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de la Reine pour ses deux nièces et pour l'Empereur du Brésil, plus une petite note d'elle pour une recommandation. Elle me demande en outre de vous remettre le mémoire ci-joint relatif aux affaires du Baron Rouen.

"Bon jour, mon cher Ministre.

"LOUIS-PHILIPPE."

A son Excellence M. Guizot, Ministre des Affaires Etrangères.

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"M. de Montherod m'a remis le 3 au soir, à Castellamare, les dépêches dont vous l'aviez chargé pour moi. Le 4 au matin j'ai demandé au Prince de Scilla de demander les ordres du Roi; il m'a fait savoir, le jour même, que sa Majesté me recevrait le lendemain à trois heures; le 5 je me suis rendu au palais à l'heure indiquée. Sa Majesté Sicilienne m'a reçu en présence du Ministre des Affaires Étrangères et des grandes charges de la cour. Je lui ai remis la lettre par laquelle le Roi lui fesait, pour Monseigneur le Duc d'Aumale, la demande de la main de son Altesse Royale la Princesse Marie Caroline Auguste des Deux-Siciles. Le Roi m'a dit: Vous savez déjà, Monsieur le Duc, avec quels sentiments je reçois cette demande; ce jour est doublement heureux pour moi, puisqu'il assure le bonheur de ma cousine, que j'aime comme une sœur, et resserre encore les liens qui unissent les deux familles royales. Dites au Roi et à la Reine combien je suis reconnaissant de toutes leurs bontés pour ma famille.'

"En sortant de chez le Roi, j'ai été reçu par le Prince de Salerne ; à ses côtés étaient l'Archiduchesse et la jeune Princesse sa fille. J'ai reniis au Prince la lettre du Roi, et aux Princesses celles de la Reine. Le Prince était ému jusqu'aux larmes, et trouvait à peine des paroles pour exprimer son bonheur. Vous savez ce que j'éprouve,' m'a-t-il dit en me prenant la main; c'est le plus beau jour de ma vie.' L'Archiduchesse m'a chargé de dire à la Reine combien elle était heureuse de penser que sa fille aurait une aussi bonne mère.

"Le Roi ayant nommé le Prince de Scilla pour négocier avec moi la convention matrimoniale, je lui ai remis le soir même du 5 le projet de la convention, et je suis convenu avec lui que quoique le Roi fût très occupé des préparatifs de la fête de Pie di Grotta, il le lui soumettrait le soir même. Nous nous sommes réunis le lendemain au ministère, et le Prince m'a fait connaître les observations que le Roi avait écrites de sa propre main en marge du projet, et

les changements qu'il désirait y apporter. Ces changements se bornaient à trois principaux :

"1°. Le Roi demandait que la Princesse conservât l'administration de ses biens;

"2°. Qu'on insérât dans la convention une clause de renonciation semblable à celle qui avait été mise dans le contrat de mariage de Madame la Duchesse de Berry ;

"3°. Que, par réciprocité, les biens de la Princesse fussent grévés d'un droit de retour perpétuel à la famille royale de Naples.

"J'ai repoussé péremptoirement la première demande, celle relative à l'administration des biens de la Princesse, en faisant observer qu'elle aurait pour résultat de substituer le régime dotal à celui de mariage sans communauté, ce à quoi nous ne pouvions consentir. J'ai accordé l'insertion d'une clause de renonciation, mais aux droits de souveraineté seulement, ET DANS LES TERMES AUXQUELS VOUS M'AVIEZ PRESCRIT DE LA réduire.

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Quant à la réciprocité du droit de retour, j'ai donné et soutenu toutes les raisons qui me paraissaient devoir l'exclure, et j'ai fini par avoir gain de cause. Le Roi a insisté pour l'insertion à la fin de l'article 4, d'une phrase dans les termes suivants :

"Il est bien entendu que, dans le cas où la Princesse, future épouse, viendrait à décéder sans enfants issus de son mariage, sa dot et tous les biens qui lui appartiendraient à l'époque de son décès, et dont elle n'aurait pas disposé, retourneraient à ses héritiers légitimes.' Je n'ai vu aucun inconvénient à consentir à cette addition.

"Cette négociation, bien simple, a été plus longue qu'elle n'aurait dû l'être, si j'avais eu affaire à un plénipotentiaire sérieux. Mais, comme c'est le Roi qui a été le véritable négociateur, les allées et venues du Prince de Scilla ont apporté dans notre marche quelque retard. Au surplus le Roi a été de fort bonne grâce, et, quoique toutes affaires cessent les jours qui précèdent la fête de Pie di Grotta, le Prince de Scilla l'a toujours trouvé prêt à s'occuper de celle-ci. Je tenais beaucoup à la terminer avant le départ de Sa Majesté Sicilienne, qui devait avoir lieu le 9, et ce n'est qu'une heure avant que nous sommes tombés d'accord sur le dernier point.

"Ce matin j'ai signé, avec le Prince de Scilla, la convention matrimoniale : j'ai chargé M. Lutteroth de vous la porter; je vous envoie aussi par lui les pleins pouvoirs de M. le Prince de Scilla. J'ai pensé qu'il était bon qu'il pût recevoir verbalement vos instructions, et je le charge de s'entendre avec vous sur plusieurs points de détail.

"Veuillez agréer, etc.

"DUC DE Montebello.”

A Monsieur le Baron Fain.

"Monsieur le Baron,

"Le 2 Octobre, 1844.

"Je vous remets, par l'ordre du Ministre des Affaires Étrangères, les ratifications du Roi sur le contrat de mariage de Monseigneur le Duc d'Aumale. J'y joins les pleins pouvoirs de Sa Majesté pour autoriser M. le Duc de Montebello à signer un acte de renonciation aux droits éventuels de succession au trône des Deux-Siciles.

"La cour de Naples demande encore plusieurs autres pièces :

"1°. L'acte de naissance et de baptême du Prince. Le département des affaires étrangères se mettra en mesure pour se procurer ces deux pièces ;

"2o. Un acte constatant l'état libre de Son Altesse Royale, avec la dispense des publications requises par le Concile de Trente. L'acte de non-mariage paraît être inutile, car la notoriété fait foi. Quant à la dispense des publications, je ne sais si les publications ont été faites, et s'il y aura lieu à prendre des dispenses;

"3°. Le consentement des augustes parents.

"Vous savez, Monsieur le Baron, avec quel dévouement j'aime à vous renouveler mes hommages.

"FEUILLET DE CONCHES."

"Mon cher Baron,

A Monsieur le Baron Fain.

"Mercredi soir, 2 Octobre, 1844.

"Si le projet de pouvoirs pour la renonciation portait : "'À tout droit de succession aux souverainetés de la couronne ou du royaume des Deux-Siciles,' je l'aurais signé immédiatement. Mais: A tout droit successif' (et d'abord c'est une expression au moins insolite et singulière) ' dans les Etats du royaume des DeuxSiciles:' là, j'ai à me refuser, parceque s'il n'y a pas d'objection à RENONCER AUX DROITS DE SUCCESSION SUR LES SOUVERAINETÉS, il y en a beaucoup à se dépouiller des droits de succession aux domaines et biens, quelque éventuels ou éloignés qu'ils puissent être. D'ailleurs, il n'y a qu'à consulter le projet d'article sur la renonciation qui a été rédigé ici. Le Duc de Montebello a écrit que les termes de cet article étaient admis à Naples, et qu'on voulait seulement que ce fût une convention spéciale, et non un simple article. Ce sont donc CES TERMES qui doivent être LA Règle du pouvoir à donner, et qu'il faut y insérer.

B

Quant aux bans, dispenses de publications et autres actes de cette nature, il faut suivre ce qui a été fait pour Madame la Duchesse de Berry, et faire faire les mêmes actes. Le cas est identique.

"Bon soir.

"LOUIS-PHILippe.

"P.S. Mon cher Baron, lisez l'article 5 dans la ratification, et vous verrez les termes précis qui doivent être relatés in extenso dans les pouvoirs. Il faut les refaire et me les envoyer à Eu, d'où je les renverrai signés."

"Monsieur,

A M. Feuillet.

"3 Octobre, 1844. l'honneur de vous renJ'y joins le projet, non

"Au moment même de partir, j'ai voyer les ratifications signées par le Roi. signé, de plusieurs pouvoirs à donner pour l'acte de renonciation. "Si ce projet de pouvoirs portait :—" A tout droit de succession aux souverainetés de la couronne (ou du royaume) des Deux-Siciles,' point de difficulté.

"Mais à tout droit successif dans les états du royaume des DeuxSiciles, c'est ce que le Roi n'admet pas.

"S'il n'y a pas d'objection à renoncer aux droits de succession sur les souverainetés, il y en a beaucoup à se dépouiller des droits de succession aux domaines et biens, quelque éventuels ou éloignés qu'ils puissent être.

"D'ailleurs, le projet d'article sur la renonciation, rédigé ici, a été admis à Naples; on a demandé seulement qu'au lieu d'un article des conventions matrimoniales, cette renonciation devînt une convention spéciale. Le Roi demande donc que vous vous en teniez AUX TERMES DE CET ARTICLE (L'ARTICLE 5) en faisant porter la renonciation sur les droits de succession afférents à la Princesse future épouse, du chef de la maison royale des Deux-Siciles, SUR LES DIVERSES SOUVERAINETÉS AUXQUELLEs cette maison est ou PEUT-ÊTRE APPELÉE À SUCcéder.

"Je termine en toute hâte, n'ayant pas un instant de plus à ma disposition.

"C. FAIN."

There are some points, in the above quoted papers, to which we shall advert presently. But we wish, first, to place by their side the arguments employed, by M. Guizot, in his official replies to Lord Palmerston's protest. We have already remarked upon the bad faith of attempting, under

the circumstances above described, to deny the soundness of the interpretation of the Treaty adopted by the British Government. We have now a word or two to add respecting the course by which M. Guizot endeavoured to make good his position. It might perhaps have been expected that, by an ingenious or forced interpretation of some particular passages of the Treaty itself, or of some of its annexes, he would have endeavoured to give some colour of probability, at least, to the doctrine which he persisted in maintaining to be the true one. But he did nothing of the kind. There is not one attempt, from first to last, in his published despatches, any more than in his speeches in the French Chambers, to explain any one passage, or any one word of the Treaty, which had been quoted in support of the interpretation of his opponents. Nor did he, as a set-off against the passages so quoted by them, cite any other passage which might be made to appear to bear a contrary signification. Not a line did he write in that sense. But he relied upon one artifice exclusively for success, namely, to appeal at once, in attestation of the truth of his doctrine, to that very evidence resulting from the examples of former marriages which, as we have just seen, furnishes the most conclusive proof of the reverse. This will doubtless appear surprising, but it is the fact. And our readers have only to look through the correspondence to satisfy themselves that it is so. We ought, however, to add, in explanation of it, that the public in France as well as in this country were perfectly ignorant of the circumstance that renunciations had accompanied those marriages. And indeed it would appear that even the British Government did not possess the means of proving that such was the case. It was, then, in the confidence that the truth was not known, that M. Guizot determined to adopt this line of defence. We know not whether it deserves to be called "able," though it seems to have been completely successful in that which we have little doubt was its principal object, namely, that of misleading certain parties in this country. But we

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