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JOURNAL

DES SAVANS.

DÉCEMBRE 1826.

PRÉCIS ÉLÉMENTAIRE DE PHYSIOLOGIE, par F. Magendie, membre de l'Institut de France, &c.; 2.o édition, revue et augmentée. Paris, 1825, in-8.°

It suffit souvent au succès des livres destinés à l'enseignement des

sciences, que tous les faits qui en sont la matière y soient exposés avec précision et clarté, d'après une méthode qui en rende la connoissance facile aux étudians. Mais lorsqu'à ce mérite, déjà très-grand par luimême, un traité élémentaire joint l'avantage de contenir des considérations neuves, des observations originales et le résultat d'expériences particulières à l'auteur, l'utilité d'un tel ouvrage cesse d'être renfermée dans l'enceinte des écoles; le public savant, qui en profite, en devient

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le juste appréciateur, et rend grâce à celui qui tout à-la-fois a su concourir à l'instruction des élèves et hâter le progrès des découvertes. Le Précis de M. Magendie occupe un rang très-éminent parmi les livres qui ont rendu à la physiologie ce double genre de services. Deux articles très-étendus, consacrés à la premiere édition de cet ouvrage par un savant dont les lumières étoient alors du plus grand prix pour la rédaction de ce Journal (1), ont déjà donné à nos lecteurs une idée complète et satisfaisante du travail auquel s'étoit livré l'auteur. Il auroit suffi peut-être, en annonçant la deuxième édition, de rendre compte des changemens et des améliorations qu'elle présente mais l'abondance et l'intérêt des matières sont tels, qu'il est possible encore, sans répéter les observations de M. Dulong, de trouver l'occasion de faire de nouvelles remarques, et d'offrir à nos lecteurs l'aperçu de plusieurs questions importantes qui sont traitées par M. Magendie avec une véritable supériorité.

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Tout le monde connoît les belles expériences qui ont conduit M. Magendie à proposer des vues nouvelles sur l'origine et la distribution du principe de la sensibilité dans les nerfs. On sait que, par le résultat de ces expériences, plusieurs des notions généralement reçues à ce sujet ont été rectifiées ou considérablement modifiées. La réforme la plus importante consiste dans la distinction toute récente des nerfs qui sont sensibles, et de ceux qui ne sont que peu ou point sensibles. Il seroit peut-être plus exact de dire que les premiers donnent la sensibilité aux parties où ils se distribuent, et que les autres, destinés à des actions spéciales, contribuent foiblement ou restent tout-à-fait étrangers au développement de cette propriété commune. Les nerfs sensibles, comme les nomme l'auteur, ont pour caractère anatomique d'offrir un ganglion à peu de distance de leur origine. On doit compter dans cette première espèce de nerfs la branche supérieure de la cinquième paire, qui donne la sensibilité à la peau et aux membranes muqueuses de toute la partie antérieure de la tête; les nerfs qui résultent de la réunion des racines postérieures des nerfs rachidiens, lesquels portent la même propriété à la peau du cou, du tronc et des membres, et à presque tous les organes de la poitrine et de l'abdomen; la huitième paire, qui préside à la sensibilité du pharynx, de l'œsophage, du larynx et de l'estomac, et le sousoccipital, qui remplit la même destination pour la partie postérieure de la tête. M. Magendie a prouvé que, si l'on coupe ces différens

(1) Juin et octobre 1818.

nerfs près de leur origine, les parties où ils vont se répandre perdent

toute leur sensibilité.

Les nerfs qui ont une destination spéciale, et qu'on peut, dit M. Magendie, considérer comme insensibles, bien qu'il ne faille pas prendre cette expression dans un sens trop absolu, sont les nerfs optique, olfactif et acoustique, ceux des troisième, quatrième et sixième paires, la portion dure de la septième, le nerf hypoglosse et la branche antérieure de toutes les paires qui naissent de la moelle . épinière. Quand on coupe ces divers nerfs, les parties où ils se distribuent conservent la sensibilité. Chez l'homme malade, quand ces nerfs sont intéressés, plusieurs fonctions sont altérées; mais la faculté tactile, et en général celle de sentir, ne paroissent pas même diminuées (1). Un fait particulièrement remarquable est celui que M. Magendie a constaté en examinant la part que la rétine, ou l'expansion du nerf optique qui forme cette membrane, peut avoir dans le mécanisme de la vision. On n'avoit jamais songé à mettre en doute que la rétine ne fût l'agent nerveux et l'organe immédiat destiné à recevoir les impressions produites par la lumière: cependant, en coupant la cinquième paire sur un animal, l'auteur reconnut qu'il lui avoit ôté la vue du même côté; en la coupant encore du côté opposé, il s'assura que l'animal étoit devenu aveugle. La lumière du jour, et même une lumière artificielle concentrée avec une loupe, ne donnoient plus aucun indice d'impression. A la vérité, une insensibilité plus grande encore se manifesta chez un individu après la section du nerf optique; car il n'y eut plus aucune apparence de sensation, même par la lumière la plus forte, celle du soleil concentrée par une lentille; et ce genre de stimulus exerçoit encore quelque action sur un animal dont la cinquième paire seule étoit coupée, lorsqu'on faisoit brusquement passer l'œil de l'ombre à la lumière. Toute sensibilité n'étoit donc pas perdue pour la rétine; mais il n'en restoit qu'une foible partie, et il n'en étoit pas moins démontré que cette membrane ne peut concourir à la vue que sous l'influence d'un autre nerf. Cette influence, vérifiée pour deux autres sens encore, est neuve dans la science et mérite toute l'attention des physiologistes. Il pourra être utile d'examiner s'il n'est entré aucune illusion dans les expériences dont nous parlons, et si, par exemple, la stupeur de l'iris, des paupières et des autres parties externes de l'œil, n'en a pas im

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(1) Voyez les tomes III et IV du Journal de physiologie,

posé, après la section du nerf de la cinquième paire, sur l'état où se trouvoient la rétine et le nerf optique.

C'est encore une connoissance tout récemment acquise, et qui est due, pour la plus grande partie, aux travaux de M. Magendie, que celle des fonctions particulières assignées aux racines des nerfs spinaux. On sait maintenant, avec certitude, que les racines antérieures sont les nerfs qui produisent le mouvement de toutes les parties du tronc et des membres, et que la sensibilité des mêmes parties est due aux autres nerfs dont l'origine est distincte de celle des premières. Les expériences par lesquelles on est parvenu à détruire à volonté le mouvement ou la sensibilité, ou l'un et l'autre à-la-fois, ne doivent pas seulement apporter un changement notable aux idées qu'on s'étoit toujours formées de l'action des nerfs; elles sont aussi du plus haut intérêt, quand il s'agit d'expliquer la nature des paralysies et d'essayer d'y porter remède.

Les observations microscopiques de MM. Prévot et Dumas ont jeté du jour sur la structure intime du tissu des nerfs. Quand on prend un nerf, et qu'après l'avoir divisé longitudinalement on l'étale sous l'eau, on voit qu'il est composé d'un nombre de petits filamens, égaux en grosseur. Ces ligamens sont plats et formés de quatre fibres élémentaires disposées à-peu-près sur le même plan, et les fibres sont elles-mêmes composées de globules. MM. Prévot et Dumas ont calculé qu'il pouvoit y avoir jusqu'à seize mille de ces fibres dans un nerf cylindrique d'un millimètre de diamètre, tel que le crural d'une grenouille. Avec un grossissement de dix à quinze diamètres, les nerfs présentent à leur surface des bandes alternativement blanches qui simulent d'une manière frappante les contours d'une spirale serrée qui seroit placée sous l'enveloppe celluleuse. Mais cette disposition n'est qu'apparente, et dépend simplement d'un plissement de l'enveloppe, qui perd sa transparence dans certains points et qui la conserve dans d'autres. C'est ce qu'on prouve en tirant légèrement le filet nerveux placé sur la lentille; mais la direction spirale de ce pli luimême n'en est pas moins une circonstance des plus remarquables, comme tout ce qui, dans les corps organisés, présente cette disposition singulière.

On doit aux mêmes physiologistes la détermination précise d'un phénomène qui n'avoit été entrevu que très-vaguement avant eux. Examinées avec un grossissement très-foible, les fibres musculaires sont parallèles et droites, si le muscle qu'elles forment est en repos; mais si, par une cause quelconque, le muscle vient à se contracter,

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