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l'Empereur, des critiques qui représentent la loi de propriété des étrangers et le protocole comme destructeurs des capitulations.

On a raisonné généralement comme si tous nos compatriotes allaient, ipso facto, devenir propriétaires d'immeubles, quitter bon gré mal gré leurs comptoirs, et s'éloigner de leurs consulats pour subir une situation affreuse dans laquelle les aurait attirés on ne sait quel mirage. Il y a dans ces critiques un manque de logique dont les habitants de l'Orient auront fait justice facilement. Ils reconnaîtront que si la Porte a mis certaines conditions au droit de propriété accordé aux étrangers, ces conditions étaient dans la nature des choses et que l'effet le plus immédiat de la nouvelle loi sera de mettre fin aux abus et aux injustices résultant de l'usage des prête-nom en matière immobilière et de substituer le fait vrai à la fiction dangereuse qui, l'expérience en fait foi, laissait nos nationaux propriétaires d'immeubles dans l'impossibilité de se défendre personnellement, soit contre les taxations arbitraires, soit, en justice, contre les contestations qui mettaient leurs droits en péril.

Recevez, monsieur, les assurances de ma considération distingué. Signé : BOURÉE.

TURQUIE.

Notes échangées entre Fuad-Pacha et M. E.-J. Morris, Ministre des États-Unis à Constantinople, au sujet de l'entrée de l'amiral Farragut dans les Dardanelles.

LÉGATION DES ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE.

A Son Altesse Fuad-Pacha, Ministre des affaires étrangères, etc.

Altesse,

Buyukdéré, le 18 août 1868.

Le vaisseau portant pavillon de l'amiral Farragut étant arrivé aux Dardanelles, j'ai l'honneur de prier Votre Altesse que permission soit accordée au même pour franchir les détroits. Quoique des bâtiments de la grandeur du navire en question, le Franklin, soient exclus par les traités, des exceptions ont été faites de temps en temps en faveur de semblables vaisseaux, portant princes du sang. Des dignités héréditaires n'existent pas aux États-Unis. Si ces exceptions sont limitées exclusivement aux princes du sang, les personnages historiques de la Républ que des États-Unis ne pourraient pas jouir des mêmes, et

leur position envers la Porte serait en conséquence extrêmement invidieuse et exceptionnelle.

L'amiral Farragut est l'officier du plus haut rang dans la marine américaine, et le plus distingué. Par ses faits d'armes, il a grandement contribué au salut de son pays et à la conservation de l'Union américaine contre ses ennemis. Sa réputation est devenue cosmopolite, et, comme telle, il a été reçu dans toutes les cours de l'Europe avec des honneurs princiers. Les souverains lui ont accordé une réception hors ligne, regardant plutôt les faits de son histoire que son sang.

Ayant joui d'une si grande considération ailleurs, j'ose espérer que S. M. le Sultan lui accordera des honneurs égaux, et que, dans sa générosité habituelle et sa haute appréciation des services et des exploits distingués, elle accordera à l'amiral Farragut l'exception faite en faveur des princes.

Il désire porter le Franklin à Constantinople, exclusivement pour objet de courtoisie envers une puissance avec laquelle les États-Unis ont toujours entretenu les meilleures relations, et avec laquelle mon Gouvernement désire rester en amitié de paix.

Je prie Votre Altesse de me faire l'honneur de soumettre ces considérations à S. M. le Sultan, convaincu comme je suis que la permission susdite sera regardée comme une faveur spéciale au peuple américain et à un de ses serviteurs les plus fidèles et les plus distingués. Je profite de cette occasion de renouveler à Votre Altesse l'assurance de ma plus haute considération.

Signé: E. J. MORRIS.

(N° 23,099 10,)

Son Altesse Fuad-Pacha à M. Morris.

Le 20 août 1868.

J'ai reçu la lettre que vous avez bien voulu m'adresser le 18 août, m'exprimant le désir qu'il soit permis exceptionnellement à la frégate portant le pavillon de l'amiral Farragut de franchir le détroit des Dardanelles pour venir à Constantinople.

Ainsi que vous voulez bien le reconnaître dans ladite note, les traités en vigueur établissent le principe de la fermeture des détroits, et, bien que les dimensions du vaisseau précité dépassent les limites posées expressément par le traité de Prague, S. M. le Sultan, mon auguste souverain, désirant toutefois faire preuve de sa déférence à l'égard d'un haut personnage de la grande République américaine, a bien voulu accorder dans ce but, et d'une manière tout exception

nelle, la permission demandée pour le passage du navire en question.

En vous informant que des instructions dans ce sens viennent d'être envoyées par télégraphe aux Dardanelles, je vous prie de prendre acte du caractère exceptionnel de l'autorisation accordée. Agréez, etc.

Signé: FUAD.

LÉGATION DES ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE.

A Son Altesse Fuad-Pacha, Ministre des affaires étrangères, etc.

Monsieur le Ministre,

Constantinople, le 23 août 1868.

J'ai eu l'honneur de recevoir la note par laquelle vous avez bien voulu m'informer que S. M. I. le Sultan a daigné accorder permission à la frégate Franklin, portant le pavillon de l'amiral Farragut, de franchir les Dardanelles pour venir à Constantinople.

Cette exception distinguée aux règlements des traités relatifs aux bâtiments de guerre auxquels il est permis d'entrer dans les détroits pendant le temps de paix sera hautement appréciée par mon Gouvernement, comme une preuve éclatante d'égards envers la république des États-Unis et envers le haut personnage qui a si dignement soutenu l'honneur de son pavillon pendant la récente guerre civile.

Il me fera le plus grand plaisir de porter à la connaissance spéciale de mon Gouvernement cet acte bienveillant et amical, dont l'effet sera de resserrer encore plus les bonnes relations existantes entre les deux pays.

Je prie Votre Altesse d'être l'organe auprès de S. M. I. le Sultan de mes sentiments respectueux et reconnaissants de sa gracieuse courtoisie en cette occasion et de la faveur exceptionnelle qu'elle a daigné accorder à l'amiral Farragut.

Je profite de cette occasion de renouveler, etc.

Signė J. MORRIS,

Circulaire adressée aux Représentants des Puissances signataires

(N° 23,098 25.)

du Traité de Paris.

Le 19 août 1868.

La frégate portant le pavillon de l'amiral Farragut étant arrivée au Dardanelles, la légation des États-Unis, tout en reconnaissant le prin

cipe de la fermeture des détroits, établi par les traités, nous a exprimé le désir qu'il lui soit permis, exceptionnellement, de franchir ce détroit ponr venir à Constantinople. La grandeur de ce vaisseau dépasse, il est vrai, les limites posées par le traité de Paris; mais S. M. I. lc Sultan, désirant faire acte de déférence à l'égard d un haut personnage de la grande République américaine, et voir cette magnifique frégate, a accordé, dans ce but et d'une manière tout à fait exceptionnelle, la permission demandée.

J'ai cru de mon devoir de prévenir de cette autorisation MM. ies représentants des puissances signataires du susdit traité, qui voudront bien, à ce titre, prendre acte du caractère exceptionnel de l'autorisation accordée, et qu'ils trouveront, je n'en doute pas, suffisamment motivée.

Signé: FUAD.

ÉTATS-ROMAINS.

Lettre apostolique de Sa Sainteté Pie IX, par la divine Providence pape, à tous les Évêques des Églises du rite oriental qui ne sont pas en communion avec le Saint-Siége apostolique, en date du 8 septembre 1868.

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Constitué par les vues secrètes de la Providence divine, bien que sans aucun mérite de Notre part, héritier du bienheureux Prince des Apôtres dans cette chaire sublime, « qui est, en vertu d'une prérogative concédée de Dieu, la pierre ferme et solide sur laquelle le Sauveur a édifié son Église, et mû par la sollicitude que Nous impose une telle charge, Nous désirons très-vivement et Nous Nous efforçons d'étendre Nos soins sur tous ceux qui, répandus dans le monde, portent le nom de chrétiens, et de les attirer tous dans les bras de la charité paternelle. Nous ne pourrions, sans un grave péril pour Notre âme, négliger aucune portion du peuple chrétien, qui, racheté par le trèsprécieux sang de Notre Sauveur et agrégé au troupeau du Seigneur par les eaux saintes du baptême, réclame toute Notre vigilance.

Devant donc porter sans relâche toute Notre étude et toutes Nos pensées à procurer le salut de tous ceux qui reconnaissent et adorent Jésus-Christ, Nous tournons Nos yeux et Notre cœur de père vers ces Églises qui, attachées jadis à ce Siége apostolique par le lien de l'unité, jetaient tant d'éclat par la sainteté et la doctrine et donnaient des fruits abondants pour la gloire de Dieu et le salut des âmes, mais

ARCH. DIPL. 1868 - IV

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qui, par la malignité, les artifices et les machinations de celui qui excita le premier schisme dans le ciel, sont maintenant, à Notre grande douleur, séparées et éloignées de la communion de la Sainte Église romaine répandue dans l'univers entier.

Déjà, à ce sujet, et dès l'origine de Notre Pontificat suprême, Nous vous avons adressé dans toute l'effusion de Notre cœur des paroles de paix et de charité. Bien que ces paroles n'aient nullement atteint le but si désiré, cependant Nous n'avons jamais perdu l'espoir que Nos humbles et ferventes prières trouveraient un accès propice auprès du Très-Doux et Très-Clément Auteur de la paix et du salut, de Celui qui a opéré le salut sur la terre, qui paraissant d'en haut et montrant å tous la paix désirée et désirable, l'a annoncée aux hommes de bonne volonté, le jour de sa naissance, par le ministre des anges, a conversé avec les hommes, les a instruits par sa parole et prêchés par son exemple.

Ayant déjà naguère, de l'avis de Nos vénérables Frères les cardinaux de la sainte Église romaine, indiqué et convoqué un synode œcuménique qui doit être célébré l'année prochaine à Rome et qui s'ouvrira le 8 décembre, jour dédié à la Conception de la Vierge Immaculée, Nous vous faisons de nouveau entendre Notre voix, et Nous vous prions de toutes Nos forces, Nous vous avertissons, Nous vous pressons de venir à ce synode général, comme vos ancêtres vinrent au Concile de Lyon tenu par Grégoire X, Notre prédécesseur d'heureuse mémoire, et au Concile de Fiorence, célébré par Eugène IV, Notre prédécesseur de vénérable mémoire, afin que, les antiques lois d'amour étant renouvelées, et la paix de nos pères, ce céleste don du Christ pour un temps disparu, étant solidement rétablie, la sereine lumière d'une union désirée brille aux yeux de tous, après les nuages d'un long deuil et la sombre et triste obscurité des longues dissidences.

Que ce soit là l'heureux fruit de bénédiction par lequel Jésus-Christ, notre Maître et notre Rédempteur à tous, console son Épouse sans tache et bien aimée, l'Église catholique; qu'il sèche ses larmes dans cétte dureté des temps, afin que, toute division ayant cessé, des voix, auparavant discordantes, louent dans un parfait accord d'esprit le Dieu qui ne veut pas de schismes parmi nous, et qui nous a prescrit par la voix de l'Apôtre de parler et de penser tous de même : que d'immortelles actions de grâces soient toujours rendues au Père des miséricordes par tous ses saints et particulièrement par les glorieux anciens Pères et Docteurs des Églises orientales, lorsque du haut du ciel ils verront rétablie et restaurée l'union avec ce Siége Apostolique, centre de la vérité catholique et de l'unité, union que, pendant leur vie ici-bas, ils travaillèrent à réchauffer, à propager de plus en

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