Imágenes de páginas
PDF
EPUB

C'est principalement pour arriver à la lecture des noms propres de rois de race égyptienne, sculptés sur les temples et les palais, que M. Salt cherche à fixer ses idées sur les noms et les formes représentatives des divinités nationales de l'Égypte. La planche IV contient plus de quatre-vingt-dix cartouches renfermant des prénoms et des noms propres de Pharaons ou de

reines.

I 2,

3

Le nom propre des légendes gravées sous les nos 4 et 5, a été parfaitement analysé par M. Salt, qui le lit Thouthmosis; mais il n'a point tenu compte des cartouches prénoms qui établissent très-clairement que ces noms propres, quoique semblables, se rapportent à des princes différens. La légende complète, no. 2, est Thouthmosis IV. du nom, 7o. roi de la xvi. dynastie; le n°. 3 est celle de Thouthmosis II, 3. roi de la même famille; le n°. 4 renferme le nom propre et le prénom de Thouthmosis III, second successeur du précédent.

Le n°. 6, que M. Salt lit Misartisen, sur l'autorité de Pline, est celui que j'ai lu Osortasen et reconnu pour l'Osorthos de la XXIII. dynastie égyptienne. Les légendes no. 7 et 38, dont le cartouche prénom doit se lire Amon - Men Hor-Hem Nèb -( Amunmn'ummee, selon M. Salt), sont du roi Horus de la xviii. dynastie. Diverses légendes appartenant à Ramsès le grand (Sésostris), sont réunies sous les nos. 8, 10, 28 A, 28 B. et 34; mais notre auteur les confond avec celles de l'aïeul de ce conquérant, le Pharaon Ramsès-Meiamoun, qui se retrouvent réellement gravées sous les no3. 9 et 29 C. La même confusion a eu lieu quant aux légendes des deux Aménophis de la XVIII. dynastie. Le no. 25 se rapporte à l'Aménophis Ier, et les n°. 11 et 12 à son petit-fils Aménophis II°. Le no. 13 renferme la légende de l'ami d'Ammon, du serviteur de Phtah Mandoue'i Ier.; M. Salt y retrouve, je ne sais sur quelles données, le nom d'un Aménophis précédé du nom de son père RamessèsMéiamoun. Les légendes de Mandouei II. (de la xvi. dynastie), no. 19, 20 et 24, sont attribuées à un Amunm' nume IIa. Les ns. 17 et 18 appartiennent non à un Ochyras, mais au raj Achoris de la XXIX. dynastie. Le no. 32 n'a rien de commun avec la légende du Pharaon Amasis, qui m'est bien connue d'ailleurs; c'est celle de l'un des derniers Ramsés de la xix®. dynastie : le no. 33 est du Ramsès Ier. de la xvi. dynastie : enfin les légendes des rois égyptiens Aménoftep, Psammus et

Nectanèbe, sont reproduites sous les n°. 37 et 44, 39, 40, 43. Mais M. Salta très-clairement déterminé et lu les légendes des rois égyptiens Osorchon ( no. 21), Tarhaka (noo. 26, 27, 28 et 29), Nechao (n°. 29 b.) et Psammetichus (n°. 30 et 31 ). On remarque sur la même planche des cartouches renfermant des noms propres de reines (n°. 45 à 51); ces cartels si intéressans et que les voyageurs ont ordinairement négligé de recueillir, surtout à Dendérah et à Esné, où doivent se trouver les noms propres des impératrices romaines, présentent beaucoup de difficultés dans leur déchiffrement, parce que fort souvent le nom propre est entremêlé à des titres purement honorifiques. M. Salt propose de les lire Amuneete ( no. 45), Remese-Athur (n°. 46), Isissathor (n°. 47), Tasaate (no. 48), Tecthothe (no. 49), Tasimerum (no. 50), et Tamesira ( no. 51); mais d'après mon alphabet hieroglyphique beaucoup plus complet que celui de M. Salt, et par la distinction précise des caractères non phonétiques, partie importante du système hieroglyphique dont l'auteur anglais ne s'est point occupé, la lecture de ces noms de reines m'est devenue plus facile. Le no. 45 doit se lire Amonmai, le caractère T ne devant point être prononcé, comme étant une simple marque de genre; le no. 46, Aahmos Nané-Atari, est la légende de la reine Amosis, femme du che de la xvii. dynastie; le no. 47, la royale épouse Isis, déesse bienfaisante, peut fort bien n'être qu'un cartouche de la déesse épouse d'Osiris et nullement un nom de reine; je lis le nom propre, no. 48, Taschân; le no. 49 est le cartel de la reine Taïa, épouse d'Aménophis II.; le n°. 50, la servante de Neith, la bienfaisante Ari, est le nom propre de l'épouse de Ramsès le Grand; enfin le no. 51 est la légende funéraire de l'Osirienne royale épouse, puissante dominatrice du monde, Taousire: j'ignore de quel Pharaon cette reine fut la femme.

De ces divers essais de lecture d'anciens noms pharaoniques, qu'il a souvent tentés avec un plein succès, M. Salt conclut avec toute raison, d'abord que la perfection de l'art, en Egypte, a eu lieu antérieurement à l'époque du siége de Troye, et en second lieu, que les hieroglyphes phonétiques étaient en usage dans la plus ancienne période de la monarchie égyptienne; c'était là principalement ce qu'il s'était proposé de démontrer dans son curieux et très-intéressant ouvrage.

Mais ces résultats et les faits principaux sur lesquels l'auteur

anglais les établit avaient déjà été reconnus, développés et publiés dans mon Précis du système hieroglyphique, ou dans mon Panthéon égyptien, ouvrage que M. Salt ne connaissait point encore durant son voyage; il le trouva dès son retour à Alexandrie, et cette circonstance inattendue faillit. ǹous priver des utiles fruits de son excursion archæologique. Je d is me feliciter en particulier de ce qu'il a senti dans cette occasion ce qu'exigeait de lui l'intérêt de la science. Il prit le parti d'ajouter à son mémoire la lettre suivante qui le termine :

«< Alexandrie, le 9 août 1824. « Je crois nécessaire de constater que j'ai presque été sur le point de renoncer à la publication de ces recherches, à la vue du dernier ouvrage de M. Champollion le jeune, où je trouve que ce savant m'a devancé dans la lecture d'un grand nombre de mes noms de dieux et de rois égyptiens. Je dois constater également que le premier essai a été écrit et montré à plusieurs personnes dans le mois de février passé. Une série d'afflictions domestiques et une maladie grave ont empêché jusqu'à ce jour sa mise au net et l'achèvement des planches. Dans cet intervalle, et je crois sur la fin d'avril, plusieurs livraisons du Panthéon égyptien me furent montrées par M. Lelorrain, auquel j'avais communiqué le plan de cet essai ; enfin, vers le 3 du mois d'août, je vis dans les mains de M. Anastasy le premier exemplaire parvenu en Egypte du Précis du système hieroglyphique de M. Champollion. Je puis affirmer en toute sûreté de conscience que je n'ai point changé un seul mot de mon écrit à la vue de l'un et de l'autre de ces ouvrages.

[ocr errors]

Quoique la publication du dernier ouvrage de M. Champollion soit de 1824 (j'ignore dans quel mois), il est probable que son catalogue des rois a été composé quelque temps auparavant; ainsi, comme les apparences l'établissent, la priorité de la découverte et de la publication peuvent lui appartenir. Il ne peut toutefois être que fort agréable pour lui, comme ce l'a été pour moi, de trouver ses idées confirmées ainsi par la coincidence remarquable de deux personnes placées sur des points du globe aussi éloignés, lesquelles sans la plus légère communication entre elles, arrivent par des modes de déduction différens aux mêmes conclusions sur un sujet aussi compliqué et qui promettait si peu de résultats; circonstance qui me semble donner la plus forte preuve de la solidité de son alphabet pho

né.. ase sur laquelle nos prémisses sont fondées; l'exactitude de cet alphabet n'en devient, je pense, que plus décidément établie, et c'est là principalement ce qui m'a décidé à persister dans la publication de mon essai. >> HENRI SALT.

Tel est l'ouvrage dont j'ai dù ne pas laisser à d'autres le soin de rendre compte dans le Bulletin, j'avais trop le désir de témoigner publiquement à M. Salt toute ma gratitude, et le lecteur ne trouvera pas que je cède trop à ce juste sentiment en lui recommandant l'ouvrage de M. Salt comme très-précieux pour l'étude élémentaire de l'archæologie égyptienne, et l'un de ceux qui doivent le plus contribuer à l'établissement des véritables principes de cette étude. J. F. CHAMPOLLION le jeune.

6. HEZELS ERLEICHTERTE ARABISCHE GRAMMATIK. Grammaire arabe rendue facile pour les commençans, par A. F. HEZEL. 2°. édit. Leipsic. 1825.

L'auteur s'est attaché surtout à puiser ses doctrines dans les écrits de M. de Sacy, et il a soumis son travail à M. Rosenmüller. C'est déjà un augure favorable pour ce livre.

7. DE METRIS CARMINUM ARABICORUM LIBRI DUO CUM APPENDICE EMENDATIONUM IN VARIOS POETAS; par EWALD. In-8. vIII et 147 p. Gottingue, 1825, Lucius. (Gotting. gel. Anzeig., 1825, 127 cah: août, p. 1265.)

Nous trouvons en tête du premier livre les connaissances préliminaires du mètre et de la prosodie. Viennent ensuite des exemplesdes 16 mètres différens Quelques mots sur la rimeterminent le premier livre. Le second livre expose la théorie de la mesure des poventes arabes, en comparant leurs propriétés relatives. L'auteur fait voir comment on peut éviter, d'après les lois établies du mètre, les fautes que l'on trouve dans le Tarafah (Reiske, Exc. Hom. et monum., Schultens), dans les Annales d'Abulfeda et dans plusieurs autres poëmes. Il termine en démontrant combien la connaissance du mètre est nécessaire et même indispensable, soit sous le rapport de la critique, soit sous celui de l'explication des poëmes.

8. IRACÆ PERSICÆ DESCRIPTIO quam ex Codd. Mss. arabicis Lugd. Bat. edidit, versione latina et annotatione critica instruxit P. J. UYLENBROEK, etc. In-4°. de XX et 24 p. texte arabe, 127 p. trad. et remarques. Leyde, 1 1823; Luchtmans. ( Göt

ting. gel. Anzeig., 1825; juillet, p. 1153.)

C'est la bibliothèque de Leyde qui a procuré à l'auteur les moyens de publier tout ce que les sources arabes offrent relativement à l'Irak persan (Irak adjemi, et à cause de ses hautes montagnes souvent appelé Eldjebal, ou Kuhestan en persan). Tout ce que nous regrettons dans la composition de cet ouvrage c'est que l'auteur n'ait pas été à même de faire usage du grand dictionnaire géographique de Jahul, qui ne se trouve qu'à Oxford, Copenhague et St.-Pétersbourg. Nous trouvons en tête un extrait de l'ouvrage « Elmesalek welmemalek » par le géographe Abulkasem Muhamed. Vient ensuite un extrait d'un géographe du VI. siècle, Abu-Abdallah Rakouti Ibn-Abdallah. Cet extrait est suivi de fragm. tirés du grand ouvrage alphabétique Kazwini, par Zacharia Ben-Muhammed ( mort en 674). Abulféda, dont la méthode est suffisamment connue, occupe la quatrième place. La cinquième offre un extrait d'un dictionnaire géographique dont l'auteur est inconnu, et que Hamaker signale simplement par Lexicon geograph.

9. CALLIOPE OU Traité sur la véritable prononciation de la langue grecque, dédié aux savans hellénistes de l'Europe, par C. Minoide MYNAS, ex-professeur de philosophie et de rhétorique en Macédoine (1). In-8°. de 156 p. Paris, 1825; Bossange père.

Au milieu des incertitudes où la prononciation de la langue grecque est chez nous, et quand un peuple vient nous la parler d'une manière différente que nous n'avions l'habitude de la prononcer, nous devons accueillir avec intérêt un livre qui justifie la vérité de leur prononciation. Cette matière abstraite et difficile, puisqu'il s'agit de déterminer par l'autorité des anciens quel était à une époque reculée le son des lettres et des syllabes d'une langue, a été traitée par l'auteur de la Calliope

(1) On a du même auteur, Orthophonie grecque, où il traite de l'accentuation, de la ponctuation, et de la quantité syllabique, par rapport à la poésie. In-8 Prix, 3 fr. 50 c. Paris; Merlin.

« AnteriorContinuar »