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seau s'ouvre dans l'oreillette droite; la température du sang de l'artère crurale est moyennement supérieure de 0°,98 à celle du sang de la veine crurale.

3o La température des muscles l'emporte considérablement sur celle du tissu cellulaire qui leur sert d'enveloppe. M. Becquerel a constaté directement ce fait sur l'homme et sur les animaux. Ainsi, chez l'homme, la moyenne de quatre expériences donne au biceps brachial au repos une température supérieure de 1o,57 à celle du tissu cellulaire adjacent; sur un chien, la température d'un muscle de la cuisse au repos a été trouvée supérieure de 1°,40 à celle du tissu cellulaire.

La question de la distribution de la température dans le sang artériel et dans le sang veineux des diverses parties de l'économie a été reprise dans ces derniers temps par M. le professeur Bernard; bien que ses recherches ne soient pas encore publiées, il a bien voulu nous en communiquer les principaux résultats. M. Bernard a opéré constamment sur des mammifères, sur des lapins, des chiens, des moutons et des chevaux; les thermomètres employés étaient des thermomètres métastatiques à mercure assez petits pour pouvoir être introduits directement dans les vaisseaux sur l'animal vivant, sans arrêter la circulation, et assez sensibles pour permettre d'apprécier, à l'œil nu, un vingtième de degré. Ces recherches, d'ailleurs, ont été faites en commun par MM. Bernard et Walferdin. Pour mettre de l'ordre dans l'exposition des résultats remarquables obtenus par ces deux éminents observateurs, il est nécessaire de diviser le système circulatoire en trois sections.

PREMIÈRE SECTION, comprenant la veine cave supérieure et toutes les veines qui y aboutissent, la crosse de l'aorte et toutes les artères qui en émanent. Dans toute l'étendue de cette section, lorsque l'observation porte sur des portions de vaisseaux situées à la même distance du cœur, la température du sang veineux est constamment inférieure à celle du sang artériel. Ainsi le sang des veines des membres antérieurs et de la jugulaire est moins chaud que celui des artères des mêmes membres et de la carotide; le sang de la veine cave supérieure jusqu'à son abouchement dans l'oreillette droite est moins chaud que le sang de l'aorte ascendante.

DEUXIÈME SECTION, comprenant la circulation abdominale, la veine cave ascendante et toutes les veines qui y aboutissent, l'aorte descendante et toutes les artères qui en émanent. Dans cette section, les résultats sont complexes; ils varient suivant les régions explorées.

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1o Le sang de la veine rénale est plus chaud que celui de l'artère rénale.

2o Le sang de la veine porte, en un point quelconque de son trajet avant son entrée dans le foie, est moins chaud que celui des veines sus-hépatiques.

3o Le sang des veines sus-hépatiques est plus chaud que celui de l'aorte descendante immédiatement au-dessous du diaphragme.

4o Le sang des veines des membres inférieurs est moins chaud que celui des artères correspondantes. Il en est de même du sang des veines et des artères iliaques; le sang de la veine cave ascendante jusqu'à l'abouchement de la

veine rénale est aussi moins chaud que celui de l'aorte descendante au-dessous de l'origine des artères rénales.

5o Le mélange du sang de la veine rénale avec celui qui revient des membres inférieurs entraîne ce résultat que, dans toute la portion de la veine cave comprise entre l'abouchement des veines rénales et le foie, le sang est plus chaud que dans la partie de l'aorte descendante qui s'étend du diaphragme à l'origine des artères rénales.

6o Au moment où les veines sus-hépatiques se dégorgent dans la veine cave ascendante, la température du sang de cette dernière veine s'élève encore et l'emporte de beaucoup sur celle du sang de la partie correspondante de l'aorte. Le confluent des sus-hépatiques et de la veine cave est le lieu le plus chaud de l'économie; c'est là que le sang atteint le maximum de température

TROISIÈME SECTION. Cavités du cœur. Dans l'oreillette droite, le sang très chaud de la veine cave inférieure se mêle au sang de la veine cave supérieure; sa température tombe au-dessous de ce qu'elle était au niveau du diaphragme, mais reste cependant supérieure à celle du sang de l'aorte descendante. Il était curieux de constater l'influence du passage du sang dans les capillaires pulmonaires sur la température de ce liquide; à cet effet, M. Bernard a entrepris une très belle série d'expériences comparatives sur les cavités droites et les cavités gauches du cœur.

Sans ouvrir la poitrine, il a introduit successivement le même thermomètre dans le ventricule droit et dans le ventricule gauche, en faisant pénétrer l'instrument par la veine jugulaire et par le tronc brachiocéphalique. Cette opération a été pratiquée sur quinze moutons vivants.

Sept fois le thermomètre fut introduit d'abord dans le ventricule droit et puis dans le ventricule gauche ; huit fois l'exploration fut tentée dans l'ordre inverse.

Constamment le sang du ventricule droit du cœur, chez les animaux vivants, a été trouvé plus chaud que le sang du ventricule gauche.

M. Bernard a aussi opéré directement sur le cœur des animaux morts. Quand la poitrine est ouverte très rapidement et que les cavités du cœur sont explorées avec des instruments très sensibles, de manière qu'il s'écoule très peu de temps entre la mort de l'animal et l'indication thermométrique, les résultats sont les mêmes que sur le vivant, et la température du cœur droit est supérieure à celle du cœur gauche. Mais, si le cœur est resté exposé quelque temps au contact de l'air, si l'opération n'est pas faite très vite, les résultats sont inverses et le cœur droit est moins chaud que le cœur gauche. Les expériences directes de M. Bernard sur la vitesse relative du refroidissement des liquides contenus dans le ventricule droit et dans le ventricule gauche du cœur exposé au contact de l'air donnent la clef de cette apparente contradiction. Il a plongé un cœur dans de l'eau légèrement échauffée après avoir introduit un thermomètre dans chacun de ses ventricules, et il a attendu que l'équilibre s'établit entre l'eau extérieure et les cavités de l'organe; les deux thermomètres marquaient la même température. Il a alors retiré le cœur de l'eau, il l'a laissé au contact de l'air; il a étudié la marche descendante des deux thermomètres, et il a vu que, en raison de la moindre épaisseur de ses parois, le ventricule droit se

refroidit plus vite que le gauche. Ceci nous explique pourquoi les observateurs qui, comme J. Davy, ont opéré sur des animaux morts, ont pu être induits en erreur et assigner au ventricule gauche une température supérieure à celle du ventricule droit.

Il résulte incontestablement des recherches de M. Bernard que le sang se refroidit en traversant le poumon, et que normalement la température des cavités gauches du cœur est inférieure à celle des cavités droites. Ce fait important avait déjà été découvert, en 1832, par M. Malgaigne, et publié dans un mémoire de M. Collard de Martigny, intitulé : De l'influence de la circulation géné– rale et pulmonaire sur la chaleur du sang, et de celle de ce fluide sur la chaleur animale (1). M. Malgaigne, d'ailleurs, avait, comme M. Bernard, poussé des thermomètres dans les cavités du cœur à travers les gros vaisseaux du cou.

Nous devons nous contenter ici d'une simple exposition des résultats fournis par l'étude de la distribution de la température dans les diverses parties de l'économie; plus tard (chap. V, art. 11), nous les reprendrons et nous les discuterons. Nous montrerons alors que tous ces faits, loin d'être en contradiction avec la doctrine qui place, dans les phénomènes physico-chimiques de la respiration, la véritable source de la chaleur animale, sont au contraire, dans leur ensemble, une démonstration complète à posteriori de la vérité de cette théorie.

(1) Journ. complém. des sciences méd., t. XLIII, p. 286 et 287.

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