Imágenes de páginas
PDF
EPUB

les couronner! Or, comme on le verra plus loin, le « Concert Néerlandais » à Paris, a été un événement musical mémorable dont on peut dire que la presse de toute l'Europe s'est occupée et qui restera une date originale dans l'histoire de la musique à Paris.

J'en ai le ferme espoir, cette séance, qui était en petit une exposition de la musique néerlandaise, aura pour l'Art des conséquences heureuses par les rapports qu'elle fera naître entre la Hollande musicale et la France musicale.

J'aime la Hollande et je n'ai jamais eu de meilleures vacances que celles que j'ai prises à Rotterdam, à La Haye, à Amsterdam, à Utrecht et à Harlem. Et que de souvenirs français se rattachent à ce pays d'un caractère si tranché par le sol autant que par le génie de ses habitants. Ses villes sont de véritables chefsd'œuvre de l'industrie humaine qui affronte toutes les difficultés et s'en rend maître. Son architecture est originale.

Donc, par inclination autant que pour étudier d'aussi près que possible la musique et les musiciens hollandais en vue du « Concert Néerlandais », j'allai l'été dernier faire une promenade d'exploration en Hollande.

CHAPITRE II

[ocr errors]
[ocr errors]

Rotterdam. Je fais connaître mon projet. Les encou ragements qui me sont donnés. Excursions à La Haye et à Amsterdam. Compositeurs, virtuoses, instrumentistes et chanteurs hollandais. - Verhulst mort de la mort de son fils. - Le roi de Hollande compositeur de musique. Tentative infructueuse. La mort du roi, Mon projet s'affermit et prend corps.

[ocr errors]

-

On connaît la boutade célèbre de Voltaire mécontent des libraires de Hollande et prenant congé de ce pays dont il rend ailleurs bonne justice : « Adieu, canaux, canards, canailles. » Ce n'était là qu'un trait de mauvaise humeur, un amusant cliquetis de mots. J'ai vu beaucoup de canaux en Hollande, je n'y ai vu des canards qu'à table, au diner, rôtis ou aux navets, je n'y ai pas rencontré une seule canaille. Ce n'est pas dire qu'il ne se trouve aucun malhonnête homme dans les Pays-Bas; hélas ! il y en a partout, dans tous les pays plus ou moins bas et plus ou moins hauts;

mais à coup sûr, il n'y en a pas en Hollande plus qu'ailleurs. Je suis même fort tenté de penser qu'ils y sont en moins grand nombre que dans beaucoup d'autres endroits, car la Hollande est une nation laborieuse, intelligente, industrieuse et riche; or, les canailles, fleurs du mal, sont aussi le plus souvent des fleurs de la misère.

Grâce à l'intrépidité de ses marins, aux conquêtes dans l'Inde, la Hollande fut déjà au XVIIe siècle l'entrepôt du monde entier. Ses comptoirs établis depuis le golfe Persique jusqu'aux côtes de la Chine et du Japon, ont rendu ce petit pays fait d'anciens marécages, l'un des plus riches et des plus importants de toute l'Europe. Qu'il est loin de nous, le temps des guerres civiles entre les cabillauds et les hameçons, le temps où les paysans hollandais épuisés par les réquisitions à outrance de Maximilien, arboraient dans des meetings de famine un drapeau sur lequel étaient peints un pain grossier et un morceau de fromage! L'abondance, avec les colonies, remplaça partout la misère. La Hollande devint riche et avec la richesse naquit cette admirable école de peinture qui restera entre les gloires diverses qui ont illustré ce pays la plus rayonnante et la plus enviée : car l'Art est la noblesse des peuples.

J'avais parlé de mon projet de « Concert Néerlan dais » avant mon départ pour la Hollande à l'aimable directeur de la maison Pleyel qui, toujours prompt à

s'associer à toute ceuvre ayant pour but l'encouragement et le triomphe de l'art musical, me promit son concours bienveillant et généreux. Il se chargeait des frais matériels du concert, afin de laisser tout le bénéfice de la recette aux deux Sociétés pour lesquelles j'avais l'intention de donner cette audition, la Société de Bienfaisance hollandaise de Paris et l'Association des Artistes musiciens de France.

Avec un tel appui, j'allai sans crainte frapper à la porte de tous ceux qui pouvaient servir mon projet. Partout je fus accueilli avec la plus vive sympathie. Mon idée parut assez intéressante à la presse hollandaise pour que les journaux en aient entretenu leurs lecteurs. Qu'il me soit permis d'exprimer ici à tous mes sentiments de reconnaissance; qu'ils reçoivent mes remerciements.

J'ai eu, à Rotterdam, le grand plaisir de m'entretenir des choses de l'art musical avec M. Herman Heyermans, homme érudit, écrivain d'esprit et l'un des principaux rédacteurs du Nieuwe Rotterdamsche Courant. Il fait dans cette feuille importante la critique musicale.

A Rotterdam, j'allai frapper à la porte des notables compositeurs et professeurs fixés dans cette ville, MM. Th. Verhey, Heyblom, Van Brusken, Litzau et Sekméier. Plusieurs de ces messieurs étaient en villégiature, mais je rencontrai chez lui M. Sekméier, pianiste virtuose, ancien premier prix du Conserva

« AnteriorContinuar »