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Vichy, un pot d'extrait de casse, un pot de conserve de cynorrhodon, un flacon d'acétate de potasse, un flacon de poudre d'opium, un flacon de poudre de scille, deux flacons de cyanure de potassium, un flacon de baume de Fioravanti, un flacon de poudre de rhapontic, un flacon de poudre de quinquina; ces deux professeurs jugeant que ces produits étaient des produits pharmaceutiques, que ce n'étaient point des drogues simples telles qu'en peuvent vendre, et seulement en gros, les droguistes et les épiciers, ils les firent saisir.

MM. J... et F... ont été cités devant la sixième chambre jugeant en police correctionnelle, comme ayant violé l'art. 33 de la loi du 21 germinal an XI.

MM. J... et F......., par l'organe de M. Nogent-Saint-Laurent, prétendent qu'ils n'ont pas contrevenu aux règlements de leur profession, qu'ils ne préparent jamais de médicaments chez eux, qu'ils n'en vendent point aux particuliers, qu'ils ne débitent même aucune drogue simple au poids médicinal; qu'ils font seulement la commission de la droguerie; des pharmaciens de province leur demandent fréquemment des préparations médicinales, et pour les leur expédier ils les font composer et se les font livrer par divers pharmaciens de Paris avec lesquels ils sont én relations suivies d'affaires, et dont ils représentent les nombreuses factures.

Le défenseur ajoute, avec MM. J... et F..., qu'autant que possible, lorsqu'ils expédient des drogues médicinales par petites divisions, ils ont le soin de les envoyer sous le cachet des laboratoires où elles ont été composées.

M. l'avocat du roi Mahou établit que les préparations pharmaceutiques qui ont été saisies étaient en évidence dans leurs magasins, qu'elles étaient destinées à être vendues; or, dans des circonstances identiques, la Cour de cassation a décidé

qu'il y avait là le caractère de la mise en vente. (Aff. Barré. Arrét du 9 novembre 1324.)

Lé tribunal a condamné MM. J... et F... chacun à 500 fr. d'amende et solidairement aux dépens.

VENTE DES SANGSUES.

On sait quelles sont les fraudes que commettent des vendeurs de sangsues, fraudes qui sont telles, que maintenant beaucoup de médecins hésitent à les ordonner, parce qu'ils craignent: 1o de ne point obtenir de leur application les résultats qu'on est en droit d'en attendre: 2° parce que le prix en est fort élevé.

La Société de pharmacie de Bruxelles s'est occupée,dans l'une de ses séances, de la vente de ces annélides, et elle a émis l'avis que la vente des sangsues devrait être interdite aux personnes étrangères à l'art de guérir.Un des membres a fait connaître que la commission médicale avait fait des démarches dans le but de faire cesser cet abus, mais que le procureur du roi avait répondu qu'il ne pouvait défendre aux personnes étrangères à l'art de guérir, cette vente, pas plus qu'il ne pouvait interdire à ces personnes le commerce des instruments de chirurgie.

Une commission a été nommée pour démontrer que les sangsues ne sont point analogues aux instruments de chirurgie, mais que ce sont des médicaments externes, et que leur vente ne peut être permise qu'aux personnes de l'art.

FALSIFICATIONS.

FALSIFICATION DES VINAIGRES.

Le travail de M. Guibourt, qui a été le sujet d'une réclamation de notre collègue M. A. Chevallier, a nécessité la lettre

3o SÉRIE. 3.

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suivante, adressée par M. Orfila à M. le rédacteur du Journal

de pharmacie :

M. le rédacteur, je lis dans le dernier numéro du Journal de pharmacie, le passage suivant d'un mémoire de M. Guibourt, intitulé: Expériences relatives à l'essai des vinaigres:

J'ai vu quelque, part qu'on avait proposé l'éther sulfurique 'pour reconnaître la présence de l'acide sulfurique libre dans le vinaigre. J'ai agité dans un tube 50 centimètres cubes de bon vinaigre d'Orléans, additionné de deux gouttes d'acide sulfurique, avec 20 centimètres cubes d'éther. Après la séparation des deux liquides, l'éther a été réuni au premier. Cet éther, évaporé à l'air, a taissé un liquide comme sirupeux, d'une odeur d'acide acétique concentré, mêlée d'un arome très agréable de vinaigre. Evaporé à siccité, il a laissé un très petit résidu brun, très soluble dans l'eau, et ne précipitant pas du tout par le nitrate de baryte. En ajoutant au mélange un peu de vinaigre traité par l'éther, la précipitation avait lieu surle-champ; on peut conclure de ce fait que l'éther n'enlève pas l'acide sulfurique au vinaigre, et que ce moyen est à rejeter. » (Page 140.)

D

C'est, sans contredit, dans mon Traite de toxicologie que M. Guibourt a lu l'assertion contre laquelle il s'élève; car je crois avoir indiqué le premier qu'il fallait employer l'éther sulfurique de préférence à tout autre moyen, non seulement pour déceler l'acide sulfurique libre dans les vinaigres, mais encore dans les matières suspectes liquides qui pourraient être l'objet des recherches médico-légales relatives à l'empoisonnement par l'acide sulfurique. La question, comme vous le voyez, M. le rédacteur, présente assez de gravité pour devoir être approfondie; je viens donc vous prier d'accorder à ma réclamation une place dans le prochain numéro de votre journal. Mon point de départ a été celui-ci : Les sulfates neutres et

acides agités pendant une minute au plus, avec de l'éther sulfurique, ne sont point dissous, tandis que l'acide sulfurique libre, traité de la même manière, se dissout en petite proportion; d'où il suit que je n'ai jamais eu la prétention d'enlever d'une liqueur la totalité de l'acide sulfurique libre qu'elle pourrait renfermer, mais bien une quantité suffisante pour pouvoir en démontrer la présence dans l'éther. Si cela est exact, l'utilité du procédé est incontestable, puisqu'en suivant la méthode ordinaire (la précipitation directe de la liqueur par un sel de baryte), on serait exposé à chaque instant à tout confondre et à attribuer la production du sulfate de baryte à un sulfate soluble contenu dans la liqueur, quand elle pourrait dépendre de la présence de l'acide sulfurique libre, et vice versa.

Cela étant, je dois m'attacher à démontrer que l'assertion émise par M. Guibourt n'est pas exacte; mais, avant de faire connaître les expériences que j'ai tentées depuis l'impression du mémoire de M. Guibourt, je dirai que déjà, avant moi, M. Chevallier avait proposé de dissoudre l'acide sulfurique libre dans l'alcool.

1° J'ai agité dans un verre un mélange de 10 grammes d'éther sulfurique rectifié, pesant 0,723 à la température de zéro, et d'une goutte d'acide sulfurique pur à 66 degrés; au bout d'une minute, la couche supérieure éthérée a été décantée avec soin, et séparée de la couche inférieure formée par l'acide sulfurique. L'éther a été évaporé dans une petite capsule à une douce chaleur; le produit de l'évaporation, excessivement minime, dissout dans l'eau distillée, a fourni un liquide dans lequel l'azotate de baryte a fait naître un précipité de sulfate de baryte.

2o J'ai répété deux fois l'expérience sur laquelle M. Guibourt s'est appuyé pour rejeter l'emploi de l'éther (voyez plus haut); La densité du vinaigre d'Orléans était de 1,018, et celle de

l'éther rectifié de 0,723; constamment j'ai obtenu avec l'azotate de baryte un léger précipité de sulfate de baryle, contrairement à l'assertion de M. Guibourt.

3° J'ai fait un mélange de 50 volumes du même vinaigre (27 grammes) et de deux gouttes d'acidesulfurique à 66 degrés ; j'ai fait évaporer jusqu'à ce que le liquide fût réduit au sixième de son volume, ainsi que je l'avais conseillé en 1842 (voyez ma Toxicologie); dès que la liqueur fut refroidie, je la versai dans un long tube de verre, et j'ajoutai 20 volumes d'éther sulfurique à 0,723; j'agitai lentement pendant une minute, en renversant le tube de manière que l'extrémité supérieure que je bouchais avec mon pouce fût tantôt en bas, tantôt en haut. Au bout de quelques instants, et lorsque les deux couches furent bien formées, je décantai la couche supérieure éthérée, sans y mélanger la moindre trace de la couche inférieure ; je fis évaporer l'éther à une douce chaleur, et je traitai le produit de l'évaporation par une petite quantité d'eau distillée; la dissolution, mise en contact avec l'azotate de baryte, donna un précipité de sulfate de baryte, six fois plus considérable que celui que j'avais obtenu dans l'expérience deuxième.

4° Je mélangeai 100 volumes du même vinaigre d'Orléans (54 grammes) avec 2 grammes de sulfate de potasse neutre ; la liqueur, réduite par l'évaporation et refroidie, fut agitée pendant une minute, avec 40 volumes d'éther sulfurique à 0,723, comme je l'ai dit à l'expérience troisième. La couche éthérée, décantée et évaporée à une douce chaleur, laissa un résidu, que je traitai par l'eau distillée; la liqueur ne fut point troublée par l'azotate de baryte. En agissant ainsi, j'avais pour but de savoir si le sulfate acide de potasse, qui aurait pu se former à mesure que l'acide acétique se concentrait, aurait été dissous par l'éther sulfurique. On voit que ce liquide n'a rien dissous.

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