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ÉTATS ROMAINS.

Allocution du Pape dans le Consistoire secret du 22 juin 1868.

Vénérables Frères,

Nous n'eussions certes jamais pensé qu'après la Convention passée il y a près de 13 ans entre Nous et l'Empereur et Roi apostolique de l'Autriche, à la grande joie de tous les gens de bien, nous serions forcés aujourd'hui de gémir sur les misères et les malheurs les plus graves, qui, par l'œuvre d'hommes hostiles, affligent aujourd'hui et tourmentent d'une manière déplorable l'Église catholique dans l'empire d'Autriche. En effet, les ennemis de notre divine religion n'ont cessé de faire tous leurs efforts pour détruire ladite Convention et pour faire le plus grand tort à l'Église, à Nous et à ce siége apostolique.

Le 21 décembre dernier, le Gouvernement autrichien a porté comme base constitutionnelle une loi odieuse, pour qu'elle soit mise en vigueur et absolument observée dans toutes les régions de l'empire, même celles où règne exclusivement la religion catholique. Cette loi établit une liberté tout entière de toutes les opinions, de la presse, de toute foi, de toute conscience et de toute doctrine; elle accorde aux citoyens de tous les cultes la faculté d'élever des institutions d'éducation et d'enseignement; toutes les sociétés religieuses d'espèce quelconque y sont admises sur le même pied et sont reconnues par l'État.

Dès que nous eûmes la douleur d'en être informé, nous eussions voulu élever aussitôt la voix, mais nous avons usé de longanimité, et nous avons cru alors garder le silence, soutenu principalement par l'espoir que le Gouvernement autrichien, prêtant une oreille docile aux réclamations pleines de justice de nos vénérables frères, les saints prélats d'Autriche, reviendrait à de plus saines idées et prendrait de meilleures déterminations. Mais nos espérances ont été vaines. En effet, le même Gouvernement, le 25 mai de cette année, a publié une autre loi, qui oblige tous les peuples, même catholiques de l'empire, et qui décide que les fils nés de mariages mixtes doivent suivre la religion du père, et que les filles doivent suivre celle de la mère, et qu'au-dessous de sept ans, ils doivent suivre l'égarement de leurs parents hors de la vraie foi.

En outre, la même loi supprime entièrement toute validité des promesses que l'Église catholique, avec raison et avec la plus grande justice, exige et prescrit absolument avant la contractation des mariages

mixtes: elle élève à l'état de droit civil l'apostasie même, tant de la religion catholique que de la religion chrétienne; elle supprime toute autorité de l'Église sur les saints cimetières, et les catholiques sont tenus d'ensevelir dans leurs cimetières les corps des hérétiques, quand ceux-ci n'en ont pas de particuliers.

De plus, le même Gouvernement, le 25 jour de mai de la présente année, n'a pas craint de promulguer aussi sur le mariage, une loi qui abolit entièrement les lois publiées suivant les règles de notre susdite convention. Cette loi remet en vigueur les anciennes lois autrichiennes contraires aux lois de l'Église; elle admet et confirme même le mariage absolument condamnable qu'on appelle civil, lorsque l'autorité d'un culte quelconque refuse la célébration du mariage pour une cause qui n'est pas reconnue valide et légale par l'autorité civile.

Par cette loi, ce même Gouvernement a supprimé toute l'autorité et la juridiction de l'Église sur les causes relatives aux mariages, ainsi que tous les tribunaux ecclésiastiques de même compétence. Il a promulgué aussi une loi sur l'enseignement qui supprime toute influence de l'Église dans les études, qui déclare que toute la direction supérieure de l'enseignement des lettres et des sciences, ainsi que l'inspection et la surveillance des écoles, appartiennent à l'État, qui statue enfin que l'enseignement religieux doit être dirigé dans les écoles publiques par chaque culte, que chaque société religieuse pourra ouvrir des écoles particulières et spéciales pour la jeunesse de sa confession; que ces écoles seront également soumises à l'inspection suprême de l'État, et que les livres d'enseignement seront soumis à l'approbation de l'autorité civile, à l'exception toutefois des livres qui serviront à l'enseignement religieux, livres qui devront être approuvés par les autorités compétentes de chaque culte.

Vous voyez, par conséquent, vénérables frères, avec quelle force il faut réprouver et condamner ces abominables lois sanctionnées par le Gouvernement autrichien, lois qui sont en contradiction flagrante avec la doctrine de l'Église catholique; avec ses droits vénérables, son autorité et sa constitution divine; avec notre puissance et celle du siége apostolique ainsi qu'avec notre concordat déjà cité et avec le droit naturel lui-même.

En vertu donc du soin de toutes les églises qui nous a été confié par le Seigneur Jésus-Christ, nous élevons la voix dans votre très-illustre assemblée, nous réprouvons et nous condamnons par notre propre autorité apostolique les lois que nous avons énumérées, et tout ce qui, en général ou en particulier, dans ces mêmes lois ou dans les choses qui ont rapport au droit ecclésiastique, a été décrété ou tenté injustement de quelque manière que ce soit, par le Gouvernement autrichien ou par ses subalternes, quels qu'ils soient.

En vertu de cette même autorité qui nous appartient, nous déclarons ces décrets nuls et sans force en eux-mêmes et dans tous leurs effets, tant pour le présent que pour l'avenir. Quant aux auteurs de ces lois, à ceux qui se flattent particulièrement d'être catholiques, et qui n'ont pas craint de proposer, d'établir, d'approuver et de mettre à exécution les lois et actes susdits, nous les conjurons et supplions de ne point oublier les censures et les punitions spirituelles que les constitutions ecclésiastiques et les décrets de conseils œcuméniques infligent coinme devant être encourues ipso facto par les violateurs des droits de l'Église.

En attendant, nous donnons les plus grandes félicitations dans le Seigneur, et nos louanges bien méritées, à nos vénérables frères les archevêques et évêques de l'empire autrichien qui, avec une énergie toute épiscopale, n'ont cessé d'avertir leurs troupeaux de leurs devoirs, de défendre et de protéger avec intrépidité, tant en paroles que dans leurs écrits, la cause de l'Église et le susdit concordat passé avec nous. Nous désirons aussi de tout notre cœur que nos vénérables frères les archevêques et les évêques de Hongrie, suivant l'exemple de leurs collègues, se montrent disposés à déployer le même zèle et la même ardeur pour protéger les droits de l'Église et défendre ledit concordat contre les attaques dont il est l'objet.

Toutefois, dans ces calamités dont l'Eglise, en ces jours si tristes, est partout affligée, nous ne cessons pas, vénérables frères, avec la plus grande ferveur, dans l'humilité de notre cœur, de prier Dieu qu'il daigne par sa force omnipotente ruiner tous les desseins criminels de ses ennemis et de ceux de sa sainte Église, réprimer leurs efforts impies, et par sa miséricorde les ramener dans les voies de la justice et du salut.

ROUMANIE.

Message du prince Charles, pour la clôture de la session
de la Chambre le 22 juin 1868,

Messieurs, les députés, en ouvrant la session actuelle, je vous ai exprimé ma confiance puisée dans la conviction qu'aussitôt qu'un Gouvernement en appelle à la sincérité et à la loyauté du pays, la voix du Gouvernement trouve toujours un puissant écho.

La session qui touche aujourd'hui à sa fin m'a prouvé que je ne me suis pas fait illusion, et je suis heureux de constater qu'après la con

stituante, c'est la Chambre actuelle qui a élaboré les plus importantes et les plus grandes lois. Je me borne à rappeler que vous avez doté le pays d'une loi sur l'organisation de l'armée, de la police rurale et des chemins de fer, lois qui sont appelées à produire les plus féconds résultats par rapport à la prospérité et au développement de la Roumanie au point de vue moral et matériel. Si les succès de quelquesunes des lois que vous avez votées sont retardés par des causes qui ont occasionné la dissolution du sénat, j'ai cependant la profonde conviction que le futur sénat, tenant mieux compte des espérances et des vœux de la Roumanie, nous permettra de regagner le temps perdu.

Je vous remercie pour les importants travaux que vous avez achevés, pour l'appui loyal, patriotique et intelligent que vous avez prêté à mon Gouvernement, sans aucun préjugé de parti; je sais que vous avez le sentiment de ma gratitude dans votre conscience et que vous le trouverez encore dans la reconnaissance de tous les Roumains.

Que Dieu vous prenne sous sa sainte garde, la session de l'an 1867-68 est close.

ÉTATS ROMAINS.

Bulle de convocation pour le Concile de 1869, en date de Rome, le 29 juin 1868.

Lettre apostolique du Très-Saint-Père Pie IX, pape par la divine Providence, ordonnant un concile œcuménique qui se tiendra à Rome, et qui commencera le saint jour de l'Immaculée conception de la sainte Vierge, mère de Dieu, en l'année 1869.

Pie, évêque, serviteur des serviteurs de Dieu,

Pour la future mémoire du fait.

Le Fils unique du Père éternel, par l'excessive charité qu'il nous a portée, et pour arracher, dans la plénitude des temps, tout le genre humain au joug du péché, à la captivité du démon et aux ténèbres de l'erreur dont il était depuis longtemps la malheureuse proie par la faute de notre premier père, est descendu de son céleste séjour, et, sans sortir de la gloire paternelle, il s'est revêtu de dépouilles mortelles dans le sein de l'immaculée et très-sainte Vierge Marie; il a manifesté aux hommes une doctrine et un enseignement de conduite apportés du ciel, qu'il a confirmés par un grand nombre d'œuvres

admirables, et il s'est livré lui-même pour nous comme offrande et comme victime d'agréable odeur devant Dieu.

Mais après avoir vaincu la mort, et avant de monter triomphant au ciel pour s'asseoir à la droite du Père, il envoya ses apôtres dans le monde entier pour prêcher l'Évangile à toute créature, et il leur donna le pouvoir de gouverner l'Église acquise et établie par son sang, cette Église qui est la colonne et le soutien de la vérité, cette Église qui, enrichie des trésors célestes, montre à tous les peuples le chemin assuré du salut et la lumière de la doctrine véritable, et qui vogue comme un navire vers la pleine mer de ce siècle pour conserver intacts tous ceux qu'il recueille au milieu du monde qui périt. (S. Max. Serm. 89.)

Or, afin que le Gouvernement de cette même Église marchât toujours, droit et dans l'ordre, et afin que tout le peuple chrétien persistât toujours dans une même foi, dans une même doctrine, dans une même charité et dans une même communion, il a promis, d'une part, qu'il l'assisterait perpétuellement lui-même jusqu'à la consommation des siècles, et, de l'autre, il a choisi entre tous le seul saint Pierre, qu'il a établi prince des apôtres son vicaire ici-bas, et pour être le chef, la base et le centre de l'Église, afin que en vertu du degré de son rang et de son honneur, ainsi que par l'étendue de son autorité, de son pouvoir et de sa juridiction suprême, pleine et entière, il fit paître les agneaux et les brebis, fortifiât ses frères, gouvernât l'Église entière, et fût le portier du ciel et l'arbitre de ce qui doit être lié et délié, les décisions de ses jugements devant subsister dans le ciel même. (Saint Léon, serm. II.)

Et comme l'unité et l'intégrité de l'Église, et son gouvernement établi par N.-S. Jésus-Christ, doivent demeurer perpétuellement stables, c'est pour ce motif que le pouvoir, la juridiction et la primauté suprêmes et identiques de saint Pierre sur son Église persistent entièrement et sont pleinement en vigueur chez les pontifes romains, successeurs de saint Pierre, qui siégent dans cette même chaire romaine de saint Pierre.

C'est pourquoi les Pontifes romains, usant du pouvoir et du soin de faire paître tout le troupeau du Seigneur, lequel leur a été confié divinement par Notre-Seigneur lui-même, dans la personne de saint Pierre, n'ont jamais cessé de supporter tous les travaux et de prendre toutes les résolutions nécessaires pour que de l'orient à l'occident tous les peuples, tous les pays, toutes les nations reconnussent la doctrine évangélique, et, marchant dans les voies de la vérité et de la justice, obtinssent la vie éternelle.

Tout le monde sait avec quelle sollicitude infatigable les Pontifes romains se sont appliqués à conserver le dépôt de la foi, la discipline

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