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a été le théâtre, que par ses antiquités, la richesse et la variété de ses productions naturelles, et les mœurs fortement caractérisées de ses habitans. On avait lieu de s'étonner qu'un pays si voisin de nous n'eût pas été parcouru par un voyageur impartial et éclairé, dans le seul but de nous en donner une description exacte. M. de la Marmora a rempli cette tâche de manière à assurer le succès de l'ouvrage qu'il présente au public. Après avoir donné un abrégé succinct de l'histoire politique de la Sardaigne, il décrit avec plus de détails la partie statistique et physique, et offre l'ensemble d'un travail résultat de connaissances très-étendues et de six années consécutives des recherches les plus exactes faites sur les lieux mêmes. Cet ouvrage en un vol. in-8°. paraîtra incessamment, chez Delaforest, libraire-éditeur, rue des Filles-Saint-Thomas, no. 7, et sera accompagné d'un atlas in-4°. oblong, contenant plusieurs dessins de costumes et cérémonies locales, d'une exactitude parfaite, exécutés avec luxe et coloriés avec le plus grand

soin.

Conçu sur un plan tout différent de celui qui vient de paraître sous le titre d'Histoire de Sardaigne, ou la Sardaigne ancienne et moderne( par M. Mimault), l'ouvrage de M. de la Marmora ne donne qu'un précis de quelques pages des événemens historiques qu'il expose cependant avec beaucoup de clarté ; mais il répand beaucoup de jour, et donne des détails précieux sur les mœurs, les costumes, la météorologie et la physique du pays dont l'auteur a fait une étude particulière.

72. HISTOIRE DE LA VIE PRIVÉE DES FRANÇAIS, ou Tableau des mœurs, caractères, coutumes et usages de nos ancêtres, aux différentes époques de la monarchie; ouvrage rédigé d'après Montfaucon, Legendre, le Grand-d'Aussy, etc., et orné de 16 pl. grand in-12 de 37 p. Paris, 1824; Saintin.

Nous avons annoncé dans le Bulletin de février 1825, p. 187, un ouvrage qui paraît sortir de la même fabrique et dont les planches sont en partie les mêmes, s'il nous en souvient bien. Cet ouvrage est intitulé Tableau historique des monumens, costumes et usages des Français depuis les Gaulois jusqu'à nos jours, tiré également de Montfaucon, Legendre, etc. Paris, 1824; Thiériot et Belin. Ces deux ouvrages sont au moins cousins germains, mais non

ne pouvons vérifier la parenté n'ayant point le deuxième à notre disposition.

L'auteur commence, comme de raison, par les Gaulois, puis il passe aux Francs. Il décrit la cérémonie du guy, les principales divinités des Gaulois, le champ de mai, les cours plénières, la réception d'un chevalier, les tournois, les joûtes, les armes, les livrées, les divers jugemens et preuves, les coutumes religieuses, etc.; il cherche même à donner un aperçu de l'état des sciences et des arts aux principales époques de lá monarchie. Il traite ensuite des usages relatifs à la nourriture, à la culture de la terre. Il décrit le festin du paon, les jeux, les divertissemens, les fêtes, la chasse, les processions, la fête des fous, etc.; puis il donne les costumes dans les différens temps de la monarchie, parle des cheveux et de la barbe, et termine par un tableau général des mœurs françaises sous les trois races. En résumé, cet ouvrage est recommandable parce qu'il contient une foule de choses curieuses et instructives qu'on trouve rarement réunies, et dont il peut contribuer à répandre la connaissance; on voudrait quelquefois y voir un peu plus de critique, mais en général l'auteur a puisé les renseignemens dans les écrivains les plus accrédités.

D.

73. TRISTAN LE VOYAGEUR, ou la France au XIV. siècle; par M. DE MARCHANGY. Seconde édit., To. I et II, in-8°. ensemble de 55 feuilles trois quarts. Prix: 14 fr. Paris, 1825; Urbain-Canel et Maurice.

Il serait superflu de chercher à faire connaître à nos lecteurs un ouvrage déjà connu de l'Europe littéraire et savante. Les journaux de Paris en ont donné des analyses étendues, et il est peu de personnes jalouses de se tenir au courant des productions nouvelles les plus saillantes qui n'aient lu cet ingénieux et intéressant tableau des mœurs et usages de nos ancêtres. Le savant auteur de la Gaule poétique a voulu peindre par les récits de Tristan, voyageant dans toutes les campagnes et les villes de France, cet état caractéristique de notre patrie,' avant l'époque où de grandes révolutions dans les idées en provoquèrent aussi dans les coutumes et les habitudes des Français. Il n'entre point dans notre cadre d'examiner cet ouvrage sous le rapport purement littéraire, et de savoir s'il appartient

G. TOME V.

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plus ou moins à l'école romantique ou à l'école classique; i nous conviendrait davantage de chercher à apprécier l'esprit de cette composition. Personne ne saurait, sans doute, contester à M. de Marchangy l'exactitude des faits; il a puisé à toutes les sources de notre histoire ancienne et du moyen âge, et l'on peut, l'on doit, en général, s'en rapporter à lui sous ce rapport. Mais comme peintre ou comme poëte, il a dû chercher à produire un certain effet; il y a plus, il n'eùt peut-être composé qu'une pâle ou froide compilation, s'il n'eût pas été animé par une idée puissante et féconde: cet effet, il l'a trouvé, sans altérer les détails historiques, soit par la différence dans le coloris, soit en mettant en première ligne telle ou telle partie de son tableau, et dans l'ombre telle autre, soit en adoucissant ou éclairant vivement certains objets. De là est résulté une peinture brillante, pleine d'intérêt et qui porte à regretter le bon vieux temps. Dans une introduction pleine de verve, comme tout ce qu'écrit M. de Marchangy, il montre clairement les sentimens qui l'ont dominé dans tout le cours de son beau travail : Quand un peuple, dit-il, a laissé tomber dans le mépris et l'oubli ses institutions, il faut qu'il les retrouve ou qu'il meure, car sa nature est telle qu'il ne peut vivre sans elles. Nous pourrions d'abord demander à cet habile écrivain quels sont les peuples qui ont conservé leurs institutions primitives; la Turquie, l'Inde et la Chine sont, à la vérité, des exemples, mais quelle nation envierait leur sort? Tous les autres peuples ont vu modifier et changer même leurs institutions, sans mourir précisément, car un peuple ne meurt pas. Si l'on admettait cependant cette proposition, il serait fort à craindre que nous mourussions, car il paraît difficile de pouvoir revenir à toutes les institutions de notre ancienne monarchie, emportées par le temps qui depuis a changé presque partout celles des autres peuples. Ainsi nous péririons en compagnie, et ce serait alors la fin du monde. Quoi qu'il en soit, si nous devons mourir, tâchons de vivre le mieux possible avec les institutions qui nous régissent et d'éloigner l'heure fatale, puisque nous sommes prévenus à temps du danger qui nous menace.

M. de Marchangy trace un tableau très-sentimental du bonheur dont jouissaient dans le moyen âge les diverses classes de la société en France. Sentimental est le mot propre, car les jouissances qu'il rappelle sont toutes de sentiment; ce sont des

dévotions champêtres, des réjouissances commémoratives, des fètes patronales ou de famille, les cantiques de Noël, les vœux du 1er de l'an, les repas de l'Epiphanie, etc.; des satisfactions d'amour-propre, telles que de porter la bannière de sa communauté, d'être élu connétable ou roi au jeu de l'arquebuse, etc. Sans doute on doit vivement regretter le temps où des jouissances qui ne laissaient point de regrets, où des joies modestes et pures, où le contentement de la bonne conduite et la paix de la conscience avaient un véritable empire sur les cœurs; mais cet état de la société où les choses se passent ainsi est malheureusement fugitif, il ressemble à l'époque de l'adolescence des individus: on n'y revient pas. D'ailleurs à côté de ce tableau vrai et touchant, il eût fallu placer en parallèle la brutalité sauvage la cruauté, la débauche répandue dans toutes les classes; T'arbitraire des princes, les révoltes, les pillages des seigneurs, les licences du clergé, etc., dont les exemples sont trop fréquens. Si le bon temps des jouissances innocentes et pures est passé, on a d'ailleurs gagné sous les autres rapports. Le bonheur de toutes les classes consiste aussi à jouir d'une honnête aisance, plus gé nérale aujourd'hui, à être logé, nourri et vêtu plus sainement. Les épidémies, les famines ont diminué; quelques personnes, peut-être, ne mettent pas tout cela au nombre des avantages des temps modernes, mais je doute, qu'on ne soit pas généralement satisfait de ces résultats.

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Tout ce que dit ensuite M. de Marchangy, sur les droits des communes et des provinces, sur la magistrature et le clergé est très-juste, mais il ne présente jamais qu'un côté de la médaille, et si nous sommes loin d'avoir en fait d'institutions tout ce qu'un zèle éclairé peut désirer, nous pensons que nous sommes plus près du but qu'on n'en était au XIV. siècle, et que nos anciennes institutions, bonnes pour le temps, nous étaient rendues, M. de Marchangy lui-même en serait peu satisfait, à moins qu'un miracle ne le remît lui et toute la France dans le même état moral où étaient alors nos ancêtres. C'est en vain qu'on disserte et qu'on discute, les siècles se succèdent et emportent avec eux et sans retour le passé, sans laisser d'expérience aux peuples ni aux rois, qui marchent cependant à leur insu, et quoi qu'ils fassent, vers un avenir dont la providence seule a le secret. Tout ce qu'on peut dire, c'est que plus les institutions seront en rapport avec l'état moral actuel de la na.

tion, plus elles seront basées sur la raison et l'équité, moins on fera de la religion un instrument de politique, plus on doit espérer que les mœurs se rapprocheront de ce qu'avait de respectable l'époque que regrette M. de Marchangy, et cela tout en conservant la supériorité des temps actuels sur les temps passés, quant aux résultats immenses de la civilisation et du progrès des sciences et de l'industrie.

Cette seconde édition que nous annonçons n'est pas moins soignée que la première, le papier est fort et l'impression digne du siècle actuel. F. 74. HISTOIRE GÉNÉALOGIQUE ET CHRONOLOGIQUE DE LA MAISON ROYALE DE BOURBON, contenant les naissances, actions mémorables, alliances et décès de tous les princes et princesses de cette illustre maison, avec leurs descendances directes, depuis Robert-le Fort jusqu'à nos jours, d'après les monumens et les traditions les plus authentiques; par N. L. ACHAINTRE; tom. 1. in-8°. de 30 feuill. ; prix, 7 f. 50, et sur gr. pap. vélin 15 f., avec les armoiries coloriées 20 f. Paris, 1825; Mansut fils.

Le but de l'auteur de cet ouvrage a été de rassembler tous les renseignemens que nous ont laissés Sainte-Marthe, le père Anselme et ses continuateurs, Desormeaux et tous les historiens anciens et modernes, et d'en composer en deux volumes in-80. l'histoire généalogique de tous les individus dont se compose l'ancienne et illustre maison de Bourbon, en offrant pour chacun d'eux une notice biographique dont tous les détails inutiles, tous les faits qui rentrent dans l'histoire générale seraient écartés.

M. Achaintre a partagé son travail en deux sections, dont l'une contient toutes les branches issues de la tige commune depuis Robert-le-Fort jusqu'à Antoine, roi de Navarre, père de Henri IV; l'autre renferme les branches principales et collatérales depuis ce chef jusqu'à nos jours,

M. Achaintre heureusement n'a point cherché à deviner les énigmes que présente certaine question historique, il s'est sagement borné à rapporter les témoignages des historiens les. plus accrédités. Il donne d'abord les descendances de Robert-leFort par les mâles, puis les descendances par les femmes. Il rap

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