Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Dorat.

Evitez cependant une chaleur factice

Qui féduit quelquefois et vit par artifice,
Tous ces trépignemens et des pieds et des mains,
Convulfions de l'art, grimaces de Pantins.

Dans ces vains mouvemens, qu'on prend pour de la
Alâme

N'allez point fur la Scène éparpiller votre ame.
Ces geftes embrouillés, toujours hors de faifon,
Ne font qu'un froid Dédale, où fe perd la raifon.

Un Acteur a paru plein d'ame et de fineffe:
Il fent avec chaleur, exprime avec juftesse:
Pour briller, pour féduire, il a mille fecrets.
Il créa des moyens, qu'on ne connut jamais.
Transportant dans fon jeu l'ivreffe de fon âge,
Il a fû des amans rajeunir le langage.
Des Rôles langoureux anime la fadeur,
Fait fourire l'efprit, et fait parler au coeur.
Aimez vous mieux jouer et corriger ces êtres,
Automates brillans, qu'on nomme Petits-Mai-
tres?

Portez la téte haute, ayez l'air éventé,
La voix impérieufe, ou l'organe fluté?
Que votre oeil clignotant et foible, en appa

rence,

Sur les objets voifins tombe avec indolence:
Que tout votre maintien semble nous annoncer
Qu'au fexe inceffamment vous allez renoncer;
Que chaque jour pour vous fait éclore une intri
gue;

Qu'un plaifir trop goûté dégénere en fatigue;
Et parroiffez enfin, excedé de vos noeuds,
Accablé de faveurs, et bien las d'être heureux.

Mais ce tan, ces dehors exigent de l'étude,
Pour contrefaire un Fat, il faut de l'habitude.
Voyez nos élégans, et nos gens du bel-air;
C'est aux plaines du ciel que fe forme l'éclair,
Allez, et parcourrez ce magique Théatre
D'un monde qui fe hait, et pourtant f'idolâtre.

Etu

Le favant perfifflage et les mots ufités;

Etudiez à fond l'art des frivolités,

De vos cercles bourgeois franchiflez les ténébres;
Obtenez quelques mois de nos femmes célébres.
Leur entretien, utile à vos fens rajeunis,
Vous enluminerà du moderne vernis.

Inftruifez-vous des foins, des égards que mérite
La femme que l'on prend, et celle que l'on quitte.
Differtez fans objet, riez avec ennui;

Le monde eft vain et fot; foyez fot avec lui;
Et revenez, tout fier de cent graces nouvelles,
De leurs propres travers amuler vos modèles.
C'est ainsi que l'Abeille, aux approches du jour,
Moiffonne les Jardins et les Prés d'alentour;
Et, difputant la Rofe au jeune Amant de Flore,
Lorsqu'elle a butiné les dons qu'il fait éclore,
Revient dans fon afyle obfcur et parfumé,
Depofer le tréfor du miel qu'elle a formé.

Baron jeune et fêté, dans ce monde frivole,
En fortant de la fcène, alloit jouer fon Rôle.
L'ardente vanité fe difputoit fes voeux:
C'etoit Agamemnon que l'on rendoit heureux.
Il confervoit fon rang aux pieds de fes Maîtreffes;
Et fe donna les airs de tromper des Ducheffes,

Mais craignez d'abufer d'un confeil imprudent.
L'acteur n'eft plus qu'un fot, f'il devient impudent.
Notre foibleffe, à tort, le flate et le ménage,
Si la fatuité furvit au Perfonnage.

Votre état eft de plaire, et non de protéger;
Redoutez le Public; il aime à fe venger.
Lorsqu'on veut f'elever, il faut favoir defcendre.
D'un puérile orgueil que pouvez-vous attendre,
Quand le premier Valet fe rit de vos hauteurs
Etva pour fon argent fiffler fes protecteurs?

Toi, qui prétends briller dans les fcènes burles

ques,

D'un monde moins poli confulte les grotesques;

De

Dorat.

Dorat.

De nos originaux folâtre Obfervateur,

Joins l'étude du Sage aux talens de l'Acteur,

Viens, parcours tous les lieux où le Peuple déploie,

Autour d'un ais brifé, fon humeur ou fa joie. Prends cette humble efcabelle, ofe et vuide avec lui

Ce broc de vin fumeux, arrivé d'aujourd'hui.

De ces mortels groffiers apprends l'art de nous

plaire;

Tous leurs traits font frappans, et rien ne les al·

tère.

Ici, c'eft un vieillard de rides fillonné,
Et d'un effain d'enfans toujours environné;
Courbant fon corps ufé fur un bâton rustique,
Il fe fait craindre encore par fa gaîte cauftique,
Chacun à fes dépens veut envain f'égayer;
Des rieurs prévenus il rit tout le premier.
Voyez-vous ce Silène, au dos rond et convexe,
Heurter tous fes voifins de fon pas circonflexe,
Injurier cet arbre, et, prêt à trébucher,

Manquer toujours le but qu'il va toujours cher-
cher?

Plus loin, deux Champions furieux, hors d'ha-
leine,

S'arment, les poings fermés, pour quelque grosse
Héléne.

Tel objet eft choquant dans la réalité,

Qui plaît au Spectateur, f'il est bien imité.

Vadé, pour achever fes esquiffes fidelles,

Dans tous les carrefours pourfuivoit fes mode

les:

De

De ce Costume agrefte ingenu partifan,
Interrogeoit le Pâtre, abordoit l'Artifan.
Jaloux de la faifir fans masque et fans parure,
Jusques aux Porcherons il chercha la Nature.
Etoit-il au Village? il en traçoit les moeurs;
Trinquoit, pour les mieux peindre, avec des Ra-
coleurs;

Et changeant, chaque jour, de ton et de pa-
lette,

Crayonna, fur un Port, Jérôme et Fanchon

nette.

Dorat.

De

[merged small][ocr errors][merged small]

Ein noch lebender franzdüscher Abbe', deffen sehr schöne Ueberfegung des Virgilischen Gedichts vom Landbau schon oben erwähnt ist. Sein eignes Lehrgedicht: Les Jardins, ou l'Art d'embellir les Paysages, welches im J. 1782. zuerst, und hernach zum öftern wieder gedruckt ist, wurde in Franks reich mit großem Beifall aufgenommen. Es hat einen sehr einfachen Plan, der in vier Bücher vertheilt ist. Das erste betrifft den Boden, deffen Wahl, Benuhung und Vertheis Jung; das zweite die Vortheile, die sich aus Bäumen, Büs schen und Gehölzen für den Gartenbau ziehen lassen; das dritte die Anlage der Nasen, die Pflanzung und Wartung der Blumen, und das Gewässer; und das vierte die Hülfe, welche andre bildende Künfte zur Verschßuerung des Garz tenbaues leisten können. Der Ton des Gedichts würde leicht einförmig geworden seyn, wenn der Verf. nicht von Zeit zu Zeit reizende Beschreibungen und Episoden eingewebt hatte; z. B. die Beschreibung des Paradieses, der Quelle von Vaus clüse, u. a. m.

LES JARDINS. Ch. II. v. 1. ff.

Oh! fi j'avois ce luth dont le charme autrefois
Entrainoit fur l'Hémus les rochers et les bois,
Je le ferois parler; et fur les payfages

Les arbres tout à coup deploieroient leurs om.
brages.

Le chêne, le tilleul, le cedre et l'oranger

En cadence viendroient dans mes champs fe ran-
ger.

Mais l'antique harmonie a perdu fes merveilles;
La lyre eft fans pouvoir, les rochers fans oreilles,
L'arbre refte immobile aux fons les plus flat-

teurs,

Et l'art et le travail font les feuls enchanteurs.

Ap

« AnteriorContinuar »