Cette circonstance n'est pas une des moindres causes de la confiance avec laquelle nous croyons pouvoir mettre au jour cette traduction; et nous espérons qu'elle ne sera pas non plus sans effet relativement à l'intérêt avec lequel le public éclairé daignera l'accueillir. A Son Altesse le Prince Héréditaire. MONSEIGNEUR, 1 Je présente à Votre Altesse les résultats de trente années de recherches sur l'administration publique et le bien-être des citoyens. J'ose prendre la liberté d'offrir cet hom a. mage : à Votre Altesse d'abord, parce que non-seulement j'aperçois en elle le descendant d'un souverain que l'Allemagne nomme avec fierté et l'Europe entière avec amour, mais encore un prince qui place l'importance et la dignité des fonctions auxquelles il est appelé, bien plus dans l'entier accomplissement des devoirs qui s'y rattachent, que dans l'éclat dont elles sont environnées ensuite, parce que le travail que je lui soumets n'est autre chose qu'un ensemble des lois de la justice éternelle; lois de devoir, lois plus sacrées encore pour les princes que pour les sujets, lois qui sont véritablement gravées dans tous les cœurs, et qui peuvent être comprises facilement sans qu'il soit même besoin de recourir à toutes les profondeurs de la science. Dans cet ouvrage, j'établirai ce principe éminent, qu'en toute circonstance la droiture et l'équité constituent toute la science du gou eux, que, vernement; je démontrerai, de la manière la plus incontestable, par des exemples multipliés, puisés et dans les événements passés et dans les rapports naturels des hommes entre dans tous les États, les injustices même les plus légères, quelques prétextes spécieux qu'on puisse leur donner, ont toujours causé des malheurs infinis, tandis que, quelque embarrassées que fussent les circonstances, indépendamment de la gloire résultant d'un combat généreux, la droiture a toujours été la source d'immenses avantages. le Je sais que Votre Altesse serait heureuse du bonheur de ses sujets, lors même qu'elle devrait l'acheter par de très-grands sacrifices personnels: cependant, je ferai voir que don le plus précieux accordé à la monarchie héréditaire, c'est que l'intérêt général de la nation ne fait qu'un avec les avantages particuliers du prince, tandis que, dans toutes les autres formes de gouvernement, l'intérêt des hommes revêtus du pouvoir est souvent opposé au bien public et qu'il en est toujours distinct. Ces hommes, tant par l'état de leur fortune, que par la position de leurs familles, se trouvent, quant à la vie privée, au-dessous d'un grand nombre de leurs concitoyens ; et, pour s'élever et s'enrichir par la ruine de leurs voisins et aux dépens de la fortune publique, ils peuvent être facilement entraînés à des injustices. Dans une monarchie héréditaire, au contraire, le prince se trouve placé en dignité. et en richesse, fort au-dessus de tout autre homme, et il sera fort difficilement porté à priver un de ses sujets d'un bien qui pour lui serait d'un très-mince avantage. Ainsi, il reconnaîtra qu'il n'est réellement riche qu'autant que ses sujets le sont, que leur fortune est son trésor le plus sûr, et qu'il n'est vraiment |