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liquide qui descend du réservoir supérieur PQP'Q', passe à travers le liquide du flacon laveur M, vient remplacer celui qui a disparu dans la cloche A, et maintient l'air à la même tension et à la même composition autour de l'animal. Le passage des bulles de gaz à travers le liquide du flacon M sert très bien à juger de quelle manière s'exécute la respiration de l'animal. Quand l'oxygène de la pipette N est épuisé, on la remplace par la pipette N', puis celle-ci par la pipette N".

Quand on veut terminer l'opération, on ramène la température de l'eau du manchon et la tension du gaz contenu dans la cloche A, à être les mêmes qu'au début; on fait une prise d'air dans la cloche au moyen de l'appareil dd', et l'on analyse cet air. De cette manière, on connaît la température, la tension et la composition de l'air contenu dans la cloche au commencement et à la fin de l'expérience. On connaît, en outre, la quantité d'oxygène qui, des pipettes N, N', N", est passé dans la cloche A. L'analyse du liquide potassique contenu dans les pipettes C, C', fait connaître la quantité d'acide carbonique absorbé.

On pèse l'animal et les aliments avant de les introduire dans la cloche, et, par suite, on connaît leur volume, puisqu'on admet, ce qui est sensiblement vrai, que leur densité moyenne est la même que celle de l'eau. En retranchant ce volume de celui qui représente la capacité intérieure de la cloche, du manomètre et du condenseur, on détermine exactement les quantités d'air, c'est-à-dire d'oxygène, d'azote et d'acide carbonique, que contenait l'appareil lui-même au moment où l'expérience

a commencé. On pèse de nouveau l'animal et le reste des aliments à la fin de l'opération, et, puisque la composition de l'air intérieur est connue, on peut mesurer les quantités d'oxygène, d'azote et d'acide carbonique, qui remplissent l'appareil au moment où l'expérience est terminée.

De cette manière, on possède tous les éléments nécessaires pour déterminer rigoureusement:

1o La quantité d'oxygène consommé par l'animal;

2° La quantité d'acide carbonique exhalé par l'animal. On peut aussi savoir si la quantité d'azote est restée la même, ou a varié, et, par conséquent, connaître le rôle que joue ce gaz dans l'accomplissement des phénomènes de la respiration.

Les animaux vivant environ douze à vingt heures et quelquefois plusieurs jours dans un espace hermétiquement fermé, M. Regnault a recueilli, non-seulement les gaz exhalés par l'appareil respiratoire, mais encore ceux qui sont expulsés par la peau et par le tube digestif. Il devenait donc nécessaire d'apprécier la part qui revient à chacune de ces surfaces d'élimination dans les produits obtenus, et de déterminer si, du corps de l'animal ou de ses excréments, il ne se dégage pas des substances gazeuses de nature à exercer sur lui une influence fàcheuse.

M. Regnault a démontré (1) que, dans ses expériences, il ne s'est formé que des traces à peine appréciables de gaz sulfurés et d'ammoniaque. Ces produits, en trop

(1) Loc. cit., p. 503.

faible quantité d'ailleurs pour exercer une influence nuisible sur les animaux, n'existaient pas à l'état de liberté dans l'atmosphère de l'appareil, mais à l'état de dissolution dans les liquides alcalins employés à absorber l'acide carbonique exhalé, et dans l'eau qui ruisselait sur la face interne des parois de la cloche. Sous ce rapport donc, les conditions d'existence des animaux en observation doivent être considérées comme normales.

Les expériences sur les mammifères et les oiseaux ont fourni, dans le plus grand nombre des cas, une exhalation soit d'hydrogène pur, soit d'un mélange d'hydrogène et d'hydrogène protocarboné. La présence de ces gaz n'étant pas constante, et leur quantité étant extrêmement variable, on ne peut pas les considérer comme un produit de la respiration, mais on doit les rapporter, avec M. Regnault, au travail de la digestion. Les recherches des physiologistes ont démontré depuis longtemps l'existence de l'hydrogène, à l'état de liberté, dans le tube digestif des animaux récemment mis à mort, et tout le monde sait avec quelle facilité l'hydrogène protocarboné prend naissance au milieu des matières végétales et animales en décomposition. D'ailleurs, la vérité de cette interprétation est démontrée par un accident arrivé pendant la trente-cinquième expérience il s'agit d'un chien qui, pendant son séjour dans la cloche, éprouva des vomissements fréquents; dans ce cas, on constata un dégagement d'environ deux litres d'hydrogène pur. Après avoir rendu compte de ce fait intéressant, M. Regnault ajoute (1): « Il est très probable que, pendant la diges

(1) Ann. de chim. et de phys., 3a série, t. XXVI, p. 427.

» tion, les matières alimentaires dégagent dans l'estomac » de l'hydrogène pur, mais que la plus grande partie de » ce gaz se brûle de nouveau, sous l'influence des ma>> tières en fermentation, et qu'il n'en sort du corps de >> l'animal que de très petites quantités. »

M. Regnault a consacré une série d'expériences à séparer les produits gazeux exhalés par les voies respiratoires de ceux fournis par la peau et le tube digestif (1). Il a prouvé que, chez les mammifères et les oiseaux, l'acide carbonique dégagé par la peau et par le canal intestinal ne s'élève moyennement qu'aux huit millièmes de celui que fournit l'animal tout entier. Par conséquent, on peut, sans erreur sensible, quand il s'agit des oiseaux et des mammifères, considérer, comme exhalée par le poumon seulement, la totalité de l'acide carbonique obtenu en faisant vivre l'animal pendant un certain temps dans un espace hermétiquement fermé.

Cette conclusion ne doit pas être étendue aux animaux inférieurs; chez eux, la surface cutanée parait jouer un très grand rôle dans les phénomènes de la respiration. M. Regnault (2), en étudiant, dans son appareil, des grenouilles intactes, et des grenouilles auxquelles on avait enlevé les poumons, a trouvé que, chez ces dernières, l'oxygène absorbé représente les soixante-cing centièmes de l'oxygène consommé par les premières. En sorte que, chez ces animaux, sur 100 parties d'oxygène enlevées à l'air ambiant, 65 peuvent pénétrer par la peau, et 35

(1) Loc. cit., p. 505.

(2) Ann. de chim. et de phys., 3o série, t. XXVI, p. 479.

seulement par le poumon. Ces faits, d'ailleurs, sont parfaitement d'accord avec les expériences de Spallanzani et d'Edwards sur le même sujet.

M. Regnault a maintenu des animaux dans des atmosphères artificielles très riches en oxygène. Bien que, dans ces expériences, la proportion d'oxygène ait été portée depuis 37 jusqu'à 96 pour 100, les animaux n'ont paru éprouver aucun malaise. Les produits de la respiration et la quantité d'oxygène consommé sont restés sensiblement les mêmes que dans l'air normalement constitué; ce fait confirme l'exactitude des résultats des recherches de Lavoisier sur le même sujet.

M. Regnault a remplacé, par de l'hydrogène, la majeure partie de l'azote de l'air; il a fait vivre des animaux dans des atmosphères qui renfermaient des proportions normales d'oxygène et de 53 à 76 pour 100 d'hydrogène. Les phénomènes de la respiration sont restés les mêmes que dans l'air atmosphérique; seulement la quantité d'oxygène absorbé a augmenté notablement. Ce dernier résultat ne doit pas surprendre; l'animal, plongé dans l'hydrogène dont le pouvoir refroidissant est beaucoup plus considérable que celui de l'azote, doit nécessairement perdre plus de chaleur, et, par suite, consommer plus d'oxygène pour conserver sa température propre.

Ces faits préliminaires bien établis, le travail de M. Regnault fournit les notions les plus précieuses et les plus précises sur les phénomènes fondamentaux de la fonction respiratoire.

1° Tous les animaux absorbent de l'oxygène qui se combine avec les matériaux du sang. La quantité d'oxy

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