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et les travaux de pur service. Le travail du valet de charrue ou du journalier occupé à la culture, pourrait, à la vérité, être considéré comme un travail productif, et il l'est en effet relativement au propriétaire de la terre; mais il n'est qu'un travail de pur service pour le valet et pour le journalier. Au contraire, le travail du fabricant et de l'artisan est un travail d'apprêt.

Ces deux espèces de travaux s'exécutent parce qu'il est des hommes qui ont besoin de se procurer le nécessaire. En donnant ce nécessaire, on est toujours en état d'acheter ces sortes de travaux; les choses seules, et non les personnes, constituent donc la richesse ou le revenu; et, dans les pays même où il est des hommes qui se trouvent réduits à la condition de travailler constamment pour d'autres hommes, ceux-ci convertissent en choses la valeur du travail, et ne portent que ces choses en ligne de compte dans leur revenu.

VI. PRIX, SALAIRE. La valeur que l'on donne en retour de l'objet échangé est son prix. Le salaire du travail est aussi appelé son prix. Ce prix est haut ou bas, haussé ou tombé, suivant qu'il faut donner ou travailler, plus ou moins, pour obtenir quelque chose en échange.

1o Règles du prix. Le contrat d'échange dé

terminera, d'abord, le prix des choses échangées, d'après l'urgence des besoins des parties. contractantes. Mais lorsque les échanges deviennent plus fréquents et qu'un grand nombre de personnes offrent des objets et des travaux de même nature, il se formera un prix général sur chaque chose et sur chaque travail. Aussi existet-il de ces prix généraux, soit à certaines époques, soit dans certaines localités. Cependant ces prix généraux mêmes varient de temps à autres. Pour déterminer d'avance la cause de cette variation, ou du moins pour en faciliter la recherche, il importe de remarquer les circonstances dans lesquelles elle a lieu.

Hume, dans ses Essais politiques, soutient que le prix d'une marchandise dépend de son abondance; que, par exemple, l'argent étant fort rare, en Europe, avant la découverte de l'Amérique, il fallait, alors, pour en obtenir un loth', donner jusqu'à deux et trois boisseaux de froment, tandis que plus tard on pouvait se

1. La livre de deux marcs est égale à 32 loths, ou à 468 grammes.

Le loth de 8 onces ou 16 loths, comme le marc de Cologne, est de 3,840 grains de Berlin, ou 234 grammes. Le marc équivaut à la demi-once d'argent.

procurer la même mesure d'argent pour un boisseau, un demi-boisseau de froment, et même à meilleur marché encore.

Busch n'admet pas cette opinion, et il la réfute avec sagacité. Il prétend qu'on peut calculer que, sous le règne de Philippe II, roi d'Espagne, la quantité de l'argent s'est accrue du double en Europe; et il remarque que, si l'opinion de Hume était vraie, il faudrait que le loth d'argent qui coûtait, avant ce règne, deux boisseaux de froment, n'en eût plus coûté qu'un postérieurement; mais que cette variation dans le prix de l'argent n'a pas eu lieu; qu'au contraire, vers la fin du règne dont il s'agit, le loth d'argent revenait toujours à un demi-boisseau de froment. Il termine en disant que la demande effective, ou l'urgence du besoin que les hommes éprouvent d'un article de commerce, est ce qui en détermine le prix général.

Il me semble que le vrai et le faux se mêlent dans les opinions de ces deux auteurs. J'ai donc tâché de fixer la règle générale des prix, ainsi qu'il suit :

Le prix général d'un objet quelconque dépend du rapport qui existe entre la quantité de cet objet, et le besoin plus ou moins grand que les hommes éprouvent de se le procurer.

Cette énonciation contient ce qu'il y a de vrai dans les assertions de Busch et de Hume, sans renfermer ce qu'elles ont de faux. Il en découle les règles suivantes :

et

1o Le prix tombe,

a, quand la quantité d'une denrée augmente, que le besoin diminue;

b, quand la quantité reste invariable, et que le besoin diminue.

2o Le prix hausse,

a, quand le besoin ne varie pas, et que la quantité éprouve une diminution;

b, quand la quantité reste la même, et que le besoin augmente.

3o Le prix est stationnaire,

a, quand la quantité et le besoin ne varient pas;

b, quand la quantité et le besoin croissent ou diminuent dans des proportions égales.

Un exemple quelconque du prix des blés dans un lieu et dans un temps déterminés, et la connaissance des causes de leur hausse ou de leur baisse, mettraient l'exactitude de ces règles dans tout son jour.

2o Comment ces règles du prix se circonscrivent. Il est fort essentiel, cependant, de tenir compte, dans cette recherche des prix et de

leurs causes, d'une autre sorte d'influence qui résulte de la quantité d'un article de commerce et du besoin qu'on en a, et que cette quantité et ce besoin exercent respectivement l'un sur l'autre.

Car,

1o Si la quantité d'un article de commerce augmente, et que par et que par suite le prix de cet article tombe, l'appât du bon marché engagera un plus grand nombre de personnes à se le procurer. Le besoin de cet article augmentera donc, et il empêchera le prix de baisser davantage. Cela peut expliquer l'idée de Busch sur la fixation du prix de l'argent. Lorsqu'un loth d'argent équivalait, dans le commerce, à deux ou trois boisseaux de froment, lorsqu'une cuiller de ce métal revenait à dix ou quinze boisseaux de cette même denrée, ces cuillers étaient un luxe qui ne se voyait que chez les princes: car un simple gentilhomme, quelque riche qu'il fût, ne pouvait, pour s'en procurer une, donner le produit annuel de plusieurs arpents, et, pour en acheter une douzaine, abandonner une grande partie du revenu de sa terre. Mais, lorsque la quantité d'argent fut doublée, lorsque la valeur d'un loth d'argent ne devait plus correspondre qu'à la valeur d'un boisseau de froment, il fut possible à

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