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formelle du Gouvernement insurgé, devait cependant avoir pour résultat inévitable de prolonger la guerre civile que l'on appréhendait, et d'en aggraver les maux ainsi que les souffrances du pays, tandis qu'elle causerait un tort sérieux à notre commerce national, si elle ne le ruinait pas complétement.

Quand l'insurrection commença, les É'at-Unis croyaient avoir une position et un prestige qui leur garantissaient autant de crédit et d'influence qu'aucune autre nation peut en posséder, et l'on prévoyait que l'intervention étrangère en faveur des insurgés, se bornât-elle à les reconnaître comme belligérants, porterait déjà une grave atteinte à l'influence habituelle et légitime de la République.

On prévoyait que si les insurgés recevaient l'appui moral, l'aide et le secours de la Grande-Bretagne, l'insurrection pourrait prendre sous cette influence la dimension d'une guerre sociale qui mettrait en question la vie même de la nation.

Les États-Unis ue négligèrent point d'avertir le Gouvernement de S. M. que l'on ne pouvait espérer de voir le peuple américain se soumettre sans résistance à aucun de ces maux qui résulteraient pour lui de ce que la Grande-Bretagne ne remplirait pas les conditions nécessaires pour conserver les bonnes relations de paix, d'amitié et de bon voisinage établies jusqu'alors entre les deux pays. Les États-Unis pensent que l'on n'a point eu égard aux réclamations qui ont été faites dans ces conditions.

Tandis que la guerre civile était encore en germe, que les insurgés n'avaient ni troupes ni finances organisées, bien longtemps avant qu'ils eussent la prétention d'avoir un pavillon et de mettre en mer, je ne dis pas un navire de guerre, mais même un bâtiment mar ́chand, à cette époque le Gouvernement de S. M., prenant une initiative précipitée, dont nous nous sommes toujours plaints, a proclamé les insurgés puissance belligérante, leur a accordé les avantages et les priviléges attachés à ce titre, et les a ainsi encouragés à poursuivre une insurrection illégitime à main armée contre les ÉtatsUnis.

Le Gouvernement des États-Unis n'a point eu la prétention de dire que la Grande-Bretagne allait au delà de ses droits souverains en prenant cette attitude; mais, d'un autre côté, il a prétendu dès le commencement, et il a toujours soutenu que cette attitude prématurée et non justifiée par la nécessité constituerait un procédé blessant pour lequel la Grande-Bretagne encourrait immédiatement la responsabilité d'avoir à justifier sa conduite ou à donner des réparations.

Les États-Unis persistent dans l'opinion que la proclamation en question n'a été autorisée par aucun motif de nécessité ou de droit

moral, et que, par conséquent, elle constituait un acte illégitime d'intervention, contraire aux obligations qui résultent des traités, et dépourvu de la sanction du droit des gens.

En jetant un coup d'œil impartial sur l'histoire de la rébellion, nous croyons que la Grande-Bretagne ne refusera pas d'admettre qu'un grand nombre de sujets de la Reine ont agi de connivence, comme alliés effectifs, avec les insurgés, et leur ont donné des secours en provisions, en armes, en munitions, en hommes et en navires de guerre.

La principale réponse faite par le Gouvernement de S. M. à cette réclamation a été qu'il appréhendait les inconvénients qu'il aurait pu éprouver à être enveloppé dans la lutte, s'il ne se déclarait neutre, et que, d'un autre côté, il avait fait tous les efforts compatibles avec la loi anglaise pour empêcher les actes d'agression dans les ports de ses nationaux.

Sans aller sur ce point jusqu'à maintenir de nouveau, comme nous l'avons déjà fait, qu'il y a eu manque d'énergie sur ce dernier chef, vous pouvez rappeler à lord Stanley que, d'après le point de vue où vous vous êtes placé, la conduite des agresseurs était le fruit direct et légitime de la proclamation de belligérance, proclamation offensante et prématurée, contre laquelle nous avons protesté, et que la négligence du Gouvernement de S. M. à prévenir ou à empêcher les agressions des sujets britanniques devait être considérée comme un effet de cette même cause malheureuse.

Quand il devint avéré, par les applications pratiques, que les lois municipales de la Grande-Bretagne étaient insuffisantes pour les circonstances, la nation anglaise, pour diverses raisons qui ne nous semblent pas satisfaisantes, négligea de les reviser, et on laissa les États-Unis soutenir une lutte meurtrière contre un ennemi domestique que la sympathie, l'appui et le secours de la Grande-Bretagne avaient. rendu formidable, et dont certains sujets anglais continuèrent d'être alliés effectifs sans que le Gouvernement de S. M. s'interposât d'une manière efficace.

Les réclamations sur lesquelles nous insistons s'élèvent à un total considérable. Elles affectent les intérêts de plusieurs milliers de citoyens américains sur divers points de la République. La justice de ces réclamations est appuyée par le sentiment universel du peuple des État-Unis.

Le Gouvernement de S. M. ne peut raisonnablement espérer, croyons-nous, que le Gouvernement des États-Unis puisse consentir, dans ces circonstances, à négliger de poursuivre l'obtention d'une conclusion satisfaisante. Ce point de vue est cependant moins sérieux que celui que j'ai maintenant à présenter.

Quand un État manifeste pour les obligations qui résultent des traités et du droit international un mépris tellement injurieux pour un autre État, que ce mépris éveille un sentiment général de mécontentement chez le peuple qui en est l'objet, une conduite de cette nature oblige toujours ce peuple tôt ou tard, par un sentiment de défense personnelle, et en l'absence de tout autre remède, à régler sa manière d'agir et sa politique, dans ses rapports avec l'offenseur, d'après celles de la nation de laquelle procède l'offense.

Depuis le moment où le Gouvernement de la Reine rejeta les créances en question et résolut de les exclure de l'examen, une partie du royaume britannique et certaines provinces de l'Amérique anglaise du Nord devinrent le théâtre de séditions. Le Gouvernement anglais se trouva menacé d'insurrection et de révolution.

Des sujets anglais de naissance résidant ici dont quelques-uns avaient été naturalisés, et dont la plupart ne l'avaient pas été aux États-Unis, sympathisant avec ce mouvement révolutionnaire, tentèrent d'organiser sur notre territoire et dans notre juridiction des forces de terre et de mer auxiliaires destinées à l'invasion de l'Irlande et du Canada.

Le Gouvernement des États-Unis, sans attendre les remontrances, appels ou protestations du Gouvernement de la Reine, mit effectivement les lois municipales en exécution, et il empêcha les invasions, qui étaient imminentes.

Ainsi, nous avons vu, d'une part, de ruineuses expéditions organisées en Angleterre contre les États-Unis, pratiquement avouées et tolérées par le Gouvernement de la Reine, nonobstant nos remontrances, et nous avons vu, d'autre part, de semblables tentatives illégales en ce pays, dirigées contre la Grande-Bretagne, désavouées et neutralisées par l'action directe et spontanée du Gouvernement des États-Unis.

Le Gouvernement de la Reine, nous le pensons, ne peut pas raisonnablement refuser de reconnaître nos créances, et d'adopter des mesures capables de donner l'assurance au peuple américain que sa politique amicale de non-intervention dans les luttes intestines de la Grande-Bretagne sera payée de réciprocité et sur un pied d'égalité.

Je fais observer enfin que les États-Unis et la Grande-Bretagne sont deux des premières puissances nationales dans ce siècle. Les événements des cinq dernières années ont prouvé d'une manière concluante que l'harmonie entre elles est indispensable au bien-être de

chacune.

Cette harmonie a été, nous le pensons, rompue sans nécessité par la faute de l'Angleterre; il n'existe pas la moindre probabilité qu'elle

puisse jamais être complétement renouvelée ni rétablie, à moins que la réclamation sérieuse que vous allez de nouveau porter à la connaissance du Gouvernement anglais, ne soit réglée à l'amiable d'une manière satisfaisante.

Un tel arrangement, à notre avis, serait agréable aux amis de la paix, du progrès et de l'humanité dans le monde entier, tandis que les principes salutaires sur lesquels il sera basé, en conformité avec le droit de gens, constitueront un guide pour la conduite des États commerçants dans leurs relations mutuelles, de manière à établir partout la paix, l'harmonie et la concorde internationale.

Je suis, etc.

Signé WILLIAM-H. SEWARD.

Suivent les listes des créances formulées par des citoyens, américains indigènes et naturalisés, pour dommages à eux causés par les stéamers Alabam, Shenandoah, Florida Georaja.

SERBIE.

Note de M. Garachanine à Aali pacha en, réponse
à sa Note du 5 août 1867.

Belgrade, le 30 août 1867.

Altesse,

Le général de brigade Essad-Pacha, après m'avoir remis la lettre que Votre Altesse m'a fait l'honneur de m'adresser en date du 5 août, m'a entretenu de la mission dont il est chargé par elle auprès du Gouvernement princier.

En vous remerciant à cette occasion de la confiance que Votre Altesse aime à placer dans la loyauté et les sentiments du Gouvernement du Prince, je ne puis m'empêcher de vous exprimer le profond étonnement où m'ont jeté les communications verbales de M. le général. Je m'empresse, par conséquent, de parler à Votre Altesse avec la même franchise et confiance dont elle vient de me donner l'exemple.

Les rapports des autorités ottomanes limitrophes de notre pays ont totalement dénaturé un fait que, des deux côtés, on n'a jamais pu parvenir à empêcher de se produire de temps en temps sur la frontière. Il est malheureusement vrai, Altesse, que quelques hommes de mauvaise conduite s'étaient concertés clandestinement, dans le but

de vol et de brigandage, à passer la frontière. L'autorité locale, instruite de leur dessein, a mis la main sur la plus grande partie d'eux; mais ses efforts n'ont pas été complétement couronnés de succès, le reste s'étant dispersé tant en Serbie qu'en dehors de nos frontières. Je n'ai pas besoin d'ajouter que les malfaiteurs pris, comme ceux qui le seraient dans la suite, seront jugés conformément aux lois du pays.

Entre ce simple fait et la formation des bandes qui, suivant les rapports des autorités ottomanes, se ferait par milliers, pour passer ensuite dans les provinces voisines de l'Empire, il ne pourrait y avoir, Altesse, aucune ressemblance, et je suis convaincu que la haute sagesse et l'expérience consommée de Votre Altesse seront pour nous à l'avenir le plus solide garant que de pareils rapports ne pourront manquer d'être appréciés par elle à leur juste valeur.

-

En terminant, je puis donner l'assurance positive à Votre Altesse que le Gouvernement du Prince — je suis sûr qu'on nous rendra celte justice connaît trop bien ses véritables intérêts pour permettre que chez nous on entretienne des troubles dans les provinces de l'Empire; et j'ose espérer que les dispositions bienveillantes de l'auguste Suzerain de la Serbie, auxquelles nous attachons un prix si précieux, nous seront toujours conservées.

Je prie Votre Altesse de vouloir bien recevoir les sentiments de mon profond respect et l'assurance de ma très-haute considération avec laquelle je suis

De Votre Altesse,

Le très-humble et obéissant serviteur,

Signé. GARACHAnine.

ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE.

Proclamation du président Johnson pour faire respecter l'exécution fidèle de la Constitution et des lois, en date de Washington le 3 septembre 1867,

Attendu que la Constitution des États-Unis délègue le pouvoir exécutif au Président des États-Unis, qui est tenu, par un serment solennel, de remplir fidèlement ses fonctions, et de préserver, de protéger et de défendre la Constitution des États-Unis, laquelle, en le

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