Imágenes de páginas
PDF
EPUB

avec une lettre de M. Bankes au très-honorable Charles Yorke, dans laquelle il rend compte en peu de mots de cette importante découverte.

Plusieurs notes ont été ajoutées en Angleterre à l'Essai de M. Salt. Ces notes portent la date de Londres 1825, et ont, je pense, pour auteur M, Bankes. Une de ces notes a pour objet de faire connoître en détail par quelle suite d'observations et de déductions on a été amené à reconnoître le nom de Cléopâtre écrit en caractères phonétiques; découverte qui, jointe à celle du nom de Ptolémée, a été comme le germe de toutes les autres. Suivant cette note, la première découverte du nom de Cléopâtre remonte à l'année 1818, et est due à M. Bankes. L'auteur de cette note, persuadé qu'il étoit important de prouver que cette découverte reposoit sur une démonstration complète, a cru devoir suppléer à l'imperfection des renseignemens donnés à cet égard par M. Champollion (dans son Précis.du système hieroglyphique).

כג

Une autre note nous donne quelques détails sur un Français qui a voyagé en Égypte et visité les ruines de Méroé en 1822. Je vais la transcrire. « M. Adolphe Linant, né à Lorient en 1799, avoit servi » dans la marine française, et visita le Levant avec MM. Forbin » et Prévot, qu'il quitta à Alexandrie. Il fit ensuite un voyage dans » la haute Égypte et la Nubie avec MM. Salt et Bankes. En 1819, >> il contracta l'engagement de voyager de nouveau pour M. Bankes, qui, retournant en Europe, desiroit cependant faire continuer »ses recherches. En conséquence de cet arrangement, M. Linant » consacra environ deux mois, en 1820, à un voyage dans l'oasis » d'Amoun, et quelques semaines de la même année à visiter les antiquités qui existent aux environs du mont Sinaï La découverte » de Méroé étoit toutefois l'objet principal de la mission dont il étoit chargé, et il partit pour cette recherche en 1821. Le 22 février » 1822, il se trouvoit au milieu des magnifiques restes de cette ancienne capitale, qui n'avoit point encore été visitée par M. Cailliaud ni par aucun autre voyageur européen. I revenoit alors de Sennaar, » ville au-delà de laquelle il avoit pénétré dans le royaume de Fasuolo, » jusqu'au 12.o degré de latitude nord. M. Linant revint au Caire » dans l'été de la même année. Il est à présent en Angleterre, et a » rapporté avec lui des notes très-nombreuses, et une collection » précieuse de cartes, de plans et de dessins de tout ce qu'il a vu » dans ses différens voyages. »

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

A l'occasion de ce que dit M. Saft (page 56) des restes des édifices d'Ipsamboul, de Karnac, de Médinet-Habou et du Memnonium, et

de la haute idée que donnent ces ruines, des progrès qu'avoit faits l'architecture chez les anciens Égyptiens, M. Bankes observe qu'on n'a encore rien publié en Europe qui puisse donner une idée juste du mérite de ces monumens. « Je n'entends point du tout, dit-il, comparer l'art des Égyptiens avec celui des Grecs; mais je suis moi» même convaincu que la Grèce a reçu les arts de l'Égypte, vers le temps de l'invasion de ce dernier pays par les Perses, époque à laquelle les meilleurs artistes quittèrent leur patrie ou furent transportés dans d'autres contrées. Les Égyptiens avoient précisément ce genre de mérite, qui étoit le plus propre à former un bon style, entre les mains d'hommes d'un talent supérieur, comme étoient les » Grecs, et qui n'étoient point enchaînés par les entraves de formes » rendues inaltérables par une sorte de convention. »

Je trouve aussi, dans une autre note, un fait très-remarquable, s'il étoit bien constaté; c'est que la langue des Barabra contient un grand nombre de mots coptes.

Je finirai cet article par une note fort importante du même M. Bankes (page 22).

M. Letronne a publié dans ses Recherches pour servir à l'histoire de l'Égypte, une longue inscription grecque copiée en 18 is par M. Bankes, et en 1816 par M. Cailliaud, sur le socle d'un obélisque de granit qui étoit enfʊui dans la terre devant le grand-propylon du temple d'Isis à Phila. Cette inscription n'est autre chose qu'une requête présentée au roi Ptolémée, à la reine Cléopâtre sa sœur et à la reine Cléopâtre sa femme, dieux évergètes, par les prêtres d'Isis, adorée à l'Abaton co à Phila, pour obtenir justice de certaines vexations et la jouissance des priviléges et immunités auxquels ils avoient droit. A ces demandes ils en joignent une autre: c'est la permission d'élever une stélé « où nous inscrirons, disent-ils, la bienfaisance que vous aurez montrée à »notre égard en cette occasion, afin que cette stélé conserve éternelle»ment la mémoire de la grâce que vous nous aurez accordée. »

M. Letronne, qui a expliqué dans le plus grand détail tout ce que contient cette inscription, a fait voir qu'il n'y a aucun lieu de douter que les prêtres n'aient obtenu les satisfactions qu'ils desiroient, et, par une conséquence nécessaire, qu'ils ont dû élever une stélé et y inscrire le décret royal rendu en leur faveur, comme ils y ont inscrit leur requête. « Il est très-vraisemblable, dit-il (et il appuie son raisonne»ment d'un exemple analogue), que les prêtres ont dû joindre à la copie de cette requête, soit la copie du décret royal, soit la mention » expresse du succès de la demande, et une action de grâce envers le

prince, ce qui répond à ces paroles: Nous y mentionnerons la bienfaisance. que vous aurez exercée envers nous, pour que le souvenir s'en » conserve éternellement. Voilà ce qui a dû être gravé sur un des côtés » du socle, ou sur la plinthe, ou sur toute autre partie du monument, » enfin sur un autre monument placé en regard et qu'on retrouvera » peut être un jour. »

ימ

L'auteur des notes jointes à l'Essai de M. Salt nous apprend que la conjecture de M. Letronne a été complètement vérifiée par l'événement. Voici ce qu'il dit : « M. Salt ignoroit que le texte grec des » décrets royaux dont il est fait mention dans l'inscription, gravée sur » le socle, a été découvert sur la partie supérieure de l'obéfisque, et » en grande partie d'une manière satisfaisante, depuis l'arrivée. de » l'obélisque en Angleterre. Les lettres ne se distinguent qu'avec peine, » à moins d'être éclairées d'une manière toute particulière, parce » qu'elles n'ont été que simplement tracées sur la surface plane du, » granit, avec de la peinture, ou plutôt avec une préparation huileuse qui devoit servir de première couche pour recevoir ensuite la dorure: » car on peut avoir cru qu'une semblable distinction étoit due à cette » marque de la faveur royale. Dans toute autre supposition, il seroit peut-être difficile de se rendre compte du motif pour lequel.ces. » documens, qui sont de beaucoup les plus importans, ne sont inscrits que sur la surface du monument, tandis que la pétition est profondé»ment gravée dans la pierre..... Les protocoles de ces deux décrets' » car il y en a deux sont dressés au nom du roi Ptolémée et; » des deux reines Cléopâtre; le premier est adressé au collège des » prêtres, en réponse à leur requête, et le second est une copie de » la lettre de ces princes, adressée, comme les prêtres l'avoient' » demandé dans leur requête, à Lachus, gouverneur de la Thébaïde. » Le premier se compose de sept lignes: comme la partie supérieure, de l'obélisque est un peu mutilée, il seroit possible qu'il eût contenu jusqu'à neuf lignes; le second en a huit. Ni l'un ni l'autre n'ont » encore été rendus publics, quoique M. Bankes les ait communiqués » à plusieurs amis. »

כן

L'extrait que nous venons de donner de l'Essai de M. Salt suffit pour en faire apprécier l'importance. Plusieurs des découvertes qu'it» contient seroient peut-être susceptibles de quelques objections; mais c'est à M. Champollion ou aux personnes qui font de ce genre de recherches l'objet direct de leurs études, qu'il appartient de distinguer ce qui est rigoureusement prouvé, de ce qui peut encore laisser lieu

à quelques doutes et à un examen ultérieur (1). Nous bornerons donc ici le compte que nous avions à rendre de cet ouvrage. SILVESTRE DE SACY.

NOUVELLES LITTÉRAIRES.

INSTITUT ROYAL DE FRANCE.

L'ACADÉMIE royale des sciences publie le programme suivant. PRIX DÉCERNÉS. I. Prix de Physiologie expérimentale, fondé par M. le baron de Montyon. « Ce prix, dont le roi a autorisé la fondation par une ordonnance en date du 22 juillet, doit être décerné, chaque année, à l'ouvrage imprimé ou manuscrit, qui, au jugement de l'Académie, aura le plus contribué au progrès de la physiologie expérimentale. L'Académie a décidé qu'il n'y avoit pas lieu cette année à le décerner; mais, parmi les ouvrages soumis à son examen, l'Académie a distingué celui de M. le docteur Brachet de Lyon, et qui a pour titre Recherches expérimentales sur les fonctions du système nerveux ganglionaire. Ce mémoire contient un grand nombre d'expériences sur plusieurs des questions les plus importantes de la physiologie: sans le peu d'ordre de sa rédaction et ses lacunes fréquentes, dont l'auteur convient lui-même, l'Académie n'auroit pas balancé à couronner cet ouvrage. Elle se borne à accorder à M. Brachet, à titre d'encouragement, le montant de la somme de 895 fr., destinée au prix, en l'engageant à terminer et à perfectionner ce travail avant de le livrer au public. Un autre ouvrage a fixé l'attention de l'Académie ; c'est celui qu'a envoyé d'Italie le docteur Regulus Lippi. Cet ouvrage, dont le titre est Illustrations anatomiques comparées du système lymphatique chylifère sur les paupières, accompagné d'un atlas, est remarquable sous le rapport des faits qu'il annonce et de l'exécution des planches qui l'accompagnent. Mais les commissaires nommés par l'Académie. pour examiner ce travail, n'ayant pu vérifier d'une manière satisfaisante les faits principaux qui y sont annoncés, ont jugé convenable de renvoyer le jugement définitif à l'année prochaine, en réservant à M. Lippi le droit de concourir. >> -II. Prix fondés par le testament de M. le baron de Montyon, pour le perfectionnement de l'art de guérir. « Les travaux de médecine et de chirurgie, destinés à concourir aux prix fondés par M. le baron de Montyon,'étoient en grand nombre; mais l'Académie s'est vue forcée, par la date de l'ordonnance du Roi, de se borner à l'examen des faits publiés seulement depuis l'époque du mois de juillet 1821. La plupart des prétendues découvertes en médecine exigeant la sanction de l'expérience, pour que les résultats annoncés puissent être réellement constatés, l'Académie n'a pu restreindre le concours aux seules

(1) Le vœu que je formais en écrivant ceci vient d'être rempli par M. Champollion, dans un article inséré dans le Bulletin des sciences historiques, cahier de janvier 1826.

découvertes qui auroient été faites dans l'année; elle a même cru nécessaire de retarder son jugement définitif sur des travaux importans, parce ses commissaires n'ont pu se convaincre d'une manière incontestable de tous les faits énoncés, les auteurs n'ayant pas cru de leur devoir de rapporter les cas d'insuccès avec les mêmes détails qu'ils avoient donnés pour ceux dans lesquels ils avoient parfaitement réussi. D'après l'avis unanime de sa commission, l'Académie a décidé qu'il ne seroit pas décerné de grands prix pour l'année 1825, et que, sur la somme destinée à ce double emploi, il en seroit prélevé une de seize mille francs pour être distribuée à titre d'encouragement de la manière suivante: (pour la médecine) à M. le docteur Louis, auteur d'un ouvrage ayant pour titre, Recherches anatomico-pathologiques sur la phthisie, deux mille francs. L'Académie cite avec éloge le zèle et le dévouement de M. le docteur Bailly, qui a fait des recherches sur les fièvres pernicieuses des environs de Rome, et MM. les docteurs Audouard et Lassis, pour les travaux qu'ils ont entrepris dans l'examen des causes de la fièvre jaune et des maladies contagieuses. (Pour la chirurgie) à M. le docteur Civiale, qui a publié plusieurs mémoires importans sur la lithotritie, ou sur les moyens de broyer les calculs dans la vessie urinaire, et qui a fait avec succès le plus grand nombre d'opérations sur le vivant, une somme de six mille francs. Une somme de deux mille francs à chacun des trois médecins dont les noms suivent par ordre alphabétique: à M. Amussat, auteur d'un mémoire très-remarquable sur la structure du canal de l'urètre; à M. Heurteloup, auteur d'un mémoire sur l'extraction des calculs par l'urètre, et qui a très-ingénieusement perfectionné les instrumens adaptés à cette opération; à M. James Leroy d'Etiolles, qui a publié en 1825 un ouvrage sur le même sujet, et qui a le premier, en 1822, fait connoître les instrumens qu'il avoit inventés et qu'il a depuis essayé de perfectionner. En në donnant cette année que ces encouragemens aux personnes qui se sont occupées du broiement de la pierre dans la vessie, l'Académie croit pouvoir annoncer qu'un grand prix pourra être décerné dès l'an prochain, si les compétiteurs veulent bien se persuader qu'ils doivent à la science un compte fidèle, nonseulement des succès, mais aussi des obstacles, des accidens, des revers et des rechutes qui pourroient être observés. Enfin, l'Académie décerne une pareille somme de deux mille francs, à titre d'encouragement, à M. le docteur Deleau, auteur de différens mémoires, pour avoir principalement perfectionné le cathétérisme de la trompe d'Eustache ou le conduit guttural de l'oreille, et pour avoir guéri, par ce moyen, quelques individus affectés de cette cause rare de surdité.» -III. Prix fondé par M. le baron de Montyon en faveur de celui qui aura découvert le moyen de rendre un art ou un métier moins insalubre. « La commission chargée d'examiner la question de savoir s'il y avoit eu en l'année 1825 quelques arts ou quelques métiers rendus moins insalubres, ayant pensé qu'aucun art ou qu'aucun métier n'a reçu de perfectionnement assez notable à cet égard, du moins à sa connoissance, pour être digne d'une récompense, aucune pièce d'ailleurs n'ayant été envoyée au concours, l'Académie a décidé que ce prix ne seroit pas décerné cette année. »- IV. Prix d'astronomie, « La médaille fondée par feu M. Delalande, pour être donnée annuellement à la personne qui, en France ou ailleurs, les membres de l'Institut exceptés, aura fait l'observation la plus intéressante, ou le mémoire le plus utile aux progrès de l'astronomie, a été décernée cette année à l'ouvrage qu'a publié récemment

Rr

.

« AnteriorContinuar »