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en velours. Une plaque d'argent en dessus de la boîte porte cette inscription Kilogramme conforme à la Loi du 18 Germinal, an III, présenté le 4 Messidor, an vII, et à côté le nom du constructeur « Fortin F..

La députation s'est ensuite rendue au Conservatoire impérial des arts et métiers, où elle a été reçue par M. le général Morin, directeur, et M. Tresca, sous-directeur. Ces messieurs ont montré aux délégués les copies des prototypes des Archives, exécutées à la même époque, dans la même forme, avec du platine pris dans la même masse de métal, et par les mêmes constructeurs.

Une face du mètre porte à trois centimètres de chaque extrémité une empreinte ovale dont le fond est sillonné en partie de hachures. Sur la même face deux traits fins allant d'un bout à l'autre indiquent l'axe du mètre.

Les délégués ont examiné soigneusement, avec une loupe, les faces extrêmes de ce mètre; elles paraissaient plus unies et plus parfaitement conservées que celles du prototype des Archives. Pour expliquer ce fait, il a été dit aux délégués que, au début, le prototype avait servi à quelques comparaisons, tandis que la copie était toujours restée sans usage. Mais les étalons des Archives et du Conservatoire construits en même temps il y a 70 ans, par les mêmes artistes et ramenés autant que possible à l'identité, ont été comparés aux Archives en 1864; il résulte de ces comparaisons que la différence est seulement de trois millièmes de millimètre entre les deux mètres, et de sept dixièmes de milligramme entre les deux kilogrammes. Ces résultats sont consignés dans un rapport officiel du 5 mars 1864, adressé au Ministre de l'agriculture, du commerce et des travaux publics, par une Commission composée de MM. le général Morin, président, le marquis de Laborde, Tresca, Silbermann et Froment. Le Ministre en chargeant la Commission de la comparaison de ces étalons a voulu assurer la conservation des prototypes des Archives en destinant plus particulièrement ceux du Conservatoire aux comparaisons à faire avec les étalons des divers Gouvernements qui adoptent le système métrique.

Après avoir pris connaissance de ces travaux et examiné les appareils de comparaison, les délégués ont déclaré que les rayures aperçues à la loupe sur les extrémités du mètre prototype des Archives étaient complétement sans influence sur la longueur du mètre, et que l'état de conservation de ces prototypes, déposés aux Archives, tant pour le mètre que pour le kilogramme, était parfaitement satisfai

sant.

Les délégués ont, en outre, émis le vœu que, dès à présent, deux copies du mètre prototype, sous forme de règles à traits, soient con

struites en platine, et déposées, l'une aux Archives, et l'autre au Conservatoire, pour servir aux comparaisons des mètres à traits.

Ils ont ensuite visité, au Conservatoire, les appareils servant à la comparaison des étalons de vérification courante, destinés au service de la vérification administrative, dans les arrondissements de l'Empire français. Ils ont témoigné leur satisfaction du degré de perfection apporté à ces opérations, dont la précision dépasse les limites de la tolérance légale.

Les Délégués se sont séparés à 6 heures du soir.

Le secrétaire-adjoint,
(L. S.) Signé: D'USSEL.

Le président,

(L. S.) Signé : L. MATHIEU.

QUATRIÈME PARTIE.

CORRESPONDANCES, MÉMORANDUMS, NOTES
CIRCULAIRES DIPLOMATIQUES, ETC., ETC.

PRUSSE.

Note du comte d'Usedom, ministre de Prusse à Florence, au général de la Marmora, contenant un plan de campagne en vue de la guerre contre l'Autriche, en date de Florence, le 17 juillet 1866.

Le soussigné, envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire de S. M. le roi de Prusse, a l'honneur de présenter à S. Exc. le général de la Marmora, président du conseil et ministre des affaires étrangères, les observations suivantes :

Dans peu de jours, l'Italie et la Prusse, dans leur cause commune contre l'Autriche, en appelleront à la décision des armes. Le Gouvernement du Roi, mon auguste maître, croit par conséquent de toute urgence d'établir, dès à présent, entre leurs mouvements militaires, l'entente la plus stricte et la coopération la plus efficace. Si une action en commun, et sur le même théâtre de guerre leur est interdit par les distances dans le commencement, il faudra chercher à y suppléer par la simultanéité des coups qu'on portera. Ainsi attaquée, l'Autriche devra partager ses forces: elle ne pourra jamais se servir des mêmes réserves, tantôt contre l'une, tantôt contre l'autre partie. Enfin les coups portés se feront sentir non-seulement sur le champ de bataille, mais au loin.

En premier lieu, le Gouvernement du Roi est persuadé que le commencement des hostilités en Allemagne sera suivi immédiatement

de la déclaration de guerre italienne : la Prusse connaît trop les sentiments de loyauté qui animent le Gouvernement du roi Victor-Emmanuel pour en douter.

Mais cette solidarité et simultanéité d'action devront, selon les vues du Gouvernement prussien, se continuer et se reproduire dans tout le cours de la campagne; en bons alliés, les deux puissances devront vouer à leurs opérations respectives un intérêt constant et réciproque. Cette tendance sera approuvée et partagée, comme la Prusse aime à le supposer, de la part du Gouvernement italien.

Le système de guerre pour la campagne prochaine, que la Prusse propose à l'Italie, est celui d'une guerre à fond.

Si, au commencement, le sort des armes leur était propice, les deux alliés ne s'arrêteraient pas aux obstacles intermédiaires : ils chercheront plutôt à pousser leur adversaire dans ses derniers retranchements et jusqu'à ses dernières ressources.

Ils ne se contenteraient pas, après une victoire, d'occuper tel territoire qu'une paix favorable pourra leur faire garder. Au contraire, et sans égard pour la configuration territoriale future, ils tâcheront avant tout de rendre la victoire définitive, complète et irrévocable. Une telle défaite infligée à l'adversaire par leurs efforts réunis, leur donnerait, à chacun dans sa sphère, un ascendant moral et politique infiniment supérieur au gain matériel qui devrait également en résulter.

Ainsi la Prusse ne devra pas songer aux obstacles que la nature ou l'art opposent depuis Linz jusqu'à Cracovie : elle poussera résolûment vers Vienne le succès qu'elle pourra obtenir.

Quant aux opérations analogues des forces italiennes, on ne s'occuperait pas à faire le siége du quadrilatère; on préférerait le traverser ou le tourner pour battre l'armée ennemie en rase campagne. Il y a peu de doute que, vu surtout les proportions numériques, l'armée italienne se trouve en peu de temps en possession du pays vénitien, Venise, Vérone et Mantoue exceptées, et dont les garnisons, il est vrai, devraient être paralysées par des corps d'observation d'une force considérable.

Les généraux italiens seront indubitablement les meilleurs juges des opérations dont il s'agit. Cependant, pour aller à l'unisson avec la Prusse, il faudra que l'Italie ne se contente pas de pénétrer aux frontières septentrionales de la Vénétie; il faut qu'elle se fraye le chemin vers le Danube; qu'elle se rencontre avec la Prusse au centre même de la monarchie impériale; en un mot, qu'elle marche sur Vienne. Pour s'assurer la possession durable de la Vénétie, il faut d'abord avoir frappé an cœur la puissance autrichienne.

Quelles seraient les conséquences, si l'Italie voulait restreindre son

action militaire à Udine ou à Bellune, pour s'occuper ensuite du siége des places fortes? Elle arrêterait inévitablement la guerre entière; car elle permettrait à l'armée autrichienne de se retirer tranquillement vers le nord pour renforcer les armées impériales contre la Prusse. A l'aide 'pent-être de la Bavière, ces forces réunies pourraient arrêter l'offensive prussienne et la réduire à une défensive obligée. Frustrée ainsi des résultats de ses précédents succès, on conclura peut-être une paix, laquelle, tant pour lá Prusse que pour l'Italie, ne répondrait nullement aux idées primitives, ni aux immenses sacrifices qu'on s'était imposés.

Pour éloigner cette triste éventualité, qui tôt ou tard contraindrait les alliés à recommencer leur œuvre, là Prusse croit ne pouvoir insister assez vivement sur la nécessité de pousser l'offensive des deux côtés jusqu'aux dernières limites, c'est-à-dire sous les murs de la capitale.

En admettant pour un moment la possibilité contraire et en envisageant en particulier la position de la Prusse, la coopération de l'Italie lui aurait fait, en effet, plus de mal que sa neutralité absolue. La neutralité aurait du moins retenu dans le quadrilatère et paralysé, au profit de la Prusse, toute une armée autrichienne: la coopération victorieuse, mais mal comprise et arrêtée dans sa carrière, refoulerait cette même armée contre la Prusse, et cette dernière aurait moins de chance avec que sans son alliance italienne. Mais le Gouvernement du Roi mon auguste maître se repose avec la plus entière confiance sur la loyauté de son allié, pour écarter toute possibilité d'une pareille éventualité.

Toutefois, sous le rapport stratégique, la marche sur Vienne de l'armée italienne pourrait paraître dangereuse : l'échelle d'opération semblerait trop longue, les ressources trop loin.

Mais à mesure qu'on s'approche de l'armée prussienne, le danger diminue et la victoire finale devient de plus en plus probable.

D'ailleurs, il existe une agence infaillible pour assurer aux deux armées la coopération la plus efficace sur un terrain commun: ce terrain est la Hongrie.

Le Gouvernement prussien a fait étudier dernièrement avec soin la question hongroise; il a acquis la conviction que ce pays, soutenu également par l'Italie et par la Prusse, leur servira, à son tour, comme chainon de ralliement et comme appui stratégique.

Qu'on dirige, par exemple, sur la côte orientale de l'Adriatique une forte expédition, qui n'affaiblirait en rien l'armée principale, parce qu'on la prendrait pour la plupart dans les rangs des volontaires en la mettant sous les ordres du général Garibaldi.

D'après tous les renseignements parvenus au gouvernement prus

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