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qui permet de les introduire sans inconvénients dans le corps des plus petits animaux, sont destinés à rendre de grands services à la physiologie expérimentale. Ils ont déjà été employés sous leurs deux formes principales; mais ce sont surtout les aiguilles thermo-électriques dont l'usage mérite d'être généralisé.

En 1831, Nobili et Melloni (1) appliquèrent leur pile thermo-électrique à la recherche de la température des insectes. A cet effet, ils fermèrent les deux appendices prismatiques de l'enveloppe de la pile avec deux miroirs sphériques de cuivre poli A et A' (fig. 28); de cette façon,

A

Fig 28.

tout rayonnement extérieur était arrêté, et, les deux faces de la pile étant dans les mêmes conditions, l'aiguille du galvanomètre restait à zéro. Si, tout étant ainsi disposé, on place un insecte au foyer principal de l'un des petits miroirs réfléchissants, toute la chaleur rayonnée par la surface de son corps sera renvoyée vers la face correspondante de la pile, et, si l'animal est à une température supérieure à celle de l'atmosphère, la déviation de l'aiguille du galvanomètre devra l'indiquer. Ce procédé arrête l'évaporation et empêche le rayonnement exté

(1) Ann. de chim. et de phys., 2o section, t. XLVIII, p. 207.

rieur; il sert à indiquer si l'insecte est une source de chaleur. Mais ici, comme sous la pièce de laine de Newport, la masse d'air confiné est beaucoup trop limitée, sa température peut s'élever sensiblement et réagir ensuite sur celle de l'animal. D'ailleurs, on n'a ainsi que la chaleur émise par rayonnement, et les résultats ne sont pas comparables à ceux qu'on obtiendrait par le contact de l'instrument et du corps de l'insecte.

M. Becquerel (1) s'est servi des aiguilles thermo-électriques pour étudier la répartition de la chaleur chez les animaux supérieurs; il les a aussi appliquées à la recherche de la température propre des animaux inférieurs. Il est nécessaire de donner quelques détails sur la manière dont l'expérience est conduite en cas pareil. M. Becquerel prend deux boîtes de carton recouvertes de papier métallique en dedans et en dehors, afin d'augmenter le pouvoir réfléchissant. Ces boîtes sont percées de trous qui permettent l'introduction des aiguilles. L'aiguille libre étant déposée dans une des boîtes ouvertes, la seconde aiguille est introduite dans l'animal en expérience préalablement logé dans la seconde boîte; il place alors en même temps les deux couvercles, et il établit la communication entre les deux aiguilles comme à l'ordinaire. Avant de mettre les aiguilles en communication avec les fils du galvanomètre, il laisse écouler environ dix minutes pour leur donner le temps de perdre toute la chaleur qui aurait pu leur être communiquée par les mains. De cette façon, l'une des soudures se

(1) Traité de physique, t. IV, p. 51.

maintient à la température de l'air de la boîte vide, qui est la même que celle de l'air extérieur, tandis que l'autre soudure prend la température de l'animal. La marche du galvanomètre indique de quel côté est l'excès, et la valeur de cet excès en degrés centési

maux.

Dans ces expériences, l'animal est bien mis à l'abri du refroidissement causé par l'évaporation, mais il est placé dans un espace trop limité; il peut, par la chaleur qu'il produit, élever la température de l'air de la boîte, et par conséquent la sienne propre. Tout porte donc à penser que, dans la boîte qui renferme l'animal, la température de l'air n'est pas au même degré que dans celle qui ne contient que la soudure de la première aiguille thermoélectrique. Cependant, pour que l'observation soit concluante, il faut de toute nécessité que ces deux masses d'air confiné se maintiennent au même degré, afin que le courant électrique produit provienne uniquement de la différence qui existe entre la température de l'animal et celle de l'air qui l'entoure. Le procédé de M. Becquerel nous paraît, pour toutes ces raisons, mériter moins de confiance que celui de M. Dutrochet. Dans des expériences où les différences à constater ne dépassent pas une fraction de degré centigrade, ces causes d'erreur, quelque minimes qu'elles paraissent, ne sauraient être négligées.

Ce dernier expérimentateur (1) a d'abord rejeté, avec raison, l'emploi des aiguilles à soudure médiane, parce

(1) Ann. d'hist. nat., 2 série, Zoologie, t. XIII, p. 5.

que, dans beaucoup de cas, il y a inconvénient à transpercer d'outre en outre le corps des animaux. Il leur a substitué les aiguilles à soudure angulo-terminale, qui n'ont besoin que d'être légèrement enfoncées par leur pointe dans les parties vivantes, et peuvent toujours être plongées à la même profondeur, à 5 millimètres par exemple, comme l'a toujours fait M. Dutrochet pour rendre toutes ses expériences rigoureusement comparables. Exposons maintenant les moyens à l'aide desquels il a mis ses résultats à l'abri de l'influence de toute cause perturbatrice extérieure.

Il se procurait deux animaux de même espèce et de même grosseur. L'un d'eux, au moment de l'expérience, était tué par l'immersion dans de l'eau à 50°, puis plongé

dans de l'eau à la température ambiante pour le refroidir. L'animal vivant et l'animal mort étaient attachés (fig. 29) chacun à une tige de bois sec d, d, et ces supports étaient implantés dans le sable fin dont était rempli un pot à fleurs a a; le vase était recouvert d'une plaque de plâtre bb, percée à son centre d'une ouverture moindre que celle du pot. Les aiguilles à soudure angulo-terminale étaient alors enfoncées à 5 millimètres de profondeur, l'une dans le corps de l'animal vivant, l'autre dans

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Fig. 29.

celui de l'animal mort, et dans des points symétriquement placés. Avant de mettre les aiguilles en communication avec le galvanomètre, il attendait un temps suffisant pour que toute la chaleur communiquée par la main eût disparu. De cette manière, rayonnement, action de l'air extérieur, tout était égalisé de part et d'autre, et la différence de température des deux soudures ne pouvait tenir qu'à ce que l'un des animaux était mort et l'autre vivant. Cependant, à la surface de ces deux animaux, il y avait une évaporation. Or rien ne prouve que l'évaporation soit rigoureusement la même chez un animal vivant que chez un animal de même espèce et de même taille récemment mort; tout porte à penser, au contraire, que, chez ce dernier, le phénomène est plus intense. Pour éliminer cette cause d'erreur, M. Dutrochet humectait le sable du pot à fleurs et recouvrait les deux animaux d'une cloche de verre qui s'appuyait sur la plaque de plâtre bb, de manière à livrer passage aux bouts M et N des aiguilles. D'ailleurs, pour rendre tout courant d'air impossible, il accumulait du sable autour des points par lesquels la cloche de verre s'appuyait sur la plaque de plâtre, et celle-ci sur les bords du pot à fleurs. L'air de la cloche était ainsi promptement saturé d'humidité, toute évaporation devenait impossible, et la différence de température des deux soudures ne pouvait tenir qu'à ce que l'une plongeait dans le corps d'un animal vivant et l'autre dans celui d'un animal mort; or c'est précisément cette influence qu'il s'agissait d'apprécier.

Toutes les fois qu'il est possible de se procurer deux

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