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rience pendant vingt-quatre heures, absorba 13 volumes d'oxygène.

L'absorption de la serpentaire a été beaucoup moins considérable que celle de l'Arum maculatum; mais, d'abord, ce dernier a une température beaucoup plus élevée, et en second lieu, la fleur de la serpentaire est munie d'une spathe plus volumineuse.

Une fleur de serpentaire fut divisée en quatre parties; chacune d'elles fut mise séparément en expérience pendant vingt-quatre heures:

vol.

1 partie, spathe.....

0,5

Oxygène absorbé.

2

partie, massue. . .

26

3

partie, organes mâles....

135

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De tous ces faits, nous pouvons conclure que :

1° Toutes les fleurs absorbent de l'oxygène et exhalent sensiblement un égal volume d'acide carbonique;

2o Une même fleur absorbe moins d'oxygène à l'état de bouton qu'après son épanouissement complet;

3o Chez les fleurs d'espèces différentes, la consommation d'oxygène paraît être d'autant plus forte que leur règne est plus court;

4o Dans les fleurs monoïques, les fleurs mâles consomment plus d'oxygène que les fleurs femelles ;

5o Dans une fleur complète, les organes sexuels consomment plus d'oxygène que la corolle, et les organes mâles plus que les organes femelles.

Tous ces faits, et surtout ceux qui se rapportent aux diverses espèces d'Arum, prouvent que la consommation d'oxygène est toujours en rapport direct avec la tempé

rature propre de la fleur ou de la portion de fleur mise en expérience.

Par leur respiration, les graines et les fleurs se placent donc réellement à côté des animaux, elles empruntent de l'oxygène à l'air ambiant, brûlent leur carbone et une partie de leur hydrogène; comme eux aussi, elles perdent, par leur surface, de l'eau qui s'échappe sous forme de vapeur. Les causes de la chaleur qu'elles développent sont les mêmes que celles dont nous avons étudié l'action dans les principales conditions physiologiques de la vie des animaux.

C. Végétation. La plante emprunte, au sol qui la porte et à l'air qui l'entoure, tous les éléments nécessaires à la constitution de son organisme. Les racines lui apportent, par la séve ascendante, de l'eau, des sels, de l'acide carbonique libre ou engagé dans des combinaisons diverses et des produits ammoniacaux fournis surtout par les engrais. Par toutes ses parties vertes, et surtout par les feuilles, la plante prend à l'atmosphère de l'eau, des composés ammoniacaux, peut être de l'azote à l'état de corps simple, et de l'acide carbonique pendant le jour.

Sous l'influence de la radiation solaire, la plante décompose l'acide carbonique puisé dans l'atmosphère et aussi celui de la séve ascendante; elle fixe dans ses tissus la totalité du carbone rendu libre, et exhale incessamment de l'oxygène; revivifiant ainsi, conformément à la belle observation de Priestley, l'air vicié par la respiration des animaux. Les végétaux n'absorbent l'acide carbonique par leurs feuilles, et ne le décomposent que pendant le jour, et dans les lieux éclairés par la lumière

du soleil. La manière dont les parties vertes des plantes se comportent au daguerréotype démontre que cette réduction de l'acide carbonique s'accomplit sous l'influence de la portion chimique de la radiation solaire. La décomposition d'acide carbonique et l'exhalation d'oxygène 'sont d'ailleurs d'autant plus considérables que les végétaux sont plus fortement éclairés. L'insolation directe n'est pourtant pas indispensable; l'action désoxydante des parties vertes, quoique moins intense, s'exerce aussi à la lumière diffuse; beaucoup de végétaux restent toujours à l'ombre et ne diffèrent des autres que par un développement moins rapide. De Saussure pensait qu'indépendamment du carbone, les végétaux fixent à peu près la moitié de l'oxygène de l'acide carbonique absorbé par les feuilles et décomposé pendant le jour.

Les plantes assimilent aussi les éléments de l'eau absorbée par leurs racines et par leurs feuilles. Ingenhousz pensait que, sous l'influence de la lumière solaire, les parties vertes décomposent l'eau et exhalent une partie de leur oxygène ; de Saussure, au contraire, croyait que l'eau est fixée en nature sans subir de décomposition préalable. Cette question importante a été bien éclairée par les travaux de M. Boussingault. Dans deux beaux mémoires (1) consacrés à l'étude des phénomènes chimiques de la germination et de la végétation, ce savant a comparé la composition de la graine avec celle de la jeune plante qui en provient. Il résulte de ses analyses que,

(1) Ann. de chim. et de phys., 2o série, t. LXVII, p. 5, et t. LXIX, p. 353.

pendant la végétation, la plante gagne du carbone, de l'hydrogène et de l'oxygène; dans quelques cas, l'hydrogène et l'oxygène ainsi fixés sont dans les rapports nécessaires pour faire de l'eau, mais ordinairement l'oxygène, dont la plante s'est enrichie, n'est pas en quantité assez considérable pour brûler tout l'hydrogène assimilé. Les recherches de M. Boussingault démontrent donc que, conformément aux idées de Ingenhousz et contrairement à celles de de Saussure, la plante, sous l'influence de la radiation solaire, décompose de l'acide carbonique et de l'eau, et exhale tout l'oxygène de l'acide carbonique réduit en même temps qu'une portion de l'oxygène de l'eau fixée dans ses tissus.

Pendant la nuit, et dans toutes les circonstances où elles sont maintenues dans l'obscurité, les plantes absorbent de l'oxygène par leurs feuilles et exhalent de l'acide carbonique. Pour Ingenhousz, de Saussure et Dutrochet, l'acide carbonique ainsi fourni par les végétaux provenait de la combinaison de l'oxygène absorbé avec le carbone de leurs tissus, était le résultat d'une véri table combustion. Dans cette manière de voir, les plantes jouiraient d'une double respiration; l'une diurne et caractérisée par une action de réduction, l'autre nocturne, analogue à celle des animaux et se résumant en une combustion de carbone. La plante serait ainsi, comme Pénélope, condamnée à défaire la nuit tout l'ouvrage du jour; son développement ne traduirait, en définitive, que l'excès du travail de composition diurne sur le travail de décomposition nocturne. Cette interprétation des faits est aujourd'hui complétement abandonnée; tout démontre

que, dans l'obscurité, la plante n'agit pas. Au moment même où le végétal est soustrait à l'action de la partie chimique de la radiation solaire, il cesse de décomposer l'acide carbonique. Mais ses sucs et ses lacunes contiennent encore beaucoup d'acide carbonique, soit libre, soit dissous, apporté par la séve ascendante ou absorbé par les parties vertes, qui n'a pas encore été réduit. Il s'établit alors, par voie d'endosmose, un double courant gazeux qui chasse au dehors de l'acide carbonique tout formé, et le remplace par de l'oxygène emprunté à l'atmosphère ambiante. Dans l'obscurité, la plante est passive, sa surface extérieure est un filtre qui laisse passer les gaz sans leur faire subir aucune espèce d'action chimique. Dans leurs recherches expérimentales sur la végétation des plantes submergées (1), MM. Cloez et Gratiolet ont démontré que, dans l'obscurité, les parties vertes des végétaux ne font pas de l'acide carbonique.

La respiration des plantes en pleine végétation est donc caractérisée par des phénomènes inverses de ceux que nous avons constatés dans la respiration des animaux. Les premières réduisent de l'eau et de l'acide carbonique, et exhalent de l'oxygène; les seconds absorbent de l'oxygène, et brûlent le carbone et l'hydrogène des matériaux de leur sang. Si là s'arrêtaient les phénomènes physicochimiques de la nutrition de ces deux grandes classes d'êtres vivants, l'animal devrait produire de la chaleur, le végétal devrait, au contraire, en consommer, et se maintenir constamment à une température inférieure à

(1) Ann. de chim. et de phys., 3o série, t. XXXII, p. 41.

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