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Or la tourterelle de M. Boussingault, intermédiaire par son poids aux poules et aux petits oiseaux, puisqu'elle pesait 186,585, a dû nécessairement éliminer, par les mêmes voies et sous la même forme, une quantité de carbone intermédiaire aux deux résultats précédents. L'analyse des aliments et des excréments nous a fourni 5,071 de carbone par vingt-quatre heures; en ramenant ce résultat au kilogramme d'animal vivant et à une heure de durée, nous trouvons que cette tourterelle a éliminé, sous forme d'acide carbonique :

Par le poumon et la peau. 15", 132 de carbone par kil. et par heure.

Là donc encore la concordance est complète, et nous pouvons considérer les résultats fournis par l'observation de M. Boussingault pour l'élimination du carbone comme parfaitement exacts.

Quant à l'exhalation de l'azote, le remarquable travail de M. Regnault, que nous avons déjà eu et que nous aurons encore de si fréquentes occasions de citer, nous fournit une vérification bien précieuse. Il résulte de ses expériences que le rapport du poids de l'azote exhalé au poids du carbone éliminé par le poumon et par la peau a été moyennement :

Chez les huit poules....

Chez les cinq petits oiseaux...

.....

0,02165 0,01044

Chez la tourterelle, intermédiaire par le poids aux poules et aux petits oiseaux, le rapport de l'azote au carbone doit nécessairement être compris entre ces deux

résultats; et, en effet, l'analyse comparative des aliments et des excréments nous donne, pour ce rapport :

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Ces deux importantes vérifications sont de nature à mettre hors de toute contestation l'exactitude des principes sur lesquels repose la méthode proposée par M. Boussingault; nous pouvons maintenant exposer toutes les conséquences qui découlent des résultats de son observation.

Revenons aux éléments des matières organiques déruites dans l'économie qui ont dû s'échapper par les surfaces respiratoires. L'oxygène s'y trouve en trop faible quantité pour transformer en eau tout l'hydrogène éliminé par cette voie; l'excès d'hydrogène s'est done combiné avec de l'oxygène emprunté à l'atmosphère. Ainsi, directement et sans hypothèse, nous avons démontré que, dans le cas actuel, une portion de l'oxygène absorbé s'est unie à l'hydrogène du sang, et nous avons déterminé la proportion de ce dernier gaz qui a été brûlée et transformée en eau par la respiration. Quant au carbone, il s'est évidemment combiné avec le reste de l'oxygène absorbé par l'animal. Dans cette observation, d'ailleurs, la totalité de l'acide carbonique exhalé provient de l'action exercée sur les matériaux du sang par l'oxygène absorbé. Dès lors nous pouvons caractériser ainsi ce qui s'est passé chez cette tourterelle. Elle a éliminé par le poumon et par la peau en vingt-quatre heures :

a. 35,620 d'eau contenue toute formée dans les boissons et les aliments solides.

b. 5,071 de carbone qui se sont combinés avec 138,523 d'oxygène emprunté à l'atmosphère pour produire 18,594 d'acide carbonique.

c. 0,582 d'hydrogène et 45,660 d'oxygène fournis par les aliments qui représentent 5g,242 d'eau toute formée. d. 08",124 d'hydrogène libre, fourni par les aliments, qui se sont unis à 05,992 d'oxygène absorbé et emprunté à l'atmosphère pour produire 15,116 d'eau.

e. 0,159 d'azote gazeux éliminé sous cette forme. En résumé, dans l'espace de vingt-quatre heures, cette tourterelle

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Cette observation démontre que, indépendamment des 148,515 d'oxygène emprunté à l'atmosphère, cette tourterelle a éliminé par le poumon et par la peau 45,660 d'oxygène fourni par la matière organique des aliments. Nous aurons bientôt à revenir sur ce fait et à en déduire des conclusions importantes pour la détermination des sources possibles de l'acide carbonique exhalé par les animaux.

Ici nous trouvons et nous devons signaler une nouvelle vérification qui démontre une fois de plus l'exactitude de la méthode de M. Boussingault. La tourterelle, absorbant 14,515 d'oxygène en vingt-quatre heures, en

consomme, en réalité, 3,2414 par kilogramme et par heure. Or, d'après les expériences de M. Regnault, ce résultat est intermédiaire à ceux que les poules et les petits oiseaux ont fournis. La consommation d'oxygène par kilogramme et par heure a été, en effet, de 1,148 chez les poules, et s'est élevée à 11,472 chez les petits oiseaux. Ajoutons, enfin, que le rapport du poids de l'oxygène employé à brûler le carbone au poids total de l'oxygène absorbé est, chez la tourterelle, égal à 0,931, résultat identique avec la valeur (0,927) que, dans les expériences de M. Regnault, a atteinte ce même rapport pour les poules nourries au grain.

Il nous suffit, pour le moment, d'avoir montré, par cet exemple, quel haut degré d'exactitude peut atteindre l'analyse des phénomènes physico-chimiques de la respiration par l'emploi de la méthode indirecte de M. Boussingault. Plus tard, nous aurons occasion de parler des résultats obtenus dans les autres applications qui en ont été faites, soit par lui-même, soit par M. Barral; plus tard aussi, nous aurons tous les éléments nécessaires pour juger la valeur réelle de cette méthode, et pour déterminer les conditions d'une bonne expérience. Nous verrons alors comment, en faisant concourir les deux méthodes à la solution du problème, il est possible de lever toutes les difficultés qui obscurcissent encore quelques points de la théorie de la respiration, et de rassembler tous les éléments de l'appréciation rigoureuse de la quantité de chaleur produite par un animal dans un temps donné et dans des circonstances connues.

Phénomènes physico-chimiques de la respiration.

Au point où nous sommes parvenu de cette exposition, il nous est possible de spécifier les actes au milieu desquels la chaleur est produite chez les animaux, et de poser dans toute son étendue le problème de la calorification.

A. Éléments combustibles fournis par la digestion. Pendant que, par les diverses voies d'excrétion, l'animal rejette au dehors les matériaux qui ne doivent plus faire partie de son sang et de ses organes, la digestion verse incessamment dans le torrent circulatoire deux espèces de principes organiques. Les uns ne contiennent pas d'azote; ce sont des matières ternaires: les alcools, les sucres, les corps gras, etc.; les autres, matières azotées et quaternaires, sont la fibrine de la chair, l'albumine du sang et des œufs, le caséum du lait, et trois substances analogues aux précédentes et fournies par les végétaux. Ces dern'ères sont le gluten des céréales, appelé fibrine végétale à cause de sa grande ressemblance avec la fibrine animale; une matière renfermée dans les sucs des plantes, coagulable par la chaleur, qui ne se distingue pas de l'albumine animale, et connue sous le nom d'albumine végétale; enfin, la légumine, substance trouvée dans les graines des légumineuses, désignée sous le nom de caséine végétale, parce qu'elle s'accorde, dans toutes ses propriétés, avec le caséum du lait des animaux.

4 Matières ternaires.-Les matières ternaires ne servent pas à réparer la fibre organique. Les alcools et les sucres

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