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B 2678 .F68

10-26-39 JA.

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INTRODUCTION

L'intérêt pour les études religieuses s'est réveillé en France, et ce n'est plus dans le vide que les hommes spéciaux exposent l'état des questions; ils sont accompagnés dans leurs travaux par des sympathies nombreuses et bruyantes, et les problèmes de la théologie sont agités devant un public passionné. Ce mouvement de l'opinion présage-t-il une ère nouvelle? sera-t-il assez fécond pour produire un nouvel état du Christianisme? ou bien n'est-il qu'une de ces fluctuations sans lendemain, trop fréquentes chez un peuple curieux, qui cherche des distractions à son ennui et à son inaction? Sans vouloir renoncer à l'espérance d'un mouvement religieux, qui réparerait la faute commise au xvre siècle, nous ne pouvons pas nous dissimuler tous les motifs qui justifient les expressions désolées de ceux qui refusent à notre pays la passion des choses religieuses.

Nous ne sommes pas préparés par une forte discipline intellectuelle à nous prononcer sur tous ces problèmes; l'habitude de nous laisser prévenir par l'autorité rcligieuse et de recevoir des solutions toutes faites, ne nous a pas famliarisés avec ces approximations successives par lesquelles la science s'avance vers la vérité, pas

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plus qu'à ces partis pris énergiques, qui s'appuient sur un axiome moral ou sur les élans de l'âme religieuse. Nos procédés d'appréciation sont un peu grossiers et ils laissent échapper les phénomènes les plus délicats de la religion; si la vie religieuse ne s'épaissit pas, n'affecte pas des proportions massives, nous la méconnaissons, nous crions qu'elle s'est évanouie, parce que nous ne pouvons pas la tenir dans notre main. Plus rhétoriciens quc poëtes, nous ne savons pas pénétrer dans les régions obscures et idéales de la foi; nous nous attardons sur le seuil du sanctuaire, à aiguiser une épigramme, ou à fourbir un raisonnement; et nous restons étrangers à ce monde intérieur où s'accomplit la mystérieuse union de l'homme avec Dieu.

Il faut bien en convenir, nous n'avons pas de traditions religieuses; et le fanatisme avec lequel nous exaltons le XVIIe siècle et nos auteurs classiques, pas plus que l'enthousiasme pour le xvIIIe siècle, ne peuvent nous frayer la voie des deux côtés on n'aboutit pas. Les dévots du XVIIe siècle s'attardent sur les traces de Bossuet, et ils ne se délivrent jamais de ce goût de déclamation pompeuse, qui se dérobe à tout essai d'analyse fidèle et de critique désintéressée. La religion reste une matière à morceaux d'apparat, à brillantes amplifications, et l'on craint de jeter la sonde un peu profondément. Avec de pareils maîtres on n'arrive pas au tuf, au fond des choses; on ne sort pas de cette dogmatique conventionnelle qui ne pose pas d'aplomb sur la conscience, et qui se dérobe aux coups de la critique, derrière un nuage d'éloquence. Cette école ne veut pas convenir qu'un pédant Allemand puisse avoir dépassé Bossuet dans l'intelligence de la poésie hébraïque; et ils s'offensent comme d'un crime de lèse-majesté littéraire, si l'on conteste les appréciations de ce prince de

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