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philosophique! C'est ce qu'on ne peut savoir d'après ce passage d'Eunape, que nous croyons devoir citer textuellement: Пoas your τοῖς ἤδη προπεπραγματευμένοις βιβλίοις θεωρίας εναντίας κατέλιπε, περὶ ὧν ἐκ ἐςὶν ἕτερον τι δοξάζειν ἢ ὅτι προϊὼν ἕτερα ἐδόξασεν (1). Nous regrettons que ce passage n'ait attiré l'attention ni de M. Boissonade ni de Wyttenbach.

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Iamblique étoit de Chalcis en Célésyrie, d'une origine illustre et d'une famille riche et puissante (2). Il ne fut pas le successeur immédiat de Porphyre; entre eux deux est Anatolius. C'est probablement celui auquel Porphyre a dédié ses Questions sur Homère, ou peutètre l'auteur du traité des sympathies et des antipathies, dont il nous reste un fragment publié par Rendtorf dans la Bibliothèque grecque de Fabricius. Il y a eu plusieurs philosophes de ce nom; mais quel que soit celui dont il est ici question, Eunape dit qu'il succéda à la réputation de Porphyre, Пopover Ta Nút require (3); mais il ne dit point ni d'où il étoit, ni si ce fut à Rome qu'il hérita de la réputation de Porphyre; il ne dit pas non plus si c'est à Rome ou à Chalcis ou à Alexandrie qu'Iamblique fit sa connoissance et ensuite celle de Porphyre, ni dans quelle ville il demeura habituellement; il est probable que ce fut à Alexandrie. Eunape, comparant le disciple au maître, ne trouve Iamblique inférieur à Porphyre que pour le style. Ses écrits, dit-il, ne sont pas remplis de grâce et d'agrément, » comme ceux de Porphyre; ils n'en ont pas la lucidité ni la pureté, quoiqu'ils ne soient ni obscurs ni incorrects; mais, comme Platon >> le dit de Xénocrate, Iamblique n'avoit pas sacrifié aux grâces; aussi, » loin d'attirer et d'attacher le lecteur, il le fatigue et l'éloigne (4'. » Et, quoi qu'en dise Wyttenbach (5), ce jugement d'Eunape est resté celui des connoisseurs et des juges impartiaux. Iamblique rassembla autour de lui une foule de disciples, qui de tous côtés venoient pour l'entendre et se former dans ses entretiens. Parmi eux se distinguoient Sopater de Syrie, Édésius, Eustathe de Cappadoce, le Grec Theodore, Euphrasius et beaucoup d'autres en si grand nombre, qu'il est vraiment étonnant qu'un seul homme ait pu leur suffire à tous, se davμásor r in άow iρnes (6). Plus tard, dans la vie d'Edésius, nous ferons connoissance avec Edésius, Eustathe et Sopater. Quant à Euphrasius, nous n'en avons pas plus entendu parler que Wyttenbach (7). Théodore est probablement ce Théodore d'Asinée, que Proclus cite si fréquem

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(1) Ibid. — (2) Ibid. p. 11. (3) Eunap. tom. 1, p. 11. — (4) Ibid. p. 12. -(5) Tom. II, p. 50.- (6) Ibid. p. 12. (7) Tom. II, p. st.

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ment et qu'il regarde comme le véritable successeur d'Iamblique. La seule difficulté qui arrête Wyttenbach est un passage de Damascius, où Théodore d'Asinée est donné comme un élève de Porphyre, ce qui chronologiquement ne permettroit pas que Proclus eût pu l'entendre, tandis que nous lisons dans le commentaire sur le Timée, τοιαῦτα γδ' ήκεσα & τα Θεοδώρας φιλοσοφωνος (1). Si la difficulté chronologique paroît insurmontable, il n'y a plus d'autre ressource que d'interpréter autrement l'era de la phrase de Proclus, et de supposer que Proclus veut dire qu'il a entendu dire la même chose de Théodore et non pas à Théodore, en sous-entendant pì au lieu de c, comme il y en a tant d'exemples (2). Si Proclus avoit suivi les leçons d'un maître aussi célèbre que Théodore, il est probable que Marinus nous l'auroit appris, lui qui indique avec tant de soin tous ceux que Proclus a entendus (3) il est douteux aussi que Proclus, qui rend hommage en toute occasion à son maître syrien, n'eût jamais exprimé une seule fois sa reconnoissance pour Théodore, qu'il cite et loue fréquemment, si jamais il avoit assisté à ses leçons. Enfin, dans le traité sur la providence, la fatalité et la liberté (4), adressé à un de ses amis nommé Théodore, il fait allusion au philosophe du même nom qui est venu après lamblique; et certes il n'eût pas manqué de compléter l'allusion, et de rappeler, à l'occasion de son ami Théodore, son maître Théodore, si celui-ci l'avoit été. De cette manière du moins on expliqueroit la phrase de Damascius, qui s'étoit occupé avec tant de soin de l'histoire de la philosophie, et dont il ne faut pas, ce semble, répudier l'autorité aussi légèrement que le fait ici Wyttenbach.

Le reste de cette vie d'Iamblique est rempli de détails qu'Eunape déclare tenir de Chrysante, lequel les tenoit d'Edésius, disciple immédiat et ami d'Iamblique. On sent que l'on approche du temps où les récits d'Eunape vont appartenir à la biographie plus qu'à l'histoire, et où l'école platonicienne, privée de ses chefs les plus illustres, s'enfonce de plus en plus dans les superstitions de cette époque. Ainsi Eunape rapporte assez longuement ce qu'il appelle des exemples de la faculté divinatoire d'Iamblique et de son pouvoir de faire des prodiges. Dans ce siècle, tout le monde faisoit des prodiges ou en vouloit faire; et les Alexandrins, moitié superstition, moitié calcul, n'étoient pas restés en arrière de leurs émules. Ici

(1) Pag. 246. — (2) Voyez Lamb. Bos, edit. Schof. p. 734. — (3) Marinus, Vie de Proclus, édit. de M. Boissonade. (4) Voyez mon édition des Euvres inédites de Proclus, tom. I.

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Iamblique, se promenant avec ses disciples, leur annonce qu'il va passer un convoi, et à l'instant un convoi se présente (1); et Eunape a la bonne foi d'avouer que ce fut peut-être un effet de la bonté de son odorat plutôt que de sa vertu divinatoire. Mais une autre fois, au bain, devant deux fontaines nommées l'une Éros et l'autre Antéros, il évoque en riant les génies de ces deux fontaines, et les deux génies sortent des eaux et entourent Iamblique de leurs petits bras. Ce trait, dit Eunape, fit taire l'incrédulité de ses disciples, qui dès-lors se montrèrent dociles et confians (2). « On raconte, dit encore l'historien, beaucoup d'autres choses bien plus étonnantes que je n'ai pas voulu » rapporter, pour ne pas mêler à une histoire véridique des récits qui » pourroient sembler fabuleux. L'exemple même que je viens de citer, » je me serois fait scrupule de le rapporter, dans la crainte que ce ne » fût un conte, si je n'avois l'autorité d'hommes sensés qui eux» mêmes avoient vu la chose. Quoi qu'il en soit, personne avant » moi n'a fait mention de ce trait, et Edésius m'a dit qu'il ne l'avoit » pas mis dans ses ouvrages et qu'aucun autre écrivain n'avoit osé le >> faire (3). » Pour nous, qui avons quelque connoissance de l'époque d'Eunape, loin de nous étonner de sa crédulité, nous sommes au contraire surpris de sa réserve, et nous ne pouvons guère l'expliquer qu'en nous rappelant que Théodose n'aimoit pas que les païens fissent aussi des miracles.

Vient ensuite un récit de querelles assez mesquines entre Iamblique et un nommé Alipius, qui, par jalousie, adresse des questions embarrassantes à notre philosophe, qui se venge de son rival en rendant justice à ses talens et même en faisant son éloge après sa mort (4). Ni M. Boissonade ni Wyttenbach ne fournissent aucune lumière sur cet Alipius, et nous n'avons jamais lu ce nom autre part. A ce que dit Eunape, il étoit d'Alexandrie et y mourut très-âgé. Iamblique y mourut aussi après lui, selon Eunape; ce qui confirme l'opinion que ce fut à Alexandrie qu'Iamblique passa sa vie. Il avoit eu beaucoup d'élèves et laissa une nombreuse école, πολλὰς ῥίζας τε και πηγὰς φιλοσο las (5); et c'est au milieu de ses élèves qu'est tombé Eunape dans sa jeunesse, ταύτης ὁ ταῦτα γράφων τῆς φορᾶς εὐτύχισεν (6). Ils se répandirent de tous côtés dans l'empire romain, et l'un des plus célèbres, Édésius, se retira à Pergame en Mysie, et y établit une école où fut élevé Chrysante, le premier maître d'Eunape. C'est depuis ce moment sur

16.—(3)

() Ibid. tom. 1, p. 14.➡ (2) Ibid. p. 15, 16. — (3) Ibid. p. 16. — (4) Ibid. P. 17, 18, 19. (5) Ibid. p. 19. - (6) Ibid.

tout que l'histoire d'Eunape gagne en authenticité tout ce qu'elle perd en grandeur, et devient d'autant plus curieuse qu'elle dégénère en mémoires domestiques, et ne contient plus que des détails minutieux, il est vrai, mais que l'on chercheroit en vain ailleurs, et qui, réunis, ne laissent pas de jeter d'assez grandes lumières sur l'état du platonisme à cette époque, et indirectement sur toute l'histoire de ces temps.

V. COUSIN.

DE IMITATIONE CHRISTI LIBRI QUATUOR, ad pervetustum exemplar Internarum consolationum dictum, necnon ad codices complures ex diversâ regione ac editiones avo et notâ insigniores, variis nunc primùm lectionibus subjunctis, recensiti et indicibus locupletati; studio J. B. M. Gence. Parisiis, typis L. S. Herhan, sumptibus sociorum Treuttel et Würtz, 1826, in-8.o, lxxxvj et 410 pages, cum sex tabulis lithogr. Pr. 7 fr. 50 cent. (1).

Le livre de l'Imitation a reçu par-tout de justes hommages et n'a excité aucune querelle théologique; mais il a donné lieu à des controverses littéraires qui durent encore. La question de savoir quel est l'auteur de cet ouvrage a été débattue à plusieurs reprises, au XVII. siècle, au XVIII. et depuis 1808. On comptoit en 1812 plus de cent dissertations publiées sur ce sujet, à partir de 1615; et comme il y a même des histoires de cette contestation (2), nous ne parlerons ici que des deux écrivains qui s'y sont le plus récemment engagés: M. Gence, en divers écrits (3) et dans le volume que

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(1) Voyez notre cahier de septembre, p. 564, 565. (2) Par D. Vinc. Thuillier; Paris, 1724, in-4.o; et en latin, version de D. Jos. Herwin; Augsbourg, 1726, in-12. Catalogue chronologique des ouvrages relatifs à la contestation sur l'auteur de l'Imitation de J. C., à la suite de la dissertation de feu M. Alex. Barbier, sur soixante traductions françaises de ce livre. Paris, 1812, in-12. (3) Considérations sur la question relative à l'auteur de l'Imitation, p. 212-260 du volume publié en 1812 par M. Barbier, et indiqué dans la note précédente Articles Gersen, Gerson, Kempis, Gallus, Frova, &c., de la Biographie universelle. = Préf. de la trad, franç. de l'imitation, 1820, &c.

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nous annonçons; et M. de Grégory, dans l'Histoire littéraire de Verceif qu'il vient de mettre au jour (1).

M. de Grégory attribue l'Imitation à Jean Gersen, né à Cavaglia au commencement du XIII. siècle, religieux de l'ordre de SaintBenoît, et abbé du monastère de Saint-Etienne à Verceil, entre 1220 et 1245. C'est l'opinion qu'ont soutenue D. Constantin Cajetan, Valgrave, Mezler, D. Quatremaires, D. Delfau, D. Mabillon, le cardinal d'Aguirre, Valart, et, dans ces derniers temps, MM. Napione et Cancellieri. En reproduisant les argumens de ces auteurs, M. de Grégory y joint quelques détails sur les abbayes et les abhés de Verceil (2), et sur les manuscrits qui portent le nom de Gersen. II insiste particulièrement sur celui d'Arone, qui se trouve aujourd'hui à Turin, et qu'il croit très-ancien. Ce manuscrit ayant été apporté à Paris en 1686, fut examiné par plusieurs savans, Sainte-Beuve, le président Cousin, Ducange, Eus. Renaudot, Baluze, Dupin, le P. Hardouin, Casimir Oudin, &c., qui, dans une sorte de procèsverbal, daté du 28 juillet 1687, le déclarèrent âgé de trois cents ans au moins, non videtur inferior annis trecentis, ce qui le feroit remonter à 1387, époque assez éloignée encore de celle où l'on place Gersen. Mais M. Gence a obtenu de M. Vernazza, bibliothécaire de Turin, des fac-simile de six pages de ce manuscrit d'Arone, et les a soumis à l'examen de MM. Dacier, Gossellin, Vanpraet, Hase, de l'Espine, Méon, Raynouard, Petit-Radel, &c., qui tous y ont reconnu une écriture, soit des premières années du xv. siècle, soit du milieu de ce siècle, soit même de 1460 à 1470. Telle avoit été déjà l'opinion de J. Hartzheim, d'Eus. Amort, et sur-tout de F. A. Zaccaria, qui s'exprimoit en ces termes: Il codice di Arona è certamente scritto entro al quindecimo secolo..; se avrei ad avanzare qualche congettura, lo direi più tosto dopo in mezzo del secolo XV, che su principi del medesimo secolo. Nous croyons que les lecteurs en jugeront de même, en jetant les yeux sur ces six pages que M. Gence a fait lithographier, pour peu qu'ils fassent attention à la forme des chiffres arabes, aux abréviations, et aux points placés sur les i bien plus souvent que dans les manuscrits antérieurs à 1400.

(1) Storia della Vercellese letteratura, in-4°, part. I, p. 297-324. (2) Il dit que l'abbaye de Saint-André, dont Thomas Gallus devint abbé (vers 1220), étoit de l'ordre de Saint-Benoît, ce qui peut sembler au moins douteux. Voyez Bolland. Acta SS. jun. tom. II, p. 728. On prouve aussi que c'est ce Thomas Gallus (et non pas Jean Gersen) qui a été envoyé par S. François d'Assise à S. Antoine de Padoue.

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