Imágenes de páginas
PDF
EPUB

fulmi-coton du moucheron d'une bougie ou d'une chandelle que l'on vient d'éteindre, mais qui est encore chaud. Immédiatement la bougie ou la chandelle se trouve rallumée.

Enfin, le coton-poudre a certainement beaucoup d'avenir, et ce n'est pas trop s'avancer que de promettre à une pareille substance de nombreuses applications dans les arts, applications qui ne se feront pas sans doute, attendre longtemps.

ACCIDENTS CAUSÉS PAR LA POUDRE-COTON.

Jusqu'à présent nous avons vu le beau côté de la poudre-coton; mais malheureusement nous allons être obligé, pour être fidèle au but de cet opuscule, de faire connaître aussi le revers de la médaille. Et d'abord, la préparation du fulmi-coton n'est pas sans danger; nous n'en chercherons pas d'autres preuves que les accidents qu'il a déjà occasionnés et que nous allons relater ici :

Accident arrivé le samedi 30 octobre à l'École d'Alfort. M. Lassaigne, professeur de chimie à l'Ecole d'Alfort, et M. Marchand, médecin adjoint de cet établissement, en faisant l'essai d'un échantillon de papier inflammable remis par M. Pelouze à M. Lassaigne, ont constaté qu'un pistolet de poche de Lepage, chargé avec 0 gr. 250 de ce papier, a été non-seulement forcé à l'endroit où était placé la balle, mais qu'il en est résulté une fente de 2 millimètres le longueur à cette boursouflure. La balle lancée par cette charge à onze pas a pénétré à une profondeur de 2 centimètres dans une porte de chêne, au milieu de laquelle elle est restée fixée, en détachant derrière elle un éclat de bois assez épais. Ne serait-il pas possible que cet accident dût être rapporté uniquement à la qualité de l'arme employée ?

[ocr errors]

Accident arrivé à Londres le 31 octobre. M. Lancaster, un des prin cipaux armuriers de Londres, dans Bond-Street, a éprouvé un accident en faisant, avec M. Taylor, chimiste, des expériences sur la force projectile du coton fulminant prépaté par le locteur Schonbein. Ils se servaient d'un fusil de chasse n° 14, à canon très fort; plusieurs charges de cinquante grains anglais (3 grammes) de poudre-coton, d'un quart d'once (8 grammes) de plonib avaient o! tenu un entier succès; mais l'arme ayant été chargée de quatre-vingt-trois grains (5 grammes) de poudre-coton et d'une once (32 grammes) de plomb, elle a éclaté avec violence. M. Lancaster a été blessé au bras la manche de son habit a été déchirée et emportée.

Heureusement ses blessures ne présentent point de gravité. Il avait,

en présence de M. Taylor et du célèbre professeur Faraday, tiré plusieurs fois le même fusil chargé d'une once (32 grammes) de poudre et d'une balle du calibre de l'arme sans éprouver le moindre inconvénient.

[ocr errors]

Accident de Kænigsberg, du 9 novembre. - Aujourd'hui, 6 onces de coton-poudre, préparées dans le laboratoire du docteur Keich, séchées et qui avaient atteint une température d'à peu près 60 degrés, ont fait explosion. Une fenêtre du laboratoire a été brisée ainsi que le bois qui entourait les vitres.

Accident arrivé à Javelle le 15 novembre. - Pendant la préparation du coton qui devait servir aux expériences de MM. Combes et Flandin que nous avons rapportées précédemment, il est également survenu un accident que nous allons décrire.

Durant le séchage de ce coton sur une claie placée au-dessus de deux bouches de chaleur d'un poêle extérieur à la pièce, et fournissant de l'air chauffé à 60 ou 65 degrés au thermomètre centigrade, le feu a pris à la matière. En raison de la quantité qui se trouvait, soit sur la claie, soit sur une table voisine (environ 500 grammes), une forte explosion a eu lieu, et a accasionné quelques blessures aux personnes qui surveillaient l'opération. L'une d'elles a eu le visage et les mains brulés à un assez haut degré par places, pour qu'il en résulte des plaies qui ne pourront se terminer que par suppuration. Une autre a eu le visage atteint; mais, chez elle, les brûlures ne dépassent pas le deuxième degré, c'està-dire qu'elles sont sans gravité. La troisième personne, M. Fouché le Pelletier, qui était aussi près de la claie, n'a reçu qu'une forte commotion.

Les effets produits par l'explosion ou l'expansion des gaz méritent d'être signalés. La pièce dans laquelle se faisait le séchage du coton azotique est une petite salle au rez-de-chaussée, de 6m,45 de long sur 3,85 de large et 2m,75 de haut. Elle est intermédiaire à deux autres plus grandes, dont elle est séparée par des murs ou cloisons de moellon ou de plâtre. Elle communique dans ces pièces par quatre portes qui étaient fermées au moment de l'accident. Du côté sud, une fenêtre donne sur une cour. Cette fenêtre était également fermée lors de l'explosion. Or, non-seulement cette fenêtre a été brisée, mais le mur de clôture du côté de la cour, consistant en un pan de bois de 20 centimètres environ d'épaisseur, a été dégradé, ouvert, et repoussé à une distance de 25 centimètres. Les meubles, et particulièrement trois corps de bibliothèque adossés à la cloison séparative de la pièce voisine et opposée au poêle,

ont été renversés, et la cloison elle-même repoussée de Om, 15. Des portes qui communiquent dans les pièces voisines, trois ont été ouvertes ou en partie brisées; l'autre, qui était d'un bois très-solide, a été arrachée de ses gonds.

Plusieurs autres dommages ont encore été produits, notamment dans le plafond de la pièce où a eu lieu l'explosion; mais pourtant il n'en a été détaché aucun débris.

Accident du 15 novembre. Dimanche soir, un accident qui a failli tuer plusieurs bommes est arrivé dans un atelier, situé non loin des abattoirs de Ménilmontant, en employant le papier-poudre pour soulever un piston dans une machine destinée à des expériences sur la force élastique des gaz et des vapeurs. M. le docteur Lesseré a constaté que la même quantité de papier-poudre qui avait parfaitement réussi six fois pour l'objet auquel la machine était construite, a déterminé la septième fois l'explosion de la calotte du cylindre dans lequel marchait le piston et que la chambre dans laquelle était logé le papier-poudre a été lancée à une grande distance, sans blesser heureusement aucun des spectateurs. La quantité de papier qui a produit cet effet avait une surface de 64 centimètres carrés, et pesait environ de 3 à 4 grammes.

Accident arrivé à Vincennes.

Un mortier de fonte a éclaté dans un essai fait par le comité d'artillerie, à Vincennes. Une personne a été blessée.

Accidents de Lyon. A Lyon, deux accidents sont arrivés à deux chimistes pendant l'opération du séchage, qui avait lieu dans une étuve. Nous n'avons pas eu de détails à ce sujet.

Accidents arrivés ù M. Deyeux.-M. Deyeux fils, excellent chasseur, a essayé plusieurs fois le coton-poudre dans des fusils, qui ont crevé. Il faut dire cependant que les canons en étaient faibles et mal étoffés. Accident arrivé à Deville. Dans les premiers jours de décembre, plusieurs chimistes distingués, attachés à la manufacture d'indiennes de M. Girard, à Deville (Seine-Inférieure), ont fait une expérience qui a failli leur coûter la vie. Ces messieurs voulaient connaître les propriétés du fulmi-coton; après avoir fait subir au coton ordinair les préparations nécessaires, ils ont eu recours à la vapeur pour le faire sécher plus promptement. Le coton était placé dans une capsule de fonte en contact direct avec la chaleur. Au bout de quelques minutes, une explosion épouvantable eut lieu, quatre-vingts carreaux furent brisés, le plancher fut troué, et le bâtiment tout entier fut fortement ébranlé. Par un hasard pro videntiel, aucun des expérimentateurs n'eut la plus petite égratignure,

PRÉCAUTIONS A PRENDRE POUR! RÉPARER LE COTON-POUDRE. D'après ce qui vient d'être dit, on it qu'on ne saurait trop prendre de précautions pour la préparation et le maniement du coton-poudre, Les bouches de chaleur d'un poêle par lesquelles il peut se dégager par instant des bouffées d'air trop chaud, nous paraissent impropres à remplacer des étuves où devrait être entretenue une température constante et très modérée. Peut-être même que, selon le mode de préparation des matières imprégnées d'acides, le degré de chaleur auquel elles sont susceptibles de faire explosion peut s'abaisser au-dessous de celui qui a été assigné jusqu'ici d'après quelques expériences.

M. Payen a constaté égalemenꞌ, à plusieurs reprises, que les courants d'air chauffés par l'intermédiaire des plaques métalliques ou des maçonneries enflamment le coton, quel que ménagée que soit leur température, et sans qu'elle dépasse en moyenne 25 à 30 degrés, tandis que la dessiccation obtenue plus rapidement, et à une température voisine de 100 degrés, n'a pas, jusqu'ici, donné lie 1 à une seule inflammation, lorsque la chaleur a été transmise par la vapeur d'eau ou l'eau bouillante, aux surfaces métalliques qui élèvent la température de l'air ou du coton. Une étuve, à courant d'air chauffé à 30 ou 36 degrés, par circulation d'eau ou de vapeur, semblerait donc, s uivant ce chimiste, remplir les conditions convenables de sécurité.

M. Gaudin a indiqué un autre procé lé de dessiccation qui pourrait s'appliquer dans la fabrication en grand de la nouvelle poudre. Il a imaginé de construire une chambre close, remplie de chaux vive con¬ cassée, communiquant par une conduite à un ventilateur héliçoïde, qui tire son air de la chambre, pour le chasser dans un boyau muni de trappes et cloisons à jour, où l'on place le coton à dessécher, et aboutissant à la chambre garnie de chaux vive. De cette manière, le coton se trouve sans cesse traversé par un courant d'air sec, qui lui enlève son humidité, proportionnellement àl'élévation de la température ambiante, jusqu'à ce que toute la chaux vive se soit convertie en un oxyde hydraté pulverulent.

M. Payen qui a reçu, en sa qualité de membre du Conseil de salubrité, la mission d'étudier certaines questions relatives à la préparation et à l'emploi du coton-poudre, et qui a fixé principalement son attention sur l'étude des circonstances qui peuvent occasionner des accidents notables, a voulu savoir si la préparation du produit que l'éher peut dissoudre aurait quelque inconvénient spécial. Le coton azo

tique traité par l'éther s'est partiellement dissous; la portion insoluble séchée, a paru brûler un peu moins vivement; la solution éthérée, évaporée très-lentement, à sec, au bain-marie au-dessous de 100 degrés, a donné un résidu diaphane, qui, humecté, puis séché de nouveau, s'est détaché en une lame diaphane brûlant avec une grande vivacité. Afin de connaitre les effets d'une dessiccation rapide du produit et sa température d'inflammation, lorsque la plus grande partie de l'éther fut vaporisée à l'air libre, le résidu étant alors devenu sirupeux, on mit la petite capsule qui le contenait sur un bain-marie d'huile réglé à la température de 115 degrés. A peine avait-il pu prendre cette température depuis une minute, qu'une détonation violente se fit entendre, comparable à un coup de fusil; la capsule fut mise en pièces, et l'huile, refoulée du bain-marie, alla frapper le plafond du laboratoire. La quantité du produit qui avait donné lieu à de pareils résultats était au plus de 1 décigramme.

La cause de cette explosion, suivant M. Payen, vient de ce que le produit soluble dans l'éther et rapproché à l'état sirupeux, reste adhérent aux parois de la capsule et se gonfle en pellicule membraniforme, lorsqu'on le chauffe brusquement.

On peut obtenir sans danger un résultat semblable, en évaporant le liquide jusqu'à siccité au bain-marie, hydratant avec un excès d'eau la couche adhérente, qui bientôt se soulève; décantant alors le liquide, et ajoutant quelques gouttes d'éther, on obtient, par une simple élévation de la température à 100 degrés, le soulèvement du produit fulminant en une pellicule blanche diaphane, persistante.

La cause de l'explosion à 115 degrés lui paraît donc résider dans la décomposition instantanée d'un mélange complexe du produit pyroxylique avec l'éther, et probablement l'aldéhyde, dont on reconnaît la présence à l'odeur vive et pénétrante, toute particulière, qui se manifeste à l'instant où la dessiccation s'achève.

M. Gaudin, dans une lettre qu'il a adressée à M. Payen, lui a donné une explication de cette détonation, qui vient confirmer la sienne : cela vient, dit-il, de ce que le coton soumis à l'action de l'acide nitrique, soit seul, soit combiné à l'acide sulfurique, donne deux produits différents, dont l'un, insoluble dans l'éther rectifié, est la pyroxyline, et l'autre, qui s'y dissout facilement, est ce qu'on pourrait appeler l'étherzyline. Ce der nier coton azoté est celui que produit presque toujours le mélange de deux

« AnteriorContinuar »