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NOTES DE L'AUTEUR

ET

PIÈCES JUSTIFICATIVES

I

DE L'AGE DE LA PUCELLE.

(Livre I, chapitre m.)

Quelques historiens récents prétendent que Jeanne naquit le 6 janvier 1412 (nouveau style); ils se fondent sur son interrogatoire du 24 février 1431, où elle dit qu'elle a presque (quasi) 19 ans ; mais elle-même déclara, dans son interrogatoire du 27, qu'elle était âgée de 13, lorsqu'elle eut sa première révélation. On n'a pas remarqué qu'au commencement de 1429, elle avait des révélations depuis au moins cinq ans, ni que, dans le même interrogatoire, elle dit que, depuis au moins sept ans, ses voix veulent bien la diriger. Or, en ajoutant 7 à 13, on a le chiffre de vingt ans en 1431; donc elle est née en 1411, n. st., et non en 1412. D'ailleurs l'âge de 19 ans qu'elle indique le 24 février, n'étant marqué qu'en chiffres (XIX),

peut être plus aisément une erreur de copie que le mot sept noté en lettres (septem).

La Chronique de Lorraine, comme la notoriété contemporaine, atteste que la Pucelle avait 18 ans lorsqu'elle arriva à la Cour, ce qui également reporte sa naissance en 1411. Martin Ladvenu, son confesseur à sa mort, déclare qu'elle avait vingt ans ou environ; comme elle le lui dit sans doute à ce moment suprême; ce qui fait également 18 ans en 1429. D'ailleurs, comme Jeanne jouissait de toute sa force physique et intellectuelle, il est probable qu'elle était âgée de 18 ans plutôt que de 17; car dans l'adolescence une année fait beaucoup pour le développement physique et moral. Enfin ce fut avant son départ pour la France que son père voulut la marier, et qu'elle fut citée à Toul par l'homme qui désirait l'épouser malgré elle. Il est peu vraisemblable que ce fût avant l'âge de 17 ans.

II

DU VÉRITABLE NOM DU PÈRE DE JEANNE DARC.

(Livre I, chapitre m.)

Entre autres motifs qui m'ont fait adopter cette manière d'écrire le nom Darc, je déduis les suivants :

1° Toutes les expéditions manuscrites et les copies quasi-contemporaines du procès de condamnation et de celui de révision portent Darc et non d'Arc;

2o Jean Hordal, descendant de Pierre, frère de Jeanne, écrit constamment Darc, dans son Histoire imprimée en 1612 à Pont-à-Mousson;

3o Un recueil de plusieurs inscriptions contemporaines ou peu postérieures à la Pucelle, publié en 1628 par du Lys, prouve également que son nom s'écrivait Darc;

4o Edmond Richer, dans son Histoire manuscrite, ne met point non plus d'apostrophe. On peut voir notamment sa première partie, folio 8, au verso, où le nom Darc se trouve trois fois;

5° Enfin l'anoblissement de la famille de Jeanne, en décembre 1429, par Charles VII, prouve que son père n'était point noble, et ne portait pas un nom féodal.

Je vais montrer que c'est par erreur que, dans sa publication des deux procès, M. Quicherat a mis partout une apostrophe au mot Darc; mais auparavant il est essentiel d'esquisser l'état des manuscrits.

Après que les procès-verbaux furent rédigés et les interrogatoires traduits en latin, Manchon écrivit trois expéditions complètes et authentiques du procès, Boscguillaume une quatrième, et Taquel une cinquième. Ces trois greffiers les signèrent toutes. L'une d'elles fut lacérée judiciairement en 1456. Une autre est égarée ou détruite; mais il en subsiste trois, dont deux sont à la bibliothèque de la rue de Richelieu, et la troisième à celle du Palais-Bourbon. On les qualifie à tort de grosses, car le jugement était exécuté; d'ailleurs on ne délivre qu'une seule grosse.

En ce qui concerne le procès de révision, les notairesgreffiers Comitis et Ferrebouc en délivrèrent trois expéditions authentiques que chacun d'eux signa. L'une est égarée ou détruite; la seconde fut déposée par Louis XI au Trésor des Chartres, et la troisième, qui appartenait à l'évêque de Paris, l'un des juges, fut par lui léguée à l'é glise de Notre-Dame de Paris, qui la garda jusqu'à la fin du XVIIIe siècle. Ces deux dernières expéditions sont déposées à la bibliothèque de la rue de Richelieu. Il en existe deux copies célèbres presque contemporaines : celle dite de Saint-Victor, en tête de laquelle on trouve une copie du procès de condamnation, et celle dite de d'Urfé, où il est également inséré avec une copie exacte d'une partie de la minute française de ce premier procès. Les minutes des deux procès sont perdues. Mais toutes les expéditions ainsi que ces deux copies se trouvent dans un parfait état de conservation.

Or les deux expéditions du procès de condamnation déposées à la bibliothèque de la rue de Richelieu, no 5965, fo 60, recto, et no 5966, fo 8, verso; et celle déposée au Palais-Bourbon, fo 40, verso, portent Darc; M. Quicherat, tome Ier, p. 191, écrit le même mot d'Arc.

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