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poëte mystique Férid-eddin Attar: un cippe en pierre, chargé d'une longue inscription persane, indique sa sépulture. Non loin de ce lieu, un monument de plus d'importance couvre celle de Seid Mohammed, frère de l'imam Riza. Ailleurs on montre la sépulture du fameux Omar Khiyami, connu par son impiété et par ses aventures avec Hasan Sabbah, le fondateur de la secte des Ismaéliens de Perse.

Telles sont les antiquités qu'offrent les environs de Nischapore et qui méritent à peine ce nom, sur-tout quand il s'agit d'une ville dont la fondation remonte, s'il en faut croire les Persans, aux rois de la dynastie des Pischdadiens, et qui fut ruinée pour la première fois par Alexandre le Grand.

Nous ne suivrons pas M. Fraser dans ce qu'il dit de l'histoire de cette ville, de la fertilité et de la population du district dont elle est la capitale, du nombre des ruisseaux et des canaux d'irrigation qui y entretiennent la culture, et qui nourrissent une grande abondance de poissons; et nous nous arrêterons ici, réservant pour un second article T'analyse des huit derniers chapitres et de l'appendix de cet ouvrage, SILVESTRE DE SACY.

M. TULLII CICERONIS DE RE PUBLICA LIBRI ab Angelo Maio nuper reperti et editi, cum ejusdem præfatione et commentariis. Textum denuò recognovit, fragmenta pridem cognita, et Somnium Scipionis ad codd. mss. et edd. vett. fidem correxit, versionem Somnii græcam emendatiùs edidit, et indices auxit Georgius-Henricus Moser; accedit Friderici Creuzeri adnotatio; cum specimine codicis Vaticani palimpsesti lithographo. Francofurti ad Monum, è typographeo Broenneriano, 1826, in-8.o, Ixxviij et. 625 pages,

LES fragmens de la République de Cicéron n'ont été découverts qu'en 1822 (1), et déjà l'on en compteroit plus de douze éditions publiées à Rome, à Paris, à Londres, et en plusieurs villes d'Allemagne elles sont indiquées à la suite de la préface de celle que nous annonçons. En elle-même, cette préface (pag. v-x) n'est qu'un exposé succinct des motifs et des circonstances du travail de M. Moser;

(1) Voyez Journal des Savans, mars 1823, p. 175-179:

mais elle amène une notice plus étendue (pag. xj-xxij) et plus instructive des livres imprimés et manuscrits et des documens divers dont le nouvel éditeur a fait usage. Il y parle de la traduction de M. Villemain, qu'il trouve trop libre, ainsi que le sont ordinairement, ajoute-t-il, les versions que les Français composent. Nous serons dire qu'il existe dans notre langue plusieurs traductions recommandables par leur fidélité comme par leur élégance, et que celle de M. Villemain est de ce nombre, Au surplus, M. Moser traite avec moins d'égards encore un traducteur allemand nominé Pierre, qui a, dit-il, travaillé, non sur le texte latin, mais sur la version française: Germanica pessima, ex gallicâ, neque verò ex latina linguâ expressa ab homine quodam cui nomen est J. M. Pierre, Le nouvel éditeur fait aus i mention d'un volume publié, il y a quelques mois, par M; Munnich (1), qui croyoit avoir retrouvé l'ouvrage de Cicéron dans le traité De perfecto Senatore de Goslicius: cette annonce avoit excité une attente qui, ainsi que le déclare M. Moser, n'a point été satisfaite. La partie la plus utile de la notice dont nous parlons ici, est une lettre de M. Hase, contenant la description de sept manuscrits de la Biblicthèque du Roi, où se trouve une traduction grecque du Songe de Scipion. Planude et Théodore Gaza ont été désignés comme traducteurs de ce morceau: M. Hase est persuadé qu'il n'en existe qu'une seule version grecque; et, sans décider auquel de ces deux personnages elle doit être attribuée, il incline à penser qu'elle est de Planude, et que Gaza n'a fait que la transcrire.

Ces préliminaires se continuent, de la page xxiij à lxxviij, par la préface de M. Mai, accompagnée de quelques notes critiques de M. Moser, empruntées en partie des journaux allemands qui ont rendu compte de la première édition du Traité de la République. L'une des plus importantes tend à prouver que M. Mai s'est trompé lorsqu'il a dit que ce traité n'avoit point été dédié par Cicéron à Atticus, mais à quelque autre personnage, à Varron peut-être : c'est un point fort difficile à éclaircir, puisqu'on ne retrouve point les premières pages de l'ouvrage, et que les inductions à tirer de quelques lignes des autres écrits de Cicéron sont loin d'être décisives. Par exemple, dans le Brutus, il se fait adresser par Atticus ces paroles: Jam pridem conticuerunt tuæ littera; nam ut illos de Re publicâ libros edidisti, nihil à te sanè posteà accepimus. C'est ce passage qui, selon

(1) M. T. Ciceronis libri de Republ. Gottingæ, in-8.o, xiv et 245 pages. Voyez notre cahier de février 1826, p. 127.

M. Moser, démontre le mieux (locus demonstrat) que ces livres avoient été composés pour Atticus. Nos lecteurs apprécieront cette preuve.

En réimprimant les fragmens que M. Mai a pu recueillir, M. Moser a joint aù texte et aux notes de M. Mai lui-même, ses propres remarques et celles de M. Creuzer. Nous en citerons quelques-unes; c'est le seul moyen de donner une idée de ce nouveau travail.

Exemplari ad industriam virtutemque ducimur. M. Moser est tenté de substituer utimur à ducimur: il pense qu'il faut dire exemplo duci, exemplari uti. Festus établit, en effet, une différence entre exemplum et exemplar (1); mais il n'en tire point une telle conséquence, et il paroît que le manuscrit porte ducimur; du moins M. Mai n'avertit d'aucune difficulté sur la manière de lire ce mot. Cette seule consideration pourroit déterminer à le conserver; et nous remarquerons d'ailleurs que M. Moser, en proposant de le changer, ne dit rien des mots ad industriam virtutemque. Nous ne prétendons point qu'on ne puisse pas écrire exemplari uti AD industriam et virtutem; mais il nous semble que ces derniers mots se construisent encore mieux avec duri.

Tantam esse necessitatem virtutis generi hominum à naturâ, tantumque amorem ad communem salutem defendendam datum, ut ea vis omnia blandimenta voluptatis otiique vicerit. M. Villemain a traduit : « La » nature donne à l'homme un sentiment si impérieux de la vertu, et >> une ardeur si vive pour la défense du salut commun, que cet instinct » triomphe en lui de tous les charmes du plaisir et du repos. » Cette excellente version ne satisfait pas M. Moser, qui sous-entend virtutis après amorem, et qui assure que amorem ad salutem defendendam ne sauroit signifier, dans Cicéron, l'ardeur de défendre le salut commun. Cette observation nous sembleroit, à certains égards, assez plausible: cependant Virgile a dit bien plus hardiment encore, si tantus amor casus cognoscere nostras; et d'un autre côté, en admettant l'interprétation de M. Moser, il resteroit bien aussi quelque, embarras à rattacher, soit à virtutis amorem, soit à ut vicerit, les mots ad salutem defendendam (2).

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(1) Exemplum quod sequamur aut vitemus; exemplar ex quo simile facianus. (2) M. J. V. Leclerc, dont M. Moser ne paroît avoir connu ni la traduction ni les notes, donne aux paroles de Cicéron la construction et l'interprétation que l'éditeur allemand réprouve : « La nature a imposé à Phommo » une telle nécessité de vertu et lui a donné un tel besoin de travailler au salut » commun, que ce sentiment a triomphé de tout ce que le plaisir et le epos » ont de séductions. » Nous aimerions mieux la version de M. Villemain; mais le texte a été entendu de la même manière par l'un et l'autre traducteur.

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Les notes qui tendent ainsi, soit à corriger le texte, soit à en modifier l'explication, sont fort nombreuses: plusieurs autres ne consistent qu'en citations de textes parallèles, extraits des autres ouvrages de Cicéron ou de divers auteurs classiques; et ces rapprochemens peuvent en effet jeter quelquefois du jour sur certains passages. M. Moser a cru nécessaire de montrer que Cicéron avoit plus d'une fois employé le mot illustrare dans le sens d'éclaircir; et à ce propos il cite nonseulement ces paroles du livre 1." des Questions académiques, res eas.... latinis litteris illustrare, mais aussi cette ligne du Brutus, genus hoc scriptionis nondum (est) latinis litteris illustratum. On pourroit élever quelques doutes sur ce second exemple: il s'agit des progrès du genre historique; il s'agit en particulier de l'historien Sişenna, dont le talent, fort supérieur à celui de ses prédécesseurs, est loin pourtant de la perfection, et laisse voir que ce genre d'écrire n'est pas encore assez illustratum dans la littérature latine. Hujus (Sisennæ) omnis facultas ex historiâ ipsius perspici potest, quæ, cùm facilè omnes vincat superiores, indicat tamen quantùm absit à summo, quàmque genus hoc scriptionis nondum sit latinis litteris illustratum. Ne seroit-il pas permis de penser qu'ici non satis illustratum signifie que ce genre n'a point encore acquis assez d'éclat chez les Romains! La ligne du Traité de la république qui donne lieu à cette note est celle-ci, temporum illorum, tantùm ferè regum illustrata sunt nomina: là sans doute illustrata ne veut dire qu'éclaircis ou bien connus. En effet, selon le nouvel éditeur, les mots temporum illorum équivalent à dans toute l'histoire de ces tempslà, et les suivans à il n'y a de bien connu que les noms des rois, ainsi que l'a pensé M. Villemain et que nous le disions dans l'un de nos derniers articles (1). M. Moser en est si persuadé, qu'il trouve que Cicéron ou Scipion s'est exprimé trop généralement lorsqu'il a dit, deux lignes plus haut, obscura est historia romana. Pourquoi cette proposition universelle, demande l'éditeur, quand il ne doit être question que d'une seule époque? Cur tam universè historiam romanam esse obscuram, cùm ipse mox Scipio ad illa tantum tempora obscuritatem referat! M. Moser voudroit qu'on effaçât romana, et qu'on lût obscura est ea historia, ou bien obscura est in eo historia romana: mais M. Creuzer conseille de ne rien changer ici, nil ego movendum arbitror; et nous serions pleinement de cet avis.

(1) Cahier d'août, p. 464, 465. Cependant M. J. V. Leclerc traduit : « Pour » tous ces temps-là, les seuls noms bien connus sont ceux des rois. » Nous ne croyons pas que ce soit là le sens du texte.

Quelques-unes des notes sur le second livre concernent la chronologie et le fond même de l'histoire. L'article des centuries de Servius a sur-tout exigé un'assez long commentaire. Déjà il n'étoit pas trèsaisé de concilier Denys d'Halicarnasse et Tite-Live, et de les faire retomber tous deux au noinbre de cent quatre-vingt-treize centuries, total si généralement énoncé par les anciens auteurs, qu'on l'a depuis tenu pour constant. Le nouveau texte de Cicéron n'a fait que compliquer les difficultés; et l'on n'en sera pas surpris, si l'on considère que ce texte et mutilé, qu'il n'a ni commencement ni fin, qu'il se réduit à une trentaine de lignes, que les expressions numériques y ont été probablement altérées, et, ce qu'on n'a point assez observé peut-être, que l'auteur, ou Scipion qu'il fait parler, avertit lui-même qu'il supprime quelques explications superflues pour ses auditeurs: Quae descriptio, si esset ignota vobis, explicaretur à me: ils voient bien assez, dit-il, tout le système de cette réforme, nonne videtis rationem esse talem, ut &c.! mais la phrase qui commence par ces mots est précisément celle qui, faute de détails et d'éclaircissemens, nous reste la moins intelligible. Ce passage, que M. Mai appeloit déjà vexatissimum en 1822,, a été bien plus tourmenté depuis; il a excité une fongue contestation entre MM. Niebuhr et Steinacker. Les résultats de leurs dissertations, de leurs répliques, de leurs tripliques, et des observations qu'y ont jointes d'autres savans, MM. Hermann, Burchard, Franck, &c., sont exposés par M. Moser dans ses notes, et plus au long dans l'un des trois Excursus qu'il a placés à la fin de ce volume. Le précis qu'il donne de cette controverse est trop substantiel pour être susceptible d'être à son tour analysé ; nous nous tenterons de dire que l'éditeur conclut en faveur de l'opinion de M. Franck, qui transpose les mots equitum centuria cum sex suffragiis, et qui change lxxxix en lxxxj (1). Mais M. Moser avoue que la ques

(1) Texte des éditions. Nunc rationem videtis esse talem, ut equitum centurie cum sex suffragiis, et prima classis, additâ centuriâ quæ ad summum usum urbis fabris tignariis est data; lxxxix centurias habeat: quibus ex centum quatuor centuriis, tot enim reliquæ sunt, octo sola si accesserunt, conficta vis populi universi; reliquaque c.

Changemens proposés par M. Franck: Nunc rationem videtis esse talem, ut prima classis, additâ centuria quæ ad summum usum urbis fabris tignariis est data, lxxxj centurias habeat, quibus ex centum quatuor centuriis, tot enim reliquæ sunt, equitum centuriæ cum sex suffragiis ( decem et) octo solæ si accesserunt, confecta vis populi universi; reliquaque &c.

L'extrême difficulté de ce passage est sensible dans les traductions; voici celle de M. Leclerc : « Les centuries équestres, augmentées des six centuries

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