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de celui qu'ils consomment au niveau de la mer. Une pareille variation dans une fonction aussi importante entraînerait certainement, dans leur mode d'existence, des modifications profondes qui n'auraient pas échappé aux observateurs. Si l'oxygénation du sang dans les capillaires pulmonaires était un fait purement physique, chez les oiseaux de haut vol qui passent instantanément de la surface de la terre aux régions les plus élevées de l'atmosphère, la consommation d'oxygène éprouverait des variations trop subites et trop étendues pour ne pas compromettre sérieusement la vie de ces animaux.

Dans un accident arrivé au tunnel creusé sur la Tamise, on a remarqué qu'un plongeur, qui avait rempli ses poumons sous une cloche où l'air était comprimé à 2 atmosphères environ, pouvait rester sous l'eau beaucoup plus longtemps qu'à l'ordinaire. Vierordt (1) a prouvé que, dans les gaz expirés, la proportion d'acide carbonique est d'autant moindre que la pression barométrique est plus forte au moment de l'inspiration. Moyennement, une variation de 12mm,8 dans la hauteur du baromètre correspond à une variation en sens inverse de 0,309 pour 100, en volume, dans la proportion de l'acide carbonique exhalé. Tous ces faits démontrent que la quantité pondérale d'oxygène absorbé dans un temps donné dépend beaucoup plus de l'affinité de ce gaz pour le sang lui-même que de la masse absolue d'air introduite dans le poumon.

A ces considérations il faut encore ajouter un fait

(1) Valentin, Traité de physiologie, 2o édit. 1847, t. I.

observé par Magnus. D'après Gay-Lussac, 1000 volumes d'eau en contact avec l'atmosphère absorbent 9,25 volumes d'oxygène et 18,50 volumes d'azote; or, selon Magnus, 1000 volumes de sang, dans les mêmes circonstances, absorbent de 100 à 130 volumes d'oxygène et de 17 à 33 volumes d'azote (1).

Tout porte donc à penser que l'absorption de l'oxygène dans le poumon est, pour la majeure partie du moins, le résultat d'une action chimique, et que ce gaz se combine directement avec les matériaux du sang. Cette combinaison fort instable ne sert, pour ainsi dire, qu'à fixer une plus forte proportion d'oxygène que ne le ferait une simple dissolution physique, et n'empêche pas cet agent d'exercer plus tard une action plus profonde sur les matériaux du sang. Les travaux de M. Dumas (2) nous permettent d'affirmer que les globules du sang sont l'élément sur lequel s'opère cette fixation de l'oxygène de l'air dans l'appareil respiratoire. C'est en s'appropriant ce gaz, que les globules s'artérialisent, passent du violet foncé au rouge et se conservent dans leur intégrité.

C. Action de l'oxygène absorbé sur le sang. Ainsi fixé dans les globules, l'oxygène traverse avec eux les cavités du cœur, chemine dans les grosses artères et parvient dans les capillaires généraux. Là le sang est soumis à une pression assez forte pour le faire passer, malgré sa viscosité, à travers des vaisseaux d'une ténuité excessive; cette pression favorise puissamment les actions chimi

(1) Liebig, Nouvelles lettres sur la chimie, p. 84 et suiv. (2) Ann. de chim. et de phys., 3° série, t. XVII, p 452.

ques; et alors s'opèrent les transformations, dédoublements, combustions complètes et incomplètes nécessaires à la nutrition et à l'élimination des matières impropres à l'entretien de la vie; les globules cèdent leur oxygène, perdent leur couleur rutilante, et reprennent la teinte violacée qu'ils ont dans le sang veineux. Des produits destinés à être expulsés de l'économie il se fait deux parts: l'une s'échappe par les surfaces respiratoires, et contient de l'azote libre, de l'acide carbonique et de l'eau ; l'autre, éliminée par les reins et les autres voies d'excrétion, contient aussi de l'azote, du carbone, de l'hydrogène et de l'oxygène, mais engagés dans des combinaisons moins simples et associés de manière à constituer les principes organiques immédiats, ternaires et quaternaires, de la masse excrémentitielle. Chez un animal complétement développé et à la ration d'entretien, la somme des éléments expulsés par la masse excrémentitielle et par les surfaces respiratoires doit nécessairement représenter exactement, en nature et en poids, la somme des éléments de matières alimentaires ingérées, plus l'oxygène absorbé. Les analyses comparatives des aliments et des excréments pris et rendus par un animal nous permettent d'établir les principes suivants :

1o La masse excrémentitielle ne contient pas tout l'oxygène introduit dans l'économie par les aliments; elle ne renferme non plus qu'une partie de leur carbone, de leur hydrogène et de leur azote.

2o En général, le rapport de l'oxygène à l'hydrogène est plus faible dans la masse excrémentitielle que dans les aliments ingérés.

A cause de la solidarité qui existe entre la composition des aliments, celle des excréments et celle des exhalations respiratoires, nous devons conclure de là que :

1o Les surfaces respiratoires éliminent sous forme de vapeur d'eau et d'acide carbonique la totalité de l'oxygène qu'elles ont absorbé.

2° Les surfaces respiratoires éliminent en outre une partie du carbone, de l'hydrogène, de l'oxygène et de l'azote introduits dans l'économie par les aliments.

3o Dans la somme des éléments que les matériaux combustibles du sang fournissent aux exhalations respiratoires, le rapport de l'oxygène à l'hydrogène est généralement plus considérable que dans la masse alimentaire ingérée.

A l'appui de cette dernière proposition, nous devons citer les principaux résultats des travaux de MM. Boussingault et Barral. De leurs analyses des aliments pris et des excréments rejetés, il résulte que, pour une partie en poids d'hydrogène, on trouve:

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Cette prédominance remarquable de l'oxygène dans la

somme des éléments que les matériaux combustibles du

sang fournissent aux surfaces respiratoires tient sans doute à la transformation d'une certaine quantité de sucre en corps gras. Les belles recherches de MM. Dumas et Milne Edwards (1) sur la composition de la cire des abeilles ont démontré la réalité de cette transformation, qui ne peut s'effectuer sans la mise en liberté d'une proportion considérable de l'oxygène de la matière sucrée. A l'appui de cette interprétation, nous rapporterons les résultats obtenus par M. Boussingault dans l'expérience citée plus haut et relative à la tourterelle soumise à la ration d'entretien. Cet oiseau était nourri avec du maïs; or nous savons que la matière organique sèche du maïs contient une quantité d'huile qui s'élève à 8,557 pour 100 en poids. Il est infiniment probable et même certain que cette tourterelle, vu la proportion énorme de matière grasse ingérée, brûlait directement le sucre fourni par la digestion et ne le transformait pas en graisse. Il en résulte que, chez elle, contrairement à ce que nous avons constaté chez les autres animaux, le rapport de l'oxygène à l'hydrogène a dû se maintenir plus faible, dans les éléments des matériaux du sang éliminés par les surfaces respiratoires, que dans les aliments. Et, en effet, M. Boussingault, pour une partie en poids d'hydrogène, a trouvé :

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Chez cette tourterelle 6,639 d'oxyg. 6,803 d'oxyg. 6,601 d'oxyg.

Et, par une conséquence nécessaire, la matière orga

(1) Ann. de chim. et de phys., 3o série, t. XIV, p. 400.

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