent tant de soumission? Les temps modernes et l'affreux souvenir du 21 janvier 1793 ne changent point l'opinion de notre savant historien; il voit, dans cette circonstance même, un nouveau témoignage de l'amour du peuple français pour ses rois, puisque l'appel au peuple fut repoussé ; et ce serait, selon lui, l'occasion d'un monument qui dirait horrescente sed non audito populo. « Pour en finir, dit-il en terminant son in>>troduction, quelque chose que l'on puisse dire de la no» blesse, elle est reçuc dans toutes les monarchies de l'Europe » chrétienne, et fait conséquemment partie, sinon du droit » public, au moins du droit coutumier... Tant qu'elle ne sera » pas onéreuse à la masse tant qu'elle ne cariera point insen»siblement la liberté, pour nous servir des termes de Machiavel qui l'en accuse; tant qu'elle sera la récompense de vertus connues, de services utiles ou honorables à l'état, et par» dessus tout, lorsqu'elle ne fera point ligue comme par le passé, rien ne doit reproduire les irritations qui, à dater » de la Jacquerie jusqu'à nos jours, ont eu, à diverses épo»ques, des suites si funestes. >>

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Toutes ces considérations sur l'état de la noblesse en France étaient naturellement amenées par le but même de l'ouvrage auquel elles servent d'introduction. L'auteur y a joint des Réflexions sur l'état des personnes en France sous la première et la seconde races de nos rois, question surannée, et renouvelée de nos jours dans une séance académique, avec la date de mai 1819. Il paraît que la manière dont cette question a été traitée à cette époque, n'a pas le suffrage de notre auteur, qui considère ce

point de notre histoire, du moins en ce qui concerne l'état de la noblesse, comme bien constaté par les recherches d'écrivains célèbres, tels que Montesquieu, Daniel, Dutillet, Hainaut, Boulainvilliers, Vertot, Dubos, Mably, Velly, Garnier, Duclos, Audiger, les savans auteurs de l'Histoire du Languedoc, ceux de l'Origine de la noblesse française; M. Ardillier, dans son Essai sur la France féodale; M. Mayer; et dans les mémoires de l'Académie, où l'on a épuisé toutes nos sources històriques. Il nous est impossible de rendre compte d'une polemique dont nous n'avons pas les pièces contradictoires sous les yeux; nous ne nous arrêterons donc qu'aux conclusions qui terminent ce mémoire, savoir, que la naissance de la polygarchie féodale fut, dans les partages fréquens, les divisions et sous divisions de l'empire; ses progrès, dans la faiblesse ou l'incapacité des gouvernans, l'audace des usurpateurs du domaine royal, etc.; sa décadence, dans l'établissement des communes, la réunion des grands fiefs à la couronne, la création des présidiaux et l'ordonnance de Moulins, de 1566; enfin son extinction, préparée par un ministre qui mit les rois hars de pages, et consommée par les événemens postérieurs.

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On voit, par cette analyse sommaire, que l'auteur de l'ouvrage que nous analysons, traite en peu de pages, de trèsgrandes questions historiques et politiques. On pent le suivre avec confiance habitué par les occupations de toute sa vie aux plus pénibles recherches sur notre histoire nationale, et l'un des survivans de cette congrégation célèbre qui a produit ces grandes collections, l'honneur éternel des lettres françaises, si connues par leurs titres et si peu consultées par nos annalistes du jour, l'auteur des Noms féodaux a vu les documens qu'il cite, et avait dès long-temps appris à les voir. La poussière de nos archives n'a jamais effrayé son zèle, et il nous donne encore un de ces ouvrages qui, par la consciencieuse élaboration des matériaux, semble appartenir à un autre siècle, où l'on ne faisait pas les livres avec des livres, et où un mépris trop irréfléchi n'abandonnait pas les instrumens originaux de notre ancienne histoire à tous les genres de destruction. L'état actuel des études diplomatiques en France, c'est-à-dire des chartes anciennes, donne à la publication du nouvel ouvrage un caractère tout particulier. Bientôt on n'en fera plus de ce genre: oserons-nous dire que c'est un motif de plus pour que

celui-ci

soit accueilli par les personnes qui s'intéressent encore aux travaux historiques où l'on ne met pas des phrases à la place des faits? Ce vou n'est pas non plus de ce siècle; mais, à tout risque, nous y ajouterons encore celui de voir paraître la suite de ce travail pour les provinces de France qui ne sont pas comprises dans ces deux volumes. L'Auteur se fera ainsi de nouveaux droits au suffrage et à la reconnaissance du monde savant et des personnes éclairées qui savent encore apprécier le mérite d'un pareil service. C. F.

71. HISTOIRE, ACTES ET REMONTRANCES DES PARLEMENS DE FRANCE, chambre des comptes, cours des aides, et autres cours souveraines, depuis 1461 jusqu'à leur suppression; par P. J. S. DUFEY (de l'Yonne), avocat. (Prospectus ) In-8°. d'une demifeuille. Paris; Galliot.

L'ouvrage formera 2 volumes in-8°. Prix de la souscription, 12 francs.

72. MÉMOIRES RELATIFS A LA FAMILLE ROYALE DE FRANCE, PENDANT LA RÉVOLUTION; accompagnés d'Anecdotes inconnues et authentiques sur les princes contemporains, et autres personnages célèbres de cette époque. Publiés pour la première fois, d'après le journal, les lettres et les entrétiens de la princesse de Lamballe, par une dame de qualité attachée au service confidentiel de cette infortunée princesse. Avec son portrait, et le chiffre de la correspondance secrète de Marie-Autoinette. 2 vol. in-8°.; prix 15 fr. Paris, 1826; Treuttel et Würtz.

73. DESCRIPTION DU VOYAGE DE S. A. R. MADAME duchesse d'Angoulême, dans les Pyrénées, pend. le mois de juill. 1823; par M. PALASSOU, corresp. de l'Acad. royale des Scienc. de Paris, etc. In-8°. de 127 p. Pau, 1825, Vignancour; Paris, Arthus Bertrand.

Le vénérable et savant auteur de cet ouvrage, a voulurendre un nouveau service à ses compatriotes en retraçant à leur souvenirs tous les détails d'un voyage dont ils garderont longtemps la mémoire. Il en profite pour nous peindre les lieux que parcourut Madame duchesse d'Angoulême, et personne ne pouvait le faire avec plus d'intérêt et de vérité: il signale tout ce que les belles vallées où pénétra la princesse offrent

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