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leur animale. Un homme, qui depuis a occupé une grande place dans la science, et qui, bien jeune encore, complétait son éducation scientifique à l'université d'Edimbourg, Gaspard de la Rive, s'empressa d'adopter ces idées et de les développer dans sa thèse inaugurale (1). Après avoir présenté un résumé critique, remarquable par sa lucidité et sa précision, des principaux travaux dont la science s'était récemment enrichie, de la Rive, en homme qui sait faire concourir les données exactes de la chimie et de la physique, et les notions les plus délicates de la physiologie et de la pathologie à la solution de ce grand problème, consacre, à l'exposition de la théorie de la chaleur animale telle qu'il la comprend, une page que nous devons citer textuellement pour conserver intactes l'élévation de la pensée en même temps que la forme et l'élégante simplicité de l'expression.

<«< Noscimus substantias vegetabiles quæ cibum homini >> suppeditant ex hydrogenio, carbonio, oxygenio, sali» bus et terris, animales autem, ex iisdem principiis, et >> ex azotio, consistere utræque verò cum majore oxy>> genii quantitate sese conjungere desiderant, seu inflam>> mabiles sunt. Hæ substantiæ oxygenium in sanguine » reperiunt, et partim cum eo uniter coeunt. Sanguis >> autem inflammabilem substantiam per ventriculum, et » oxygenium per pulmonem, accipit; per decursum cir>> cuitus, harum substantiarum conjunctio, seu vera >>> combustio, contingit: aqua et gaz acidum carbonicum >> combustione producta ex pulmone, halitus cutis,

(1) Tentamen physiologicum inaugurale de calore animali. Edinburgi, 1797.

>> urina et fæces, quæ substantiæ omnes maximâ ex parte >> incombustibiles sunt, variis excernentibus organis e » corpore ejiciuntur; hâc combustione autem calor ani>> malium sustinetur.

>> Verum enim verò, chylus in sanguinem non inde» sinenter affunditur, at generatio caloris nunquam de>> sinit huic objectioni respondere possumus, verisimile >> esse certum spatium temporis ad perfectam chyli assi » milationem, plenamque supervacui hydrogenii et car>> bonii saturationem, necessarium esse. Prætereà com>> bustibilis materia sub formâ pinguedinis perpetuò se>> cernitur, quæ forsan posteà reabsorpta, et cum san>>> guine commixta, novum alimentum combustioni præ>> bet. Hæc hypothesis confirmatur phænomenis in qui>> busdam animalibus, dum hieme torpent, observatis : » hoc in statu paululùm calorici evolvunt, et pinguedi>> nem consumunt. Experimentis monstravit J. HUNTER, >> alimenti concoctionem evolutionemque caloris in ani>> malibus a se invicem pendere: erinacei quorum calor >> naturalis is est, quem 94 thermometri gradus (Fahren>> heit) indicat, cum in torpido statu, duobus vel tribus >> gradibus tantùm circumdans medium temperie su»perant hoc autem in statu, cibus in ventriculum >> injectus non dissolvitur animalia verò, quæ velut >> apes, per hiemem calorem evolvunt, per æstatem com>> bustibilis materiæ penum recondunt (1). In corpore

(1) « Apes per hiemem mel consumendo, temperiem quam 90 >> thermometri (Fahrenheit) gradus indicat, conservant; quandoque » frigidissima est hiems, majorem mellis quantitatem devorant. » (Vid. HUBERT, sur les abeilles, Genève.)

:

>> humano calorem generandi causâ, non tantum pinguedinis, sed etiam solidorum absorptio, aliquando ob>> servatur in febribus (e. g.) per quas magnus adest >> calor, et nullum ab ægro devoratur alimentum, magna >> solidorum jactura contingit; hæc absorptio, ex pecu>> liari statu harum partium a morbo producto, pendere >> videtur. >>

La lecture de ce fragment rappelle les belles pages du mémoire de 1789, dans lesquelles Lavoisier insiste sur la nécessité de proportionner la quantité d'aliments ingérés à la somme de travail à accomplir, afin que « la » dépense qui se fait par le poumon ne soit pas supé>> rieure à la recette qui se fait par la nutrition, » et explique comment la diète seule est d'un grand secours au médecin pour modifier les qualités du sang, parce que « la respiration consommant toujours et la digestion ne » fournissant plus, le sang doit alors se dépouiller de >> plus en plus de carbone et d'hydrogène. » La thèse de de la Rive est donc un magnifique reflet des travaux de Lavoisier et des idées émises par Lagrange. Pourquoi faut-il que, encore trop exclusivement en rapport avec les physiologistes de la Grande-Bretagne, de la Rive ait méconnu l'origine toute française des doctrines par lui adoptées, et ait rapporté à Hope et à Allen ce qui appartient en toute propriété à Lavoisier et à Lagrange?

Travaux de Spallanzani. — Il était réservé à Spallanzani de confirmer la justesse de l'hypothèse de Lagrange par une démonstration expérimentale. Dans ses recherches sur la respiration, il prouva surabondamment que l'absorption de l'oxygène est nécessaire aux animaux

inférieurs; il fit voir ensuite que, chez eux, la peau est un véritable organe respiratoire; il démontra même que, chez les grenouilles, la respiration cutanée a plus d'importance que la respiration pulmonaire, et suffit seule pour entretenir longtemps la vie de l'animal (1). En même temps il prouva (2) que, chez les animaux inférieurs, l'absorption d'oxygène s'accompagne d'un dégagement de chaleur, comme chez les mammifères et les oiseaux; il saisit très bien la relation intime qui rattache ces deux phénomènes l'un à l'autre. Il résulte encore de ses recherches (3) que, dans le plus grand nombre des cas, les mollusques absorbent de l'azote pendant la respiration, et que plus rarement ils en exhalent; à ce sujet, il fait observer, et cette remarque est importante, que l'exhalation d'azote s'est montrée chez les limaçons qui avaient fait un bon repas. Enfin, les mémoires de Spallanzani contiennent (4) une belle expérience qui tranche définitivement une question bien souvent soulevée par Lavoisier, et dont Lagrange avait pressenti la vraie solution. Il plaça des limaçons dans des tubes de verre purgés d'oxygène et qui ne contenaient que de l'azote ou de l'hydrogène. Bien que ces animaux ne pussent pas introduire d'oxygène dans leurs organes respiratoires, ils continuèrent cependant à exhaler de l'acide carbonique, comme le prouva l'analyse des gaz accumulés dans les tubes. Spallanzani a donc la gloire d'avoir

(1) Mémoire sur la respiration, p. 72 et 114. (2) Loc. cit., p. 256.

(3) Loc. cit., p. 230.

(4) Loc. cit., p. 343.

démontré que l'acide carbonique ne se forme pas directement dans le poumon, ainsi que le supposait provisoirement Lavoisier, mais que, conformément aux idées énoncées par Lagrange, il est apporté tout formé par le sang veineux et simplement exhalé par le poumon, en même temps que l'oxygène est absorbé. Et cependant, Spallanzani croyait être d'accord avec Lavoisier en démontrant ainsi péremptoirement la préexistence de l'acide carbonique dans le sang. « Le gaz acide carbonique, qui » se manifeste dans la respiration, dit-il (1), semble » plutôt un produit de l'acide carbonique préexistant » dans le sang, suivant l'opinion de Lavoisier, que je >> confirmerai bientôt par de nouvelles preuves. » Malgré tous ces beaux résultats, quand on lit avec attention ses mémoires, on ne tarde pas à se convaincre que Spallanzani ne se faisait pas une idée bien nette du rôle joué par l'oxygène et des phénomènes chimiques de la respiration. Pour lui, « une partie de l'oxygène absorbé se >>> combinait avec l'hydrogène pour faire de l'eau qui s'ex>> halait dans l'expiration (2). » Le reste de l'oxygène était fixé par la fibre animale, et surtout par le tissu musculaire du cœur dont il entretenait l'irritabilité (3). Quant à l'acide carbonique, allant au delà des conséquences naturelles de l'expérience qui lui avait démontré que cet acide ne se forme pas directement dans l'organe pulmonaire, il nie formellement qu'il provienne de la combinaison de l'oxygène absorbé avec le carbone du sang.

(1) Loc. cit., p. 216.

(2) Loc. cit., p. 187.
(3) Loc. cit., p. 189, 327.

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