porter à deux types principaux, en relation avec leur structure, et distinguer celles qui ont une structure granitique et celles qui ont une structure schisteuse; ces différences dans la structure correspondent, en effet, à des différences importantes dans la composition minéralogique que l'on peut résumer ainsi : Les protogines à structure granitique présentent une cristallisation très-nette et bien développée ; le quartz est abondant et hyalin; l'orthose est en cristaux translucides et éclatants; il y a beaucoup d'oligoclase relativement aux proportions de ce minéral, qui se trouvent ordinairement dans la roche; il y a généralement du mica, mais peu de talc; enfin, elles paraissent se trouver dans le centre de la formation, et quelquefois même dans les parties les plus élevées de la chaîne des Alpes. Les protogines à structure schisteuse présentent, au contraire, une cristallisation peu nette ou même confuse: le quartz est peu abondant, et quelquefois il manque tout à fait; il est en petits grains agglomérés l'un à l'autre ; l'orthose est opaque, les arêtes de ses cristaux ne sont pas vives; l'oligoclase est fortement pénétré par le talc, qu bien ne s'observe plus; le mica a moins d'éclat et une couleur moins foncée; il est en lamelles cristallines peu nettes; le talc est beaucoup plus abondant; enfin, elles se trouvent principalement sur le flanc des hautes chaînes et à leur pied, ou, du moins, à la périphérie. Les différences minéralogiques complexes qui viennent d'être signalées dans la protogine, lorsqu'on passe de la variété granitique à la variété schisteuse, correspondent, du reste, à des variations assez simples dans la composition chimique; car leur principal caractère est de donner lieu à une diminution dans sa teneur en silice, et à une augmentation dans sa teneur en fer et en magnésie: or, en ayant égard seulement à la teneur en silice, on voit qu'elle est la plus grande au sommet du Mont-Blanc, et qu'elle diminue successivement aux aiguilles du fond de la Mer-de-Glace et à l'aiguille du Dru. L'examen des échantillons nos I, II, III montre d'ailleurs que les caractères par lesquels la structure 'appelée granitique a été définie, sont très-développés dans le n° I, qu'ils le sont moins dans le n° II, et que le no III commence déjà à présenter les caractères de la structure schisteuse La différence entre la-teneur en silice pour ces trois protogines est seulement de 3 à 4 p. 100; mais si l'on considère quelques variétés schisteuses bien caractérisées, qui sont principalement formées d'orthoses et de tale, et dans les-, quelles le quartz a presque disparu, leur teneur en silice sera inférieure à celle de l'orthose, et, par conséquent, elle pourra présenter avec la protogine du sommet une différence qui, dans quelques cas, sera environ de 10 p. 100. Il est donc établi par l'analyse que la netteté dans la cristallisation ou dans les caractères minéralogiques de la protogine augmente ou diminue avec la teneur en silice de la roche ; et quand on passe de la protogine du sommet du Mont-Blanc ayant la structure granitique bien développée, à la protogine à structure schisteuse, formée principalement d'orthose et de tale, qui se trouve aux limites de la formation, la teneur en silice peut diminuer graduellement de 10 pour 100. Des recherches entreprises sur la composition des granites et des syénites des Vosges m'ont conduit à peu près aux mêmes résultats; et lorsque ces roclres ne sont pas au contact d'un terrain de grès, leur richesse en silice va généralement en diminuant du centre à la périphérie. En résumant ce qui précède, on voit que la protogine est une roche granitoïde bien caractérisée, dont les éléments principaux sont le quariz, deux feldspaths, dont l'un est de l'orthose, et l'autre de l'oligoclase, un mica à deux axes très-riche en fer, et une variété de talc; elle diffère des granites ordinaires à deux feldspaths, par la composition de son mica, et surtout par la présence du talc. Ce dernier minéral se rencontre aussi par accident et en petite quantité dans certaines parties des granites; mais, dans la togine, l'accident se serait étendu à peu près à toute la formation, et le talc se serait développé en grande quantité. pro MÉMOIRE SUR LA STATIQUE CHIMIQUE DU CORPS HUMAIN; PAR M. BARRAL. Objet de ce Mémoire. Les recherches qui font l'objet de ce Mémoire ont été entreprises dans le but de déterminer les quantités de chlorures de sodium qui se trouvent dans les diverses évacuations humaines, et d'établir leur rapport avec la quantité de sel ingéré. La méthode qu'il nous fallait suivre pour obtenir le résultat que nous voulions atteindre, exigeant que nous fissions l'analyse de tous les aliments et des déjections principales, nous n'avons pas cru devoir borner les conclusions de nos recherches à la question que nous nous étions d'abord posée. Nos expériences, en effet, quoique ayant eu un but spécial, sont de nature à donner l'expression exacte de la statique du corps humain, du moins dans les circonstances particulières où elles ont été exécutées. De nombreuses recherches ayant été faites sur ce sujet important depuis deux siècles, c'est-à-dire dès l'origine de l'emploi de la balance dans les recherches physiques, notre premier soin a été d'établir avec exactitude l'état de la science à l'égard de la question que nous nous sommes trouvé amené à étudier. Cette question peut se poser en ces termes : Connaissant la quotité et la composition élémentaire des aliments, tant solides que liquides, ingérés chaque jour, établir la quotité et la composition élémentaire des évacuations, transpirations et excrétions diverses, de manière à pouvoir poser l'équation des gains et des pertes du corps humain. Ce problème de statique chimique et physiologique prendrait une grande extension, s'il s'agissait de suivre toutes les transformations de la matière alimentaire à travers l'organisme. Supprimant les intermédiaires, nous ne considérons ici que Ann. de Chim, et de Phys., 3o série. T. XXV. (Février 1849.) 9 les termes extrêmes, à savoir les matériaux et les produits de la nutrition. Examinons historiquement les essais qui ont été tentés jusqu'à ce jour pour arriver à la connaissance des données si variées d'un problème jugé en tout temps digne de l'attention des philosophes. Quels sont les points suffisamment éclaircis? Que reste-t-il à faire pour que la question soit complétement résolue ? Historique des recherches sur la statique du corps humain. Les recherches qui sont de nature à jeter quelque jour sur l'entretien de la vie chez l'homme et chez les animaux peuvent se diviser en trois classes principales : 1o étude des aliments; 2o étude des produits gazeux liquides ou solides de l'acte vital; 3° phénomènes qui s'accomplissent pendant l'assimilation des aliments et la mutation continue des tissus. C'est en décrivant et en appréciant ces derniers phénomènes dans leurs manifestations extérieures plutôt que dans leur liaison intime, que les expérimentateurs ont jeté les fondements de la biologie. Les sciences positives étaient trop peu avancées pour qu'il fût possible d'aborder de suite les deux autres ordres d'études. Des observations peu précises, obscurcies par des idées préconçues, ont marqué les premiers pas de la science. L'empirisme tenait magistralement la place de faits bien établis, lorsque Sanctorius (1) réduisit au calcul, pour la première fois, par des pesées directes, la transpiration insensible du corps humain, et en compara la quantité à celle des déjections grossières. Dodart (2) en France, et Keill (3) en Angleterre, suivirent l'illustre médecin de Pa (1) Voyez SANCTORII De statică mediciná aphorismorum sectiones, cum comentario Listevi, 1703; in-12. (2) Histoire de l'Académie des Sciences, tome II, page 276; 1696. (3) SANCTORII De statică mediciná aphorismorum sectionibus septem distinctorum explanatio physico-medica; cui statica medicina tum gallica D. Dodart, tum britannica Cl. Keill, notis aucta. Auctore P. NOQUEz; Parisiis, 1725, in-8°. |