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n'est là qu'un des résultats de l'expédition de M. de Humboldt, et il n'est aucune partie des sciences qui n'en ait tiré des avantages proportionnés. Les diverses branches de l'histoire naturelle, comme les . différentes parties des connoissances historiques, la statistique et la géographie, comme la botanique et la géologie, l'économie politique, les arts industriels, lui sont redevables d'une infinité d'acquisitions utiles. Les hommes studieux jouissent de ses découvertes dans tous les genres. Tant d'objets variés sur lesquels l'attention du voyageur s'est partagée sans s'épuiser jamais, tant de vues ingénieuses qui constituent, pour ainsi dire, autant de sciences nouvelles ajoutées au domaine de l'intelligence humaine, et, par-dessus tout, tant de faits inconnus tout-à-coup rassemblés et mis en lumière, justifient assez la reconnoissance des savans qui, cette fois du moins, répond dignement aux services dont elle est la récompense.

J. P. ABEL-RÉMUSAT.

NOTE sur le Manuscrit grec de la Bibliothèque royale de Paris, 1. 2016.

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LE catalogue imprimé des manuscrits grecs de la Bibliothèque royale de Paris, au nom d'Olympiodore, porte l'indication, sous le n. 2016, d'un commentaire inédit de ce philosophe platonicien sur le second Alcibiade (1). Si cette indication est exacte, et si réellement il existe un commentaire d'Olympiodore sur le second Alcibiade, les amis de la philosophie ancienne doivent assurément s'en féliciter. En effet, Olympiodore représentant à-peu-près l'opinion de ses prédécesseurs, c'est-à-dire, de toute l'école d'Alexandrie, s'il a commenté le second Alcibiade, on pourroit en conclure jusqu'à un certain point que l'école à laquelle il appartient regardoit comme authentique le second Alcibiade, que la critique moderne a relégué parmi ces dialogues ingénieux, mais sans importance philosophique, écrits par un des moralistes appelés socratiques, et plus tard attribués faussement à Platon. Et ce seroit là déjà une donnée précieuse, sans parler des idées philosophiques, des détails historiques, ou même des curiosités gram

(1)« Codex chartaceus, olim Balusianus, quo continentur:
1. Olympiodori in Platonis Alcibiadem secundum. Finis desideratur.
2.o Capita quædam ascetica. Initium et auctoris nomen desiderantur,
Is cod. sæculo XVII exaratus videtur.»

maticales qu'un pareil ouvrage pourroit présenter. Il est donc aisé de comprendre l'intérêt avec lequel l'annonce du catalogue imprimé des manuscrits grecs de Paris a été accueillie et répétée par les historiens et les amis de la philosophie ancienne, entre autres par le célèbre auteur de la Symbolique, M. Creuzer, qui, dans la préface de son édition du Commentaire d'Olympiodore (1) sur le premier Alcibiade, répète, relativement au second, l'annonce du catalogue de Paris.

Cette annonce est d'autant plus importante, que nul autre catalogue de manuscrits grecs renfermés dans les bibliothèques de l'Europe ne parle d'un commentaire d'Olympiodore sur le second Alcibiade; et quant aux bibliothèques qui n'ont pas de catalogues imprimés, nous pouvons assurer que, dans un séjour assez long auprès de la bibliothèque ambroisienne de Milan, où M. Mai a fait de si précieuses découvertes, nos recherches nous ont convaincus qu'il n'existoit aucun commentaire sur le second Alcibiade; et un de nos amis (2), ayant eu la complaisance de chercher pour nous ce manuscrit au Vatican et à la bibliothèque Barberini, n'a pas été plus heureux à Rome que nous à Milan. Reste donc la bibliothèque de Paris, qui, sur la foi de son catalogue, passe pour posséder un ouvrage dont on ne trouve ailleurs aucune mention.

Or nous nous faisons un devoir de déclarer que le manuscrit 2016 ne contient, malgré le catalogue, aucun commentaire sur le second Alcibiade; et pour qu'il ne reste aucun doute à cet égard, nous donnerons ici une description de ce manuscrit un peu plus étendue que celle du catalogue.

Ce manuscrit est un in-4. assez grand, de 178 feuilles; l'écriture est de plusieurs mains, toutes très-modernes et très-mauvaises. Quant au contenu, on lit sur la première feuille: Codex papyreus recens quo continentur Olympiodori scholia in Platonis Alcibiadem hactenus inedita; incipiunt: ỏ μèv Åesoriλns... ; et, en effet, à la feuille suivante, on trouve : Σχόλια εἰς τὸν Πλάτωνος Αλκιβιάδην Στὸ φωνῆς Ὀλυμπιοδώρε το μεγάλες φιλοσόφε.... ὁ μὲν Αρισοτέλης ἀρχόμενος τῆς ἑαυτὸ θεολογίας (3) φησι· πάντες ἄνθρωποι εἰδέναι ὀρέγονται φύσει, σημεῖον δὲ ἡ τδ αἰθήσεων ἀγάπησις. Εγὼ δὲ τῆς τὸ Πλάτωνος φιλοσοφίας ἀρχόμενος φαίην ἂν τῖτο μειζόνως ὅτι πάνες ἀνθρώποι

(1) Olympiodor. in Platonis Alcibiad. Francofurt. ad Monum, 1821; præfat. p. xvij. — (2) M. Larauza, maître de conférences à l'ancienne école normale, auteur d'un savant ouvrage inédit sur la vraie route d'Annibal à travers les Alpes, mort dernièrement à Paris à la fleur de l'âge et du talent. (3) Sur le nom de théologie donné à la métaphysique d'Aristote par Olympiodore, voyez la note de M. Creuzer, p. 1.

τῆς Πλάτωνος σοφίας ὀρέγονται, χρησὸν παρ' αὐτῆς ἀπάνες ἀρύσασθαι βουλόμενοι.... Ce début est bien incontestablement celui d'un commentaire d'Olympiodore sur l'Alcibiade de Platon, mais sur le premier, non sur le second, commentaire publié en 1821 par M. Creuzer, et qui contient, outre une vie de Platon, qui avoit déjà été publiée plusieurs fois, des renseignemens curieux sur plusieurs philosophes alexandrins, et en particulier sur Damascius. Ce commentaire sur le premier Alcibiade continue, dans le manuscrit 2016, jusqu'à la feuille 107. Les derniers mots du verso de la feuille 106 sont: daños av autès éπwróμalov ♪idonovas, lesquels mots correspondent à la page 159 de l'édition de M. Creuzer. La feuille 107 du manuscrit 2016 a l'air de faire suite à la feuille précédente; l'écriture en est la même ; et de peur, à ce qu'il semble, qu'on ne s'y trompât point, en tête de la feuille on a écrit ces mots: Olympiodori scholia in Alcibiadem Platonis. Or voici la première ligne de ces prétendues scholies sur l'Alcibiade: pelo v auTor ὁ Κέβης· πῶς τᾶτο λεγεῖς, ὦ Σωκράτες...., ce qui. est évidemment une phrase du Phédon, et la suite est un morceau du commentaire inédit d'Olympiodore sur ce dialogue; ce fragment va jusqu'à la feuille 121. Nous rapportons les dernières lignes du verso 120: waveg WS TO AμÉTEEN ὄμμα πρότερον μὲν φωτιζόμενον ὑπὸ τὸ ἡλιακό φώτος ἑτέρον ἔςι το φωτιζόντος, ὡς ἐλλαμπόμενον, ἔτερον δὲ ἑνεται πως η συνάπτεται ή οἷον ἐν ἢ ἡλιοειδες γίνεται έτω κι ἡ ἡμετέρα ψύχη κατάρχας μεν ἐλλάμπεται.... Ici, feuille 121, sans changement apparent, commence un tout autre ouvrage. Cet ouvrage ne porte aucun titre; mais évidemment le sujet en est la prière. En voici la première ligne, dasov ix, deux mots qui se rapportent à une phrase précédente que nous n'avons pas; puis, ay γδ' ποτέ μεν εὐχέθαι δεῖ, ποτέ δε μὴ τὸς τὴν ἑαυτῶν σαπρ' αν Σποβαλεῖν ἐθελόντας.... Zamρía indique déjà un auteur ecclésiastique. Le reste de la page est consacré à une comparaison du feu qui amollit le fer, et de la prière qui amollit l'ame. Au verso de cette feuille, il est question du feu de la grâce, το πύρος τῆς χαρίτος, puis de notre Sauveur, ὁ σωτήρ

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v; enfin, en continuant, on voit que c'est un morceau d'une homélie sur la prière, terminé par αὐτῷ ἡ δοξὰ εἰς τῆς αἰώνας, ἀμήν. Viennent ensuite d'autres homélies, περὶ ψαλμῳδίας, περὶ λογισμῶν, περὶ ὑπομόνης, jusqu'à la feuille 178, la dernière du manuscrit, terminée également par la formule ordinaire: τῷ δὲ θέω ἡμῶν δοξὰ εἰς αἰώνας, ἀμήν. De qui sont ces homélies! c'est ce qu'il seroit aisé de vérifier; mais toujours est-il que, dans tout ce manuscrit, il n'y a rien qui se rapporte au second Alcibiade.

Nous avons donc cru devoir avertir ici les amis de la philosophie

ancienne de ne pas se livrer à de fausses espérances, et de ne pas compter sur un commentaire inédit du second Alcibiade de Plafon', au moins dans le manuscrit 2016 de la bibliothèque royale de Paris. V. COUSIN.

RAPPORT de la Commission nommée par l'Académie pour examiner les résultats du voyage en Cyrénaïque et en Maṛmarique par M. Pachô.

De tous les pays célèbres par les souvenirs classiques qui s'y rattachent, la Cyrénaïque étoit peut-être celui sur lequel on possédoit le moins de renseignemens. Excepté le médecin della Cella, qui l'a parcourue en 1817, et qui a publié la relation de son excursion rapide, aucun voyageur moderne n'avoit exploré cette contrée fameuse. Cette relation, bien loin de satisfaire la curiosité des savans, n'avoit fait que l'exciter encore par les indications nombreuses que donnoit le voyageur sur des ruines d'antiquités (1); et quelques inscriptions assez insignifiantes qu'il avoit copiées en passant, faisoient espérer qu'un voyageur qui auroit plus de loisir rapporteroit une riche moisson de ces fragmens si précieux pour l'histoire.

M. Pacho, qui avoit déjà fait plusieurs voyages en Égypte et dans les Oasis, dont il a dessiné tous les monumens (2), entreprit d'explorer d'une manière complète tout le pays compris entre Alexandrie et les côtes de la Grande-Syrte: dans le cours de l'année 1825, il a exécuté ce projet avec un zèle, un courage et une persévérance au-dessus de tout éloge. Dire que ce périlleux et fatigant voyage a réalisé toutes les espé

(1) On peut en dire autant d'une relation succincte de la Cyrénaïque, imprimée, par les soins de la société de géographie, dans le second volume (non encore publié ) de son recueil. Elle est l'ouvrage de M. A. Cervelli de Pise, qui avoit accompagné, en 1812, l'expédition du bey de Tripoli contre les Arabes de l'est.—(2) Le rédacteur de ce rapport a vu les dessins de M. Pachô, qui ont été faits avec le plus grand soin: ils confirment le jugement qui a été porté dans ce journal, des dessins gravés dans le Voyage aux Oasis, par M. Cailliaud (voyez Journal des Savans, année 1823, p. 301), et qu'on diroit avoir été arrangés après coup, tant ils ressemblent peu aux monumens qu'ils sont censés représenter. M. Pachô a rapporté de nouvelles copies des décrets et autres inscriptions de l'Oasis, aussi exactes que l'état des originaux peut le permettre, Elles offrent quelques variantes, et donnent un nouveau poids à la plupart des restitutions qui ont été faites de ces curieux monumens. (Note du Rapporteur.)

rances qu'on avoit conçues, et produit les résultats que les archéologues en attendoient, ce seroit aller beaucoup au-delà de la vérité: mais ce qu'on pourroit affirmer, après avoir examiné l'un après l'autre les nombreux dessins de M. Pachô, c'est que, depuis Alexandrie jusqu'à Bengazi, il a exploré la côte avec le plus grand soin, dessinant toutes les ruines qu'il a rencontrées sur sa route, ou dont ses guides lui indiquoient le gisement, fouillant les grottes sépulcrales, copiant leurs peintures, et recueillant toutes les inscriptions qu'il a pu trouver, jusqu'au moindre fragment. On doit donc être à-peu-près certain que rien d'important n'a pu lui échapper, et qu'à moins de s'établir long-temps dans le pays, on ne pourroit y trouver, en fait de restes d'antiquités et d'art, rien de plus que ce qu'il en a rapporté. Ce résultat est déjà du plus grand intérêt, et le voyageur qui l'a obtenu mérite la reconnoissance du

monde savant.

vif

En examinant les dessins de M. Pachô, nous avons vu avec le plus regret qu'il n'existe presque plus rien de Cyrène autonome, ni même de Cyrène soumise aux Ptolémées. La plupart des restes d'antiquités dessinés par M. Pachô, appartiennent au temps des Romains; il en est fort peu qu'on puisse reporter avec certitude à une époque antérieure.

Entre les monumens antiques dont il subsiste encore des ruines hors de terre, on ne remarque qu'un seul temple qui conserve quelques colonnes; encore est-il de l'époque romaine (1): tous les autres monumens sont funéraires ; ils consistent :

1.° En neuf grottes sépulcrales, dont la décoration extérieure mérite l'attention des gens de l'art: quelques-unes présentent des détails architectoniques d'une grande élégance; plusieurs ont une ressemblance frappante avec les monumens qui sont au nord-est de Syouah; d'autres enfin présentent des ornemens qui appartiennent au style égyptien. Le voyageur, qui en a fait fouiller quelques-unes, y a trouvé huit peintures (2), qui offrent à l'antiquité des sujets intéressans et

(1) C'est ce que prouvent, non-seulement le style de l'architecture, mais deux inscriptions dédicatoires en l'honneur d'Arsinoë (fille de Ptolémée Soter) et de Ptolémée Philométor, sur deux blocs qui font partie du soubassement du temple, et qui ont été encastrés, comme les autres pierres, à l'époque même de la construction de l'édifice. Or, de semblables dédicaces n'ont pu être employées à un tel usage qu'après la domination des Ptolémées. (2) Voyez, sur le sujet d'une de ces peintures, les observations consignées dans le Moniteur du 29 décembre 1825, et dans les Nouvelles Annales des voyages, tom. XXIX, p. 70-74. (Notes du Rapporteur.)

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