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de grandes ruines; la trahison venge au grand jour le sang qu'elle a versé dans l'ombre.

Après les attentats particuliers, la guerre civile, qui sépare en deux camps opposés la France tout entière; et, pour couronner le tablean, la folie sur le trône, qui offre avec un sourire hébété le sceau royal, pour légitimer toutes les hontes et sanctionner tous les malheurs.

Est-ce assez de désastres pour une seule nation? Non, ce n'est pas assez. Après la guerre civile, la famine; après la famine, la peste; et, après la peste, l'invasion.

La nouvelle de nos discordes porte plus d'allégresse au-delà du détroit que n'en avait porté celle de nos revers à l'Écluse, à Crécy, à Poitiers.

La bataille d'Azincourt apprit pourtant à Henri de Lancastre que, en présence de l'étranger, il n'y a plus en France d'hommes de partis, qu'il ne reste que des soldats.

Armagnacs et Bourguignons étaient au rendez-vous de l'honneur. Égorgés de sang-froid dans le calme de la victoire, leur sang mêlé cria vengeance.

Les négociations de Troyes étaient dignes du vainqueur d'Azincourt.

Cet abominable traité, on osa bien l'offrir à la sanction du fantôme de roi qui végétait sous la couronne.

Il le signa comme ses ancêtres signaient jadis les majestueux édits qui forçaient leurs vassaux d'Angleterre à venir, à genoux, dans leurs lits de justice, acquitter leur hommage. Cette profanation d'un auguste malheur était presque un défi à la justice de Dieu.

Il commande à la mort de frapper l'oppresseur, et aussitôt après, d'avoir pitié de la victime. La France n'en demeure pas moins à la merci de l'étranger.

A la place d'un Anglais dans la maturité de l'âge, elle aura pour seigneur un Anglais en maillots. Les prêtres

tà peine terminé les prières de l'Église, pour recommer à la miséricorde du Roi des rois l'âme de Charles VI,

nan eri lugubre s'est fait entendre dans Saint-Denis, accoutame à répéter de tout autres échos.

C'est le hérault qui proclame le nouveau maitre et demande largesse. Trois fois il a crié: Vive Henri de Lancastre! vive le roi de France!.. Les ossements desséchés de nos légitimes monarques ont tressailli d'indignation sous le marbre de lens tombeaux.

Qu'importe leur impuissant courroux, o ma noble patrie? Il faut passer sous les fourches de l'Angleterre !!!

Tandis que Henri VI reçoit dans son berceau les adulations de la capitale, ses capitaines soumettent les provinces. Tout pho devant la force.

Orleans seule a entrepris de braver les périls d'un siége, pon retarder, s'il est possible, la chute de la monarchie. Dopis sept mois elle enchaine l'invasion au pied de ses remparts. Si des prodiges de dévoùment et de valeur avaient pa vamere les destinées de la France, vos pères, Messieurs, Lamaient sauvee. Tout ce que l'amour de la patrie peut asper de sublimes sacritices, de sublimes efforts, fut épuisé ecome joue là.

Max que pouvait un peuple accablé de revers, épuisé de Coutances, etreint de tous côtés par un vaste réseau de baspilose imprenables, contre une armée nombreuse, gâtée par la victoire, electrisce par l'esperance, je devrais dire la certitude de couronncer sous peu de jours la plus brillante de Fontose lose conquèles, et qui peut attendre, sans combattre, au veu de l'abondance, que la tanine lui livre entin sa proje?

Le comthings yeux, o mon Pou? avez-vous done mis eu 1954 tone meagricordes anciennes I's ne savent pas que Tone Moselo Pou de la France, qu'ei vennent expirer les den de ver pudas Picheösser sur les miracles de votre

droite. La croix, entre les mains d'un auguste pontife, a triomphé du Hun farouche; que l'étendard de Jésus-Christ, entre les mains d'une pauvre bergère, dissipe et terrasse l'Anglais.

Erit enim hoc memoriale nominis tui quum manus feminæ dejecerit eum.

La mère du peuple, la nouvelle Debora, en effet, s'est levée.

Dieu l'a préparée de longue main à sa noble mission. Il l'a fait naître comme autrefois les principaux libérateurs de sa nation chérie: dans l'innocence de la vie pastorale.

Il a placé tout exprès son berceau dans une contrée éminemment française qui, tous les jours ravagée par les hordes factieuses de l'anglaise Bourgogne, a besoin tous les jours que l'esprit national retrempe son courage.

Élevée dans un état voisin de l'indigence, elle ne sait guère que le Pater, l'Ave Maria et le Credo; mais, en revanche, elle sait par cœur la vie de Jésus, de cet HommeDieu, qui a versé des larmes si amères sur les malheurs de sa patrie.

Aussi, comme ses entrailles furent émues quand le messager du Seigneur lui raconta la grande pitié qui était au royaume de France. Nourrie dans les maximes d'une religion qui enseigne avant tout que Dieu est charité, elle ne crut pas indigne de sa miséricorde d'opérer des prodiges pour sauver son pays; et, quand il lui fut révélé que celui qui peut tout avait choisi son bras pour accomplir cette œuvre de salut, elle regarda comme la chose du monde la plus simple que, dans l'intérêt de sa gloire, il appelât la faiblesse pour confondre la force, et mettant de côté les timides conseils de la prudence humaine, elle marcha droit au but que lui montrait sa foi.

Les grandes délivrances dont le ciel est l'auteur com

mencent toujours par éprouver l'opposition des hommes. La mère du Rédempteur se vit en butte à d'injustes soupçons, et le dévoûment des apôtres fut traité de folie.

L'ignorance et l'incrédulité s'unirent aussi pour traverser, dès le début, l'entreprise de Jeanne.

Préoccupé du soin de conserver sans tache l'honneur de son humble maison, son père, qui ne sait rien des grands desseins de Dieu, conçoit de chimériques alarmes. Sa rigide vertu s'exalte jusqu'au fanatisme, au point qu'un jour, outrant avec colère le vœu si admirable et si chrétien de la mère de saint Louis, il dit à ses fils: « Si je savais que la «chose advint que j'ai songé d'elle, je voudrais que vous la

noyassicz, et si ne le faisiez, je la noyerais moi-même. » Si la résolution de Jeanne avait pu l'être, ces terribles oracles, qui lui navrèrent le cœur, l'auraient déconcertée ; mais elle savait que, avant d'appartenir à un père mortel, nous appartenons tous à notre Père qui est aux cieux; que, quand il a parlé, les plus saintes affections de la nature. n'autorisent jamais à lui désobéir, et s'élevant au-dessus des considérations pusillanimes qu'on lui oppose, elle va chercher auprès de Baudricourt, qui commandait à Vaucouleurs, les moyens d'accomplir son glorieux mandat.

Dugueselin füt sorti du tombeau pour venir lui offrir le credit de son nom et de sa vaillante épée, que Baudricourt n'ent osé espérer la résurrection de la France.

Jugez, Messieurs, de sa stupeur, quand il vit à ses pieds la ille d'un paysan implorer son concours pour délivrer une ville que les Dunois et les Xaintrailles ne peuvent plus défendre, et pour mener sacrer à Reims un malheureux monarque qui delbare s'il n'ira pas cacher derrière les monts d'Auvergne

los debris de son trône.

Il tourne en dérision les espérances ou plutôt les promara de la jeune inspirée, et sans seulement discuter les

motifs de sa merveilleuse confiance, il conseille de la bien souffleter et de la rendre ensuite à la garde de ses parents.

Ainsi David fut insulté dans le camp de Saül quand il venait briguer l'honneur d'affranchir Israël de l'opprobre des Philistins.

Jeanne vient de nouveau trouver le gouverneur. « En mon <«< Dieu, lui dit-elle, vous tardez trop à m'envoyer, car le gentil Dauphin a reçu aujourd'hui près d'Orléans un assez « grand dommage, et sera-t-il taillé de l'avoir encore plus << grand si ne m'envoyez bientôt. »

Et, quelques jours après, on apprenait à Vaucouleurs que la fortune encore une fois avait trahi nos armes dans la plaine de Rouvray.

Une prédiction si positive, accomplie si littéralement, rendait inexcusable l'opposition de Baudricourt. Il laisse passer la fortune de la France.

Jeanne se rend à Chinon: elle pénètre dans le palais, escortée de sa noble candeur et de son angélique inno

cence.

Le prince lui demande son nom.

<< Gentil Dauphin, j'ai nom Jeanne la Pucelle, et vous << mande le roi des cieux, par moi, que vous serez sacré et <«< couronné en la ville de Reims, et serez lieutenant du roi «< des cieux, qui est roi de France. »

Alors, Messieurs, les souverainetés passagères de ce monde, en partageant le pouvoir avec Dieu, ne croyaient pas descendre, elles croyaient, au contraire, s'élever jusqu'à lui. Ce langage, où respire la divine politique des prophètes, révèle à tous l'envoyée du Seigneur. Elle a dit, et le silence de l'admiration a remplacé le sourire d'incrédulité qui circulait sur toutes les lèvres, et ces courtisans dédaigneux qui, tout à l'heure encore, insistaient pour qu'on la renvoyât sans l'entendre, sont les premiers à déclarer que, en repoussant

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