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manie 1.470, Russie et Finlande 24.453, Suède et Norvège 7.775,
Suisse 2.698, Turquie, Bulgarie et Roumélie 1.394. Au 31 dé-
cembre 1881, la longueur totale était de 172.607. L'accroisse-
ment dans l'année a donc été de 5.628 kilomètres, soit 3,26 0/0.
D'un autre côté, nous empruntons au Correspondant de Ham-
bourg, le tableau comparatif des prix de transport des voyageurs
(billets simples) par kilomètre dans les divers pays de l'Europe.

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Tandis que les 300 millions d'habitants de l'Europe n'avaient
encore à leur service au 31 décembre 1882 que 178.235 kilomètres
de chemins de fer, malgré l'intervention et les subventions des gou-
vernements, les 50 millions d'habitants des États-Unis en avaient
155.810, auxquels il faut ajouter 34.000 kilomètres pour voies de
garage, etc., au 31 décembre 1880 et ils en construisaient environ
10.000 kilomètres par an, sans l'intervention du gouvernement.

*

**

Les douanes ne sont-elles pas un anachronisme barbare et une
anomalie presque ridicule à une époque ou l'on ne recule devant
aucune dépense pour faciliter les communications internationales,
en multipliant les chemins de fer, en perçant des tunnels, en creu-
sant des canaux, en subventionnant des lignes de navigation à va-
peur, etc., etc.? C'est l'avis de la Chambre de commerce de Ver-

1 Y compris 23.3 0/0 d'impôt.

viers (Belgique) et voilà pourquoi elle reproduit, cette année, son vœu accoutumé en faveur de la suppression des douanes.

<<< Nous continuons à préconiser, dit-elle dans son Rapport général sur la situation du commerce et de l'industrie de l'arrondissement de Verviers pendant l'année 1882:

La suppression des douanes dans l'intérêt du commerce et de industrie, à charge par le gouvernement, comme il l'a fait pour l'abolition des octrois et des barrières, de chercher à couvrir le produit net de la douane par des diminutions de dépenses ou des impôts mieux répartis.

Et en attendant, nous réclamons:

La suppression des droits d'entrée sur les fontes, les fers, les machines et en général toutes matières premières servant à l'industrie;

La suppression des droits sur les fils de laine, lin et coton;

La suppression des droits sur les articles du tarif d'un modeste produit;

La suppression des droits de douane sur les denrées alimentaire qui restent à dégrever;

La réduction, en attendant leur suppression, des droits d'accises sur la bière, dans l'intérêt de la classe ouvrière.

Bravo! mais pourquoi la Chambre de commerce de Verviers demande-t-elle un peu plus loin « la création d'un ministère du commerce et de l'industrie ». A-t-elle oublié que « la requête du commerce au gouvernement est celle que Diogène adressait à Alexandre: Ote-toi de mon soleil! »

A propos de la fête organisée pour secourir les victimes du tremblement de terre d'Ischia, notre confrère, M. Limousin, se demande, dans sa Revue du mouvement social, s'il est vrai « que l'entreprise non seulement de cette fête, mais des précédentes, a été une spéculation de la part d'habiles metteurs en œuvre de la charité publique, qu'ils excitent non pour qu'elle vienne en aide à l'infortune, mais dans le but unique d'en tirer profit, en se faisant rétribuer soit directement et immédiatement, soit indirectement et médiatement ». Sans approfondir cette question délicate, M. Limousin ne trouve pas mauvais que l'intérêt se mette au service de la charité et nous sommes de son avis. Nous croyons comme lui que la charité seule serait impuissante à recueillir du jour au lendemain des centaines de mille francs pour soulager une infortune intéressante sans doute, mais éloignée. Seulement, il faut bien convenir que les entreprises charitables ont aussi leurs inconvénients et leurs

abus. Des comités se créent pour recueillir des fonds de secours, et d'autres comités pour les distribuer. Les premiers se dissolvent aussitôt qu'ils ont achevé leur œuvre, payé les mémoires des fournisseurs, apuré les comptes de l'entreprise charitable, et nous nous plaisons à croire qu'ils y mettent toute l'activité et la célérité nécessaires. Mais, s'il faut ajouter foi aux indiscrétions des journaux italiens, les comités chargés de la distribution des secours se hâteraient beaucoup moins de remplir leur mission et par conséquent de congédier leur personnel à appointements. Voici ce qu'on lit à ce sujet dans le journal l'Italie :

Il est entendu, sans qu'il soit utile de discuter cet axiome, que la charité comme la justice, pour être efficace, doit avoir des effets aussi prompts que possible.

Cela est vrai surtout lorsqu'il s'agit de grandes catastrophes comme celles dont la Haute-Italie et Casamicciola ont été le théâtre.

Il semble, cependant, que les comités de secours qui s'organisent dans ces circonstances opèrent en vertu de théories tout opposées.

Ces comités, nous n'en doutons pas, sont remplis des meilleures intentions, ils gèrent avec la plus grande régularité les fonds qui leur sort confiés, on peut dire de ceux qui les composent qu'ils sont bons patriotes et bons comptables, mais quant à avoir le moindre sentiment de la tâche qui leur incombe, c'est autre chose.

N'a-t-on pas appris dernièrement avec une véritable stupeur que, sur les sommes souscrites en faveur des inondés de la Haute-Italie, un million deux cent mille francs environ se trouvaient encore en caisse ?

Ce qu'il y a de plus étonnant c'est que le comité semblait tout fier de cette situation. Il avait l'air, dans le compte-rendu de sa gestion, de se féliciter d'avoir été sagement économe et on aurait cru entendre, en lisant son rapport, le président d'un conseil d'administration disant à ses actionnaires avec une légitime satisfaction :

- Vous voyez, messieurs, notre capital social est intact ou presque intact.

Or, il y a huit mois, à peu près, que les malheureuses populations de la Haute-Italie ont été inondées, et l'on est fondé à se demander de quel droit le comité garde en caisse une somme considérable, qui ne lui appartient pas, et qu'il avait la mission expresse de distribuer le plus vite possible aux victimes des inondations.

Ce qui se passe pour Ischia est, du reste, bien plus étonnant en

core.

Nos lecteurs se souviennent peut-être que nous avons publié jadis, après le premier tremblement de terre de Casamicciola, une lettre d'un de nos collaborateurs, ancien officier de marine, qui, six mois après la ca

tastrophe, passant sur le lieu du désastre, fut tout étonné d'apprendre que les habitants n'avaient encore rien reçu ¡des sommes souscrites en leur faveur.

On prétend même, mais nous ne pouvons affirmer le fait d'une façon certaine, que, lors du second tremblement de terre, le comité détenait encore une partie des fonds souscrits deux ans auparavant.

Tout indique que cette fois les choses vont se passer d'une façon identique, si on laisse les comités locaux libres d'agir à leur guise.

En effet, les journaux napolitains sont pleins de réclamations de gens victimes du désastre, qui se plaignent qu'on les laisse mourir de faim ou à peu près.

L'un d'eux, co-propriétaire d'un hôtel important à Casamicciola, hôtel qui a été ruiné de fond en comble, a même dû aller mendier à la Bourse, pour avoir de quoi vivre lui et sa famille.

A la lecture de ces plaintes, le comité a protesté et il a annoncé solennellement que cet industriel avait déjà reçu la somme énorme de 90 francs en dix-sept jours.

Or, la famille de cet aubergiste se compose de cinq personnes, ce qui donne un franc environ par jour et par personne,

Comment une famille, habituée à l'aisance, peut-elle vivre à Naples, où les loyers sont chers, avec 5 francs 25 par jour, même si les cinq personnes qui la composent couchent toutes ensemble dans la même chambre, y mangent, y reçoivent et y font la cuisine?

Ce qu'il faut noter, cependant, c'est que, de son propre aveu, le comité n'a à sa charge que 1,246 familles ; c'est relativement peu si l'on tient compte des sommes considérables dont il dispose déjà et dont il disposera dans la suite.

Du reste, sait-on quelle somme le comité a déjà distribuée ? 28,836 francs, ce qui donne une répartition moyenne de 83 centimes par jour et par famille !

Cette façon de procéder n'est-elle pas odieuse alors que les caisses du comité regorgent d'argent et que l'on peut d'ores et déjà prévoir que la souscription rapportera plusieurs millions?

A la première nouvelle du désastre, le duc Torlonia, syndic de Rome, télégraphiait qu'il expédiait immédiatement 50,000 francs.

Le comité parisien faisait expédier, par le baron de Rothschild, 50,000 francs qui arrivaient le même jour à destination, le roi donnait 100 mille francs, sans parler de deux ou trois cent mille francs arrivant également coup sur coup.

Que fait-on de cet argent? Pourquoi ne le distribue-t-on pas ?

* **

Les médecins anglais qui ont pu observer de près le choléra af

firment qu'il n'est ni infectieux ni contagieux. Nous avons sous les yeux un article intéressant du Journal de médecine de Paris (numéro du 25 août), dont l'auteur, le docteur John Chapman, considère le choléra comme une maladie du système nerveux, et déclare:

1° Qu'aucune preuve de l'existence de ce qu'on appelle le poison cholérique n'a été produite et qu'il y a de très fortes raisons de croire que ce poison n'existe que dans l'imagination de certains pathologistes.

2o Que les règlements internationaux par lesquels les gouvernements essayent de résister à l'invasion du choléra ne sont d'aucune protection contre ses attaques; que son développement et sa continuité sont, au contraire, selon toute probabilité, trop souvent favorisés par le futile et injustifiable régime des quarantaines.

Les commissions sanitaires officielles en ont malheureusement décidé autrement, et on ne doit pas trop s'en étonner. S'il était reconnu que le choléra n'est point contagieux, à quoi pourraient bien servir les commissions sanitaires? Demander à des personnages qui reçoivent des appointements pour surveiller le choléra et l'empêcher de circuler, s'il y a lieu de supprimer les quarantaines, n'est-ce pas comme si l'on consultait les douaniers sur l'opportunité de la suppression des douanes?

Il paraît, au surplus, que le choléra se montre cette fois de bonne composition, et qu'il est en train de quitter l'Égypte sans même avoir essayé de passer en Angleterre, où cependant il n'y a point de quarantaine. On a fait courir le bruit, un moment, qu'il se disposait à envahir la Syrie, et, à cette nouvelle, la commission sanitaire de Constantinople s'est empressée d'ordonner l'établissement d'un cordon sanitaire autour de Beyrouth. Aussitôt toutes les communications ont été coupées. Les habitants ont réclamé, ils se sont même quelque peu insurgés en prétendant qu'on les exposait à mourir de faim sous le prétexte de les préserver du choléra. Voici comment une correspondance de Beyrouth, adressée au Journal des Débats, raconte cet épisode pittoresque de l'histoire des commissions sanitaires et des quarantaines:

Vous connaissez sans doute par le télégraphe la singulière aventure qui nous est arrivée.

On était à peu près tranquille; les nouvelles d'Égypte devenaient meilleures et aucun cas cholérique ne s'était déclaré parmi nous sauf à la quarantaine, quand on apprit tout à coup qu'un cordon sanitaire venait d'être établi tout autour de la ville. Rien ne justifiait cette mesure. Aussi l'émoi fut-il grand à Beyrouth. On courut aussitôt chez le

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