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point est réglé le 24, et le 26 M. d'Antas peut annoncer que l'œuvre est terminée; il le fait en ces termes :

« J'ose espérer que Votre Excellence voudra bien juger que, dans les laborieuses et difficiles négociations qui ont duré plus de quatorze mois, je n'ai cessé d'employer tous mes efforts pour obtenir les meilleures conditions, et bien que celles-ci ne soient pas de nature à satisfaire complètement notre cause, le Portugal y trouve cependant le grand avantage de mettre un terme à une question pendante depuis quarante années. »

DE LABOULAYE.

ANNEXE I A LA DÉPÊCHE DU 15 MARS 1884.

M. Fernando d'Azevedo, Chargé d'affaires du Portugal à Paris, à M. Antonio de Serpa Pimentel.

Paris, le 9 novembre 1882.

Pour ne pas retarder un jour de plus l'envoi du projet de loi relatif au Traité de Brazza, envoi que Votre Excellence m'a deman lé par son télégramme d'hier, je m'empresse de lui transmettre l'extrait du Journal officiel d'aujourd'hui dimanche, contenant le projet de loi avec le texte du Traité. En confirmant tout ce que j'ai eu l'honneur de communiquer à Votre Excellence dans mon télégramme d'hier, je me permets d'insister sur ce que j'ai déjà dit, à savoir que de la conversation purement particulière (puisque je n'étais pas autorisé à aller plus loin) que j'ai eue avec M. Decrais, directeur politique des Affaires étrangères, qui avait traité spécialement la question avec M. Duclerc, j'ai pu conclure que le Gouvernement français est dans cette affaire animé des meilleures dispositions à l'égard du Portugal et qu'il ne voudrait en rien offenser nos droits, ni même plus tard étendre son action sur la région du Haut-Congo sans s'être préalablement amicalement entendu avec le Gouvernement portugais. M. Decrais a ajouté que prochainement des instructions dans ce sens seront expédiées à M. de Méneval.

Je ne manquerai d'informer simplement Votre Excellence de tout ce que je saurai sur ce sujet, très important il est vrai, mais dont la nature et les conséquences ont été, à mon point de vue, mal comprises et faussement interprétées, par le fait d'une connaissance incomplète. et imparfaite de la question de la part des journalistes qui l'ont traitée. FERNANDO D'AZEVEDO.

ANNEXE A LA DÉPÊCHE DU 15 MARS 1884.

M. Fernando d'Azevedo à M. Antonio de Serpa Pimentel.

Paris, le 20 novembre 1882.

Monsieur le Ministre, la conversation que j'ai eue avec M. Decrais et à laquelle mon office confidentiel d'hier fait allusion, outre ce que j'ai eu l'honneur de communiquer déjà à Votre Excellence, m'a fait déduire les conséquences suivantes, sur lesquelles je me permets d'insister aujourd'hui.

Le Gouvernement français, d'après ce qui m'a été déclaré particu lièrement, non seulement par M. Decrais, mais aussi par M. Nisard, chef de la division du Nord, et qui depuis longtemps s'occupe des questions d'Afrique au Ministère des Affaires étrangères, ne désire pas dans cette affaire procéder de manière à blesser les intérêts des Etats qui possèdent des territoires sur ce vaste continent. Bien au contraire, en ce qui touche le Portugal, ce Gouvernement juge qu'il est de son propre intérêt de procéder d'accord avec notre pays; le Portugal étant après l'Angleterre la première puissance africaine, il serait d'un grand avantage pour la France d'avoir en nous un auxiliaire aussi utile.

Les territoires cédés à M. de Brazza, et qu'il a acceptés au nom de la France, obéissaient jusqu'à présent au roi Makoko, suzerain de différents chefs de la grande tribu des Batékés, qui possèdent respectivement les différents districts formant cette région. Ils constituent le groupe de Stanley-Pool et le territoire relativement peu étendu qui l'entoure, nommé Nekuma, situé entre les deux conduents da Zaïre, Djoué et Impila. Ce territoire, situé au-dessus de 5° 12 et hors des limites des prétentions portugaises, est coupé par le fleuve Zaïre, qui sur ce point commence à être navigable. Le projet de la France est d'établir par l'un des confluents du grand fleuve qui coule du NordOuest, et ensuite par un chemin de fer américain ou à voie étroite, une issue vers la colonie française du Gabon et vers la côte.

Il est inutile de dire combien, pour le moment, ce projet est vague et de réalisation difficile. M. Decrais lui-même le reconnaît; mais, comme j'ai déjà eu l'honneur d'en informer Votre Excellence (et je ne peux laisser d'y insister encore), M. Decrais m'a répété à différentes reprises que si par hasard le Gouvernement français venait à penser plus tard à donner un plus grand développement à cette affaire, il jugeait qu'il était de son intérêt de ne pas le faire sans s'être préalablement concerté avec le Portugal.

Tels sont les principaux points qu'a touchés M. Decrais, blåmant les plaintes exagérées et l'irritation des journaux portugais qui, mal

instruits sur la question, avaient soulevé des doutes qui, il faut F'espérer, seraient bientôt dissipés. Les instructions que le Chargé d'affaires de France à Lisbonne va recevoir sous peu auront rapport aux points indiqués plus haut.

FERNANDO D'Azevedo.

ANNEXE III A LA DÉÊPÊCHE DU 15 MARS 1884.

Le baron de Méneval, Chargé d'affaires de France a Lisbonne, à M. Antonio de Serpa.

Lisbonne, le 20 novembre 1882.

Mon Gouvernement me prescrit de porter sans retard à la connaissance du Gouvernement du Roi, la résolution qu'il a cru devoir prendre en soumettant à la Chambre des Députés un projet de loi dont le but est de permettre au Président de la République de ratifier le traité conclu par M. de Brazza avec les chefs Batékés sur le Congo supérieur. Ce traité cède à la France, en échange de notre protectorat, une étendue de territoire comprise entre les rivières Djoué et Impila.

M. Duclerc, ayant à cœur de procéder avec franchise et sincérité vis-à-vis du Portugal, m'annonce en outre, que la communication dont je suis chargé de me faire ici l'interprète auprès du Cabinet de Lisbonne sera suivie par le plus prochain courrier du texte même de l'arrangement précipité. J'aurai l'honneur de le mettre sous les yeux de Votre Excellence en même temps que des indications propres à éclairer sur le caractère de cet acte le Gouvernement de Sa Majesté Très-Fidèle.

Le plus prochain courrier venant de France par voie de mer est attendu à Lisbonne, le 23 courant.

DE MENEVAL.

ANNEXE IV A LA DÉPÊCHE DU 15 MARS 1884.

M. Fernando d'Azevedo, à M. Antonio de Serpa Pimentel. Paris, le 24 novembre 1882.

Monsieur le Ministre, pour me conformer aux instructions contenues dans la dépêche de Votre Excellence, n° 17, du 18 courant, je me suis rendu chez le Ministre des Affaires étrangères et je lui ai remis copie de cette dépêche.

Avant même que j'eusse exposé à M. Duclerc les considérations que Votre Excellence m'a fait l'honneur de me transmettre sur la question du Congo, le Ministre, confirmant tout ce que m'avait dit

M. Decrais, me déclara que le Gouvernement français avait dėjā envoyé des instructions à M. de Méneval dans le sens que j'avais indiqué à Votre Excellence, et que M. de Laboulaye, qui doit partir prochainement pour Lisbonne, en emporterait de plus explicites encore. La France, a dit M. Duclerc, désire s'entendre avec notre Gouvernement pour tout ce qui concerne la délimitation des frontières sur le territoire cédé à M de Brazza, et je suis persuadé que notre voisinage dans ces régions devra être avantageux pour les divers pays. Sur ce vaste continent, il y a place pour tous; il est donc facile de nous entendre. Le Gouvernement français tient à cœur d'ètre d'accord avec le Portugal dans cette question, respecte ses droits sur les territoires du Congo et reconnaît la justice de ses prétentions jusqu'à 5° 12' de latitude. >

Comme je faisais observer au Ministre que la rive gauchs du Zaïre, placée encore au-dessus de la latitude mentionnée, et tout ce qui constituait l'ancien Royaume du Congo, appartenait à la Couronne portugaise et que la mesure du 5° 12' s'appliquait principalement au territoire situé sur la côte au-dessus de l'embouchure du Zaïre, M. Duclerc me rassura, me disant que la France nous reconnaissait la possession de la rive gauche et qu'elle ne prétendrait jamais qu'aux territoires qui lui avaient été cédés sur la rive droite.

Quant aux assertions erronées du Temps, le Président du Conseil juge que le Gouvernement ne peut être responsable des fausses interprétations que les journaux donnent aux diverses questions qu'ils traitent.

En somme, je le répète, les déclarations de M. Duclerc ont été en tous points favorables et élogieuses pour notre pays, et il faut en conclure que la France, respectant scrupuleusement nos droits an Congo, ne fera rien d'important sur les territoires qui lui ont été concédés en dehors des limites de nos prétentions, sans s'être préalableconcerts avec notre Gouvernement avec lequel elle désire toujours procéder d'accord dans cette affaire. Je me félicite de pouvoir communiquer à Votre Excellence ce résultat si flatteur pour notre pays et qui, je l'espère, satisfera le Gouvernement de Sa Majesté.

FERNANDO D'Azevedo.

ANNEXE VA LA DÉPÊCHE DU 15 MARS 1884.

M. Antonio de Serpa Pimentel, à M. Fernando d'Azevedo.

Lisbonne, le 4 décembre 1882.

La dépêche du 20 du mois dernier, dont vous avez dù laisser une copie au Gouvernement français, s'occupait uniquement de réfuter

l'opinion d'une partie de la presse française, qui, donnant une mauvaise interprétation au Traité de 1786, niait nos droits de souveraineté sur la rive droite du Zaïre à l'embouchure du fleuve, et soutenait que ledit Traité limitait ces droits à la pointe Sud de la susdite embouchure, tandis que, en réalité, le Traité reconnaît nos droits sur la rive opposée jusqu'au degré 5o 12' S. Il faut pourtant signaler que ceci se rapporte à la côte; car à l'intérieur nos droits s'étendent jusqu'aux limites du royaume de Congo, dont le chef est vassal de la Couronne de Portugal; ces limites sont au nord, la rivière même du Zaïre ou Congo, vont donc au delà dudit parallèle 5o 12' S.

Tels sont les principes que vous devez soutenir devant le Gouvernevernement français. Ils ne sont d'ailleurs pas en contradiction avec les déclarations de M. Duclerc, qui ne prétend pas, d'après les informations que vous m'avez données, que les territoires cédés à la France par le roi Makoko s'étendent sur la rive gauche du Zaïre. ANTONIO DE SERPA PIMEMTEL.

ANNEXE VI A LA DÉPÊCHE DU 15 MARS 1884.

M. Fernando d'Azevedo à M. Antonio de Serpa Pimentel.

Paris, le 7 décembre 1882.

C'était hier le jour de la réception hebdomadaire du Corps diplomatique, et, dans la conversation que j'ai eue avec Son Excellence, M. Duclerc m'a confirmé une fois de plus ce qu'il m'avait déjà dit et ce que j'avais eu l'honneur de communiquer précédemment à Votre Excellence, c'est-à-dire que « la France, dans la question du Congo, ne désirait en aucune façon éveiller les susceptibilités d'aucune nation, ni aller à l'encontre des intérêts et des droits du Portugal sur les territoires situés dans les limites de nos anciennes et très justifiées prétentions ».

J'ai demandé en outre à Son Excellence ce qu'il y avait de vrai dans les nouvelles publiées par les journaux relativement au départ prochain pour l'Afrique de la canonnière Sagittaire; M. Duclerc m'a répondu que rien n'était encore fixé pour l'époque de l'expédition à la tête de laquelle partira M. de Brazza. La canonnière se dirigera sans doute vers l'Ogowė, mais son itinéraire n'est pas encore bien déterminé. Je me suis attaché à savoir ensuite, et c'était là, à mon sens, le point le plus important, si le Gouvernement français pensait réellement à envoyer une expédition à l'embouchure du Zaïre et sur le littoral voisin de cette rivière, ainsi que les journaux l'avaient également annoncé. Le Président du Conseil m'a répondu que je pouvais

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