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l'histoire littéraire du règne de Sa Majesté, et lës lettres reconnaissantes doivent en conserver le souvenir. Elles y mélèront aussi le nom du ministre qui répond si dignement aux pensées de la sagesse royale.

S. Exc. M. le duc de Doudeauvillé a chargé M. Champollion de reconnaître la collection sur l'inventaire qui én avait été préalablement dressé, et de l'éxpédier à Paris. Nous communiquerons à nos lecteurs les notices sommaires que le jeune savant français doit adresser à S Exc. sur le nouveau musée, qui sera bientôt un nouvel ornement de la capitale, et un sujet inépuisable d'études pour nos savans et nos artistes.

LETTRES,

397. RAPPORT FAIT a l'Académie royalE DES INSCRIPTIONS Er belles le 13 janvier 1826, par la commission chargée d'examiner les résultats du voyage de M. Pacho dans la Cyrénaïque et la Marmarique.

De tous les pays célèbres par les souvenirs classiques qui s'y rattachent, la Cyrénaïque était peut-être celui sur lequel on possédait le moins de renseignemens; excepté le médecin Della-Cella, qui l'a parcourue en 1817, et qui a publié la relation de son excursion rapide, aucun voyageur moderne n'avait exploré cette contrée fameuse. Cette relation, bien loin de satisfaire la curiosité des savans, n'avait fait que l'exciter encore par les indications nombreuses que donnait le voyageur sur des ruines antiques (1), et quelques inscriptions assez insignifiantes qu'il avait copiées en passant, faisaient espérer qu'un voyageur qui aurait plus de loisir trouverait à faire une riche moisson de ces fragmens si précieux pour l'histoire.

M. Pacho, qui avait fait déjà plusieurs voyages en Égypte et dans les Oasis, dont il a dessiné tous les monumens (2), en

(1) On en peut dire autant d'une relation succincte de la Cyrénaïque, imprimée par les soins de la société de géographie, dans le second volume non encore publié de son recueil. Elle est l'ouvrage de M. A. Cervelli de Pise, qui avait accompagné en 1822 l'expédition du bey de Tripoli contre les Arabes de l'est.

(2) J'ai eu l'occasion de voir et d'examiner les dessins que M. Pacho a faits dans ses diverses excursións aux Oasis. Ces dessins confirmént le jugement que j'ai porté ailleurs sur ceux qui ont été publiés dans le voyage à l'Oasis de Thèbes par M.Cailliaud. Hlý a tant et de sí grandés différences entre ces dessins et ceux de M. Pacho, qui portent tous le caractère de la plus scrupuleuse exactitudo, qu'il faut, dé toute

treprit d'explorer d'une manière complète tous les pays cɔmpris entre Alexandrie et les côtes de la Grande Syrte, et dans le cours de l'année de 1825, il a exécuté ce projet avec un zèle, un courage et une persévérance au-dessus de tout éloge. , Dire que ce périlleux et fatigant voyage a réalisé toutes les espérances que la célébrité de Cyrène et les relations de cette contrée avaient fait concevoir, et produit tous les résultats que les archæologues en attendaient, ce serait aller beaucoup au delà de la vérité; mais ce qu'on pourrait affirmer, après avoir examiné l'un après l'autre, les nombreux dessins de M. Pacho, c'est que depuis Alexandrie jusqu'à Bengazi, il a exploré toute la côte avec le plus grand soin, dessinant toutes les ruines qu'il a rencontrées sur sa route, ou dont ses guides lui indiquaient le gisement; fouillant les grottes sépulcrales, copiant leurs peintures et recueillant toutes les inscriptions qu'il a pu trouver, jusqu'au moindre fragment. On peut donc être à peu près certain que rien d'important n'a dû lui échapper, et qu'à moins de s'établir long-temps dans le pays, on ne pourrait y trouver, en fait de restes d'antiquités et d'art, rien de plus que ce qu'il en a rapporté. Ce résultat est déjà du plus grand íntérêt, et le voyageur qui l'a obtenu mérite la reconnaissance du monde savant.

En examinant les dessins de M. Pacho, nous avons vu avec le plus vif regret qu'il n'existe presque plus rien de Cyrène autonome et même de Cyrène soumise aux Ptolémées. La plupart des restes d'antiquités, dessinés par M. Pacho, appartiennent au temps des Romains, il en est fort peu qu'on puisse reporter avec certitude à une époque antérieure. Entre les monumens antiques dont il subsiste encore des ruines dignes

nécessité, ou que les premiers soient prodigieusement imparfaits, ou qu'on les ait mal rendus sur la planche. Dans l'un ou l'autre cas, qui reviennent au même pour le public, le travail de M. Pacho aura tout l'intérêt de la nouveauté. Les copies qu'il a prises des inscriptions grecques de la grande Oasis confirment presque de tout point les restitutions que j'en avais faites, d'après les copies de M. Cailliaud, le premier qui ait transcrit ces inscriptions sur les lieux avec tout le soin et l'exactitude que comportaient l'état où elles se trouvent et la place qu'elles occupent. Le travail de M. Pachò peut faire la matière d'une très-intéressante publication, et compléter l'ensemble des grands ouvrages qui nous ont fait connaître les monumens d'architecture de l'Égypte et des contrées environnantes. ( Note du rapporteur.)

de quelque attention, il n'y a qu'un seul temple, encore est-il aussi de l'époque romaine; tous les autres sont funéraires.

Ils consistent :

1. En 9 grottes sepulcrales dont la décoration extérieure mérite l'attention des gens de l'art; quelques-unes présentent des détails architectoniques d'une grande élégance. Plusieurs ont une ressemblance frappante avec les monumens qui sont au nord-est de Syouah. D'autres enfin présentent des ornemens qui appartiennent au style égyptien. Le voyageur qui en a fait fouiller quelques-unes y a trouvé huit peintures (1) qui offrent 'à l'antiquaire des sujets intéressans et quelques particularités entièrement neuves. L'une de ces peintures doit être mise par son sujet au nombre des plus curieuses que l'on connaisse

2o. En tombeaux d'une architecture simple et élégante qui ont la plus grande analogie, de même que les grottes sépulcrales, avec les monumens de ce genre qui existent en Lycie et sur la côte de Caramanie.

3o. En sarcophages de marbre, les uns entiers, les autres par fragmens, dont le voyageur a dessiné tous les détails avec le plus grand soin, ainsi que quelques débris précieux de basreliefs et e statues antiques.

Nous devons ajouter que les dessins de tous ces monumens sont accompagnés de plans et de coupes, avec mesures et cotes.

Indépendamment des restes de l'antiquité, M. Pacho a dessiné encore toutes les ruines d'architecture moresque eu arabe qu'il a trouvées sur sa route, et plusieurs sujets de mœurs et de costumes. Les dessins de M. Pacho, sans avoir toute la perfection de ceux d'un artiste consommé, ont cependant ce caractère de netteté et de précision qui annonce une main sûre et suffisamment exercée pour rendre les monumens avec la fidélité désirable. Ces dessins d'une grande dimension portent le cachet de l'exactitude la plus scrupuleuse. Après les dessins, ce qui a dû attirer notre attention, ce sont les inscriptions que le voyageur a recueillies en grand nombre. Il en est quelquesunes de cufiques ou arabes, quelques autres sont latines; mais la plupart sont grecques. L'un de nous, qui les a examinées à loisir, s'est assuré qu'il faut malheureusement leur ap

(1) Sur le sujet de l'une d'elles, voyez la lettre du rapporteur, insérée au Bulletin de cette année, p. 42 et suiv.

pliquer ce qui a été dit plus haut des monumens de l'art. Une seule peut-être appartient à Cyrène autonome, et ne contient que des noms indifférens. Deux sont du temps des Ptolémées ; ce sont des dédicaces à deux personnages de la dynastie des Lagides; toutes les autres appartiennent au temps des Romains. Deux d'entre elles, qui ne sont que des fragmens, ont rapport à des monumens et à des travaux publics. Une autre fort longue, à trois colonnes, contient un rescript d'Anastase premier, relatif à divers sujets d'administration publique, et notamment au service militaire : c'est, sans aucun doute, la plus importante; mais elle est tellement fruste, que la restitution complète en est, si non impossible, du moins extrêmement difficile. Excepté ces inscriptions, et quelques-unes qui ne donnent que des noms insignifians, les autres sont purement funéraires, et n'offrent que des formules plus ou moins connues par les monumens du même genre trouvés dans les diverses parties de l'empire romain.

Nous devons dire que rien n'égale la fidélité et le scrupule que M. Pacho a mis à copier ces inscriptions. Ses copies sont des portraits exacts des originaux, où les formes des caractères et jusqu'aux défauts de la pierre sont reproduits avec un soin infini. Elles seules suffiraient pour attester la minutieuse exactitude du voyageur et la sincérité parfaite de tous ses dessins. Les seules fautes qu'on remarque dans ses copies, tiennent à l'état fruste des originaux, qui ne permet pas, à moins de connaître les mots et d'entendre le sens, de discerner les lettres de même forme.

Quoique les objets relatifs à l'art et à l'antiquité aient spécialement occupé M. Pacho, son attention ne s'en est pas moins portée avec succès sur d'autres branches intéressantes.

Ainsi l'histoire naturelle recueillera quelques fruits de son voyage. M. Pacho a recueilli un herbier de cent plantes environ qui lui ont paru offrir un caractère nouveau. Il a pris le dessin botanique des plus importantes. Il s'est occupé aussi de la recherche du sylphium, et quand ses observations ne résoùdraient pas complétement le problème, du moins offriront-elles des rapprochemens utiles aux botanistes. Le voyageur a rapporté des Oasis six bouteilles d'eau minérale, et un assez grand nombre d'échantillons de minéraux recueillis dans le désert de la Libye et la Cyrénaïque; tous appartiennent aux térrains secondaires.

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La géographie de la Cyrénaïque tirera surtout beaucoup d'éclaircissemens des observations de notre voyageur. Au moyen d'un octant avec horizon artificiel, il a déterminé la latitude approchée de plus de soixante points différens, tant sur le littoral que dans l'intérieur entre Alexandrie et la Grande Syrte. Privé de garde-temps, il n'a pu déterminer la position de ces lieux en longitude que par estime, et en supputant les heures de marche comparées aux variations de la boussole. C'est à l'aide de tous ces renseignemens qu'il a dressé une carte détaillée de toute la Pentapole Cyrénaïque, et il s'occupe en ce moment d'en donner une autre sur plus petite échelle, qui comprendra non - seulement la Cyrénaïque, mais encore la Marmarique et les Oasis qui sont au midi de ces contrées.

Nous citerons encore un grand plan topographique de Cyrène et de sa nécropolis, morceau entièrement neuf et d'un grand intérêt.

M. Pacho a rédigé des notes détaillées de son voyage: il y a décrit avec soin tous les monumens, l'aspect et l'état de tous les lieux; il y a recueilli beaucoup de détails sur les productions et les ressources du pays, les procédés de la culture, les mœurs et les usages du habitans, et sur l'histoire moderne de la Cyrénaïque sous les différens beys qui l'ont gouvernée. Le voyageur a formé des vocabulaires des idiomes des habitans de Syouah et d'Augelah. Ce journal, après sa rédaction définitive, pourrait former 2 vol. in-8°.

Tel est l'aperçu des matériaux que M. Pacho a recueillis dans son voyage; il suffit, pour montrer que leur réunion offrira un ensemble très-important, puisqu'il embrassera, principalement sous le rapport de l'art et de l'antiquité, tout ce qui existe en core au-dessus du sol dans la Pentapole Cyrénaïque.

Après la grande expédition d'Égypte qui nous a fait connaî tre la vallée du Nil, après les excursions de notre compatriote Cailliaud et de plusieurs autres voyageurs qui ont exploré les Oasis voisines de l'Égypte, il restait encore une grande lacune dans la géographie du nord-est de l'Afrique. Tout le littoral entre Alexandrie et la Grande Syrte était encore presque inconnu, et c'est cette lacune que vient de remplir un simple particulier, au prix des plus grands sacrifices, sans autre soutien qu'un courage à toute épreuve et qu'un dévouement sans bornes. G. TOME V.

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