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Deuxième séance. Lundi, 14 mai 1866.

La séance est ouverte à quatre heures.

Sont présents: MM. Baudrillart, Ed. Becquerel, Beckwith, Calon, Cumenge, Donnat, José de Echeverria, de la Guéronnière, Hervé-Mangon, Huffer, Gunlogsen, Max Gunther, de Haxthausen, le Play, Leone Levi, le Marquis de Laborde, Mathieu, Peligot.

Progrès de la question depuis 1851.

Le procès-verbal de la Conférence du 2 mai est lu et adopté.

M. le Play, Commissaire Général de l'Exposition Universelle, présente M. Leone Levi, professeur au King's College, délégué du Comité Métrique de l'Association britannique pour l'Avancement des Sciences, et de l'Association Internationale pour obtenir un système décimal uniforme des mesures, poids et monnaies.

M. Leone Levi donne lecture de la note suivante :

« Les Expositions Universelles ont montré qu'il y a encore bien à faire pour faciliter les relations internationales, et parmi les lacunes il faut d'abord citer le manque d'un système commun de mesures, poids et monnaies.

« A l'Exposition Internationale de 1851, ce besoin fut clairement aperçu, et à sa clôture, la Société pour l'Encouragement des Arts, de l'Industrie et du Commerce de Londres, représenta au Gouvernement qu'il conviendrait d'examiner si, par des arrangements avec les nations voisines, il ne serait pas possible de prendre des mesures propres à hâter l'adoption d'un système uniforme dans le monde. entier.

« A l'Exposition universelle de Paris, en 1855, les Membres du Jury et les Commissaires des différents pays, au nombre de 200 environ, signèrent une déclaration portant que l'un des meilleurs moyens pour procurer l'avancement de l'industrie serait d'adopter un système universel de poids et mesures.

A l'Exposition de Londres, en 1862, le même besoin fut signalé dans les rapports des Membres des Jurys de diverses classes, notamment de celle de la chimie.

«

D'autres assemblées internationales et scientifiques, tenues récemment, ont exprimé le même vou. Le Congrès International de Statistique, lors des réunions du Bruxelles en 1853, de Paris en 1855, de Vienne en 1857, de Londres en 1860, de Berlin en 1863, a trouvé de grandes difficultés dans la diversité des unités par lesquelles les statistiques constatent les faits dans les différents pays.

« Des Sociétés, telles que l'Association Britannique pour l'Avancement des Sciences, et l'Académie de Saint-Pétersbourg, ont manifesté leur opinion sur les avantages qui résulteraient, pour la science, de l'uniformité dans les communications scientifiques.

«

Enfin, une association internationale spéciale se fonda, à l'issue de l'Exposition de Paris, pour obtenir l'adoption universelle d'un système décimal pour les mesures, poids et monnaies.

<< Certaines mesures législatives d'une importance considérable ont été prises dans le même but. Un Comité de la Chambre des Communes se constitua en Angleterre, en 1862, pour examiner la possibilité de mettre en pratique un système simple et uniforme de poids et de mesures, en considérant non-seulement l'avantage qu'en retirerait le commerce intérieur, mais encore les facilités qu'il apporterait aux relations et au commerce étrangers. Sur son avis unanime, la législature déclara le système métrique légal. La décimalisation de la monaie a été aussi l'objet, de la part de la législature, d'un examen sérieux et a fait quelques progrès.

« Les États Allemands n'ont pas moins éprouvé le besoin d'unité dans leurs poids et mesures, et, après deux Conférences officielles, tenues à Francfort, en 1862 et 1865, ils ont conclu en faveur du système métrique.

« Plusieurs autres États, tels que l'Espagne, le Portugal, l'Italie, ont pris des mesures analogues, et par une Convention Monétaire, récemment conclue entre la France, la Belgique, la Suisse, l'Italie, ces États ont formé une Union Monétaire. Tout récemment, les ÉtatsUnis sont entrés dans la même voie. Ils ont institué une enquête, et un Bill a été présenté au Congrès pour l'adoption du système métrique.

« Cependant il reste beaucoup à faire pour atteindre l'uniformité générale des poids et mesures, et il ne faut pas oublier que la différence n'est pas limitée aux systèmes légaux, mais qu'une grande quantité de poids et de mesures locales et coutumières viennent embarrasser le commerce et apporter les plus grands troubles dans les calculs internationaux.

« On reconnaît universellement que la question principale ellemême rencontre dans la pratique de nombreuses difficultés, et l'on a suggéré l'idée qu'une exposition des mesures, des poids et des monnaies en usage dans les divers pays, faite à l'occasion de l'Exposition Universelle de 1867, avec des Conférences dans lesquelles ces questions seraient traitées, serait le meilleur moyen de surmonter ces obstacles.

«Par ces considérations, l'Association Internationale, pour obtenir un système décimal uniforme des mesures, poids et monnaies, et le

Comité Métrique de l'Association Britannique pour l'Avancement des Sciences, m'ont chargé de m'entendre avec M. le Commissaire Général sur les moyens de réaliser, sous les auspices de la Commission de l'Exposition Universelle de 1867, une Exposition comprenant :

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Projet d'une exposition spéciale et des conférences internationales.

1. Une collection de poids et mesures, de leurs multiples et de leurs sous-multiples, ainsi que de tout poids légal et de toute mesure légale employés pour un objet quelconque;

2. Deux collections pour la face et le revers, de toutes les monnaies courantes émises par chaque Gouvernement dans la dernière émission, avec les indications relatives à la quantité d'or pur, d'argent ou de cuivre qu'elles contiennent, à leurs poids, à leurs dimensions, etc.;

«

<< 3. Enfin tout document ayant rapport à ce sujet et revêtu d'un caractère officiel; en particulier, tout rapport de Commissions ou de Comités nommés par la législature et ayant trait à un changement ou à une réforme soit dans les poids, soit dans les mesures, soit dans les monnaies de tous les pays.

Les deux Associations souhaitent en outre, qu'il soit avisé aux moyens de réunir, lors de l'Exposition de 1867, une Conférence Internationale de personnes compétentes au point de vue scientifique industriel et commercial pour étudier les séries d'objets et de documents exposés dans le but d'obtenir le plus promptement possible l'adoption, par tous les pays, d'un système décimal uniforme. Ces Conférences pourraient aussi s'occuper des autres questions analogues d'un caractère plus scientifique dont la solution intéresse le progrès de la civilisation. >>

M. Leone Levi ajoute que l'Association pour obtenir un système uniforme de poids et mesures, instituée à Londres à la suite de l'Exposition de 1855, a décidé, après plusieurs enquêtes, qu'il y avait lieu de chercher à propager l'usage du système métrique, parce que ce système, fondé sur la nature, était à la fois plus scientifique et plus généralement répandu.

M. Mathieu rappelle que le Bureau des Longitudes, dont il fait partie, s'est empressé d'imprimer le Bill en anglais, avec la traduction et le tableau comparatif des poids et mesures. L'embarras éprouvé par les savants de tous les pays pour s'entendre dans les questions scientifiques, la gêne que les différences d'unités d'un pays à un autre et souvent d'une région à une autre du même pays, apportent aux relations commerciales, disparaîtraient par l'adoption du système

décimal métrique comme système international des poids et mesures. Le Bill rendu par la Chambre des Communes, auquel M. Mathieu a applaudi pour sa part, est un heureux acheminement vers ce résultat.

M. le Play montre que le point de départ, ainsi que l'a indiqué M. Leone Levi, consiste, pour le moment, à organiser une Exposition Internationale des Mesures, des Poids et des Monnaies, et croit pouvoir faire espérer à cet égard l'appui de la Commission Impériale.

Les collections des divers pays resteraient distinctes, mais seraient groupées dans un terrain neutre où l'on réaliserait une disposition sytématique empruntée au plan général de l'Exposition, de manière à rendre facile la comparaison des objets analogues. Chaque nation contribuerait pour sa part proportionnelle aux frais, peu élevés d'ailleurs, qu'entraînerait l'installation.

Afin de ne pas perdre de temps, on instituerait un Comité peu nombreux, dent les membres Français seraient nommés par arrêté du Président de la Commission Impériale, et dont ferait partie M. Leone Levi, qui garantit au nom de l'Association dont il est délégué, l'envoi de plusieurs collections importantes.

Ce Comité, complété par l'adjonction de personnes étrangères nommées sur la présentation des Commissions des divers pays, s'occuperait d'abord d'organiser l'Exposition des Mesures, Poids et Monnaies, et des documents y relatifs, et préparerait ensuite pour l'époque de l'Exposition les bases d'une grande Conférence. Cette Conférence, convoquée lors de l'Exposition et réunissant dans son sein de hautes notabilités de diverses contrées, aurait pour but d'étendre l'action de l'Association qui s'est formée en Angleterre pour la propagation du système métrique.

M. le Marquis de Laborde témoigne le désir de voir ce Comité s'occuper tout d'abord de la notice qui accompagnera l'Exposition et dont il faudrait réunir au plus tôt les éléments.

Le projet de la formation d'un Comité est adopté par la Conférence. Sur la proposition de M. Rhoth, il est convenu qu'une expédition du procès-verbal sera mise à la disposition des membres de la Conférence qui voudront bien donner leur concours pour obtenir de leurs Gouvernements, soit la participation matérielle à l'Exposition projetée, soit la nomination des membres étrangers à adjoindre au premier Comité, soit la nomination ultérieure de Délégués devant prendre part aux Conférences Générales, dont le principe est approuvé à l'unanimité.

La séance est levée à cinq heures un quart.

Les procès-verbaux qui précèdent sont adoptés par les membres

du Comité institué par arrêté du ministre d'État, Vice-Président de la Commission Impériale, en date du 7 juin, 1866.

Paris, le 15 juin 1866.

Ont signé :

L. MATHIEU, Président.
H. BAUDRILLART, Secrétaire.
ED. BECQUEREL, Secrétaire.
LEONE LEVI.

EUG. PELIGOT.

A la suite de ces Conférences Préparatoires, l'Arrêté suivant, en date du 7 Juin, 1866, attribuait un emplacement, dans le vestibule du Palais du Champ de Mars, à une Exposition Internationale des Poids et Mesures et des Monnaies de tous les pays.

Un Comité Spécial dit des Poids et Mesures et des Monnaies >> était institué dans la Commission Scientifique pour présider à la formation de cette Exposition.

Ce Comité était en outre appelé à rechercher les moyens les plus efficaces d'utiliser le concours universel de 1867, pour l'adoption et la propagation d'un système uniforme de Poids, de Mesures et de Monnaies.

Exposition universelle de 1867, à Paris.

COMMISSION IMPÉRIALE.

Second arrêté nommant des membres de la commission scientifique.

Arrêté instituant un comité des mesures, poids et monnaies.

Le Ministre d'État, Vice-Président de la Commission Impériale : Vu l'Article 63 du Règlement Général, délibéré par la Commission Impériale le 7 Juillet, 1865, et approuvé par Décret Impérial en date du 12 Juillet 1865;

Vu l'Arrêté en date du 20 Septembre, 1865, qui institue la Commission Scientifique et la charge notamment de concourir à propager l'usage des découvertes utiles et de provoquer les réformes d'intérêt international, telles que l'adoption des mêmes poids et mesures, de communes unités scientifiques;

Vu les propositions émanant de deux Sociétés scientifiques d'Angleterre, propositions qui comprennent: 1o Le projet d'une Exposition Internationale des Mesures, Poids et Monnaies, 2° le projet de

1.« Metric Committee of the British Association for the Advancement of Science; International Association for obtaining one Uniform Decimal System of Measures, • Weights, and Coins. >>

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