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et Harless, Tiedemann, l'avocat Harter, l'historien Fallmerayer. Sur quinze hommes distingués, il a trouvé la branche antérieure de Sylvius double 7 fois et triple 8 fois du côté gauche.

A ces faits nous pourrions en ajouter quelques autres publiés de divers côtés, et montrant pareillement la complexité morphologique de la circonvolution de Broca sur des cerveaux d'hommes éminents ou distingués: par exemple sur ceux, descrits et figurés par R. Wagner (1), de plusieurs savants, parmi lesquels l'illustre géomètre Gauss. Comparé avec le cerveau de Gauss, le cerveau d'un artisan du nom de Krebs présentait des circonvolutions beaucoup moins compliquées; ou de profil, il était notablement plus étroit dans la région frontale (2). Les circonvolutions frontales étaient également inférieures en développement à celles de Gauss, bien que les lobes antérieurs fussent volumineux, chez un autre mathématicien célèbre, le professeur Morgan, dont le cerveau est en la possession de Bastian (3).

Bégayement. Les hommes de génie sont fréquemment bégues. Citons: Manzoni, Ésope, Virgile, Démosthène, Alcibiade, Érasme, Charles Darwin, Malherbe, Caton d'Utique, Turenne, Romiti, Charles V, Cardan, Tartaglia.

Mancinisme. Plusieurs d'entre eux sont gauchers; tels étaient: Tibère, Bertillon, Sébastien del Piombo, MichelAnge, Flechia, Nigra, Buhle, Raphaël de Montelupo. Léonard de Vinci esquissait rapidement de la main gauche les images qui l'avaient frappé vivement et il n'employait. la main droite que pour celles qui étaient le résultat mûr

(1) Vorstudien, etc., 1er mémoire, 1860. Voir notre Planche II, 1, 2. (2) Voir Planche II, 3, 4.

(3) Le Cerveau et la Pensée, t. 1, p. 46.

de sa pensée: c'est pourquoi ses amis étaient persuadés qu'il n'écrivait que de la main gauche. C'est aujourd'hui un fait acquis être le mancinisme un des caractères de l'atavisme et de la dégénérescence (1).

Stérilité. - Beaucoup de grands hommes furent célibataires; d'autres, bien que mariés, n'ont pas eu d'enfants.

«Les ouvrages les plus grands et nobles, dit Bacon, sont dûs à des hommes sans descendants; ils ont cherché d'exprimer les images de leur esprit, quand celles du corps leur manquèrent. Ainsi ont eu un plus grand soin de la postérité ceux qui n'en eurent point (2) ».

Et La Bruyère: « Ces hommes n'ont ni ancêtres, ni postérité; ils forment à eux seuls une déscendence entière ». Crooker, dans la Vie de Johnson, remarque que tous les grands poètes anglais, même les médiocres, n'eurent point de postérité. Il cite: Skakespeare, Jonson, Otway, Milton, Dryden, Rowe, Addison, Pope, Swift, Gay, Johnson, Goldsmith, Cowper.

Camden, Hobbes et beaucoup d'autres ont échappé au mariage pour se consacrer avec plus de liberté à l'étude. Michel-Ange disait : « J'en ai bien assez de l'art, en fait d'épouse».

Parmi les célibataires on remarque aussi: Kant, Newton, Pitt, Fox, Fontenelle, Beethoven, Gassendi, Galilée, Descartes, Locke, Spinoza, Bayle, Leibnitz, Dalton, Hume, Gibbon, Macaulay, Bentham, Léonard de Vinci, Reynolds, Haëndel, Mendelsshon, Meyerbeer, Camoëns, Voltaire, Flaubert, Alfieri, Cavour, Pellico, Mazzini.

Et parmi les femmes on trouve Florence Nightingale, Catérine Stanley, Gaïtane Agnesi, mathématicienne, et Louise Laure Bassi.

(1) LOMBROSO. Sur le mancinisme moteur et sensoriel chez les individus sains et chez les aliénés. 1884.

(2) BACON. Essay VI. Of Parents and Children.

Saint Paul vantait sa continence absolue. Cavendish manquait tout-à-fait de l'instinct sexuel, et il avait pour les femmes une antipathie maladive.

Flaubert écrivait à George Sand: « La muse, si revêche qu'elle soit, donne moins de chagrins que la femme. Je ne peux accorder l'une avec l'autre. Il faut opter (1) ». Adam Smith se disait « galant seulement dans les livres ». Chamfort, le misanthrope, à écrit: « Si l'homme suivait l'aveu de sa propre raison, personne ne se marierait: quant à moi je n'en ferai rien de crainte d'avoir un fils qui me ressemble ».

Et un poète français a dit :

« Les grands esprits, d'ailleurs très-estimables,

Ont très peu de talent pour former leurs semblables (2) ».

Dissemblances. Presque tous les hommes de génie diffèrent autant de leur père que de leur mère (Foscolo, Michel-Ange, Giotto, Haydn). Et c'est-là un des caractères de la dégénérescence. C'est pourquoi, on constate des ressemblances physiques entre des hommes de génie appartenant à des époques et à des races différentes, comme Jules César, Napoléon et Jean des Bandes-Noires, comme Casti, Sterne et Voltaire. Au contraire, ils s'éloignent parfois du type de leur nationalité; et il se passe ici pour des traits très nobles et presque surhumains (élévation du front, développement remarquable du nez et de la tête, vivacité du regard) ce qui, pour les vulgaires, se produit chez les crétins, les criminels et souvent même chez les fous. Humboldt, Virchow, Bismarck, Helmoltz, Holtzendorf, n'ont point la physionomie allemande. Byron n'avait ni la physionomie ni le caractère anglais. Manin n'offrait

(1 FLAUBERT. Let res à George Sand. Paris, 1885.

(2) DESTOUCHES. Philos. mariés.

point le type vénitien, et Alfieri et d'Azeglio ni le visage ni le caractère piémontais. Carducci n'a point la physionomie italienne. Pourtant on rencontre de très notables et d'assez fréquentes exceptions. Michel-Ange, Raphaël, Léonard de Vinci, Cellini présentaient le type italien.

Précocité. Un autre caractère commun au génie et à la folie, surtout à la folie morale, c'est la précocité. Dante à 9 ans composa un sonnet pour Béatrix et le Tasse à 10 ans faisait des vers. Comte et Pascal étaient à treize ans de grands penseurs, ainsi que Fornier à 15 ans, Niebuhr à 7, Gionata Edwards à 12, Michel-Ange à 19. Gassendi, le Pelit Docteur, écrit Beard, sermonnait à 4 ans, Bossuet à 12 et Voltaire à 13. Pic de la Mirandole de son fance connaissait le latin, le grec, l'hébreu, le chaldaïque, l'arabe; Goethe, avant 10 ans, écrivait en plusieurs langues; Wieland à 7 ans connaissait le latin, à 13 méditait un poème épique et à 16 ans publia son poème Die Volkommenste Welt. Lopez de la Vega fit ses premiers vers à 12 ans. Calderon écrivit à 13 ans son Char du Ciel; Kotzebue à 7 ans cherchait déjà à écrire des comédies et à 18 ans fit représenter sa première tragédie. - Victor Hugo à 15 ans composa Irlamène et à 20 ans avait déjà publié Hans d'Islande, Bug-Jargal et le premier volume des Odes et Ballades; Lamennais dicta à 16 ans les Paroles d'un croyant. Pope à 12 ans écrivit l'Ode on solitude et à 16 les Pastorales. Byron faisait des vers à 12 ans et à 18 publiait ses Hours of idleness (Heures d'oisiveté). Moore à 13 ans traduisit Anacréonte. Meyerbeer à 5 ans jouait excellemment du piano. Claude Joseph Vernet à 4 ans crayonnait très bien et à 20 était déjà peintre célèbre. À 13 ans Wren inventa un instrument astronomique et l'offrit à son père avec une dédicace en latin. Ascoli à 15 ans publia un livre sur la relation des dialectes de la Valachie et du Frioule. Métastase improvisait à 10 ans. Ennius Quirine Visconti

excitait l'admiration de tous à 16 mois et il prêchait à 6 ans. A 15 ans Fénélon prononça à Paris un sermon devant. un public très-choisi. Guillaume Wetton à 5 ans savait lire et traduire le latin, le grec et l'hébreu, et à 10 ans il connaissait le chaldaïque, le syriaque et l'arabe. Mirabeau prêchait à 3 ans, et à 10 ans publiait des livres. Haëndel à 13 ans composa une Messe, à 17 ans Florinde et le Néron, et à 19 ans était déjà directeur du théâtre de musique d'Hambourg. Raphaël était renommé à 14 ans. Rétif de la Bretonne à 4 ans avait déjà fait beaucoup de lectures, à 11 il avait séduit des jeunes filles, à 14 il composait un poème sur ses douze premières maîtresses. Eichorn, Mozart, Eybler donnèrent des concerts à 6 ans. À 13 ans Beethoven composa trois sonales. Weber n'avait que 14 ans quand il fit représenter son premier opera: Das Waldmädchen. Cherubini à 13 ans écrivit une Messe qui entousiasma ses concitoyens. Bacon à 15 ans avait conçu le Novum Organum. Charles XII manifesta ses grands desseins dès l'âge de 18 ans (1).

Cette précocité est maladive et atavistique: on l'observe chez tous les sauvages.

Le proverbe: «Un homme qui a du génie à cinq ans est fou à quinze » est souvent vérifié dans les asiles (2). Les fils des aliénés sont souvent des enfants précoces. Savage a connu une folle dont les enfants jouaient la musique classique avant l'âge de 6 ans, et d'autres enfants qui à un âge très tendre montraient des passions d'hommes faits. Chez les enfants des aliénés se développent souvent de certaines aptitudes et certains penchants principalement

(1) BEARD. Névrosisme americain. 1887. CANCELLIERI. Intorno uomini dotati di gran memoria. 1715. KLEFEKER. Biblioth. eruditorum procacium. Hambourg, 1717. BAILLET. De præcocibus eruditis. 1715.

(2) SAVAGE. Moral insanity. New York, 1886.

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