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indéfini n'est d'aucun secours pour expliquer l'univers. Ou bien s'en tenir strictement aux phénomènes observés, ou bien définir les attributs nécessaires de la cause première, il n'y a de choix qu'entre ces deux alternatives.

Quant à la nature de l'être absolu, l'auteur ne peut voir en lui qu'une libre intelligence. Il est ici montré que les objections courantes contre la notion d'une personnalité infinie reposent sur une analyse psychologique insuffisante. La science comme telle présuppose d'ailleurs l'unité fondamentale de la nature et de l'intelligence; on ne peut contester ce point, de quelque doctrine psychologique qu'on se réclame: soit que le monde extérieur ait posé le monde des idées, celui-ci n'est qu'une copie de l'autre; soit que les lois de la pensée ne dérivent pas de celles du monde extérieur, le lien nécessaire entre ces deux ordres ne s'explique que par une harmonie préétablie; dans l'une et l'autre supposition, il faut admettre correspondance entre la pensée et son objet, et pour quiconque n'accepte pas l'enseignement du sensualisme, il résulte de cette correspondance une quasi-démonstration de l'attribut d'intelligence en question.

Quant aux relations de la cause première avec la nature, l'auteur maintient la création comme seule réponse admissible. A qui conteste la possibilité d'une création, il répond que toute opération de cet ordre est incompréhensible; mais que de faits nous sont imposés, que de données ne devons-nous pas enregistrer au nombre des choses connues, lors même qu'on se borne à les postuler sans les comprendre ni les expliquer! Entre ces notions qu'on peut appeler primitives (ultimates), citons les doctrines absolument nécessaires et absolument inexplicables aussi des atomes et de l'attraction en physique, de la sensation en physiologie. Il en est de même de la notion de création. Les objections qu'on lui oppose auraient exactement la même valeur à l'encontre de toute théorie émanatiste ou panthéiste, qui serait en outre foncièrement contradictoire. On ne peut appliquer ici l'adage: ex nihilo nihil, car en vertu de la loi de causalité, tout effet nécessaire a sa cause préexistante: le monde n'a pas été fait de quelque chose, mais bien créé par Dieu; la question de la substance qui aurait été mise en œuvre pour cette formation est donc psychologiquement oiseuse. Toute théorie panthéiste, a-t-on dit, implique contradiction; et comment concilier, en effet, que l'unité devienne multiple et demeure une tout à la fois? On n'échapperait à l'absurde qu'en refusant au fini l'attribut de substantialité, c'est-àdire que par une sorte de suicide.

Il y a, dans la méthode philosophique comme dans la doctrine même du livre, une fermeté d'allures trop rare en pareilles matières. La présente édition est au courant des plus récentes découvertes. Nous ne savons pas d'exemple d'une discussion plus constamment élevée et digne des problèmes abordés.

(The Independent, New-York.)

Pour traduction conforme,
F. V. M.

CHARLES DOLLFUS 1. UN DIALOGUE SUR LA MONTAGNE.

Un petit volume qui, pour être petit, ne manque pas d'importance. Il se recommande à l'attention de tous ceux qu'intéressent les transformations de la pensée contemporaine; il se recommande spécialement à celle des lecteurs de la Suisse française, puisque ce dialogue a lieu sur les bords de notre lac et qu'il a pour occasion et pour point de départ le passage du prophète Daniel inscrit sur la tombe d'Alexandre Vinet : « Ceux qui auront été intelligents luiront comme la splendeur de l'étendue, et ceux qui en auront amené plusieurs à la justice, brilleront comme des étoiles à toujours et à perpétuité. » Les éléments d'une double démonstration, celle de l'existence de Dieu et celle de l'existence de l'âme humaine, voilà le contenu de cet écrit. La clarté et le coloris du langage donnent de l'agrément à une argumentation toujours sérieuse. L'effort de l'auteur porte contre le matérialisme et contre un certain idéalisme. En opposition à ces doctrines, il établit d'abord l'existence de Dieu qu'il appelle : l'impénétrable unité dont émanent les lois universelles. » Puis, et c'est la partie la plus considérable et la plus importante du dialogue, il établit l'existence de l'âme ou mieux des âmes humaines. Là, comme beaucoup le disent, les phénomènes psychologiques ne sont que des produits du cerveau; si c'est le cerveau qui pense, qui sent, qui veut, alors chaque pensée, chaque sentiment, chaque volonté a une réalité, mais il n'y a point d'âme. C'est l'opinion que combat M. Dollfus. Pour lui, au contraire, l'âme, chaque âme, est un principe distinct. Dans les limites de notre expérience ce principe n'arrive à la conscience et à la pensée qu'à l'aide du cerveau. Le cerveau est l'organe de la pensée au même titre que l'œil est l'organe

1 Genève, Cherbuliez et Co, Paris, Sandoz et Fischbacher 1874, 62 pages.

de la vision. Mais de même que ce n'est pas l'œil qui voit, ce n'est pas non plus le cerveau qui pense. Telle est la thèse fondamentale; les arguments sont empruntés à l'expérience, surtout à l'expérience psychologique. La thèse de la réalité des âmes conduit M. Dollfus à celle de leur survivance après la mort. L'idée de leur préexistence ne l'effraye pas. Il est d'ailleurs aussi prudent que ferme dans ses affirmations. On en jugera par le fragment suivant qui est la conclusion philosophique du dialogue:

« Je prétends rester sur le terrain des faits démontrables, présents, attestés par l'expérience. Je ne connais qu'une chose pertinemment c'est que j'ai une âme et qu'elle n'est pas celle d'autrui; une âme distincte, capable, à l'aide d'un corps distinct, de conscience, de volonté, et de développement; une âme reliée par son corps à la planète qu'elle habite, par celle-ci au système universel des mondes et des êtres que remplit de ses lois une impénétrable unité. Au delà, je perds pied dans des hypothèses aussi faciles à soulever qu'impossibles à vérifier. Mais il me suffit de savoir que l'état d'inconscience ou de conscience, l'apparition ou la disparition dans l'âme du moi, laisse intact son être, soustrait aux atteintes de la mort, aux accidents variables de la naissance et de la vie. Il me suffit de savoir, ce qui est également un objet non de conjecture mais d'expérience, que cette force incontestable, bien que mystérieuse, aspire à plus de lumière, à plus d'amour, à plus de puissance. Assuré qu'elle existe et que sa loi est le progrès, je suis assuré du même coup de sa destinée conforme à sa loi. Mon besoin de justice, qui veut une réalité correspondante à mon instinct le plus élevé et le plus impérieux, est ainsi satisfait. »

REVUES

H.-A. N.

JAHRBÜCHER FÜR PROTESTANTISCHE THEOLOGIE.

Annales de théologie protestante,

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sous ce titre a commencé à paraître en 1875 une nouvelle revue trimestrielle, sous la direction de MM. Hase, Lipsius, Pfleiderer et Schrader, professeurs de théologie à l'université de Iéna, et avec le concours de théologiens appartenant la plupart aux facultés de Berne, Bonn, Giessen, Heidelberg, Kiel, Leyde, Strasbourg, Vienne et Zurich. C'est assez dire que pour la valeur scientifique, pour la richesse et la variété des travaux, cette Revue ne le cédera en rien à ses sœurs aînées. Ce sera pour ces der

nières un stimulant salutaire. Au reste, les nouvelles Annales se distinguent des publications analogues qui paraissaient jusqu'ici en Allemagne en ce qu'elles ne renferment pas de comptes rendus critiques des livres nouvellement parus. En revanche, il y paraîtra de temps en temps des coups d'œil généraux » sur les travaux accomplis et les résultats obtenus dans les divers domaines de la science théologique ainsi que des sciences qui confinent à la théologie. Les collaborateurs se placeront en dehors et au-dessus des questions de parti qui divisent l'église. Leur but sera de travailler au rapprochement de tous ceux qui ont à cœur le progrès de la science protestante. L'esprit, enfin, dans lequel l'entreprise sera dirigée, est suffisamment caractérisé par les traditions théologiques de l'université où elle a pris naissance.

Première livraison.

H. HOLTZMANN (à Strasbourg). L'étude de la théologie et en particulier de la philosophie de la religion dans le temps présent.

FR. NITZSCH (à Kiel). Le rôle historique de la théologie dite des lumières (Aufklärung). I.

0. PFLEIDERER (à Iéna). La question de l'origine et du développement de la religion.

E. SCHRADER (à Iéna). Sémitisme et babylonisme. A propos de la question des origines de l'hébraïsme.

R.-A. LIPSIUS (à Iéna). Les discours de Schleiermacher sur la religion. I. Sa manière d'envisager le monde. II. Sa notion de la religion.

ID. La pêche de Simon Pierre, Luc V, 1-11.

Seconde livraison.

HERM. SCHULTZ (à Heidelberg). La christologie d'Origène étudiée en rapport avec sa conception du monde en général.

F. NITZSCH. Le rôle historique de la théologie dite des lumières. II. R.-A. LIPSIUS. Les discours de Schleiermacher sur la religion. III. Religion et dogme. IV. Les discours et le christianisme historique. E. SCHRADER. Le sens primitif du nom de Jahveh Tsebaoth.

ID. L'Assyrie et la Bible. (Pour faire suite à un article publié dans les Stud. u. Krit. 1874, 2.)

TH. NÖLDEKE (à Strasbourg). Etude critique sur le Pentateuque. A propos de l'ouvrage de M. Aug. Kayser, de Strasbourg, sur le livre anté-exilique des origines d'Israël et ses remaniements. » C. SIEGFRIED (à Schulpforta). Gad-Meni et Gad-Manassé. Essai sur l'histoire des mythes et sur celle des tribus des anciens Hébreux.

K. FURRER (pasteur à Uster). Le mot taxo dans l'Assomption de

Moïse.»

Troisième livraison.

H. SCHULTZ. La christologie d'Origène. (Fin.)

C. HOLSTEN (à Berne). L'épître aux Philippiens. Etude exégétique et critique.

C.-A. HASE (à Hanovre). Bernardino Ochino de Siènne.

G. STUDER (à Berne). La lutte de Jacob, Gen. XXXII.

L. PAUL (à Kiel). La notion de la foi chez l'apologète Théophile. E. SCHRADER. Post-scriptum à l'article sur l'Assyrie et la Bible, 2e livraison.

Quatrième livraison.

A.-E. BIEDERMANN. Strauss et son importance pour la théologie. Discours prononcé à l'anniversaire de la fondation de l'université de Zurich.

H. HOLTZMANN. Coup d'œil sur l'état actuel de la critique du Nouveau Testament. I. Les Evangiles.

O. PFLEIDERER. Herder et Kant.

G. STUDER. De l'intégrité du livre de Job.

F.-W. MÜNSCHER (à Jauer, Silésie). Etude exégétique sur Luc XVII, 20, 21.

A. v. GUTSCHMID (à Königsberg). Age et chronologie des historiens juifs Démétrius et Eupolémos.

BRANDT (à Saarbrück). Rectification au sujet de Bernardino Ochino.

JAHRBÜCHER FÜR DEUTSCHE THEOLOGIE

Année 1874.

Première livraison.

HERM. SCHULTZ (professeur à Strasbourg, actuellement à Heidelberg). La tâche christologique de la dogmatique protestante dans le temps présent.

BARTELS (surintendant général de l'Ost-Frise). La doctrine biblique du baptême, en opposition à la doctrine des baptistes.

KLUGE (pasteur dans le grand-duché de Saxe). Etudes de théologie biblique. I. Des paraboles du Seigneur. II. Zwn ainos. - III. La conscience. Bulletin.

Seconde livraison.

ROD. STAEHELIN (professeur à Bâle). De l'eschatologie paulinienne. Etude sur le passage 1 Thes. IV, 13-17 dans ses rapports avec l'eschatologie juive.

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