Imágenes de páginas
PDF
EPUB

l'y vendre à grande perte et simplement comme bois à brûler.

La différence des mesures et des poids dans les divers pays présente aussi quelques difficultés à surmonter mais ces difficultés sont moins grandes; et le négociant, au moyen du livre portatif de Nelkenbrecher (*), qui lui fait connaître cette différence des mesures et de l'argent, peut facilement, avec un léger calcul, se tirer d'affaire à cet égard.

Il n'est donc pas nécessaire que les puissances de l'Europe conviennent d'admettre une mesure et une monnaie uniformes, comme beaucoup de politiques le proposent. D'ailleurs, combien de temps une pareille convention serait-elle observée? Il est bien difficile dans un même pays et sous la même autorité de police, de tenir la main à ce que les boisseaux, les livres et les aunes restent conformes à l'étalon ou mesure originale et primitive. A Berlin même, il existe à cet égard une différence que la vigilance la plus grande ne peut entièrement empêcher. Que

(*) Nelckenbrechers Taschenbuch der münz. Maas and Gewichts Kunde für Kauflente; 8 auflage. Berlin, 1798.

pays

dont les usages,

serait-ce donc à l'égard de les lois et les constitutions sont peu homogènes? A ce sujet, il y a encore deux observations à faire. Premièrement, la plupart des marchandises ne peuvent être expédiées et pesées en gros sans un emballage. Un usage généralement observé a établi, sous le nom de tare, le poids de cet emballage; et le négociant, après avoir fait peser la marchandise en masse, doit en défalquer la tare, pour connaître au juste le poids net de l'objet acheté. Secondement, le marchand en détail est comme obligé d'accorder au consommateur un léger excédant de poids ou de mesure; et par conséquent lui-même doit le réclamer du négociant en gros; et, relativement à certaines marchandises, l'usage a fixé ce surpoids, cette bonne mesure, jusqu'à 1 et 2 pour cent. Mais aucune règle n'a déterminé d'une manière précise ce qu'on appelle en allemand die refractie, c'est-à-dire une certaine déduction non restituable sur le poids de quelques marchandises, telles que les raisins, en raison de leur mélange inévitable avec certaines substances étrangères dont on ne pourrait pas les purifier en gros, mais qu'il faut bien cependant défalquer de la vente en détail.

2° Prix. Afin de déterminer le bénéfice du

négociant de même que celui du cultivateur ou du fabricant, il faut examiner ce qui constitue le prix que le négociant reçoit de la vente de sa marchandise. En fait de commerce, plus évidemment encore qu'en fait d'industrie manufacturière, tout ce que le négociant reçoit ou donne, provient des autres hommes, et il en résulte des relations de droit auxquelles il est fort important d'avoir égard dans l'exercice de cette profession.

Il n'est pas moins clair que la prospérité de tout commerce dépend principalement de l'étendue du débit. Plus le négociant vend, plus il gagne; et sa vente s'accroît en proportion du bon marché. Son plus grand ennemi, c'est la cherté de sa marchandise. Son plus haut intérêt, aussi bien que celui du fabricant, c'est de vendre à bas prix. Si une bouteille de vin ne coûte pas moins d'un écu, il ne se rencontrera peutêtre pas dix consommateurs parmi les pratiques du marchand de vin; mais si ce marchand peut donner le même vin à moitié de ce prix, il trouvera non pas seulement vingt, mais quarante personnes qui l'achèteront. Son bénéfice sur cet article étant supposé de 25 pour cent, il ne gagnait que 2 1/2 écus, lorsqu'il n'avait que dix acheteurs; il en gagne 5 du moment où il s'en

présente quarante. Il est donc du plus grand intérêt pour tout négociant de tendre sans cesse à vendre au meilleur marché possible.

Ainsi que nous l'avons fait, relativement à l'agriculture et à l'industrie, examinons donc, maintenant, quelles sont les avances du négociant, et ce qui, dans le produit de son commerce, doit être considéré comme son bénéfice.

II. AVANCES DU NÉGOCIANT. Les avances du négociant sont le prix d'achat, les frais de transport, et les intérêts des avances qu'ils exigent.

1° Prix d'achat. Le marchand doit acheter au plus bas prix possible. Il s'attachera donc avec soin à connaître les pays dans lesquels il doit s'approvisionner.

Habituellement, il aura de l'avantage à acheter de la première main, c'est-à-dire dans le lieu où la marchandise est produite ou fabriquée. Car s'il ne la tient que de la seconde ou de la troisième main, le prix d'achat sera probablement augmenté du bénéfice que les entreposeurs intermédiaires doivent faire. Souvent, des hommes d'état ont frappé d'impôts ou de mesures prohibitives le commerce de la seconde main, afin de forcer le négociant au commerce de la première main. Mais ils oubliaient nonseulement que le négociant entend ses intérêts

J

pour le moins aussi bien qu'eux, mais encore qu'il n'y a point de règle sans exception.

coup

En effet, il peut se rencontrer des circonstances où le commerce est plus avantageux de la seconde que de la première main. Il y a beaude marchandises, par exemple, qui ne peuvent supporter le transport direct du lieu de leur production, au lieu de leur consommation. Les vins de Portugal se corrompent lorsqu'ils sont transportés en droite ligne dans les dans les pays du Nord; et, pour qu'ils puissent s'acclimater, ils sont d'abord transportés et emmagasinés en Angleterre. Dans ce cas, la nature même met donc obstacle à ce que le commerce de première main puisse avoir lieu avec avantage. Une foule d'autres circonstances peuvent produire le même résultat. Ainsi, quelques spéculations dont le but aura été manqué, auront tellement accumulé dans un lieu les marchandises d'un autre, que ces marchandises s'y vendront audessous de leur prix. Le négociant négligerat-il cette occasion favorable? Souvent encore, le pays où une marchandise est produite ou fabriquée, n'a pas besoin des productions du nôtre; nous ne pouvons donc pas y faire le commerce par voie d'échange. De plus, le mode de paiement sera difficile et onéreux; notre monnaie

« AnteriorContinuar »