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l'expérience. Le premier, celui de l'expérience 20o, a gagné 14 grammes dans les vingt-sept heures qu'il est resté sous la cloche. Les deux autres ont perdu, le second 48 grammes, le troisième 99 grammes, bien qu'ils aient consommé une grande partie des aliments placés à côté d'eux. Le lapin de l'expérience 22°, qui a perdu 99 grammes, pesait avant l'expérience 4048 grammes; il en résulte que cet animal, en vingt-deux heures quarantecinq minutes, quoique continuant à manger sa nourriture habituelle, a perdu plus des 2 centièmes de son poids.

Les résultats sont les mêmes pour les poules. Neuf ont été pesées avant et après l'expérience; d'ailleurs toutes avaient à manger et ont mangé pendant qu'elles sont restées sous la cloche. Quatre d'entre elles (expériences 48o, 49, 53, 57) ont augmenté de poids; cette augmentation ne s'est élevée moyennement qu'aux 3 centièmes de leur poids primitif. Les cinq autres (expériences 50°, 52o, 55o, 56, 58) ont présenté un résultat inverse, et, chez elles, la perte de poids a dépassé moyennement les 5 centièmes de leur poids primitif. La poule de l'expérience 55° a perdu, en soixante-trois heures quarante-cinq minutes, plus du dixième de son poids.

Nous ferons même observer que très probablement ces pertes de poids ont dû paraître plus faibles qu'elles n'étaient réellement. Quand les animaux ont été pesés au sortir de la cloche, après avoir séjourné de dix à soixante heures dans une atmosphère complétement saturée, les plumes des oiseaux et les poils des mammifères devaient être assez profondément imprégnés des

vapeurs condensées pendant l'opération pour que le poids des animaux en fût sensiblement augmenté.

Nous avons exposé ces derniers faits avec beaucoup de détails; la grande autorité dont jouissent, à si juste titre, tous les travaux de M. Regnault nous en faisait un devoir. Depuis Lavoisier il n'a pas été fait, sur la respiration, des recherches aussi importantes que les siennes; les résultats que nous avons cités, ceux bien plus nombreux que nous lui emprunterons encore sont définitivement acquis à la physiologie, et ont projeté les plus vives lumières sur les points les plus obscurs de cette grande fonction. Mais, en étudiant dans tous ses détails son bel appareil et son mode d'expérimentation, il nous semble que M. Regnault a un peu trop sacrifié l'élément physiologique à l'élément physico-chimique de la question. L'exactitude du procédé opératoire, la mesure des gaz fournis, l'analyse des gaz recueillis, enfin la portion physico-chimique de son mémoire, sont à l'abri de toute discussion possible; jamais il ne s'est montré ni plus habile, ni plus ingénieux pour éloigner les causes d'erreur. Mais, dans toute application des sciences physiques à l'exploration des phénomènes de la vie, il y a une grande difficulté à résoudre; il faut chercher, avant tout et à tout prix, à s'arranger de manière à maintenir les fonctions des animaux dans leur intégrité absolue. De ce côté, le travail de M. Regnault ne nous paraît pas à l'abri de toute objection. Un chien dont le poids dépasse 6 kilogrammes, enfermé pendant trente heures dans une cloche hermétiquement fermée dont la capacité ne dépasse pas 45 litres, entouré d'une atmosphère complé

tement saturée d'humidité et contenant deux pour 100 d'acide carbonique, ne nous paraît pas être placé dans des conditions normales. Avec l'établissement et l'entretien d'un courant constant d'air pur autour de l'animal, on n'aurait peut-être pas pu atteindre un si haut degré de précision dans l'analyse des gaz expirés, mais on aurait beaucoup plus sûrement satisfait aux exigences physiologiques du problème.

Détermination des quantités de carbone et d'hydrogène brûlés.

A. Méthode directe.-Depuis Lavoisier jusqu'à M. Regnault, les observateurs dont nous avons parlé jusqu'ici, et beaucoup d'autres dont nous citerons les résultats dans le cours de notre travail, ont cherché à pénétrer la nature des phénomènes physico-chimiques de la respiration en pesant et analysant directement les gaz absorbés et exhalés par un animal. Cette méthode, à laquelle nous réserverons la désignation de méthode directe, a rendu de grands services: elle a permis de prouver que, loin d'emprunter de l'azote à l'atmosphère, l'animal placé dans des conditions physiologiques en exhale continuellement une certaine quantité; de déterminer exactement le poids de l'oxygène consommé dans un temps donné; de démontrer que l'oxygène absorbé se partage en deux parts, dont l'une se combine certainement avec le carbone et l'autre très probablement avec l'hydrogène des matériaux combustibles du sang, et que cette double combustion s'opère surtout au moment où le sang artériel,

emportant avec lui l'oxygène absorbé, traverse la trame des capillaires généraux. Mais, il faut bien le faire remarquer, par l'emploi de cette méthode, la combustion de l'hydrogène n'a jamais été directement démontrée, parce que, dans la masse d'eau qui s'échappe par toutes les surfaces d'élimination, elle ne fournit aucun moyen de distinguer sûrement l'eau qui provient de l'action de l'oxygène absorbé sur les matériaux de l'économie, ni de celle qui a été introduite toute formée par les aliments et les boissons, ni de celle qui résulte de la combinaison de l'oxygène et d'une portion de l'hydrogène rendus libres par la destruction ou la transformation des matériaux organiques du sang. C'est par voie de défalcation, et parce qu'ils ne retrouvaient pas dans l'acide carbonique exhalé tout l'oxygène absorbé, que les observateurs ont été conduits à admettre qu'une portion de cet oxygène est employée à faire de l'eau. Cette manière de déterminer la quantité d'hydrogène brûlé ne repose que sur une hypothèse. Dulong, M. Despretz, et tous les observateurs qui l'ont employée, ont supposé nécessairement que tout l'acide carbonique exhalé provient de la combinaison de l'oxygène absorbé avec le carbone du sang. Dès le début de ses importantes recherches, Lavoisier avait senti et signalé la faiblesse radicale de cette hypothèse; depuis lui, rien n'est venu la justifier, et la science s'est enrichie de quelques faits précieux incontestables qui démontrent qu'une portion de cet acide carbonique exhalé peut provenir, et provient en réalité dans certains cas, d'une autre source que de la combinaison du carbone des matériaux du sang avec l'oxygène absorbé par les surfaces respira

toires. La méthode directe est donc impuissante pour nous apprendre comment et dans quelles proportions s'opère le partage de l'oxygène absorbé entre le carbone et l'hydrogène des matériaux combustibles de l'économie. Depuis 1839, les progrès incessants de la chimie organique ont permis d'aborder l'étude des phénomènes physico-chimiques de la respiration à l'aide d'un autre procédé d'observation qui, tenant compte de tout, a fait disparaître ce qu'il y avait d'hypothétique dans les déductions tirées de l'analyse des gaz expirés. Cette nouvelle méthode, que nous distinguerons de la précédente en lui réservant la désignation de méthode indirecte, nous permettra de pénétrer plus profondément dans les phénomènes de l'économie, et de déterminer, dans chaque cas particulier, pour quelle part l'oxygène absorbé contribue à la formation des divers produits éliminés par les surfaces respiratoires.

B. Méthode indirecte. · Cette méthode a été introduite dans la science par M. Boussingault, développée et pratiquée par lui dans deux mémoires importants: dans l'un (1), le procédé a été appliqué à une vache laitière et à un cheval; dans le second (2), l'observation a porté sur une tourterelle. M. Liebig, dans son Traité de chimie organique appliquée à la physiologie animale, et M. Barral, dans son Mémoire sur la statique chimique du corps humain (3) et dans sa Statique chimique des animaux (4),

(1) Ann, de chim. et de phys., 2o série, t. LXXI, p. 113.
(2) Ann. de chim. et de phys., 3o série, t. XI, p. 433.
(3) Ann. de chim. et de phys, 3 série, t. XXV, p. 129.
(4) Paris, 1850.

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