cerveau pour le fortifier et donner du vigueur aux puissances de l'intelligence: et pour cela, le sang et le germe restants froids et languissants (sic), il en arrive par conséquence que les enfants de tels hommes, et en particulier les mâles, tirent à la sottise ».

5. Age des parents. - Mais il y a bien d'autres influences éréditaires qui s'échappent à notre vue et qu'on peut apercevoir, encore, seulement à demi.

Marro nous a montré la grande influence de l'âge mûre des parents sur l'intelligence, et la folie des enfants (1).

Or grand est le nombre des génies et même des talents, issus de pères âgés: Voir J. Christ, Frédéric II, Napoléon I, Sciacci, Bizzozzero, Rochefort, Dumas (père), A. Jussieu, Balzac, J. Cassini, C. Vernet, B. Disraeli, H. Walpole, W. Pitt, Louis Racine, Adler, Auriac, Béclard, Schopenauer, tandis que parmi les fils des pères jeunes je ne trouve que Victor Hugo, De Girardin, Arnoth, Barral, Bertillon, Besabiasoff, Ségur.

Cette influence nous peut, à son tour, expliquer la longévité des hommes de génie. (Voir après).

6. Conception.

De Candolle (2) parle de l'influence que peut avoir sur les fils un état de passion violente des parents dans les moments de la conception et rappelle le nombre considérable des bâtards de génie.

Erasme se vantait de n'être point le fruit d'un ennuyeux devoir coniugal. Isaac Disraeli, écrivait dans le Mémoire de Toland: « La naissance en dehors du mariage crée les caractères forts et résolus ».

C'étaient des fils illégitimes que: Themistocle, CharlesMartel, Guillaume le Conquérant, Murray dit le Bon Régent,

(1) MARRO. 1 caratteri dei delinquenti. 1887. Bocca.

(2) Histoire des sciences, Genève, 1883.

le Duc de Berwick, que Montesquieu appelait l'homme parfait, Léonard de Vinci, Boccace, A. Dumas, Cardan, D'Alembert, Savage, Prior, De Girardin, La Harpe, Alexandre Farnèse, Dupanloup.

Il en est de même des aliénés, des dégénérés (1).

Newton fut conçu après deux années de continence forcée de ses parents.

On voit par là, combien tous les faits que nous avons pu découvrir jusqu'à présent sont loin d'épuiser les nombreuses sources héréditaires du génie.

Ceux qui se rappellent tous les hommes de génie, nés de parents poitrinaires et adonnés à l'ivresse; (v. s.) ceux qui savent comment ces deux dégénéréscences se transforment bien souvent, chez les descendants, en folie morale, s'aperçoivent déjà qu'il peut y avoir là d'autres causes héréditaires du génie, qui échappent aux observateurs vulgaires, et sont, pour cela, peu connues.

Ceux qui ont vu les génies se manifester, dans les écoles comme dans l'histoire des peuples, à des époques déterminées, par groupes et jamais isolement, comprennent et respectent, même, l'avis des anciens, qui croyaient aux influences planétaires sur l'embrion.

(1) Un fils de Louis XIV et de la Montespan, engendré dans une crise de remords et de larmes, à l'époque du Jubilé, était pour son état de tristesse permanente, surnommé le fils du Jubilé. Un homme de talent, sujet à des accès d'exaltation mentale, entre plusieurs enfants en eût deux aliénés, conçus à des époques qui correspondaient à ces accès. DEJERINE. L'Hérédité dans les maladies du système nerveux, 1886.

CHAPITRE IV

INFLUENCE DES MALADIES.

Maladies spinales.

Fièvres. Traumes de la tête. Leurs rapports avec le génie.

Gérard de Nerval dan son livre Le rêve et la vie, après avoir avoué qu'il composait souvent dans un état d'exaltation morbide, ajoute que la vieille sentence Mens sana in corpore sano est fausse, car beaucoup d'esprits, puissants, sont d'une constitution faible et maladive.

Conolly soignait un malade dont l'intelligence s'exaltait sous l'influence de véscicatoires; et un autre dont le génie se ranimait dans la période initiale de la phthisie et de la goutte.

Cabanis, Tissot, Pomme, affirment que certains états fébriles provoquent une extraordinaire activité psychique. << Il y a quelques années, écrit Sylvester, atteint heureusement, de bronchite, dans un accès de fièvre nocturne, j'ai vu se résoudre dans mon esprit le problème de l'Identification de la descriminante du cube avec celle du carré (1) ».

Un homme de génie, Maine de Biran, qui fut toujours malade, nous explique bien l'influence des infirmités sur le génie « Le sentiment de l'existence, écrit-il, n'existe point chez la plupart des hommes, parce qu'il est continu; quand l'homme ne souffre pas, il ne pense pas à lui-même; la maladic seule et l'habitude de la réflexion nous permettent de nous distinguer nous mêmes ».

(1) Nature, novembre, 1883.

Bien de fois les traumes de la tête et les maladies aigues, ces causes si fréquentes de l'aliénation mentale, changèrent en un homme de génie une individualité plus que vulgaire. Vico enfant tombe d'un escalier très haut et il en a le pariétal droit fracturé. Gratry, médiocre chanteur, devint un grand maître, après qu'une poutre lui eut fracassé la tête; Mabillon, imbécile dans son enfance, devint le grand homme si connu à la suite d'une blessure à la tête. Gall, qui raconte ce fait, a connu un Danois à moitié idiot, transformé en homme intelligent, après qu'il eut, à l'âge de 13 ans, roulé du haut d'un escalier, la tête en bas (1). Il y a quelques années, un crétin de la Savoie, mordu par un chien enragé, devint très intelligent dans les derniers jours de sa vie.

Le docteur Halle a connu des hommes médiocres, dont l'intelligence devint extraordinaire, à la suite de maladies de la moëlle épinière (2).

<< Il est possible que ma maladie (spinite) ait donné un caractère morbide à mes dernières compositions », écrivait avec une véritable divination l'infortuné Heine. Et cette remarque ne s'appliquait pas seulement à ses derniers écrits.

« Mon excitation d'esprit, -écrit-il en effet plusieurs mois avant l'aggravation de son état (3), — est plutôt l'effet du mal que du génie; ainsi j'ai fait des vers pour apaiser un peu mes souffrances ».

<..... Dans cette nuit horrible de douleur insensée, ma pauvre tête se jette ça et là agitant avec une impitoyable gaieté les grelots de mon vieux bonnet de fou ».

Béclard devint expérimentateur, de théoricien qu'il était, après un accident d'apopléxie (4).

(1) Physiologie du cerveau, p. 21.
(2) Journal of mental science. 1872.
(3) Correspondance inédite. Paris 1877.
(4) Revue scientifique. Avril, 1888.

D'après une remarque de Bichat et de Von-der-Kolk, les hommes dont le cou est ankilosé possédent une intelligence particulièrement vive.

Tout le monde sait combien les bossus sont fins et malicieux. Rokitansky explique ce fait par la courbure que subit l'aorte, après avoir donné naissance aux vaisseaux qui se rendent à la tête; ce que augmenterait le volume du cœur et la pression artérielle du crâne.