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nant comment le physiologiste anglais se rend compte. de la production et de la dissémination de la chaleur dans les animaux.

Le sang veineux arrive dans le poumon chargé d'hydrogène carboné, l'oxygène de l'air se combine avec ce gaz, un sixième de l'oxygène absorbé est employé à faire de l'eau, les cing sixièmes restant sont transformés en acide carbonique. La chaleur dégagée dans cette combustion est très considérable; car, dit-il, la capacité de l'oxygène pour le calorique est trois fois plus considérable que celle de l'acide carbonique et de la vapeur d'eau. Cette chaleur est employée à maintenir la température du sang, qui, en devenant artériel, éprouve une augmentation de chaleur spécifique dans le rapport de 10 à 11,5 (1). Dans les capillaires généraux, le sang artériel absorbe une nouvelle proportion d'hydrogène carboné, redevient veineux, éprouve une diminution de chaleur spécifique dans le rapport de 11,5 à 10, et laisse échapper de la chaleur qui se communique aux organes qu'il traverse. La phrase suivante, citée textuellement, résume très nettement la pensée de Crawford:

<«< Ainsi il paraît que, pendant la respiration, le sang >> émet continuellement le principe inflammable (hydro>> gène carboné) et absorbe la chaleur; et que, dans le » cours de la circulation, il absorbe continuellement » le principe inflammable (hydrogène carboné) et émet » la chaleur (2). »

(1) Exper. and observ. on animal heat, 1788, p. 354 et suiv. (2) Loc. cit., p. 362.

Le physiologiste anglais fournit à l'appui de sa doctrine les données expérimentales suivantes déduites de ses recherches propres :

1 Rapports des quantités de chaleur produite par l'altération d'une même quantité d'air pur (oxygène) dans trois circonstances différentes (1):

Par la combustion de la cire. .....
Par la combustion du charbon...

21,0

19,3

Par la respiration d'un cochon d'Inde.

17,3

2° Table de la capacité des corps pour la chaleur à

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Les chiffres contenus dans ce dernier tableau nous dispensent de toute réflexion sur la valeur des déterminations expérimentales tentées par Crawford dans le cours de ses recherches.

D'ailleurs, J. Davy, en démontrant (3) que la chaleur spécifique du sang veineux est sensiblement égale à celle

(1) Loc. cit., p. 351.

(2) Loc. cit., p. 489.

(3) Biblioth. britannique, 1815, t. LX, p. 105.

du sang artériel, a renversé la base expérimentale que Crawford avait essayé de donner à sa doctrine de la calorification.

Nous avons prouvé surabondamment que les travaux de Lavoisier sont antérieurs à ceux de Crawford; dans aucun cas, l'épithète de plagiaire ne peut donc être adressée au chimiste français. Il est au moins permis de se demander pourquoi Crawford, qui parle souvent de Lavoisier dans son ouvrage, ne dit pas un mot du mémoire de 1785, dans lequel cependant la combustion de l'hydrogène, pendant la respiration des animaux, a été démontrée pour la première fois. Du reste, nous n'avons rien à ajouter aux détails dans lesquels nous sommes entré pour faire comprendre combien la doctrine de Lavoisier l'emporte par la netteté de l'exposition, la précision des expériences, la clarté et la grandeur des idées sur celle du physiologiste anglais. Il faut cependant rendre à Crawford la justice qui lui est due; il y a, dans son travail, une belle pensée qui se reproduit partout et sous toutes les formes. Pour lui, la chaleur dégagée par les phénomènes chimiques de la respiration ne devient sensible que dans les capillaires généraux; il a le mérite d'avoir appelé fortement l'attention des physiologistes dans cette direction. Mais il ne comprit pas qu'en faisant du poumon le siége unique de toutes les combustions respiratoires, il détruisait de ses propres mains l'idée qu'il voulait faire prévaloir, le dégagement de la chaleur dans les capillaires généraux. Pour faire cadrer ces deux parties contradictoires de sa doctrine, il fut obligé d'entasser inutilement hypothèses sur hypo

thèses, et ne parvint ainsi à produire qu'une théorie inadmissible. Du reste, cette pensée fondamentale du dégagement de la chaleur dans les capillaires ne lui appartient pas elle avait déjà été clairement énoncée dans le passage cité plus haut du mémoire publié par Lavoisier en 1777: « Il arrive de deux choses l'une >> par l'effet de la respiration ou la portion d'air >> éminemment respirable (oxygène), contenue dans l'air >> de l'atmosphère, est convertie en acide crayeux aéri>> forme (acide carbonique) en passant par le poumon; >> ou bien il se fait un échange dans ce viscère, d'une part, » l'air éminemment respirable est absorbé, et, d'autre >> part, le poumon restitue à la place une portion d'air >> crayeux aériforme presque égale en volume. » Seulement, ici comme toujours, Lavoisier conserve encore sa supériorité, il ne pense pas un instant à séparer le lieu de la production de la chaleur du lieu de sa manifestation; il comprend la nécessité de conserver les deux phénomènes dans le poumon lui-même, ou de les transporter en même temps à l'autre extrémité du cercle circulatoire. C'est sous cette forme, seule acceptable, que cette pensée devait bientôt être reproduite par Lagrange et expérimentalement démontrée par Spallanzani.

Lieu où s'effectuent les combustions.

Hypothèse de Lagrange. Les beaux travaux de Lavoisier sur la respiration et sur les causes de la chaleur dégagée par les animaux préoccupaient beaucoup le monde savant. Des essais, des hypothèses et des re

cherches sérieuses surgissaient de toutes parts. Lagrange fit observer que, si la combustion du carbone et de l'hydrogène s'opérait directement dans le poumon, la température de cet organe s'élèverait assez haut pour entraîner de graves lésions de texture. Il conclut de là que, dans le poumon, il se passe un simple échange de gaz entre l'atmosphère qui cède son oxygène et le sang qui laisse échapper l'acide carbonique; l'oxygène, absorbé et entraîné dans le torrent circulatoire, réagit ensuite sur les matériaux du sang dans les capillaires généraux, produit de l'eau et de l'acide carbonique. Cette interprétation des phénomènes rendait compte d'une manière satisfaisante du double changement de couleur que le sang éprouve dans le poumon et dans les capillaires généraux; elle expliquait la répartition de la chaleur dans les parties les plus éloignées des centres, bien mieux que la prétendue différence admise par Crawford entre la chaleur spécifique du sang artériel et celle du sang veineux aussi fut-elle adoptée par beaucoup de savants, et entre autres par Hassenfratz, qui la développa et essaya de donner quelques preuves à l'appui dans un mémoire lu devant l'Académie des sciences, en janvier 1791 (i).

:

Thèse de de la Rive.

Lagrange, en fixant plus for-tement l'attention des physiologistes sur une doctrine que Lavoisier lui-même avait indiquée comme une des solutions possibles du problème, avait fait disparaître une des difficultés les plus considérables de la théorie de la cha

(1) Ann. de chimie, t. IX, p. 26.

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