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l'animal au-dessus de sa valeur réelle, car un poids donné d'oxygène développe plus de chaleur en s'unissant à l'hydrogène qu'en se combinant avec le carbone.

Dulong a vu qu'en général la respiration s'accompagne d'une exhalation d'azote; une seule fois, chez un chat de trois mois (expérience 3*), il y eut absorption d'azote et une seule fois, chez un chat de quatre mois (expérience 4o), ce gaz ne fut ni exhalé ni absorbé. L'exhalation d'azote est un fait constant et sans exception dans les expériences de M. Despretz. Ces derniers résultats ne laissent aucun doute sur le rôle joué par l'azote dans la respiration; mais les nombres qui représentent les pertes d'azote éprouvées par l'animal sont certainement trop forts. En effet, les aliments consommés par les animaux ne contiendraient pas assez d'azote pour compenser son exhalation par les voies respiratoires, sielle était réellement aussi considérable que l'ont annoncé ces deux expérimentateurs. M. Liebig a fait observer (1) que, même en négligeant l'azote éliminé par les diverses excrétions, une exhalation pulmonaire aussi intense suffirait pour chasser, en quelques jours, de l'économie plus d'azote que l'animal n'en contient dans tout son corps. Il y a donc eu erreur dans la détermination de la quantité d'azote exhalé, et les proportions de gaz expirés ayant été appréciées par une seule analyse, cette erreur a dû nécessairement s'étendre aux quantités d'oxygène absorbé et d'acide carbonique exhalé. Toutes ces circonstances, jointes aux hypothèses générales, aujourd'hui inadmissibles, comme nous le démontrerons bientôt, sur lesquelles repose la méthode opératoire suivie par (1) Journal de pharmacie, t. VIII, p. 24.

Dulong et M. Despretz, font qu'on ne doit admettre leurs résultats qu'avec une très grande réserve.

A l'époque où l'Académie des sciences proposa, comme sujet de prix, la détermination des sources de la chaleur animale, les beaux travaux de Lavoisier et de ses successeurs étaient à peu près complétement oubliés. Entraînés ́par l'anathème lancé par Bichat contre l'application des sciences physiques et chimiques à l'explication des phénomènes des corps vivants, la plupart des physiologistes s'écartaient de la seule route qui pût les conduire à la vérité, repoussaient avec dédain ou n'acceptaient qu'avec une extrême défiance les idées empruntées à la physique et à la chimie; ils s'épuisaient en efforts stériles pour trouver, dans le jeu des propriétés vitales ou dans les fonctions du système nerveux, une théorie de la calorification. Malgré les imperfections de la méthode opératoire et les différences plus apparentes que réelles qu'elles laissaient subsister entre la chaleur perdue par l'animal et la chaleur produite par les combustions respiratoires, les recherches de Dulong et de M. Despretz produisirent une grande impression, fournirent des armes aux hommes qui luttaient contre les fausses doctrines de l'époque, et contribuèrent puissamment à ramener les esprits dans la voie qu'ils n'auraient jamais dû abandonner. Elles sont le point de départ des nombreux et importants travaux qui ont été accomplis de nos jours dans cette direction, et ont définitivement conquis à la physique et à la chimie la place qu'elles doivent occuper dans les études biologiques.

Travaux de M. Regnault.

Reprenant l'idée, déjà

émise et réalisée par Lavoisier, de faire vivre un animal en vase clos, en absorbant l'acide carbonique par la potasse à mesure qu'il est formé, et en rendant l'oxygène à mesure qu'il disparaît, M. le professeur Regnault a fait, en collaboration avec M. J. Reiset, une étude des produits gazeux de la respiration non moins remarquable par son étendue que par l'importance des résultats dont elle a enrichi la science (1). Ce beau mémoire de physiologie se distingue surtout de toutes les recherches entreprises sur le même sujet par ce caractère de haute précision qu'on est toujours sûr de retrouver dans les travaux de cet éminent physicien. M. Regnault a successivement expérimenté sur des mammifères, des oiseaux, des reptiles, des insectes à l'état adulte et à l'état de larve, et enfin sur des vers de terre. Nous nous contenterons de décrire ici l'appareil employé pour les animaux supérieurs; celui qui a servi à analyser les produits gazeux de la respiration chez les animaux inférieurs est fondé sur les mêmes principes. Le problème que M. Regnault s'est proposé, et qu'il a parfaitement résolu, est celui-ci Dans un espace limité, de capacité connue, clos de manière que rien ne puisse s'en échapper, et dont la température ne varie pas, maintenir constante la com. position de l'air confiné en absorbant l'acide carbonique à mesure qu'il est exhalé, et en remplaçant l'oxygène à mesure qu'il est consommé, de telle façon qu'un animal puisse y vivre pendant plusieurs heures, et même pendant quelques jours. L'appareil employé se compose de trois parties essentielles :

(1) Ann. de chim. et de phys., 3o série, t. XXVI, p. 299.

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1o Espace dans lequel l'animal est renfermé (fig. 37 et fig. 38) (1). Cet espace se compose d'une cloche tubulée A, d'environ 45 litres de capacité, mastiquée par sa

Fig. 58.

partie inférieure sur un disque de fonte DD' muni de deux rainures. A son centre, ce disque présente une ouverture ab assez grande pour laisser passer l'animal, et que, pendant l'expérience, on ferme hermétiquement avec un couvercle boulonné ef. L'animal repose sur un petit plancher à claire-voie, formé d'une plaque de tôle mn percée de plusieurs trous, et couverte de petites tringles de bois. Ce plancher, plus petit que l'ouverture ab, est maintenu par trois loquets s, s', s". Le couvercle de fonte, la plaque de tôle, et la partie intérieure du disque de fonte, sont peints au minium pour éviter l'oxydation du métal et l'absorption d'oxygène qui en serait la conséquence.

La cloche A est enveloppée d'un manchon de verre

(1) La figure 38 représente, en coupe verticale, les détails du disque de fonte DD', sur lequel sont mastiqués la cloche A et le manchon BB' DD', en même temps que l'ouverture à travers laquelle l'animal est introduit et le moyen de la fermer hermétiquement.

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